L'Acad�mie de Lu





Pas encore inscrit ? /


Lien d'invitation discord : https://discord.gg/5GEqPrwCEY


Tous les thèmes
Rechercher dans le texte ou le titre
Expression exacte
Rechercher par auteur
Rechercher par type de défi
Tous les textes


PseudoMot de passe

Mot de passe perdu ?

Journée ordinaire

    Esprint

    • Texte (Thème : Fiche personnage)
    • Texte (Thème : Dans l'ordre alphabétique)
    • Une vie simple dans une ville compliquée (Thème : Journée ordinaire)

Une vie simple dans une ville compliquée

(par Esprint)
(Thème : Journée ordinaire)
(dernière modification : 31/12/2022)



Le soleil inondait de ses rayons matinaux la cité millénaire de Brahami. Les températures, très basse pour les moyennes de saison, arrangeaient bien Lahumu Miri. La jeune femme accueillait cette fraicheur avec joie, le mercure pouvait parfois afficher jusqu’à quarante-cinq degrés au zénith. Cette jeune femme de race ferienne supportait très mal la chaleur.

La peau de Lahumu était grise, elle tirait vers le bleu en cas de fraicheur. Ses cheveux cyan se réunissaient en deux chignons symétriques, cette coiffure traditionnelle férienne mettait à nu ses longues oreilles pointues. Elle portait une large veste grise, un sarouel vert s’arrêtant aux genoux, et des cothurnes en cuir.

Lahumu remit ses lunettes rondes en place, et elle sortit de sa maison construite en grès, de forme cubique, et munie d’une terrasse sur le toit.

La douce lumière éclairait son visage. Le ciel était bleu et sans nuage, on pouvait y voir des wyvernes s’élancer dans les airs. Au bout de 5 minutes de marche, elle arrivé à la porte de la sortie du quartier.

L’ouverture creusée dans la muraille matérialisait la frontière entre deux mondes, les fériens et les autres. Si le ghetto avait une démographie homogène, l’extérieur était un pêle-mêle de peuples originaire des quatre coins de l’empire. S’y croisaient des zirniens, des feriens, des humains et des théiens.

Au-delà des murs, l’architecture restait inchangée. Le parcellaire s’agençait autour de larges routes capables d’accueillir d’énormes animaux de trait.

L’avenue principale de Brahami donnait sur un grand complexe religieux, bâti dans le centre historique de la ville. C’était un ensemble de terrasses supportant de gigantesques ziggourats construit à son sommet. Elle y arriva en demi-heure de marche.

Avant de pénétrer dans le sacrosaint périmètre, Lahumu sortit un couvre-chef de sa besace. Il était d’un blanc immaculé, elle le posa sur ses cheveux turquoise. Un voile fin attaché au chapeau couvrait l’arrière de sa tête et ses épaules.

Elle pénétra dans la première chambre du temple principal, une salle quadrangulaire de quinze mètres de haut. Elle était vide, seule une statue géante trônait en son centre. À part quelques fériens éparses, toute la foule était zirrniene, la race majoritaire de l’empire. Ils avaient une peau mate et rugueuse, une musculature développée, et une protubérance au niveau de l’arcade sourcilière. Ils s’habillaient avec des toges colorées et un couvre-chef, les hommes portaient de longues barbes, ils récitaient en chœur des mantras d’une voix rocailleuse.

Lahumu lava son visage à l’aide d’une fontaine sacrée creusée dans le mur d’entrée. Elle prosterna devant la statue et effectua à son tour le rituel. Les mains jointes, les premières paroles de la journée étaient réservées à la divinité protectrice de la ville :

« Ô Zarna, ô protectrice de la connaissance, accorde-moi ta bénédiction pour honorer ta volonté, » entonna-t-elle d’une voix discrète et monocorde.

Lahumu se dirigea vers la salle d’archives située à gauche. Malgré ses innombrables visites, la jeune femme était toujours ébahie devant le fourmillement d’ouvrages qui comblaient les étagères. Les bibliothèques s’élevaient si haut qu’elle devait lever la tête pour en apercevoir le sommet. Elle avança de trois rangées à gauche, puis quatre devant elle avant de retrouver sa table habituelle. Son poste de travail se tenait à l’écart des visiteurs, ce qui l’arrangeait.

Son responsable l’attendait, c’était un vieux zirrnien à la barbe grisonnante.

« Mes divines salutations Lahumu, lança-t-il en souriant.

—  Mes… Mes divines salutations à vous aussi… maître, répondit-elle d’une voix tremblante.

