![]()
![]()
![]()
![]() ![]() Contraintes aléatoires Contraintes à sélectionner soi-même Testeur d'auxiliaire Situations aléatoires (défi de Schrödinger) Textes sans commentaires Générateur de situation/synopsis ![]() La folie
![]()
Downforyears![]() Spectacles![]() Timeline du Nauteur
![]() ![]() Cloitré(par Downforyears)Combien… combien de temps ? Combien de temps a passé ? Combien de… peu importe… C’est comme ça. Ici, les histoires me viennent, je n’ai pas le temps de les saisir. Elles vaguent et voguent et divaguent au gré des vagues en vogue dans mon vague à l’âme. Ici, les histoires me viennent, je n’ai pas le temps de les écrire. Elles voguent sous les vagues de ce quotidien effréné qui passe si lentement. Les rythmes et les tempos me ballotent comme les chaines d’un prisonnier dans la cale d’une galère, comme la corde du pendu qui soubresaute en attendant son dernier souffle. Je perds la tête sous la guillotine de ma culpabilité, sous la hache de mes peurs, sous le couperet de ce que je n’ai pas réalisé. Les frissons me remontent l’échine en un courant continu qui ne me laisse aucune alternative.
Un vaisseau passe près de moi, sa carcasse sanguine et ses flammes pourpre frôlent une simple épée en bois, un fusil à bouchon, un escalier infini parmi des couvertures aux couleurs irréelles. Deux amants se retrouvent sur une plage, un biplan en papier vrille vers un homme de sable. Les feuilles, recouvertes de mots et de dessins, de schémas et de flèches, tombent de l’Yggdrasil gris parcouru d’éclairs chimiques. Je ne peux les rattraper, je ne peux les saisir quand bien même je sais les avoir travaillées. Tant de runes, de lettres, de langages, de symboles, d’objets, d’espèces, de personnages ou de lieux qui chutent en cet automne crépusculaire. Mon Ragnarok, la fin de mes histoires, que je sais ne pouvoir qu’abandonner. Tant de personnages dont les noms se confondent, dont les yeux se mêlent pour que leurs iris deviennent un gouffre de noirceur. Tant d’histoires à travailler, tant de récits que je dois écrire, que je ne peux pas laisser ainsi. Il faut que je les fasse vivre, IL FAUT !!!
Mon ‘‘faut’’ me parait si faux, son écho si pesant se perdant dans l’enfer du vacarme de mes pensées silencieuses. Je tente de rattraper une autre histoire, puis la laisse, extenué. Bientôt, je passerai à autre chose et les oublierai toutes. J’oublierai mes envies, mes désirs, me perdrait en vie dans le désert de mes soupirs… Je…
Mes yeux s’ouvrent. Une lueur blanche, carrée, m’éblouit. Des mots, flous, défilent devant moi. Je ne suis qu’un…
Mes yeux s’ouvrent. Toujours le noir si profond, souterrain, toujours ces chaines qui me bloquent mes pensées, mes histoires, m’empêchent de les caresser, de les effleurer. Toutes ces personnes, tous ces sourires, toutes ces larmes et tous ces rires, tout… Et pourtant, insidieux, je sens en moi ramper des vrilles de noirceur qui se repaissent des maigres espoirs que je tente de nourrir. J’ai voulu sortir mais suis revenu, las. Je me sens bien, emprisonné ici. Je n’ai plus à choisir, je n’ai qu’à subir, me laisser aller à être l’objet. Être un objet parmi tant d’autres. Accepter sans consentir, refuser de choisir, aller dans le sens des choses et me laisser balloter par la tempête. Abandonner le rivage des histoires que j’aimais, laisser le phare de mes idées disparaitre, sombrer et me laisser devenir une énième épave de la vie.
Accepter sans consentir, refuser de choisir.
Mes rouages cliquètent, empêtrés dans un sable carmin. Je sens un craquèlement. Je souris.
Je ne suis qu’un pantin des affres de ma vie, et je souris.
Je ne suis qu’un automate, je ne suis là que pour exécuter, j’écris pour son bon vouloir, j’écris pour nourrir, j’écris pour éviter, j’écris sans substance la platitude. Mes routines deviennent ma routine, que je suis sans une once de pensée, machinalement. Taches, discussions sans queues ni tête, soupirs retenus et espoirs déçus, ma vie est un conte de fée dans lequel je chante avec tant de réverbérations et d’échos pâles et tristes. Le clown sourit de son minable spectacle, il applaudit, un large sourire dehors, une mine penaude dedans.
