Mes pieds se posèrent sur le sol empeigné de l’humidité de la nuit. Le jour commençait tout juste à se lever, lassant encore la lune régner dans le ciel. J’observais les alentours, j’avais atterrit à la lisière d’une forêt dense, présentement les seuls bruits présents étaient ceux de la nuit, j’entendais une chouette hululé quelque part, accompagné des bruits de craquement provoqué par la fuite de ses proies naturelles. Toute une faune et une flore devait se trouver là. J’avais hâte de revenir la visiter. C’était ça mon véritable élément.

Je sentis de la fourrure se frotter à mes tibias et baissait les yeux. Un sacré de Birmanie me regardait avec ses grands yeux bleus d’un air mécontent. Il miaula

Je sais Abaddon, je suis en retard, pas la peine de me parler sur ce ton !

Je soufflais bruyamment, réajustais mon chapeau et tapais mon balai sur le sol. Je toisais mon familier d’un air de défi.

J’ai peut-ĂŞtre bien pris un peu plus de temps en chemin pour observer la lune. De toute façon quelle importance ? Tu vois bien qu’on est arrivĂ© avant le jour !

Pour toute rĂ©ponse, mon interlocuteur me tourna le dos et leva la queue pour me manifester son mĂ©pris. Qui avait bien eu l’idĂ©e de me refourguer un familier aussi caractĂ©riel ? Je tapotais trois fois sur le manche de mon balai afin qu’il se transforme en pendentif en argent ciselĂ©. Une fois passĂ© autour de mon cou je reportais Ă  nouveau mon regard sur mon compagnon Ă  quatre pattes. Je m’accroupi derrière lui et lui grattais l’arrière des oreilles.

Moi aussi ça m’angoisse Abaddon.

J’observais la façade de l’Académie couverte de lierre, l’image ondulât devant mes yeux laissant apparaître des runes pour revenir à une simple façade couverte de lierre. Un rire m’échappa.

Tu crois que c’est sa manière de souhaiter la bienvenue aux sorcières ? Demandais-je Ă  mon compagnon.

Il leva sa tête touffue pour me regarder par en dessous et m’adresser un miaulement interrogatif. Je haussais les épaules.

Allez viens, allons voir si c’est déjà ouvert.

Sur ces belles paroles, j’attrapais mon amie dans mes bras, réajustais la lanière de mon sac sur mon épaule et m’avançais à pas décider vers ma nouvelle maison pour cette année. Une ombre d’une rapidité inouïe passait devant moi me faisait hurler de surprise. Une fille s’arrêta devant moi en pouffant de rire, saleté de vampire, toujours prompt à vous prendre par surprise. La fille devant moi avait le teint olives, des cheveux rouges profonds sur une coupe pixie et des yeux ronds et vert.

Alors comme ça on a peur des vampires ? Demanda-t-elle en souriant. Ne t’inquiète pas, le sang des sorcières est aigre, et puis je suis devenue vĂ©gĂ©tarienne. Enfin autant qu’un vampire puisse l’être Ă©videmment !

Je n’ai pas peur ! Tu m’as juste surprise, voilĂ  tout.

Hum, si tu le dis. Anastasia, mais tu peux m’appeler Ana.

Elle me tendit la main avec un sourire espiègle sur le visage, je toisais sa main un moment, méfiante. Je fini par attraper sa main en retour.

Azrael. Et voici Abaddon, mon familier, dis-je en montrant du regard mon matou.

Il est adorable, dit-elle en le gratouillant. Vous ĂŞtes raccord en terme de couleur, c’est ta vraie couleur de cheveux ?

Oui, j’ai toujours eu les cheveux blancs.

C’est sympa, ça te vas bien. Tu arrives un peu tôt pour la rentrée.

Plutôt en retard, répondis-je. Je suis interne, je devais arriver hier soir.

Elle rit de bon cœur en cessant de gratouiller Abaddon qui s’en offusqua et décida de sauter hors de mes bras.

Quelle diva.

Le chat feula, je lui tirais la langue.

Hum, et oĂą sont tes bagages, demanda Ana se retenant de rire.

