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![]() ![]() La sève au bois tordant(par Elbaronsaurus)Il était toujours, rien de neuf dans les hauteurs. J’ai l’impression que ça fait des heures que j’observe, regarde, scrute, chaque endroit, tout recoin susceptible de cacher un ou des intrus. Les arbres immenses et leurs branches tortueuses, les forêts épaisses et obscures, les terrains escarpés des plaines, les crevasses des monts se découpant dans le fond des cieux, les torrents et leurs cascades assourdissantes, le moindre buisson, la moindre sailli, le moindre monticule était une possibilité de refuge pour un être qui ne souhaitait pas se montrer. Le ciel clair a enjolivé mon royaume. Les créatures sur lesquelles je veille dorment, s’amusent, marchent, courent, s’esclaffent sous les rayons ardents qui ont fait s’ouvrir de nombreuses fleurs et ont ragaillardi les vieux troncs presque nus des ancêtres barbus et immobiles qui existaient ici depuis bien avant moi. Moi, pour le moment, je n’ai pas encore le droit de me détendre, de reposer mes immenses ailes. Je traverse tout ce gigantesque territoire, laissant ma vue détecter le moindre élément suspect. Alors je virevolte entre les falaises abruptes, je fends l’eau des rivières et des ruisseaux en saluant chacune et chacun, j’entraine les pies, les geais et autres merles à suivre ma route en foulant la cime des chênes et hêtres millénaires. Je ne pourrais dire à quelle vitesse je suis capable de voler, mais, je suis rapide. Bien plus rapide que la plupart des oiseaux que je rencontre, trop rapide pour les autres fées aux ailes bien trop délicates pour aller si haut, ou réaliser mes acrobaties. Les griffons peut-être pouvaient-ils s’élever bien plus vite et plus haut que moi au-dessus des terres ? Je ne le saurai sans doute jamais, on n’en a plus revu ici depuis des siècles m’avait-on raconté. Quelques troupeaux d’animaux avaient quitté la Lande. Depuis que les hommes étaient venus installer leur cité aux portes de la forêt. Ces bipèdes stupides avaient fait fuir quelques-unes des plus grosses espèces de ce grand royaume ancestral après la première guerre qui avait endeuillé les deux partis. Adieu Griffons donc, et autres dragons qui s’en étaient allés dans des contrées si lointaines que personne n’avait osé s’y risquer. L’ignorance et la vanité des Hommes font des ravages. Je crois pourtant encore et malgré tout, que tous ne sont pas ainsi. Tous ne sont pas belliqueux ou idiots. J’ai vu ces êtres simples et peu dégourdis apporter leur aide à des corbeaux coincés dans des filets, relâcher un poisson s’il était trop petit ou trop jeune, ou soigner leurs chevaux malades. Il n’y avait plus de véritable guerre entre nos deux royaumes, mais une défiance qui durait et durait encore. Il était toujours, deux visages qui s’observaient sans se mouvoir. Il avait été entendu que ni l’un, ni l’autre, ne devait pénétrer sans permission dans les terres voisines. Mais ça avait été sans compter l’orgueil d’un roi qui plus jeune m’avait séduite. L’arrogance et la cupidité des Hommes avaient gagné son cœur, remplaçant l’amour qu’il me portait dans notre jeunesse. Revenant à moi après des années, il m’avait berné, profitant de ma naïveté. La guerre avait fait rage et mon corps en avait payé le prix fort. Une part de moi avait disparu une nuit, remplacé par le sang, les larmes et les hurlements. Prise de colère, le royaume antédiluvien et merveilleux s’était mué en une terre hostile et ravagée sous mon influence. Et ce maléfice n’avait fait qu’exacerber les peurs des Hommes. Peurs devenues très vite rage. Tout ceci n’est que souvenir de souffrance et de mélancolie et mon cœur à nouveau apaisé n’est plus enclin à de tels rappels. Il me faut arrêter d’y penser. Le royaume voisin est devenu un comparse cordial et je connais une mocheté qui n’aurait aucune raison d’en vouloir à la Lande. Mais, ce royaume humain n’est pas unique, alors, je