—  Aujourd’hui vous continuerez le recopiage du cantique d’Iraza. J’ai jeté un œil à ce que vous avez fait hier, et je suis vraiment satisfait de votre travail. Continuez comme cela, et Zarna vous le rendra au double.

—  Votre bénédiction m’honore, maître. »

Lahumu se mit à l’ouvrage sans discuter, et sortit un grand parchemin de la troisième étagère. Elle le posa délicatement sur la table en bois massif. Vieux de dix siècles, l’air chaud et sec de Brahami l’avait bien conservé. Le parchemin restait tout de même très fragile, la moindre mauvaise manipulation pouvait le détruire.

Sa mission de recopiage était d’une importance capitale, sans son travail, ce savoir inestimable pourrait se perdre à tout jamais dans les limbes de l’histoire.


***


Les heures passèrent sans que Lahumu ne prenne de pause, elle restait concentrée. La chaleur l’accablait et elle s’essuyait le visage à l’aide d’une serviette. Sa plume imitait à la perfection la calligraphie et les illustrations de l’auteur. Elle recopiait dans un épais codex les vers de ce poème millénaire.

« Mes salutations divines, savez-vous où je peux trouver ce livre ? » s’exprima un inconnu qui se tenait juste derrière Lahumu.

C’était un jeune homme zirrinien, il lui tendit un morceau de papier avec le nom de l’ouvrage recherché. Elle resta muette, la tête baissée, et prit la note de sa main sans se retourner. Pendant qu’elle lisait, le voyageur la voyait trembler.

« Je vois, vous ne me comprenez pas ma langue… C’est pas grave, rendez-moi le papier, je trouverai un traducteur… » ajouta-t-il en soupirant.

Lahumu se leva d’un coup et se précipita d’un pas pressé vers l’étagère indiquée. Elle lui donna l’ouvrage et retourna à sa place.

« Euh… merci… répondit le voyageur interloqué, je pensais que vous ne parliez pas ma langue… » ajouta-t-il en partant.

Le maitre de Lahumu revint aussitôt, il tenait un petit livre. Il croisa l’inconnu et leva les sourcils en se tournant vers Lahumu.

« Tu as réussi à parler à un inconnu ?

—  J’ai juste accédé à sa requête. »

Il poussa un soupir.

« En parlant de requête, j’en ai une demande spéciale, » répondit-il en lui donnant un livre. Il était de petite taille et avait une couverture souple et cartonnée.

Lahumu feuilleta l’ouvrage et bondit de sa chaise.

«  Un livre imprimé ? Mais c’est rarissime !

—  Oui, il vient de Tanokyo. On a très peu d’informations sur ce pays isolé. Comme tu es une experte en langue, j’aimerais que tu le lises et que tu me dises de quoi il parle.

—  Mais il risque d’y avoir des paroles impures ! De ce qu’on sait sur eux, ce sont des athées !

—  Notre devoir est d’accumuler les connaissances du monde entier, y compris celles venant de peuples qui se sont détournés de la bonne parole. Telle est la volonté de Zarna. Si tu ne te sens pas capable, je comprendrais.

—  Non, je le ferais, faites-moi confiance, » répondit-elle avec assurance.

Le savant repartit et Lahumu s’attela à la tâche.


***


Au bout de quelques minutes de lecture, elle n’y comprenait rien. Elle arrivait à déchiffrer leur écriture, le sens des phrases, mais les concepts abordés par l’ouvrage lui échappaient, tout juste savait-elle que ça parlait d’économie et de politique. Même le titre était abscons : « Compagnie minière Kinia – Rapport d’audit interne ».

Elle tremblait de peur. Qu’allait dire le maître si elle échouait ? Allait-il douter de ses compétences ? Tant de questions la stressaient au plus haut point.

« J’ai été trop arrogante… Il va me renvoyer, ça m’apprendra… »

Des larmes coulèrent sur ses joues, elle manqua de tacher le papier qu’elle était en train de lire.

Elle resta plantée durant une heure devant la feuille blanche censée recueillir ses notes. Elle finit par prendre son courage à deux mains, et elle se rendit à l’entrée de la bibliothèque.

Le savant discutait avec d’autres érudits zirrniens. Lahumu resta cachée derrière une étagère. Elle s’inventait d’innombrables excuses pour ne pas aller le voir. Elle devait lui parler, mais un mur invisible semblait la retenir.

Le maitre s’apprêtait à sortir de la bibliothèque. C’était le moment ou jamais, elle marcha tête baissée, et lui rendit le livre.

« Je n’ai pas réussi à le lire je suis désolée je ne suis pas digne de vous, s’exclama-t-elle en bafouillant.

