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![]() ![]() Contraintes aléatoires Contraintes à sélectionner soi-même Testeur d'auxiliaire Situations aléatoires (défi de Schrödinger) Textes sans commentaires Générateur de situation/synopsis ![]() Une scène de l'histoire de Jarghluck
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Ellumyne![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Confessions au cachot(par Ellumyne)L’escalier en colimaçon conduisait dans les entrailles du donjon. Les murs sombres et froids suintaient d'un liquide verdâtre, rendant les parois brillantes sous la lumière vacillante des torches. Le cliquètement des fers rythmait les pas de Jargluk et Kakahou alors qu’ils descendaient d’un pas hésitant les marches glissantes menant au cachot. Tête baissée, les mains et les pieds entravés, ils ne faisaient pas les fiers et étaient encadrés par deux gardes à l’avant et deux autres à l’arrière. Leur piètre tentative de sauvetage de la princesse Berthilda s’était soldée par une défaite cuisante. L’un des soldats s’arrêta soudainement et se décala pour libérer le passage. — Entrez là -dedans, et plus vite que ça ! Pour éviter toute tentative d'évasion, les deux prisonniers furent attachés côte à côte à de gros anneaux incrustés dans le sol. L’un des soldats referma la grille mangée par la rouille et, après un dernier tour de clé, ils se retrouvèrent seuls dans la pièce lugubre. — Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda Kakahou d’une voix faible, encore secoué par les derniers évènements. — Tu as, euh, comment dire… D’un coup, tu es entré dans une rage meurtrière. Et tu as terrassé tous les gardes qui tentaient de t’arrêter, expliqua Jargluk. Ce dernier frissonna à l’évocation de l’attaque et omit de préciser qu’il avait un instant cru, lui aussi, passer de vie à trépas sous les coups du jeune homme. Inutile de le tourmenter plus que nécessaire. Cependant, il s'inquiétait d'être enchaîné à moins d’un mètre d’un être doté d'une si grande puissance. — Oh non, ça a encore r’commencé… Comme la dernière fois… gémit Kakahou en enfouissant sa tête entre ses mains pour cacher les larmes qui lui montaient aux yeux. — Recommencé ? Mais ça t’arrive souvent ? s’affola le barbare avec un mouvement de recul incontrôlé. — Non, enfin… J’crois pas. C’est dès que j’vois du sang, j’tombe dans les pommes, et après, il s’passe des choses… Et quand j’me réveille, c’est l’chaos autour de moi. — Ah, et tu ne contrôles pas ton pouvoir ? — Nan… pleurnicha le jeune homme. Y’a quelques années, ma môman a essayé de m'apprendre à faire du vélo. Mais quand elle a enlevé les p’tites roues, j’suis tombé et j’me suis éraflé l’genou. La seule chose dont j’me rappelle, c'est qu’après, mon village natal était en flammes. Y’avait des morts partout ! J'ai eu peur et j’me suis enfui. — Tu m'étonnes… murmura Jargluk en se trémoussant pour s'éloigner le plus possible de la bombe à retardement qui discutait à ses côtés. — T'as peur de moi ? C'est ça ? s'indigna Kakahou en plantant son regard dans celui de son compagnon de cellule. — Hein ? Hum… Mais non, voyons. J'inspecte juste nos chaînes. Mais continue… Jargluk secoua une dernière fois ses entraves et soupira de tristesse. S'il avait été un vrai barbare, digne de son père, il aurait brisé ces vieux bouts de métal rouillés d'un claquement de doigts. Mais il n'était même pas capable de soulever sa massue. La dernière fois qu'il avait essayé, lors d’un tournoi organisé par son clan, elle lui était retombée sur la tête et l’avait à moitié assommé. Rouge de honte, il était devenu la risée de ses semblables et fut contraint de rester alité une semaine entière. Il en avait alors profité pour compulser une encyclopédie complète sur les Lépidoptères, plus communément appelés papillons, et tomba amoureux du Danaus plexippus et de ses magnifiques reflets orangés. Finalement, cela avait été les plus beaux jours de toute sa vie et il sourit béatement à ce souvenir. — Oui, donc, j'ai rencontré le grand seigneur Noralbar, continua Kakahou. Il m'a pris sous son aile et grâce à lui, je suis nourri et logé. Tu vois, contrairement à ce que les gens pensent, il a un cœur gros comme çaaAAHHH ! — Qu'est qu’il y a ? demanda Jargluk paniqué. — Ahhh ! A l’aide ! hurla Kakahou, terrifié, en essayant d’épousseter sa manche d'une main tremblotante. — Non ! ARRETE ! tonna Jargluk, d’une voix de stentor, dont l’écho se répercuta dans la pièce circulaire, faisant frémir la flamme de l’unique torche qui menaça de s’éteindre. — Enlève-moi ce truc ! supplia le jeune homme avec un rictus de dégoût. — Ce truc est de la famille des Blatteria, communément appelé cafard, blatte ou cancrelat, récita le colosse, captivé par sa trouvaille. Il posa l’une de ses grosses paluches sur l’épause de Kakahou et prit délicatement l’insecte dans la main avant de l’approcher de son visage pour l’étudier plus attentivement. — Tu sais, petit homme, taper sur des gens pour la gloire ou l’argent, ce n'est pas vraiment mon truc. Moi, mon rêve depuis tout gamin, c'est de devenir entomologiste… — Hein ? s’exclama Kakahou stupéfié par cette révélation inattendue. — Entomologiste, c'est l’étud… — Tu veux pas être un barbare ? le coupa le jeune homme avec un air d’incompréhension totale. — Non, c’est mon père qui m’oblige à suivre ses traces, mais… J’ai bien compris que je n’étais pas à la hauteur. Et si on arrive à sortir d’ici, je suis décidé à tracer ma propre voie, quoi que les autres en pensent. Eh, c’est pas tout, mais j’ai une de ces fringales, pas toi ? demanda Jargkuk en déposant l’insecte au sol où il s’enfuit à la vitesse de l’éclair sous l’œil attendri du colosse. Il était temps de se trouver un petit casse dalle et les soldats n’avaient pas l’air décidé de leur amener un plateau repas. Jargluk avisa un rat solitaire qui venait le renifler d’un peu trop près. Tchak ! D’un coup du tranchant de sa main, il l’assomma avant de le porter à sa bouche pour n’en faire qu’une bouchée. Du coin de l’œil, il remarqua le teint blafard de Kakahou qui avait assisté à la scène, et s’arrêta juste à temps. — Hey, ça va petit ? — M'sens pas bien. J’crois qu…bafouilla le jeune homme qui avait remarqué la goutte de sang qui s’écoulait du nez du pauvre rongeur. Les yeux écarquillés de terreur, Jargluk s’empressa de cacher le corps sans vie du petit mammifère derrière son dos et tapota la joue de Kakahou pour lui faire reprendre ses esprits, avant qu’un nouveau drame ne se produise. Ce dernier, livide et le regard vitreux, flageola un instant avant de s’effondrer sur les genoux du colosse qui se crispa. Totalement pétrifié, il resta, durant une longue minute, aussi immobile que les gargouilles de pierre qui ornaient l'entrée du château de Noralbar, n’osant même pas essuyer les gouttes de sueur salées qui commençaient à lui piquer les yeux. Seul le bruit des gouttes d’eau s’écoulant d’une brèche dans le plafond, venait troubler le silence du lieu. Quand brusquement, un grondement à réveiller un mort s’éleva du jeune homme. Le barbare récita une prière, pensant sa dernière heure arrivée, avant de comprendre qu’il s’agissait de ronflements innocents. L’excès d’émotions avait eu raison de Kakahou, qui s’était paisiblement endormi. Un froufroutement à l'autre bout du cachot attira l’attention du barbare et il aperçut un groupe de rats, nullement effrayés, qui se rapprochaient sournoisement des deux prisonniers. Tout cela avait réveillé l’appétit de Jargluk qui passa le restant de la nuit à terrasser les rongeurs et à les engloutir, ni vu ni connu, recrachant uniquement leur longue queue qu’il trouvait peu digeste. Le lendemain matin, Kakahou se réveilla en baillant, aperçut l’amoncellement au sol et fronça les sourcils. — C’est quoi ça ? C’tait pas là hier. — Grounch, grounch, hum, ché des Lumbricina, plus communément appelés lombrics ou vers de terre, expliqua le barbare en déglutissant discrètement pour avaler sa dernière bouchée. — Mais ça vit pas sous terre normalement ? Un fracas métallique dans l'escalier les interrompit, au grand soulagement du colosse qui ne savait pas comment se dépêtrer de cette conversation. Un homme en armure apparut derrière la grille de la geôle. Il ouvrit la serrure en deux temps trois mouvements et se présenta. — Chevalier Lancevin pour vous servir. Je suis à la recherche de la princesse Berthilda. Il est de mon devoir de la sauver afin d'obtenir sa main. Savez-vous où je peux la trouver ?
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