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![]() ![]() Ado qui Doc(par Elbaronsaurus)Sous le soleil dardant avec virtuositĂ© ses rayons, je marche. J’ai rĂ©ussi Ă me rendormir assez vite après ce fichu rĂŞve. Le silence seulement rompu par le crĂ©pitement du feu a dĂ» y ĂŞtre pour quelque chose. On m’a nourri au rĂ©veil, ils ont des rĂ©serves, mĂŞme de quoi contenter le chat qui semble vivre sa meilleure vie. Les enfants du coin sont venus la voir et cette furie n’a eu d’autre comportement que de se laisser aller aux ronronnements sous l’action des dizaines de doigts qui la manipulaient. Elle semblait oublier les craintes et sa dĂ©fiance naturelle dans ce lieu loin de l’insĂ©curitĂ© des deux dernières semaines. J’ai vu Lu’ dans mon rĂŞve, enfin, plutĂ´t son avatar qui la reprĂ©sentait sur ce serveur Discord oĂą l’on s’était connu. Un petit biscuit. En y repensant, j’imagine avoir fait un amalgame de certains des autres membres de cette communautĂ© virtuelle. J’y ai sans doute vu Schrödinger et son chat quantique, Jila et sa passion des chevaliers, Ar en hĂ©licoptère ou encore Elinor, je crois, en faucheuse. Va savoir pourquoi elle avait soudainement voulu m’abattre dans ce rĂŞve. De toute façon, tout ce petit monde doit avoir disparu maintenant. Comme tellement de gens finalement. Il fait chaud, on est encore en septembre, enfin il me semble. Normalement nous devrions en ĂŞtre Ă la fin du mois. L’atmosphère est celle d’un Ă©tĂ© indien tardif, des jours très chauds, pour des nuits douces. Un des seules avantages dont le rĂ©chauffement climatique nous laissera profiter quelque temps. Pas un nuage dans le ciel au-dessus des baraquements de fortunes. De ce que je crois comprendre, le camp est plantĂ© en plaine. StratĂ©gie peut-ĂŞtre acceptable lorsqu’on veut voir arriver ses ennemies de loin. Sur un mont ou dans une cuvette, c’était la possibilitĂ© de se laisser surprendre. Ici les collines sont souvent fort boisĂ©es ce qui permettait une approche en toute discrĂ©tion. Une cuvette, c’était la porte ouverte aux attaques massives et surprises. La plaine, ce n’était pas optimal, mais quand on doit concevoir un tel endroit en deux semaines, on prend la moins pire des idĂ©es. Enfin je pense. Si je dois dĂ©crire l’endroit, je parlerais d’enchevĂŞtrement de matĂ©riaux en tout genre formant tant bien que mal des habitations prĂ©caires. Le sol est poussière, parsemĂ© par endroit de quelques touffes vĂ©gĂ©tales ayant rĂ©ussi Ă Ă©chapper au piĂ©tinement. Il y a pas mal d’enfants, comme si, miraculeusement, ceux-ci avaient mieux traversĂ© l’apocalypse que les adultes. Les gens ici ne respirent pas la joie de vivre, mais ne semblent pas abattus pour autant. On sent comme une lenteur, une latence, quelque chose pèse sur les Ă©paules de chacun, mais les gamins jouent et les adultes s’occupent, parlent entre eux. On sent les odeurs de repas prĂ©parĂ©s dans une cuisine commune ouverte au vent. J’entends quelques femmes ricaner en conversant le long de ce qui sont les chemins improvisĂ©s le long des abris de bois et de toiles plus ou moins crasseux. Des hommes s’affairent Ă des tâches manuelles, plantant des clous, coupant des troncs, construisant, dĂ©plaçant des objets, des planches ou des poutres. Certains dirigent, d’autres s’exĂ©cutent. Deux sont assis sur des tabourets brinquebalants, deux vieux ayant laissĂ© une barbe blanche