—  Parle moins vite, on n’est pas pressé ! répondit-il avec le sourire.

—  Je suis désolée… »

Il soupira et posa sa main sur son épaule. Son geste la fit encore plus paniquer.

« Ce n’est pas grave, ça peut arriver à tout le monde d’avoir des moments de creux… Tu es une brillante jeune fille. Va, repose-toi, tu as bien travaillé aujourd’hui.

—  Je vous remercie maître ! » s’exclama-t-elle en se prosternant devant lui.


***


Le crépuscule commençait à dorer les murs du ghetto, Lahumu marchait à vive allure. Elle se dirigeait non pas chez elle, mais vers la maison de ses parents. Située à deux quartiers de son appartement, elle avait quitté la demeure familiale pour gagner en tranquillité et en intimité. Malgré les inconvénients de la vie en communauté, elle adorait revoir ses proches pour partager le repas.

Quand elle passa devant un temple férien, son regard croisa ceux des ecclésiastiques. Une vague de frisson parcourra son corps frêle et elle baissa la tête en accélérant le pas. Les passants toisèrent Lahumu avec dégout avant de faire des messes basses.

Les informations circulaient très vite dans le ghetto, ils fuyaient comme la peste leurs congénères convertis à l’obédience de l’occupant. Elle se dépêcha de rejoindre la bonne rue.

Lahumu entendait depuis la rue le chahut de ses cadets. Elle se désespéra des graffitis écrits sur les murs de la demeure familiale. On pouvait y lire des mots tels que « hérétiques » ou bien encore « traitre ». La foi zirnienne de sa famille avait compliqué la vie dans ce quartier, mais les choses allaient s’arranger, ils avaient prévu de déménager hors du ghetto.

Lahumu rentra et vit sa mère cuisiner dans la grande pièce à vivre.

« Mes salutations divines, maman.

—  Tu peux juste dire salut tu sais, on n’est pas au temple !

—  Désolée… J’ai été stressée par le travail.

—  Arrête de t’excuser pour rien. Tiens, aide-moi à couper les légumes !

—  Il rentre quand Papa ? demanda Lahumu en se saisissant d’un couteau.

—  Dans un mois, il y a des conflits religieux à la capitale impériale, ils ont encore besoin d’interprètes. »

Le repas se déroula dans le brouhaha, ses sept frères et sœurs, tous moins âgés qu’elles, se chamaillaient autour d’une grande table ronde. Assis en tailleur sur des coussins, tous se servaient dans d’immenses plats de légumes.

« Bon sinon Lahumu, quand est-ce que tu nous ramènes un homme à la maison ? Tu as vingt et un ans, il va falloir y penser ! lança la mère de famille.

—  Je… Je n’ai pas encore trouvé quelqu’un qui me plaise… » murmura-t-elle en se servant dans le plat principal.

Sa cuillère croisa celle de Tana sa sœur, elle avait deux ans de moins qu’elle. Cette dernière lui lança un sourire narquois.

« C’est pas demain la veille qu’on verra un humain à la maison ! »

—  Co… comment ça ? balbutia Lahumu en paniquant.

—  T’es à fond sur eux, fais pas semblant. C’est leur peau beige et leurs petites oreilles qui te font de l’effet ?

— Ce ne sont pas tes affaires ! » s’écria Lahumu, embarrassée.

Les joues de Lahumu se teintèrent de bleu, elle était gênée.

« Peu importe sa race. Tant qu’il la bonne religion, c’est tout ce qui compte. De toute façon après le déménagement on pourra accueillir qui on voudra, » répondit sa mère en enfournant une bouchée.


***


Le reste du diner se déroula comme d’habitude. Après mangé et aidé pour la vaisselle, Lahumu s’apprêta à repartir chez elle.

« Je te remercie pour ce repas !

—  Tu vas quand même pas rentrer aussi tard ! C’est dangereux !

—  Ne t’en fais pas… je serais prudente… »

Lahumu rentra chez elle la boule au ventre, elle angoissait à l’idée de faire une mauvaise rencontre. L’arrivée à son appartement sonna pour elle comme un soulagement. Elle pénétra dans sa maison plongée dans le noir avec nonchalance avant de s’effondrer dans son lit.

Elle s’endormit après deux bonnes heures d’insomnie, prête à enchainer une nouvelle journée.














Awoken

Ton texte est sympa et ton personnage est attachant. Je trouve aussi tes descriptions un peu longues, mais ce n'est que mon ressentit. Ton texte était tout de même plaisant à lire. Bravo!


Le 31/12/2022 à 16:42:00

















© 2021 • Conditions générales d'utilisationsMentions légalesHaut de page