Voyons, je suis une sorcière.

Evidemment ! Tu veux que je te montre l’internat ? Il faudra se montrer discret pour ne pas rĂ©veiller les autres Ă©lèves. Il reste un lit Ă  cĂ´tĂ© du mien si tu veux.

Contrairement Ă  ma première impression, elle semblait plutĂ´t gentille et espiègle. Je lui emboitais le pas. Elle me prĂ©senta rapidement les lieux, sans entrer dans les dĂ©tails car au dĂ©but des cours une visite serait organisĂ©e, j’entrevis un grand tableau d’affichage dans le hall, ma camarade balançais ses bras dans diffĂ©rentes directions m’indiquant vaguement l’emplacement de pièces au rez-de chaussĂ©, je savais donc que ce niveau se composait d’une salle de classe, du bureau de la direction, d’un local technique, de la salle des conseils de classe, quelle salle Ă©tait oĂą ? Je n’en avais aucune idĂ©e. ArrivĂ©e Ă  l’étage, la prĂ©sentation fut tout aussi expĂ©ditive, elle tendit les deux bras dans des directions diffĂ©rentes et prononça les mots « salle de vie » et « bibliothèque ».

Alors que nous traversions le couloir de liaison des deux bâtiments je surpris le soleil qui pointait le bout de son nez.

Il va faire jour, ça ne risque pas de te poser problème ? Demandais-je en observant la forĂŞt sous la clartĂ© faiblarde du jour.

Il y a des filtres UV sur toutes les vitres pour les gens comme moi ! Et si je veux sortir en plein jour, je me couvre !

Elle m’attrapa la main sur ses belles paroles et m’invita à me dépêcher. Arrivé devant une porte elle m’intima le silence, je compris que nous arrivions donc à l’internat. Elle poussa doucement la porte, dans la noirceur je ne distinguais rien de plus que de vague formes sous leurs couvertures.

Ana me désigna un lit que je supposais être à côté du sien, je sorti de mon sac un petit paquet lié par des élastiques et le posais sur le sol. Je plaçais mon bras sur les épaules du vampire pour l’inviter à se reculer, réajustais mon chapeau pointu et lançais mon sort d’agrandissement sur mes valises.

Je comptais défaire mes affaires plus tard, je me contentais donc de prendre mes affaires de classes. Abaddon poussa vers moi mon cahier d’écriture préféré, un carnet en cuir vieilli et aux pages anciennes. Je me relevais et rejoignis Ana à la porte. Je me tournais une dernière fois vers les élèves endormis. J’avais hâte de rencontrer mes camarades. Peut-être un peu trop. J’avais si hâte que le jour se lève et que tous les élèves soient là pour pouvoir échanger avec eux.

C’est installé, assises dans le couloir liant les deux bâtiments que je regardais le levé du soleil avec mon familier et ma nouvelle camarade vampire.

Azrael, quel genre de sorcière es-tu au juste ? Demanda Ana, en fixant les rayons du soleil qui se dispersait sur la cime des arbres.

Au même instant, les premiers bruits d’élèves se réveillant arrivèrent à nos oreilles.

Je suis une sorcière du chaos.

Un instant de silence plana, uniquement interrompu par les bruits venant du dortoir et des réveils sonnant. Mes yeux virent mon reflet sur la vitre, je fixais les yeux qui me regardaient de leurs bleu gris si clair qu’il contrastait avec leurs iris. Je replaçais rapidement mon grand chapeau garni de fleurs, et mes longs cheveux blancs avant de m’adresser un sourire satisfait.

Ana fixait également mon reflet sur la vitre, qui tourna la tête vers elle et lui adresse un sourire que je ne vis que de profil. Elle lâcha une exclamation de surprise, je me tournais à mon tour vers elle.

Alors, on a peur des sorcières, vampire ?

L’année promet d’être intéressante, sorcière du chaos, lança Ana pour toute réponse.

Sur ces belles paroles, les portes du dortoir s’ouvrirent pour laisser sortir les élèves déjà présents en route vers leurs petit déjeuner.