Je… Le temps passe… Si vite, si lent… Je me rappelle avoir autrefois imaginé des choses. Moi, imaginer ? Surement une lubie venue d’un autre. Je consomme, comme un con en somme, les voyelles et consonne que l’on voit que l’on sonne. Je ne suis plus bon qu’aux calembours et allitérations bien lourds. Moi, imaginer ? Vous devez confondre, cher pantin de bois. Je ne suis que votre reflet rongé par le temps et la vie, un jouet bien laid et fêlé refilé à …
Mes yeux s’ouvrent… Une nouvelle lueur blanche, carrée, m’éblouit. Des mots flous défilent devant moi. Je veux me rendormir, me réfugier… Je dois ignorer ces mots avant qu’ils ne me donnent trop d’espoirs que je sais déçus d’avance. Je retourne dans mon cocon.
Je le sens, il est là . Ce cocon de chose que j’ai oubliées, que j’aurais dû finir et que je n’ai pas finies. Cette douce étreinte que je sens quand je me porte coupable, cette douce chaleur rassurante qui me dis que je ne suis qu’un moins que rien. Oui, cher pantin de bois, je vous vois. Mais je ne vous entends pas, je préfère écouter la douce musique de ma culpabilité, de la nullité de ma valeur. Après tout, selon certains, je ne suis qu’un fou, c’est donc que cela doit être vrai. Une charge inutile, une énième déception, un fardeau de plus.
Des… quoi ? Des his… Non, je ne sais pas ce que c’est. Depuis bien longtemps, je ne suis qu’un objet, manipulé par les vrilles noires de mes regrets passés. Je ne suis qu’une suite de mots que l’on croit ordonnés, mais qui ne sont que jetés au hasard. Mon Yggdrasil n’est plus qu’un tronc coupé d’où suinte une sève blafarde, mon univers un trou noir béant sur le vide. Je me sens bien, quand je ne suis qu’un objet. Pas de désirs, juste la sensation de ces choses que je n’ai pas finies en temps, en heure, de cette noirceur qui m’attends et crée mon bonheur. Juste cette sensation de parfois combler les attentes d’une autre personne.
Mes yeux s’ouvrent… Une nouvelle lueur blanche, carrée, m’éblouit. Des mots flous défilent devant moi. Je veux me rendormir, me réfugier. Une bouche parle à sept bouches, les enchaine de son verbe. Je connais ce morceau de métal circulaire. Il m’a rendu heureux autrefois, lorsque je le vis pour la première fois. Il porte un espoir que je me refuse. Je retourne dans mon cocon, je l’aime, je l’aime tellement !
Je dois, il faut, je n’ai pas le choix… Ce cocon aussi doux que le sucre me cache le reste. Il existerait d’autres possibilités ? La liberté ? Non, cher pantin, ce mot n’est pas pour moi. J’en ai donné les clés à quelqu’un d’autre, dans un élan de folie. Je ne peux les reprendre. Mais vous pouvez toujours essayer de me libérer si ça vous chante.
Quoi ? Des histoires ? Mais vous m’emmerdez avec vos histoires ! Je suis très bien sans mes pensées qui me tourmentaient chaque jour. Oui, je commençais des histoires épiques aux milles possibilités et à l’infini de couleurs, oui, je ne les finissais pas, et j’en avais tellement que j’en perdait l’esprit. Chaque moment était un merveilleux chapitre que je retournais dans ma tête avant d’abandonner ! C’était une folie que de prétendre pouvoir écrire ces belles histoires, ce n’était qu’une histoire que je me racontais pour me voiler la face comme on cargue un navire. Une fuite illusoire qui me cachait les barreaux de la prison que j’aimais déjà .
Si je suis fou ? J’ai été fou de croire que j’aurais pu être autre chose qu’un pantin, qu’un objet ! Les histoires, la liberté, ce ne sont pas des choses que je mérite, pas après tout ce que j’ai commis ! Si je le veux, cher pantin ? Mais je n’ai pas le droit d’y prétendre ! Libérez-moi si ça vous chante ! Ou du moins tentez, vous ne me tirez qu’un sourire et… des larmes de… de rire… je suppose… Libérez-moi si ça vous chante ! Ça n’empêchera pas mes rouages de craquer… Libérez-moi si ça vous chante ! J’aime ce cocon où je ne suis qu’un OBJET, un ustensile ! Libérez-moi si ça vous… Si ça vous…
Libérez-moi ! Je veux… Je veux être… Je… Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
|