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Downforyears![]() Spectacles![]() Academy Universe - nouveau lore
Timeline du Nauteur
![]() ![]() Une petite partie(par Downforyears)La Taverne de l’Académie est bien vide ce soir. Etrangement, Gaïa n’est pas venue se rouler en boule dans son fauteuil après sa session créative de la soirée, je n’entends personne prendre un Zyph’, et même Tyl et Etoile ne se sont pas arrêtés ici pour se retrouver. Quant à Lucifer… Aucune trace de lui.
C’est vraiment étrange. L’ambiance chaleureuse des lieux semble avoir disparue. Les sourcils froncés par l’inquiétude, je regarde par la fenêtre les alentours. Un orage vient d’éclater, et les gouttes de pluie frappent les vitres comme une nuée de carreaux. Au loin, un éclair éclate et éclaire la clairière de l’Académie. Par économie, je n’ai allumé que quelques bougies pour pouvoir m’éclairer. Malheureusement, le peu de lumière de la taverne me suffit amplement pour voir une ombre insidieuse se séparer de la mienne. A contrecœur, je tourne mon regard vers la banquette devant moi. Mon reflet est là , les deux pieds sur la table entre nous. Il bat un paquet de cartes entièrement blanches avec dextérité.
— Mezeliel ? Que veux-tu encore ? — C’est donc là que tu passes le plus clair de ton temps maintenant ? C’est… pittoresque. — Qu’est-ce que ça peut te faire ? — A vrai dire, si cet endroit représente beaucoup pour toi, alors… il représente beaucoup pour moi. — C’est faux. Je le sais. Tu le sais. La seule chose que tu désires, c’est t’accaparer ce qui rend les gens heureux. Le contrôler pour ôter toute liberté, le distordre dans tous les sens pour en détourner le sens, l’essorer jusqu’à ce que la moindre goutte de bonheur s’en soit échappée. Pour le casser d’un simple coup de talon. — Ce que je veux, c’est que tu me réintègres dans ton corps et dans ta psyché ! Nous étions une seule personne avant ! Regarde ce que tu es devenu. Une façade de gentillesse ! Tu fais tout pour cacher ton côté sombre, et le connard que tu es réellement ! — Tu sais très bien pourquoi j’ai demandé à ce que tu sois emprisonné au Cloitre. Je ne veux plus empoisonner tous ceux que j’aime ! Je ne veux plus que la tragédie de Marivold se reproduise. Un faux-pas, et c’est tout un univers qui a été dévoré. Chaque fois que je vois Eskiss, la culpabilité me ronge ! Il a souffert et il est le seul survivant, tout ça parce que j’ai cédé à mon égoïsme ! A toi ! — Ce n’était qu’un personnage. Même pas construit. — Mais avec tellement de potentiel ! Et Atrianne ? Et notre fille, Emeline ? Si je te laissais la moindre parcelle de mon esprit, tu désagrègerais tout ce que j’ai construit. Ou tout ce que d’autres ont construit ! Miette par miette. Tout ce que j’ai fait, tu le détournerais pour grapiller la moindre parcelle de contrôle ou de pouvoir sur les autres. Va-t’en ! Je t’en conjure, va-t’en.
Un rire dément me répond. Son écho se réverbère dans la taverne et dans ma tête.
— Non. Comme tu peux le voir, cette bulle d’univers me permet de rester tangible assez de temps pour ce que je veux faire. Plus tu passes de temps ici, plus j’arrive à m’ancrer dans cette réalité. Et pour avoir sondé tes rêves, je sais que tu ne peux pas t’éloigner d’ici plus de deux semaines. Même si tu pars, tu reviens.
Je serre les dents. Au plus profond de moi, je sais qu’il a touché juste. Je me sens si bien ici. Je me sens à l’abri. Je me sens presque comme dans un foyer, où chaque Académicien serait ma famille. Je tente d’utiliser mon manipulateur de lignes, mais ma main droite ne bouge pas.
— Je peux te renfermer. Je vais le faire. — Pauvre abruti ! Si j’ai été si longtemps prisonnier du Cloitre, c’est bel et bien parce que l’Ascendant m’y avait enchainé. Croyais-tu réellement que ces chaines perdureraient, lorsque tu as décidé de la trahir ? — Je ne l’ai pas trahi, je… — Tu... ?
