L'Académie de Lu





Pas encore inscrit ? /


Lien d'invitation discord : https://discord.gg/5GEqPrwCEY


Tous les thèmes
Rechercher dans le texte ou le titre
Expression exacte
Rechercher par auteur
Rechercher par type de défi
Tous les textes


PseudoMot de passe

Mot de passe perdu ?

Défi de Sourne et Awoken (rentrée des classes)

Academy Universe - nouveau lore


Le Soldat Prose

(par Downforyears)
(Thème : DĂ©fi de Sourne et Awoken)



C’était une guerre comme tant d’autres. Nous étions des soldats comme tant d’autres. J’étais un soldat comme tant d’autres. Nous nous battions contre les Rats, ces monstrueuses créatures sorties des profondeurs de notre monde. Alors que nous faisions de notre mieux pour lutter contre leurs vagues, pour contenir leur avancée inexorable, nous nous retrouvâmes acculés dans notre fort en béton, le dernier bunker avant le campement de réfugiés. Nous résistions depuis déjà deux semaines, lorsque leurs assauts devinrent plus violents, plus brutaux. Mes frères se mirent à tomber les uns après les autres, sous les crocs de ces vermines aussi hautes que nous. Je me rappelle d’Heinrich qui réussit à en abattre trois avec son mousquet avant de se faire entrainer dehors par un éclaireur aux grandes dents et aux petites oreilles. Je me rappelle encore des bruits des incisives perçant sa chair, de ses cris d’agonie, de ses entrailles que les rats fouirent pendant plusieurs dizaines de minutes, se repaissant de ses chairs… Et alors que je lâchais mon mousquet, inutile, et que je prenais mon sabre et mon courage à deux mains, de nombreuses détonations retentirent.


Je me rappelle de cette symphonie de coups de feu, de ce ballet que je peinais à comprendre depuis l’interstice entre deux lattes de bois, celles qui constituaient la maigre porte me séparant de ces monstres. Il taillait, tranchait, explosait leurs crânes avec méthode, avec efficacité, avec grâce.


Lorsque le calme retomba enfin, Il vint frapper à cette porte. Fermement. Il savait que je me trouvais là. Il me cherchait, depuis longtemps à l’entendre.


Je lui ouvris. Ce fut d’abord mon hoquet qui s’unit au grincement de la porte. Puis mes respirations saccadées. Qui se transformèrent en sanglots. Seul survivant, je m’effondrai en larmes, écrasé par une culpabilité titanesque qui me prenait aux tripes. Mes ongles sales tentèrent d’arracher ma peau, je voulais faire souffrir mon corps pour que les souffrances de mon cœur puissent s’apaiser. Et alors que le vain espoir d’une balle salvatrice dans le crâne faisait son chemin dans mon esprit, une main métallique se posa sur ma joue droite. Impuissant, je me résignai à plonger mon regard dans celui de mon sauveur.


Un regard sans âge. Un regard fatigué. Un regard rongé par toutes les sombres pensées que l’âme puisse imaginer. Un regard presqu’entièrement détruit par le passé.


— Pourquoi ? Pourquoi m’avoir sauvé ?

— Parce que tu le mĂ©rites. Parce qu’avant que cette guerre ne commence, tu aimais imaginer, tu aimais inventer. Je le vois en toi. Tu as imaginĂ© mille mondes, mille histoires, mille personnages. Et parce que dans quelques secondes, quelque chose va venir te chercher, affamĂ©. Ce qu’il veut, ce n’est pas ton corps. Ce sont toutes ces histoires que tu as inventĂ© avant le dĂ©but de cette guerre. Je ne peux le permettre.

— Je ne comprends pas. Je… que vous m’avez sauvĂ©. Comment vous remercier ?

— En restant cachĂ© en lieu sĂ»r. Un jour, je vais avoir besoin de toi. Il faudra que tu me sauves Ă  ton tour.

— Vous pensez que j’en suis capable ?

— Il le faudra. Je vais te mener dans ce lieu sĂ»r, mais une fois lĂ -haut, ce sera Ă  toi de te dĂ©brouiller. L’endroit oĂą tu vas atterrir te paraitra Ă©trange, parfois effrayant. Mais c’est le meilleur refuge que je connaisse. Il faudra que tu t’y reposes. Que tu t’y fasses des alliĂ©s. Et une fois que ce sera fait, cherche-moi.

