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![]() ![]() La Plancha Dekopey(par Downforyears)Son corps était tout de dont il avait besoin. Le rituel ne pouvait s’en passer, je le savais pertinemment. Je l’observai, les yeux mi-clos., les muscles tendus à l’extrême. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que cet humain allait défier les Dieux de la Plancha.
Il était arrivé cinq heures auparavant à la Plancha Dekopey, accompagné d’un Batrale et d’une Sylve, parmi la foule venue assister aux jeux de la journée. Trois visiteurs qui déambulaient dans les galeries, achetant des bibelots et surtout de la nourriture. Sur la Plancha Dekopey, le plus connu des Arènes-Restaurant, n’importe qui pouvait assister aux rituels de la journée. Mais bien peu avaient le courage de s’inscrire pour y participer.
L’homme était venu me commander deux bisques de homard d’Estrye cuits à la glace. Le Batrale avait commandé des libellules Géantes d’Oroïs. La Sylve avait simplement souhaité un nectar de rafflesia d’Ovéa. Je m’étais mis au travail en cuisine, préparant les plats aussi vite que je le pouvais. Je n’étais pas le meilleur chef Ling cinq étoiles de Dekopey pour rien !
Lorsque je vis le sourire sur le visage des trois compagnons, je sus que mon deux-cent quatre-vingt troisième ‘‘cinq étoiles’’ était gagné. Je ne m’étais juste pas préparé à ce que l’homme allait me dire.
— Chef, je vous veux avec nous ! Nous avons besoin d’un cuisinier, et vous êtes exceptionnel. — Je suis lié par contrat à la Plancha, répondis-je gêné. Le seul moyen de me libérer de ce contrat serait de gagner le Grand Repas avec moi, et… — Vendu ! topa l’homme. — Mais, je ne sais même pas comment vous vous appelez ? — Maximilien de Hiercourt. Avec un Chef comme vous, je suis sûr que ce Grand Repas sera du gâteau. Vous m’expliquez ? Au fait, quel est votre nom ? — Je suis Morj. Ma pause est dans trente minutes, bégaillai-je en faisant tressauter mon énorme langue sur ma panse d’obèse…
— C’est assez simple, et en même temps mortel, commençais-je en lui tendant une bouteille d’eau de feu.
Au contact de l’asmodium, l’eau se transformait en hydrogène qui brulait en un feu quelques secondes… Alors que ce mélange pouvait faire tourner la tête de n’importe qui, l’humain la but sans soucis. La Sylve regardait l’arène en contrebas, vide pour le moment.
— C’est-à -dire ? me demanda le Batrale au kimono jaune dénommé Amphis. — L’équipe est divisée en deux parties. L’une doit chasser et ramener des proies, vivantes ou mortes. L’autre partie doit la cuisiner. Chaque créature à chasser correspond à un nombre de points, et plus elle est dangereuse… — Plus elle rapporte, comprit Aï, la Sylve. Mais pourquoi ça s’appelle le Grand Repas ? — Parce que la deuxième partie peut faire perdre tous les points. Il faut que les chasseurs mangent tous les plats préparés par le cuistot. En général, c’est la que ça coince, car pour réussir, il faudrait en théorie que vous soyez un régiment. Mais aucun régiment n’aurait d’intérêt à relever le défi. Maintenant que je vous ai donné ces informations, vous voulez toujours participer ? — On vous a inscrit tout à l’heure, déclara Aï d’une voix joyeuse…
Amphis se tenait près de mon plan de travail installé sur une estrade. Sa longue langue de crapaud passait et repassait autour de lui, humant l’air autour de lui. Il attrapa au passage une petite mouche qu’il avala rapidement. Ses mains étaient posées sur deux petits fusils mitrailleurs accrochés à son obi, et un grand katana reposait tranquillement sur son dos.