Un large sourire répond à mon silence. Pourquoi essayer de me cacher la vérité. Oui, j’ai trahi l’Ascendant, et tous les Nauteurs en même temps.
— Tu l’as trahie, je le sais, tu le sais. — Tu sais pourquoi je l’ai fait. — Parce que tu aurais voulu vivre heureux et pour toujours ? — Je ne supportais plus de n’être spectateur d’une histoire ! Je ne supportais plus de voir mourir des personnages auxquels je m’attachais ! — Ce ne sont que des personnages, pauvre tâche ! — Ester n’était pas qu’un personnage ! Elle a souffert portail après portail ! Jean n’était pas qu’un personnage ! Atrianne n’était pas qu’un personnage ! Notre fille… — Ce ne sont que des lignes sur du papier ! — Si c’était le cas, pourquoi Nsgroth chercherait-il à les dévorer ???
Nos voix s’éteignent. Dans la taverne, seul le bruit des gouttes prenant d’assaut les vitres résonne. Mentionner Son nom est absolument à éviter.
— Repars au Cloitre. C’est là qu’est ta place. — Malheureusement, Down, ce n’est plus de ton ressort. Mais si tu veux, nous pouvons jouer. — Je ne suis pas d’humeur. — Mais bientôt tu le seras. — Rien ne m’oblige à accepter. — A part le fait que, chaque nuit, dans ton sommeil, je prendrai ta place ? Que chaque nuit, je profiterai de la confiance qu’ont les Académiciens en toi pour les retourner les uns contre les autres ? Que chaque nuit, je distillerai l’amitié, la loyauté, l’aide que tu leur as apporté en rumeurs pesantes, en ragots fétides, en une haine généralisée ? Soit tu acceptes le jeu, soit je te mènerai une guerre dont tu n’as pas idée. Ta pauvre Gerbille fan de béton survivra-t-elle à cette guerre ? Pas si l’apprentie de la mort s’en mêle. Et que penserait ce dragon-bibliothécaire de toi, s’il apprenait tout ce que tu as fait par le passé ? Pas que du bien je pense. Mensonge, diffamation, usurpation et discrédit, et la confiture de framboise pourrit. — Et si je gagne ? — Alors je repartirai au Cloitre. Je te laisserai tranquille. — Je sais que tu mens. — Mais tu n’as pas d’autre choix. Le Jeu des Créateurs ? Ou la guerre et la fureur ?
Je soupire. Si j’avais eu un cœur ordinaire, je l’aurais senti se serrer. Des larmes veulent couler, mais je n’arrive pas à les libérer. Je tremble de tout mon être. Alors que je suis paralysé par la peur, les mots d’un vieil ami me reviennent.
Le propre d’un refuge est de pouvoir un jour en partir.
— Si tu prends mon corps ? Tu jures que tu laisseras l’Académie tranquille ? — Bien sûr. Je m’engage à ne pas propager de rumeurs, à ne pas retourner les Académiciens les uns contre les autres, et à ne pas répandre la haine. — Tu es trop précis, je veux quelque chose de plus général.
Je vois Mezeliel ronger son frein.
— D’accord ! Si je gagne et reprends ce corps et cet esprit, alors je m’engage à quitter l’Académie dans la minute ! Tu es content ? — Non. Mais c’est le mieux que je puisse avoir de toi. Alors ? Cette partie ?
Mezeliel claque des doigts.
Une rafale de vent tente de me pousser depuis le haut du toit de l’une des ailes de l’Académie, et je suis criblé de gouttes de pluies aussi douloureuses que des balles. Alors que je me retiens au parapet en métal de la main gauche, j‘aperçois un paquet de cartes blanches dépasser de mon bras mécanique.
De l’autre côté de ce gouffre empli de ténèbres, sur le toit de la deuxième aile, Mezeliel me sourit, et s’incline. Je me force à faire de même, et le flash d’un éclair illumine les cieux comme en plein jour. Le flash perdure. Les gouttes s’arrêtent de tomber. Par une fenêtre d’un dortoir, je vois Gaïa sur le point de manger un cookie, figée dans le temps, sous le regard de Louloutre. A son bureau, Malkym est figé en plein geste, sa plume à quelques centimètres de son parchemin. La voix de Mezeliel résonne, comme dans un amphithéâtre vide.