— Vous ? Mais vous ĂŞtes lĂ , et…

— C’est plus compliquĂ© qu’il n’y parait. Promets-moi que tu me chercheras.

— Je promets… de tout faire pour vous retrouver. Qui ĂŞtes-vous ?

— Je m’appelle Down. RĂ©pète ce nom, pour ne pas l’oublier.

— Down ?

— Parfait. Accroche-toi Ă  mon bras.


Alors que je m’accrochais à son bras mécanique, tout s’effaça.




Il fait encore nuit alors que je me réveille. Je suis allongé dans la neige. Dans les cieux, l’astre luit. Je me sens… lourd. Raide. Comme si j’étais fait de métal, ou de bois. Je sens encore mon mousquet dans mon dos, et mon sabre à ma hanche. Je… Je tente de me relever, comme le ferait une poupée sans fils. Je tente d’éclaircir ma vue en me frottant les mains sur les yeux, et retient avec grand peine un cri. Mes mains… Mes mains ???


Chacune de mes phalanges, chacune de mes paumes est une pièce de bois reliée à la suivante par un mécanisme en métal. Ma bouche s’ouvre sans que je le veuille, et je sens ma mâchoire coulisser dans ses rails. Elle coulisse ? Mon Dieu, que suis-je devenu ?


Mes jambes, mes bras, mon torse, tout est en bois ! Alors… Pourquoi puis-je sentir encore mon cœur battre comme celui d’un homme ? Je tente de tirer mes manches, de fermer mon manteau. Tout n’est que peinture ! QUE SUIS-JE DEVENU ?


La peur me fait me lever, et je m’approche difficilement d’une fontaine gelée non loin. Je suis obligé d’en escalader le rebord en béton, tellement celui-ci est haut. Quel est l’intérêt de construire des margelles aussi hautes ? Je retiens de justesse un nouveau cri lorsque je me penche sur la glace parfaitement polie qui me renvoie le reflet d’un soldat en bois, aux traits taillés à la serpe. Chacun de mes membres est peint, comme pour figurer un uniforme rouge, noir et or. J’ai… Je comprends maintenant pourquoi ma tête me semblait si lourde. J’ai un bonnet à poil peint sur mon crâne en bois ridiculement étiré ! Je… Mes yeux sont des billes de bois peintes ! Comment puis-je encore voir les alentours ? Pourquoi…


POURQUOI SUIS-JE UN SOLDAT DE BOIS ???


Pris de panique, je défouraille mon sabre, lui aussi en bois. Mon mousquet est devenu un fusil à bouchon ! Je sens le vent d’hiver, qui s’en va soufflant dans les grands sapins verts de la forêt qui encercle les lieux. Je lève les yeux, et m’aperçois enfin que je suis devant une grande bâtisse constituée de deux ailes parallèles. Ses briques rouges et ses toits en ardoise encadrent de grandes fenêtres aux moulures en bois, et une grande arche les relie à mi-hauteur.


Je reste pantin et pantois, les bras ballants. Mes billes de bois voudraient pleurer de nouveau, mais je ne sens rien couler. Mes jambes se mettent en route mécaniquement, et je constate que mes pieds sont reliés à mes tibias de bois par un système de ressort. J’ai l’impression que je m’apprête à bondir à chaque pas que je fais, sans pouvoir le contrôler complètement.


Un bonhomme de neige me fait un signe de la main, et pris de panique, je décolle avant de me recevoir dans la neige la tête la première. Je me relève sur mes coudes, et aperçois deux lutins marcher et discuter ensemble. L’un d’eux a même des cornes de bouc sur la tête. Ou de chèvre, ou de mouton, je suis trop éberlué pour arriver à penser correctement. Quel est cet endroit invraisemblable ?


Je reprends ma course. Je sens mes articulations geler, ou rouiller, ou peut-être bien les deux à la fois. Je repère une porte gigantesque et me dirige vers elle. Je sautille quelques instants, puis prends mon courage à deux mains et tente le grand saut.


