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![]() ![]() Contraintes aléatoires Contraintes à sélectionner soi-même Testeur d'auxiliaire Situations aléatoires (défi de Schrödinger) Textes sans commentaires Générateur de situation/synopsis ![]() DĂ©fi images 4 (chouette, tableau, Lune)
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Ellumyne![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Renouveau(par Ellumyne)La lumière du soleil couchant irradiait la chambre d’une douce lumière rougeâtre. Chaque jour, le bouquet de fleurs séchées disposé près de la fenêtre, semblait reprendre vie durant ces quelques minutes. Un hululement plaintif brisa la féérie du moment et une chouette âgée au plumage blanc-argenté s’envola avec difficulté de son perchoir. Sa jeune propriétaire, une fillette blonde comme les blés d’à peine dix ans, l’observait avec inquiétude tournoyer dans les airs. Ce cri de détresse n’était pas bon signe. Habituellement, il était synonyme de mort et de chaos dans le royaume. L’oiseau se posa sur le clavier de l’antique piano en bois laqué sur lequel la petite Eliana s’entrainait à jouer, et ébouriffa son plumage qui scintilla sous la lumière bleutée d’une lampe à lucioles. Avec un regard triste, il posa une de ses serres sur une touche et un Do s’éleva dans les airs. Le cœur de la jeune fille se serra. De toute sa courte vie, jamais elle n’avait entendu Ethot jouer cette funeste note. La dernière fois remontait à treize ans en arrière, soit trois ans avant sa naissance. Une tempête sans précédent avait détruit tout un village, tuant huit d’entre eux sur son passage. Il fallait qu’elle prévienne son père. Lui seul pourrait agir. Les larmes aux yeux, elle caressa la tête de l’animal avant de sortir de la pièce. Eliana s’élança dans les couloirs du manoir à la recherche de son paternel, fouillant la bibliothèque, et l’office, mais sans le trouver. Elle interrogea deux domestiques qui ne purent la renseigner avec précision, mais qui lui indiquèrent qu’un visiteur venait d’arriver. La jeune fille les remercia et reprit sa course en direction du grand salon, dont elle ouvrit la porte avec une brusquerie qui ne lui était pas coutumière et soupira de soulagement. Il était là . Assis à sa place habituelle, sur le canapé dont les coussins jaunes prenaient une teinte orangée à la lumière des bougies. Ses cheveux gris et courts semblaient indomptables malgré les assauts répétés du peigne et il tenait à la main son éternelle pipe en bois, héritage de son arrière-arrière-arrière-grand-père. Cinq générations les séparaient, et pourtant, il le savait, cet objet les enterreraient tous. Hors d’haleine, mais heureuse de l’avoir enfin retrouvé, Eliana prit la parole. — Père ! J’ai quelque chose de très important à … Mais d’un geste, ce dernier lui intima de se taire. La jeune fille se retourna et eut un mouvement de recul incontrôlable. Une haute silhouette, vêtue d’un manteau noir se tenait debout au milieu de la pièce. Ses bottes noires étaient sales, comme si son propriétaire avait marché de longues heures dans la poussière des chemins. Une paire de gants enveloppait des mains fines. Et la gauche, qui ne comptait plus que quatre doigts, enserrait une longue canne en bois gravée d’inscriptions ésotériques. Et pourtant, ce n’était pas cela qui effrayait la fillette, dont le regard n’arrivait pas à se détacher du visage de l’inconnu. Ou plutôt de l’absence de visage… Une magie aussi noire que puissante, semblait couler dans les veines du visiteur. Un fluide sombre et épais tournoyait au-dessus de son crâne, prenant tantôt la forme d’un haut de forme, tantôt celle d’un chapeau à larges bords. Le tout avait un effet hypnotique sur quiconque essayait de percer le mystère de cet homme, dont l’ombre mouvante projetée au sol par les chandeliers, était aussi captivante et énigmatique que son propriétaire. Le maitre des lieux reprit soudainement la parole. — Je t’écoute, sorcier. — Un sombre destin attend votre royaume, Lord Coswan. Les nouvelles de la frontière n’ont jamais été aussi inquiétantes. — Parle ! Ne tourne