— Cela fait si longtemps que tu n’as pas joué à ce jeu, Nauteur. Tu as besoin que je te rappelle les règles ? — Un seul personnage invocable par tour, et un seul personnage à la fois sur nos terrains. Une seule carte péripétie utilisable par tour. — Bien… Je te laisse le premier tour !
Je réfléchis. Mezeliel est comme moi, imprévisible. Je ne sais pas quel personnage il utilisera. Je dois commencer en jouant défensif.
— Je fais appel à Gurojyû, et place une péripétie face cachée. Fin du tour.
Alors que le personnage principal d’un énième projet abandonné par son auteur apparait sur un nuage gris au-dessus du vide, Mezeliel éclate de rire. Je ne sais pas ce qu’il a en tête.
— Gurojyû ? Un vulgaire sumo vaguement magique d’une histoire dont l’auteur lui-même sait qu’elle ne vaut rien ? Pathétique. Tu sais ce qu’on dit, plus c’est lourd, plus ça tombe facilement. Je vais profiter d’un univers dans lequel tu as voyagé ! J’invoque la Guêpe du Royaume du Jardin !
Une guêpe immense se matérialise. Ses ailes éjectent les gouttes de pluie en suspension qu’elle rencontre, et après quelques secondes à bouger la tête à droite et à gauche, elle se rue dard en avant sur Gurojyû. Je ressens le dard géant dans mon abdomen comme lui le ressent. Ma vision se trouble, et je vomis du sang.
— Déjà à terre ? Tu sais très bien que chaque coup que nos personnages et créatures subissent, nous le subissons. Ton misérable balourd était bien trop lent, c’était son gros point faible. Gros comme lui. Tant pis pour toi. Je place une péripétie.
Mon esprit s’embrume. Je ne peux penser qu’à un seul personnage qui pourrait détruire cet insecte.
— Je… J’invoque le Dernier Guêpier !
Chevauchant une guêpe géante, un humain revêtu d’une armure de chitine noire et jaune apparait et se rue vers le monstre ennemi. Sa lance perce de part en part l’hyménoptère, et je vois Mezeliel ployer sous la douleur.
— Activation de la Toile de l’Araignée. Une péripétie bien à mon avantage. Je récupère ton personnage. Tout au plus un hybride de sorceleur et de minimoy. Il était bien normal qu’il se charge de ma précédente possession. Comme toujours, Down, j’ai un coup d’avance. Je connais tous les univers où tu t’es rendu. Quel sera le prochain ? En fait je n’en ai cure. Je connais tous les points faibles de ceux que tu utiliseras.
Je gronde de dépit. Je mets un genou à terre.
— Et voilà , déjà vaincu, Down. Le prochain tour est le mien, et tu n’as aucun moyen de te défendre ! Ne t’inquiète pas, je ferai bon usage de ton corps et de ton esprit…
Alors que mon reflet donne un ordre, je vois le Dernier Guêpier se ruer sur moi. Je souris…
— Activation de la Péripétie : le train sifflera trois fois. Je peux invoquer en urgence un personnage d’un récit à la manière d’un western ! Apparait, Gunslinger !
Six balles percent le Guêpier et sa monture, et je vois Mezeliel se tordre de douleur. Le Guêpier ne connait pas les armes à feu dans son univers. De l’autre côté du gouffre, mon reflet laisse échapper de nombreuses volutes de fumée noires par l’écho des impacts de balle. Je sens le Gunslinger m’apporter son soutien.
— J’en ai assez ! Tu crois que tu pourras m’échapper ? Je suis ton côté obscur ! Je suis celui qui doit te gouverner ! Ta gentillesse ! Ta dévotion envers les autres ! L’aide que tu leur apportes ! Tu ! Me ! Fais ! Gerber ! Ce n’est pas ce que nous étions ! J’invoque Son fragment.