Je me cogne contre la porte.


Etrangement, le choc ne m’a pas fait plus mal que ça. Je retente plusieurs fois l’opération, puis parviens enfin à m’agripper à la poignée en métal. Le vent pousse le battant en bois, et je me retrouve à l’intérieur du bâtiment plongé dans la pénombre. Je suppose que le marchand de sable est passé, que les enfants vont faire dodo… Pourtant, j’entends des murmures, des petits rires.


Devant l’immensité des lieux, j’ai trop peur pour oser demander de l’aide. Je vois plusieurs décorations contre les murs, sur des sapins… Je parcours les couloirs, mes talons en bois claquant bien trop fort contre le carrelage à mon goût. Au détour d’un coin de mur et d’un rayon de lune, j’aperçois une forme étrange. Elle ressemble au dessin grotesque de la silhouette d’un bonhomme. La forme dépasse le coin et manque de me renverser, puis repars en vitesse en me lançant des excuses presqu’incompréhensibles à la volée.


La paranoïa me gagne. Je me recule, méfiant, mon sabre de bois à la main pour parer à toute éventualité ou toute nouvelle attaque. Soudain, je heurte une marche, et un bonnet rouge à pompon blanc me survole pour aller se perdre dans l’une des pièces attenantes au hall d’entrée. Je prends mon élan et monte quatre à quatre les marches d’un escalier qui me mène vers les étages. Guidés par les rayons de la lune qui éclairent ma course par les hautes fenêtres d’un couloir, je rentre en vitesse dans un dortoir en esquivant une forme longue et une guirlande de noël qui parle, et zigzague entre plusieurs lits. Sous un sapin décoré, je repère un large coffre rouge, vert et doré, et m’y engouffre tête la première. Je reste là, tremblant, grelottant plus de peur que de froid. Je dois trouver une solution. Faites qu’on ne me trouve pas… Faites qu’on ne me trouve pas…


Peu à peu, le silence des lieux aidant, je commence à m’assoupir. Que dois-je faire déjà ? Je ne dois pas l’oublier !


Je me reposerai le temps qu’il faut. Je me ferai des alliés, ou même des amis. Et surtout, je trouverai Down. Il le faudra, absolument. Je ne dois pas oublier ! Je ne dois pas oublier…


Soudain, un choc retentit. Je peux voir des rais de lumière envahir l’endroit où je me trouve par de nombreux interstices entre les planches de bois. Combien de temps ai-je dormi ? Alors que j’essaie de réfléchir, quelqu’un ouvre le coffre dans lequel je suis.


— Qui es-tu ? me demandent plusieurs voix Ă  l’unisson.


J’ai du mal à me souvenir de mon nom. Je… Je donne le premier qui me vient à l’esprit.


— Je… Je crois que je suis le Soldat Prose.











Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !











Zyphea

C'est court, mais c'est cool^^. Tu as réussi à mettre tout les mots dans un texte aussi court, chapeau ! Bravo^^.


Le 22/12/2021 à 18:42:00



Noon

J'ai adoré le soldat Prose, vraiment, ton style d'écriture se lit tout seul et tu maitrise tellement bien l'écriture à la première personne


Le 22/12/2021 à 18:45:00



Zyphea

pour "Le soldat Prose". C'est un chouette texte, tu as réussi à mêler les deux défis à la perfection, bravo ! Très plaisant à lire et très bien écrit j'ai beaucoup aimé !^^


Le 23/12/2021 à 09:11:00



Nico

un texte vraiment agréable à lire qui m’a fait sourire souvent comme le moment où il se rend compte qu’il est en bois (ce qui a dû être moins drôle pour lui ^^). Il est très bien écrit et démontre la bonne ambiance de Noël — même si lui ne le voit certainement pas de la même façon —


Le 23/12/2021 à 18:22:00



Awoken

pour "Le soldat prose". Ton texte est super sympa, j'ai beaucoup aimé. j'espère que prose est redevenu humain et qu'il ramènera down!


Le 15/01/2022 à 20:53:00

















© 2021 • Conditions générales d'utilisationsMentions légalesHaut de page