continue de veiller. Je ne suis pas seule à présider et prendre soin des terres, je peux compter sur les Gardiens qui me sont fidèles. Enfin, ils sont fidèles à ces lieux. Ces êtres constitués de bois et de magie font des rondes à l’orée des bois, comme du côté de la marre aux pierres précieuses. Je me demande ce que fait mocheté à cette heure. Le soleil n’a pas encore atteint son zénith et j’arrive à la fin d’une boucle. Il m’est sûrement permis d’aller regarder si les trois bourriques qui l’ont élevées ne sont pas en train de lui faire perdre la tête. Encore une erreur de son père d’avoir laissé faire cela. Heureusement que j’avais été à guetter, dans l’ombre. Me voilà donc à fondre en piquer, perçant les nuages et me dirigeant vers la forêt qui protège la Lande. D’ordinaire calme, il me semble entendre du bruit. D’abord indistinct, plus je me rapproche et plus il me semble entendre des cris, des pleurs, du métal qui s’entrechoque, des chevaux qui hennissent. Puis, une explosion, puis encore une autre, et une autre. Je m’évertue à voler plus vite encore, et finit par se dessiner au loin, un rougeoiement dépassant du houppier des grands arbres qui marquent encore l’horizon. La vision effroyable qui s’offre alors à ma vue fait s’arrêter de battre mes ailes. Je me sens comme privée de toute volonté au moment où, depuis mon point de vue dans les cieux, audessus des derniers arbres, j’assiste à l’apocalypse. La terre des Hommes recouverte d’une marée humaine informe et grouillante se couvre de filets de sang, se mêlant aux cadavres et aux demi-vivants qui geignent encore tandis que d’autres, emmaillotés, foncent vers le château en les écrasant de leurs pieds de fer. De certains corps s’échappent des gargouillis ignobles, derniers signes d’une tentative ratée d’émerger depuis l’antre de la mort. Les visages des corps couchés sur le sol se muant en une rivière rougeâtre, restent indiscernables depuis mon promontoire invisible. Je ne suis même pas certaine qu’ils puissent avoir encore quelque chose d’humain, même en y regardant de plus près. La fureur qui règne aux abords du palais, fait s’effondrer les tours sous le coup de nouvelles explosions portées par des tirs de catapultes. Mon inconscient se refuse à me laisser voler jusque là-bas, et me tenir les cornes ne me fera pas sauver Aurore. Je suis comme pétrifiée dans les airs, le cœur et le corps serrés de révolte et d’épouvante. Je n’arrive même pas à crier son nom…. Je… Je me sens… Je tombe….
J’ouvre les yeux. Me voilà en sueur dans mon lit. En sueur comme jamais. Me relevant sur mon séant, je constate rapidement, par tâtonnement, que j’ai littéralement trempé mon lit. A l’âge que j’ai… C’était quoi ce rêve ? Instinctivement, et non encore tout à fait réveillé, je tourne la tête vers mon ordinateur portable qui luit encore. En voyant ce qui s’affiche à l’écran, je comprends bien mieux mon rêve. Mais je me suis pissé dessus, merde ! J’ai laissé la télévision allumée. Sans le son. Je m’en rends compte à l’instant. BFM TV, toujours. Depuis l’après midi même j’en n’avais pas décroché. Mais attends, c’est quoi cette merde ? C’est un film ? Non, non impossible ! Alors que toute la journée on avait parlé que de l’effondrement de la tour Montparnasse, il s’agirait là d’un tout autre reportage et de ce que je peux lire sur la bannière malgré l’absence de mes lunettes, ça se déroule à Paris. Ça court de partout, y a comme des fumigènes où je ne sais quoi, en tout cas comme des lueurs rouges, des gyrophares. Je monte le son. Ça tire, ça tire de partout. Il y a des corps partout. Je ne les ai pas vu tout de suite, mais y en a littéralement partout. « Putain ! » C’est tout ce qui peut sortir de ma bouche. BFM annonce des attaques simultanées dans différents pays du globe. « Mais c’est quoi ce bordel ? » Il est où le chat ?… Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
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