J’écarquille les yeux, alors qu’un portail fissure brièvement la réalité. Un tentacule de méduse s’enroule autour du Gunslinger, et l’emporte dans un autre plan, fait de néant et de vide. Le temps d’un instant, les gouttes tombent de nouveau, puis s’arrêtent. Une vibration sourde retentit, alors que je sens quelque chose remuer en moi. Quelque chose qui ne devrait pas se trouver là  !
— Ce… Ce n’est pas un personnage, Mezeliel. Tu… Tu n’as pas le droit de l’invoquer ! — Je manipule, je mens, je prends possession, je triche ! C’est ce que tu es en ton for intérieur ! Accepte-le ! — Si tu continues, tu vas libérer le CÅ“ur Noir ! — Ton autre prisonnier ? Il faisait partie de nous avant, Down. Tu te rappelles ? — Tu sais qu’Il l’a corrompu. Je ne peux pas le laisser s’échapper. — Je m’en fous ! Joue ! Ou perds !
Mes mains tombent contre mes flancs. Je… Je n’arrive pas à penser à une quelconque solution. Je sais que quoique je fasse, il réinvoquera un autre tentacule de Nsgroth. Et qu’à chaque fois, cela fragilisera la barrière entre Son univers de vide et celui de l’Académie. Je ne peux pas laisser cela arriver.
— Mezeliel. Je t’en prie pour une fois dans ton existence, ne me mens pas. Tu me promets que si j’abandonne, tu ne feras rien à l’Académie ? — Je te le promets. — Fais ce que tu veux, dis-je en jetant le reste des cartes vierges dans le gouffre qui nous sépare. — Avec grand plaisir, me répond-il d’une voix qui fait geler la pluie instantanément.
Je sens le monde autour de moi vaciller. Je sens ma conscience être soufflée comme la flamme d’une bougie.
Lorsque je me réveille, je sais que je suis dans le Cloitre. Au plus profond de celui-ci. Des chaines m’entravent la main droite (je sais que la gauche a été détruite il y a déjà bien longtemps), les pieds, le corps. L’une d’entre elle me passe à travers le torse et bloque les rouages de mon cœur mécanique. J’essaie de penser à la moindre idée qui me permettrait de m’échapper, mais celles-ci s’envolent avant que je puisse les capter. Je n’arrive pas à imaginer plus de quelques secondes.
Un homme en rouge discute avec un lapin, une horreur et une jolie fée, mais cette histoire m’échappe. Un barbare et une jeune voyageuse dimensionnelle se battent, mais cette histoire m’échappe. Le chat botté tire au revolver sur Blanche-Neige, des centaines de méchants récitent leurs monologues, deux personnes s’embrassent avec fougue, mais ces histoires m’échappent. Kangourou, céréales, remorque, pierre, totem, mer, sable, surmonter, sable, falaise, exquis, arbitre, pharaon, pirate, phénakistiscope, cénotaphe, amentifère… Tant de mots virevoltent et j’en oublie de nombreux autres. Des auxiliaires refusent de venir à mes lèvres, la moitié des sons que je veux émettre se transforment en borborygmes. Toutes ces histoires, tous ces mots m’échappent.
Etrangement, les profondeurs du Cloitre ne me semblent plus aussi maléfiques qu’auparavant. Le Cœur Noir, la partie de mon âme corrompue par Nsgroth, ne donne aucun signe de sa présence. Un éon passe. Ou peut-être deux ? Un claquement de talon. Une main qui relève mon menton, faisant cliqueter le scénarium qui m’emprisonne. Des yeux maléfiques qui fixent mon regard vide depuis si longtemps. Je n’arrive à penser qu’à la seule bonne chose qui me soit arrivée dans toutes ces existences.
— L’Académie ? parviens-je à murmurer difficilement. — Comme promis, je n’y ai pas touché, susurre Mezeliel à mon oreille et à mon âme. Mais je ne peux pas te certifier qu’il en est de même pour le CÅ“ur Noir. — Qu’as-tu fait ? — Et bien, disons que j’ai laissé le champ libre à Nsgroth. Après tout, c’est aussi grâce à lui si j’ai pu me libérer… Cette histoire fait partie de plusieurs cycles !
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