A ses côtés, Aï n’était vêtu que de son pantalon de cuir et d’un t-shirt noir, floqué de l’inscription ‘‘Passez-moi à la Plancha !’’, acheté dans une boutique de souvenirs. Elle tenait un fusil de précision aussi long qu’elle était haute, et semblait apprécier les hurlements de la foule. Son écorce ocre et son feuillage blanc absorbaient les rayons du soleil qui passaient à travers le grand dôme du vaisseau-restaurant.
Enfin Maximilien se tenait devant moi, vêtu d’un simple marcel et de son pantalon de cuir. Ses bottes tapaient frénétiquement le sable de l’arène. La lame plasma de sa rapière brillait, et de nombreuses étincelles parcouraient le panier de son arme. La main qui la tenait était constituée de plaques de métal et d’engrenages qui ne cessaient de tourner. Il souriait, comme s’il n’avait pas toute sa tête.
Son corps était tout de dont il avait besoin. Le rituel ne pouvait s’en passer, je le savais pertinemment. Je l’observai, les yeux mi-clos., les muscles tendus à l’extrême. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que cet humain allait défier les Dieux de la Plancha. Et que j’allais l’accompagner dans un combat qui se révélerait dantesque.
— FAITES ENTRER LES DIEUX DE LA PLANCHA DEKOPEY !!! résonna une voix dans toute l’arène.
Au bout de l’arène, les immenses grilles se levèrent pour dévoiler la horde qui s’apprêtait à envahir les lieux. La débandade commença, et je retins avec peine un hoquet.
Un crapaud de terre d’Alast aussi grand que moi, un homard géant d’Evoïdia, une hydre à trois têtes d’Inferno-VI dont les cous étaient aussi longs que des baobabs, une meute de loups de pierre… Les créatures les plus coriaces de la galaxie ! J’allais indiquer à mes trois compères de se méfier. Le temps que je me reprenne, ils étaient déjà partis !
Mes yeux peinaient à suivre. Aï esquivait les cous de l’hydre et déclenchait ses tirs au moment propice. Chaque balle touchait un œil, une ouïe ou une mâchoire. Elle jouait littéralement avec la bête, comme une marte pouvait jouer avec un serpent.
Amphis était monté sur le dos du crustacé, et alternait les rafales de fusil mitrailleur et les coups de katana. Le sang du crustacé giclait depuis sa carapace.
Maximilien découpait les loups de pierre, se permettant même d’en fracasser un avec son bras métallique. Je me mis des claques avec mes mains à trois doigts. Je devais anticiper les proies qu’ils me ramèneraient pour en faire des plats. Préparer les accompagnements, les sauces, les modes de cuisson. J’enclenchais les fours à blizzard, le mixeur à sirocco… Un dernier tir résonna, et l’hydre s’effondra au sol en faisant trembler la terre. Aï fixa les anti-graviteurs, et me ramena le reptile en le faisant léviter jusqu’à l’estrade.
— Je te ramène l’ours hexapède ! — Non ! l’interrompis-je. Il me faut des aigles-ananas, ça va permettre de réduire le volume de l’hydre et de la rendre plus gouteuse. — Compris, Chef !
Je sortis un large couteau en diamant d’étoile naine. Il était plus que temps que je me mette au boulot. Le fait de voir de la viande se gâter une seconde trop m’était insupportable. Je relevai la tête juste à temps. J’esquivai la forme sombre qui me fonçait dessus, m’écrasant sans douceur sur le sol. Les odeurs ambiantes me montaient à la tête, embrouillant mes sens. Je n’entendais pas les bruits des combats aux alentours, mon monde se résumai aux corps des animaux que mes trois compagnons m’envoyaient, et aux cibles que je désignais. Je venais d’esquiver le jet de loup de pierre lancé en diagonale, et renvoyait Maximilien chasser un gorille carapaçonné.
L’hydre avait était réduite grâce à l’aigle-ananas que je venais de recevoir, les loups de pierre débités avaient été passé au four à blizzard et s’étaient transformés en une viande cuite mais gelée à point. Je venais de réaliser une bisque monumentale que j’avais dû purifier avec de la gerbille géante de givre et que j’allais accompagner de poulets de combat importés de Korn, la planète paysanne... Débiter, découper, cuire, accommoder, peler, frire… Après des heures de travail, le gong sonna enfin déclenchant un brouhaha dans les gradins.
