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Ellumyne![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Le trésor de Barbe Bleue(par Ellumyne)Les trois jeunes garçons couraient à en perdre haleine en direction de l’imposant bâtiment qui leur faisait face. Leurs cris de joie se répercutaient dans la rue et les gens se retournaient sur leur passage en ouvrant de grands yeux effarés devant leur accoutrement pour le moins inhabituel. Timéo, le plus petit, portait un tricorne trop large pour son crâne qui lui tombait sur les yeux. La vue à moitié bouchée, il zigzaguait sur le trottoir, évitant de justesse les piétons qu’il croisait. Victor, son grand frère, portait un bandana rouge et noir à motifs de têtes de mort et essayait du mieux qu’il pouvait de dépasser Dan, son meilleur ami, dont les enjambées fiévreuses allaient sans aucun doute le mener à la victoire. — Preum’s ! hurla Dan à la cantonade. — C’est faux, on est arrivés en même temps ! répliqua Victor en faisant la grimace. — Si ! Tiens, demandons à notre arbitre, il va nous départager ! déclara le premier en se retournant vers le plus jeune qui arrivait cahin-caha. A bout de souffle, une main sur ses côtes, l’autre soulevant le bord de son chapeau pour y voir plus clair, Timéo observait les deux plus grands d’un air interrogateur. — Ben, on n’entre pas ? demanda-t-il d’un air candide, son regard passant de son frère à son ami. — Pfff. Laisse tomber, le minus n’a rien vu… Allez, go. Ils entrèrent tous les trois dans l’édifice et se présentèrent à l’accueil. — Ah, le rendez-vous de 15 h, marmonna la réceptionniste sans lever les yeux de son agenda. Le Temple du Pharaon, c’est ça ? — Euh, non. Nous, on vient pour l’escape game Le Trésor de Barbe Bleue, expliqua Dan. — L’Egypte, les pyramides, les chats sans poils tout moches, là , on s’en fiche nous. On veut de l’action, des pièces d’or, des combats à l’épée, naviguer sur l’océan ! s’emporta Timéo en lançant son tricorne en l’air. Ce dernier atterrit mollement sous le nez de la vieille dame qui le repoussa négligemment sur le côté en soupirant d’ennui. — Troooisième saaalle à gauuuche. Alleeez-y, énonça-t-elle d’une voix trainante. Le plus jeune s’élança dans le couloir, suivi de près par les deux autres. Après les explications d’usage, ils entrèrent tous trois dans une salle immense aux décors d’un réalisme incroyable. De la proue d’un bateau dont le gouvernail en bois était orné d’exquises arabesques, au squelette poussiéreux d’un pauvre hère qui avait sans doute échoué à trouver le trésor de Barbe Bleue. Tous les clichés de la piraterie étaient présent, pour leur plus grand bonheur. Dan souleva le coin d’un drapeau noir à tête de mort en lambeaux et y décrypta cinq rangées de lettres d’une couleur qui avait probablement dû être rouge sang à une époque, mais qui était maintenant à moitié effacée par les ravages du temps. Il les lu en diagonale avant de prévenir ses camarades. — C’est un code ! Il faut trouver une correspondance, vous voyez des numéros quelque part ? demanda Dan tout excité par sa trouvaille. — Là ! Là ! s’écria Victor en montrant du doigt un vieux crâne jauni. Timéo se précipita vers les ossements s’arrêta net, l’air dégoûté. — Beurk, il a plein de dents en moins, et les autres, là , elles sont toutes noires… — Eh ouais, t’as vu ce qui risque de t’arriver si tu ne te brosses pas les dents ? Plein de petites caries qui vont grossir, grossir, et tes petites quenottes, elles vont tomber, les unes après les autres… ricana Victor. — C’est pas vrai d’abord ! sanglota Timéo. Dan, plié de rire au milieu de la salle, essayait tant bien que mal de reprendre son souffle. — Victor, arrête d’embêter ton petit frère, on perd du temps. Ils se regroupèrent tous les trois autour du squelette sur lequel étaient gravés des nombres et décodèrent le message tant convoité : rhum. Dan se gratta la tête et jeta un œil circulaire dans la pièce. Il fallait continuer à explorer les lieux. Il se redressa et partit farfouiller dans une armoire délabrée tandis que Timéo se dirigeait de l’autre côté. Un éclat doré attira son attention et il écarta un enchevêtrement de lierre afin d’atteindre un cylindre métallique. — C’est quoi ça ? demanda-t-il aux autres. — Bien joué minus ! C’est un cryptex ! Plus qu’à y entrer le code de tout à l’heure, et à nous la victoire ! expliqua Dan en s’approchant. Victor tourna délicatement les quatre cylindres et un déclic résonna dans le silence pesant de la pièce. Un parchemin racorni apparu et le jeune homme s’empressa de le déplier, laissant apparaitre le message suivant : « Salutations nobles aventuriers. Avant que le trésor de Barbe Bleue ne devienne vôtre, il vous faut purifier votre âme en déclamant ces quelques vers à haute voix. » Il expliqua la marche à suivre à ses compagnons et lut la première ligne. — Hisse la grande voile du bateau. — HISSE LA GRANDE VOILE… s'égosilla Timéo de sa voix fluette. — Mais qu'est-ce que tu fabriques ? Inutile de hurler, le fantôme de Barbe Bleue n'est pas sourd… l'interrompit Victor en se bouchant les oreilles. — Je hurle pas, je chante ! C'est une chanson de pirates ! répliqua l’autre avec un enthousiasme débordant. Son frère leva les yeux au ciel et ils continuèrent sur leur lancée. Hisse la grande voile du bateau Vogue sur les océans, petit matelot A la recherche de l'île cachée Sans jamais être découragé Arbore avec fierté le pavillon Car tu as la conviction D'un jour trouver, sacrebleu Le trésor de Barbe Bleue
Un grondement sourd retentit derrière eux et une brume épaisse envahit la pièce, troublant un instant leur vision. Ils se retournèrent comme un seul homme et se retrouvèrent face à un coffre en bois finement ouvragé. Une clé tomba sur le sol, à leurs pieds, et Victor se précipita pour ouvrir le cadenas. — Montre ! Je veux voir le trésor ! s'écria Timéo en poussant son grand frère. Oh ! Des pièces en chocolaaat ! — Mais… c'est pas un vrai trésor, ça… grommela Dan, une pointe de déception dans la voix. — Allez, souris un peu, on est là pour s'amuser, répondit Victor. Timéo attrapa autant de pièces que ses petits bras pouvaient en porter et ils sortirent de la salle. Une fois dehors, Dan attrapa un louis qui menaçait de s'échapper et croqua dans le chocolat. — Hey ! Il est à moi ! protesta le petit. — Mutinerie en cours ! ricana Dan. Et c'est en se chamaillant que les trois compères rentrèrent chez eux.
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