L'Académie de Lu





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Un matin dans le Jardin

(par Downforyears)
(Thème : JournĂ©e ordinaire)



Jal expira lentement tout en bandant son arc en astik. Le corps de son arme grinça en arrivant à l’extrême limite, et le jeune homme sentit enfin la corde en soie arriver jusqu’à son menton. Lorsqu’enfin sa proie apparut dans son viseur en se dandinant grossièrement, la flèche partit en sifflant.


Le charançon s’écroula au sol lorsque le trait lui perça l’abdomen, sortant le jeune homme de sa concentration. Il devait se dépêcher d’aller chercher son futur repas, avant qu’un autre insecte ne tente de le lui voler. Ou ne tente de le dévorer lui…


Jal descendit de son perchoir en glissant sur une feuille, contourna un gland dont la cupule commençait à pourrir, esquiva la chute d’une goutte de rosée aussi grande que sa tête, et arriva enfin auprès de sa victime au rostre ridicule. Une fois dépecé puis rôti, l’insecte lui ferait un bon repas de midi. Après quelques instants de réflexion, le chasseur passa une corde en fibres végétales autour de la tête de l’animal, resserra le nœud coulant qu’il venait de nouer, et souleva son trophée pour le porter sur l’épaule. Non loin de lui, à l’orée de la clairière d’herbes sauvages, des frémissements annoncèrent l’arrivée imminente d’un groupe de fourmis. Il était temps de rentrer au village.


Jal leva les yeux vers le ciel jusqu’à trouver l’Arbre-Père, immanquable avec ses branches aux feuilles vertes et jaunes qui guidaient tout un chacun dans le Duché du Jardin. Sûr de sa direction, le jeune homme se mit en route, laissant derrière lui quelques fourmis intriguées par ses traces de pas.


Une nouvelle clairière ne tarda pas à se dévoiler à lui, occupée par l’un des nombreux monolithes en astik laissés par les anciens. Si chacun de ces objets, bien plus grands que le plus grand des humains, étaient de formes et de couleurs différentes, tous avaient en commun de résister au passage du temps, et d’être durs à travailler. Alors que l’herbe, l’écorce et la paille pourrissaient en quelques années, l’astik restait le même, peu importe la saison. Et les armes que les artisans en tiraient valaient bien plus que celles taillées dans la pierre ou arrachées aux insectes. A cette pensée, le jeune homme tendit la main vers la présence rassurante de son arc. Léguée par son père à sa mort, dévoré par une orbitèle.


Jal laissa le cylindre en astik transparent et ses pensées derrière lui, alerté par un bruissement suspect dans l’herbe. A l’orée de la clairière, les brins s’agitaient bien trop violement, comme soufflés par une tempête. Ce qui arrivait était bien trop gros pour qu’il puisse l’affronter, pourtant, la curiosité poussa le garçon à attendre ce qui ne manquerait pas d’arriver.


La carapace noire reflétant les rayons du soleil et les deux puissantes mandibules dentelées rassurèrent le jeune homme malgré la taille imposante du mastodonte. Car si la bête le dépassait de plusieurs têtes, celle-ci ne s’intéressait qu’aux plantes et au bois mort. Jal respira doucement, rassuré par le bon présage. Après tout, les lucanes étaient des symboles de protection du Duché, et avaient donné leur nom, leurs carapaces et leurs mandibules aux soldats qui luttaient nuit et jours contre les tentatives de prédation des arachnides et autres menaces à six pattes…


Jal laissa respectueusement passer le puissant insecte, puis reprit son chemin sur le qui-vive. Son ventre grognait de plus en plus, et il avait hâte de se mettre quelque chose sous la dent. Des restes de puceron, quelques éclats de gland… même un morceau de champignon grillé ferait l’affaire.


Des coups secs répétés en échos lui tirèrent un sourire. Au sommet d’une racine, une dizaine d’hommes vêtus d’armures tirées des carapaces de dizaines de fourmis fixaient un échafaudage sous les ordres criés par un contremaitre. Près d’eux, une demi-douzaine de protecteurs en armures de lucanes surveillait les environs, prêts à sortir leurs épées aux dents acérées. Plus loin, deux tours de gardes en pierre et en argile encadraient une lourde porte en écorce, ouverte pour le laisser le passage à des agriculteurs en habits de feuilles de trèfle ou d’herbacées.


Comme à son habitude, Jal ne put retenir un sifflement d’admiration. Même s’il les côtoyait depuis sa plus tendre enfance, le jeune homme n’avait jamais cessé d’être impressionné par les vastes et hautes murailles qui entouraient le tronc de l’Arbre-Père sur des milliers et des milliers de pas, et protégeaient la population toujours plus importante. Car derrière ces murs érigés après l’Apocalypse, s’étaient construites des maisons, des bâtiments, mais aussi des villas, des écoles, des hôpitaux… Derrière ces murailles, les hommes avaient survécu au châtiment infligé par les Dieux, s’étaient organisés en guildes et en castes, et avaient de nouveau prospéré.


Jal se laissa guider par ses pas entre les maisons d’argile aux toits plats, ignorant le sermon matinal du culte de la Mouche, s’inclinant respectueusement devant les protecteurs de la Caste des Lucanes, observant avec curiosité les tailleurs de la fédération des Araignées ou les ouvriers de la Guilde de la Fourmi. Un postier de la Compagnie des Sauterelles bondit d’un toit vers un autre grâce à ses échasses rebondissantes, sa sacoche volant aux quatre vents. Non loin, un barde de l’Académie des Grillons se mit à chanter et jouer de sa harpe, espérant quelques pièces des passants…


Le jeune homme sentit un frisson naitre en lui. Bientôt, il rejoindrait l’une de ces castes. Bientôt, il apporterait son aide et contribuerait à la vie de l’humanité. Bientôt, il passerait l’épreuve des totems, et saurait enfin a quo serait destinée sa vie. Au fond de lui-même, Jal espérait rejoindre les Lucanes, ou bien les Sauterelles. Pourvu qu’il ne finisse pas chez les Mouches… Mais quoiqu’il puisse arriver, il rejoindrait une caste. Afin d’honorer ses parents défunts, il se refusait à devenir un cafard.


Jal poussa la porte de sa petite maison en argile et se dirigea vers la cuisine. Il avait faim.














Awoken

Ton texte est super chouette, l'univers est super chouette, le concept est super chouette... Bref! Rien Ă  redire. Bravo!


Le 31/12/2022 à 16:57:00

















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