pas autour du pot, j’ai besoin de savoir de quoi il retourne si je veux aider mon peuple. — Le Grand Volcan s’est réveillé dans les hautes plaines. Sa bouche crache des flammes et de la lave depuis plusieurs jours maintenant. Mais cette nuit, une secousse plus importante que les autres a fait trembler le pays. Sous la lumière de la lune, j’ai vu des femmes et des enfants terrorisés. Des villages entiers sont en danger ! Si vous n’ordonnez pas l’évacuation… — C’est impossible. Je n’ai nulle part où accueillir autant de gens, et tu le sais. — Demandez de l’aide au Conseil des Six Nations. Le noble serra les poings à cette idée et ne put s’empêcher d’avoir un rictus de mépris. Ses canines s’enfoncèrent profondément dans ses lèvres pâles, et une goutte de sang vermeil apparut au coin de sa bouche. Il la fit disparaitre d’un habile mouvement de langue et répondit sèchement à son interlocuteur. — Jamais ! Ces imbéciles arrogants nous ont chassé de nos terres il y a douze décennies maintenant, malgré tous les accords que j’ai tenté de mettre en place à cette époque. Isolés, brimés, affamés, nous survivons plus que nous ne vivons. Cachés à la vue de tous pour éviter de nous faire massacrer. Mon peuple est devenu trop faible pour se défendre. — La menace qui pèse sur vous est sans égale. Ne rien faire équivaudrait à votre anéantissement pur et simple ! — Et que proposes-tu ? Toi qui t’y connais en magie, n’aurais-tu pas une idée lumineuse ? — Je suis sorcier, je ne fais pas de miracles… — Alors tu ne me sers à rien… Va-t’en ! La silhouette noire se crispa, puis, pivota vers la petite fille et fit une profonde révérence. — Puissiez-vous raisonner votre père, jeune Eliana… Après ces sages paroles, il fit claquer sa canne sur le sol en marbre et disparut dans un mélange intangible de fluide et de fumée. Un souffle glacé fouetta le visage du noble et de sa fille avant d’éteindre violemment l’ensemble des chandelles du salon qui fut plongé dans un noir opaque. — Père ? Le maitre des lieux, plongé dans ses pensées, ne daigna pas lui répondre. Si ce que l’annonciateur de mauvaises nouvelles avait dit était vrai, alors il restait huit, peut-être neuf jours à son peuple avant que les terres ne soient dévastées et ne deviennent inhospitalières. Même pour des vampires réputés pour être quasiment invincibles. Les animaux sauvages fuiraient à la recherche de régions plus accueillantes. Et eux, que feraient-il ? De quoi se nourriraient-ils ? Les plus affamés d’entre eux se dirigeraient vers les autres nations. Certains ne pourraient s’empêcher de goûter un humain au passage. Et la guerre recommencerait. Plus sanglante que jamais. Un froufroutement d’ailes rompit le silence pesant et une boule de plumes blanches virevolta dans les airs, avant de se poser sur son perchoir favori. Le lord ralluma les bougies et ses yeux se posèrent sur la chouette. Il approcha sa main pour la caresser, mais celle-ci le mordit avant d’émettre un hululement mélancolique. Le vampire grommela de colère, mais se calma rapidement. Après tout, cet oiseau appartenait à sa défunte femme, morte en couches il y avait onze ans de cela maintenant. La tristesse l’envahit soudainement et une larme roula sur sa joue à cette pensée. — Père… Vous me dites constamment que je suis la copie conforme de Mère. Et jamais elle n’aurait abandonné les siens, quel que soit le danger à affronter. Je veux vous aider ! — Ma fille, tu ne connais pas les hommes… — Peut-être. Mais les hommes avec qui vous avez tenté de parlementer il y a cent-vingt ans de cela ne sont plus les mêmes qu’aujourd’hui. Plusieurs générations ont pris le relais. — Le temps nous manque. — Père ! Il nous reste sept jours pour trouver une solution. Nous nous devons d’essayer. Pour nous. Pour notre peuple ! Le maitre des lieux se retourna vers sa fille, et l’espace d’un instant, il crut voir sa propre femme. Le même éclat brillait dans leurs yeux. La même douceur et la même volonté animaient leur esprit. Il allait agit. Non, ils allaient agir tous les deux. Ensemble.
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