L'Académie de Lu





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Promenons-nous dans les bois

(par Ellumyne)
(Thème : DĂ©fi d'Elinor)



Le soleil était haut dans le ciel et ses rayons enjôleurs traversaient la fenêtre de la pièce à vivre, comme une invitation à la promenade. Je vérifiai une dernière fois mon panier de provisions, inquiète à l'idée d'oublier quelque chose. Tête en l'air comme je l'étais, cela ne m'aurait pas étonnée. Nouant ma longue cape rouge sur mes frêles épaules, mon panier à la main, je m'engageai tranquillement sur le chemin de terre serpentant dans le village, jusqu'à atteindre l'orée de la forêt.

Je pris le même sentier que d'habitude, et longeai une rangée d'arbres que je connaissais par cœur. La mousse atténuait le bruit de mes pas, me plongeant dans une torpeur bienheureuse. Face au manque d'éléments nouveaux dans mon environnement, susceptibles de captiver mon attention, mon cerveau se déconnecta peu à peu de la réalité et je me mis à rêvasser d'un autre monde, d'une autre vie. Pas que la mienne soit spécialement malheureuse, loin de là, juste monotone. Chaque jour semblable à la veille et ressemblant au lendemain… Je dressai l'oreille lorsqu'un rossignol chanta sur mon passage, mais je n'avais pas le cœur à l'écouter. J'étais incapable de savourer cette mélodie pourtant joyeuse, et c'est perdue dans mes pensées que je continuai d'avancer dans les bois.

Du bruit dans les fourrés attira mon attention. Un lapin et sa dulcinée caracolaient dans les hautes herbes. L'un sauta subitement sur l'autre, dans un câlin torride. Pudiquement, je détournai le regard en me demandant si c'était ça, l'amour. Ne faire qu'un avec une autre personne, sans se soucier du monde extérieur. Mais je déchantai vite. Le mâle se figea brusquement lorsqu'il m'aperçut, au grand dam de sa bien-aimée. Il dressa ses longues oreilles, laissa apparaître ses longues incisives derrière un rictus mauvais et me fixa de ses yeux dégoulinants d’une envie malsaine. Raffermissant ma prise sur l'anse de mon panier, je pressai le pas, gênée que l'on puisse me regarder de la sorte.

Un peu plus loin, je décidai de prendre un raccourci qui passait devant une caverne. L'ours qui y hibernait d'habitude, ouvrit les paupières à mon passage et se leva de toute sa hauteur. Pataud, l'œil trouble, il tituba vers moi et accrocha ma robe rouge de sa grosse paluche griffue avant de fourrer son nez humide dans mon cou. Ecœurée, j'esquivai sa langue baveuse et repoussai tant bien que mal le museau de l'animal avant de prendre la fuite, passant sous une nuée de corbeaux. Ces derniers observaient la scène à distance, tout en croassant de concert, mais étaient peu enclins à s'interposer malgré leur supériorité numérique.

Les battements de mon cĹ“ur finirent par se calmer et la cadence de mes pas reprit un rythme normal. Je me rapprochai de ma destination, et cette fois, c'Ă©tait l'Ĺ“il aux aguets que je m'enfonçai plus profondĂ©ment dans les sous-bois. Une brindille craqua dans mon dos et je stoppai net, subitement sur le qui-vive. Rien ! Je ne voyais rien d'autre qu'un clair-obscur mouvant. Ces ombres provenaient-elles du balancement des feuilles dans les arbres, ou bien cachaient-elles un danger plus grand ? Une longue queue gris acier apporta une rĂ©ponse Ă  ma question muette. Un loup. Tapi entre les racines d'un arbre centenaire, il m'observait de loin, scrutant le moindre de mes faits et gestes, de ses yeux jaunes perçants.

Je fis volte-face et accĂ©lĂ©rait l’allure, en espĂ©rant secrètement qu'il se dĂ©sintĂ©resserait de moi. Mais c'Ă©tait peine perdue. Je le savais. Je l'avais lu dans son regard. J'Ă©tais une proie idĂ©ale, faible, isolĂ©e. Un vulgaire bout de viande sur pattes. Il me suivit, rampant entre les fourrĂ©s tout en jetant des coups d'Ĺ“il furtifs dans le noir abyssal de la forĂŞt. Y en avaient-ils d'autres ? Mon cĹ“ur rata un battement et je fus soudainement submergĂ©e par la panique. Ce n'Ă©tait pourtant pas mon genre. Après tout ce que j'avais dĂ©jĂ  vĂ©cu, j’étais capable de garder mon calme en toutes circonstances. Mais lĂ , je sentais au fond de moi que quelque chose Ă©tait diffĂ©rent. Je me mis Ă  courir aussi vite que mes jambes me le permettaient et j'entendis un feulement de rage derrière moi. Cela ne fit qu'accroĂ®tre ma peur et je filai entre les arbres, repoussant de mes bras les branchages qui fouettaient mon visage.

La vieille cabane apparut enfin dans mon champ de vision, et c'est hors d'haleine que j'en atteignis l'entrée. Les instructions me revinrent en mémoire. « Tire la chevillette, la bobinette cherra ». Je les mis en application et la porte s'ouvrit en grinçant. Je m'engouffrai à l'intérieur comme si ma vie en dépendait avant de m'effondrer, les larmes aux yeux, dans un fauteuil. Serrant les dents, le panier en osier plaqué contre mon ventre, je tentais tant bien que mal de reprendre contenance. Mais ce n'était pas fini. Ce soir, il faudrait refaire le trajet en sens inverse.














Elinor

sympa le Petit Chaperon rouge, un petit moment d'évasion en forêt avant le drame. Enfin... je suppose que ça dépend pour qui.^^ Je préfère pas imaginer les zozos qui t'ont inspirée. Franchement très cool


Le 16/04/2021 à 18:04:00

















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