Amphis, Aï, Maximilien, je n’arriver à penser qu’une seule chose d’eux. Ils avaient été monstrueux ! Mes trois compagnons me sourirent puis me montrèrent les panneaux au-dessus de notre estrade. 2905 points !!??? C’était un vrai record… Pour autant, le Grand Repas ne faisait que commencer. Ces trois compères allaient-ils réellement manger le repas que je leur avais préparé ? Celui-ci occupait une trentaine de plats ronds aussi larges que des tables, et j’avais dû mettre toute ma science pour leur préparer des mets aussi aériens que possible.
Aï commença le repas tranquillement. Elle prenait des bouchées de moineau, et piochait dans tous les plats que j’avais préparé avec une fourchette en bois achetée dans l’un des magasins de Plancha Dekopey. Elle faisait une courte pause régulièrement, et je pouvais voir son feuillage se soulever et s’illuminer. Elle n’hésitait pas à faire des coucous à la foule en délire.
Amphis découpait et piochait de nombreux morceaux de viande avec des baguettes en métal, dont les extrémités semblaient aussi acérées que des lames de rasoir. Sa langue happait de temps en temps un insecte passant près de lui, faisant monter à chaque fois le compteur d’une centième de point. Je n’en étais pas sûr, mais son ventre semblait se distendre progressivement.
Mais le plus impressionnant était Maximilien. Je n’avais jamais vu un humain manger autant. En fait, je ne savais pas qu’un humain pouvait manger autant ! Chaque fois qu’il finissait une assiette, la foule en délire hurlait et chantait, et il n’hésitait pas à la faire rugir en agitant les bras. La panse de cet humain défiait les cent dieux et déesses des Ling ! Une main se posa sur mon épaule.
— Tu ne manges pas ? me demanda Amphis étonné. C’est contraire au règlement ? — Je ne mange plus trop depuis que je suis cuistot sur la Plancha. — Si tu veux nous rejoindre, il faut que tu manges avec nous.
J’hésitai. Voulais-je vraiment rester ici ? Ou partir pour découvrir de nouvelles choses ? Depuis que je m’étais engagé dans cette prison pour cuisinier, j’avais perdu l’appétit Mon envie de liberté prit le dessus. Que risquais-je à manger un peu.
La première bouchée de calamar-pharaon me laissa extatique. Sa chair était si exquise ! J’enchainai avec un steak d’hydre plié en deux, une cuisse de triton-lierre, et ma vieille carie recommença à me faire souffrir. Pris d’une rage insoupçonnée, j’arrachais la dent malade. Elle repousserait bien.
Nous continuâmes le repas ainsi pendant ce qui me sembla être des heures d’euphorie. J’appris que les compagnons étaient des pirates, et qu’ils cherchaient à parcourir la galaxie en tant que personnes libres. Enfin, le gong résonna.
Etalés au sol, les bras en croix, nous riions sans pouvoir nous arrêter, alors que l’arbitre annonçait notre victoire sur le Grand Repas. Nous avions plus que doublé notre nombre de points, et avions atteint les 6200. Le ventre d’Amphis était deux fois plus gros que lorsqu’il était venu, Aï dormait en ronflant, son feuillage brillant de mille feux. Seuls moi et Maximilien n’avions pas commencé notre digestion. Sa main se posa sur mon épaule.
— Bienvenue dans l’équipage.
Je riais, observant les spectateurs quittant l’arène. Lorsque je me réveillai, je me levai et relevai mes compagnons, prenant Maximilien sur mon épaule. Autour de l’arène, de nombreux feux d’artifice parsemaient les cieux de l’immense vaisseau-restaurant. Je souriais, c’était tout ce que je pouvais faire. Je poussai un profond soupir. Une main pressée contre mon épaule, j’observai les alentours. Ils avaient bien changé. Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
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