naissante commencer Ă grignoter leur peau creusĂ©e et granuleuse. Ces deux-lĂ se marrent en trinquant Ă force d’éclats gras, entrechoquant leurs bouteilles de bière, surement chaude, avant d’en avaler la mousse dans une dĂ©glutition bien sonore. Dans cet entre-deux d’un temps interrompu, mais qui continue autrement, il semblerait que les aspirations sociales du monde qui se disait moderne se soient finalement rendormies. Adieu fĂ©minisme, et bienvenue Ă nouveau femmes au foyer et hommes aux commandes. Enfin, ce n’est peut-ĂŞtre pas tout Ă fait vrai. En me promenant vers les remparts de planches de bois de largeur et hauteur variables, qui encerclent le petit village, j’ai pu observer des femmes vĂŞtues comme les hommes qu’elles accompagnaient – polo, jogging, basket – partir au-delĂ de la porte Ă la recherche de vivres supplĂ©mentaires dans les citĂ©es abandonnĂ©es alentours. Cette porte unique d’ailleurs, s’actionne Ă la force des bras, par un mĂ©canisme de poulies, la hissant du bas vers le haut. J’ai l’impression avec ça, d’être enfermĂ© dans un clapier. Je devrais me sentir malaisĂ© par cette pensĂ©e, mais, mĂŞme au bout de moins de vingt-quatre heures et malgrĂ© la manière dont on m’a trainĂ© ici, je me sens quelque peu apaisĂ©, pas encore serein, mais assez dĂ©tendu pour relâcher la pression accumulĂ©e ces derniers temps. Il faut peu de temps pour faire le tour de la place, et Ă chaque point cardinal, des personnes ayant possession d’armes Ă feu se tiennent sur de petites plateformes en hauteur fixĂ©es aux remparts. Affaire de sĂ©curitĂ© pour tous, ils veillent sur la quiĂ©tude de l’extĂ©rieur. Tous ces gens qui m’entourent sont accoutrĂ©s comme ils le peuvent. On sent encore l’urgence de rĂ©cupĂ©rer ce qui a pu l’être avant de devoir fuir dĂ©finitivement son lieu de vie. C’est pourquoi beaucoup portent des vĂŞtements sales, dĂ©chirĂ©s, certains hommes ou jeunes hommes sont aussi torse nu. Tout ici tĂ©moigne d’une extrĂŞme pauvretĂ©, d’un manque d’hygiène manifeste et d’une utilisation Ă outrance des mĂŞmes habits jour après jour. Je m’arrĂŞte de marcher, ma jambe me tire Ă l’endroit de ma brĂ»lure. On a changĂ© mes langes au petit matin. Ils sont encore blancs, je ne devrais pas trop forcer au risque de saigner Ă nouveau. J’ai tellement occultĂ© la douleur depuis que je suis sorti de mon appartement, je devais tellement apprendre Ă survivre, que j’ai marchĂ© sans vraiment boiter sur une jambe malade. Mais aujourd’hui, pour la première fois depuis deux semaines, je sens mon mollet me dĂ©chirer et m’arracher une grimace. Je dois m’asseoir. Je regarde autour de moi. Au milieu de cette ambiance Ă la Walking Dead, je remarque un adolescent, seul dans la foule, assis en tailleur devant une baraque tenant dans une main ce qui semble ĂŞtre un petit mannequin, un jouet ou une figurine. Pour tout vĂŞtements, il ne porte qu’un vieux short en toile et un t-shirt trouĂ© par endroit. Ses cheveux sont en bataille et son teint, sous la petite couche de crasse, semble ĂŞtre d’un blanc de nacre. Il ne doit pas avoir plus de quatorze ou quinze ans. Je fais aussi rapidement que possible les quelques pas qui me sĂ©parent de lui : — Heu… Salut ! Dis, je peux m’asseoir ? Demande-je maladroitement en dĂ©signant le bout de terre libre Ă cĂ´tĂ© de lui. — Tu es le nouveau ! Celui qui est arrivĂ© hier soir ! Me rĂ©pond-il sans fioriture. Le ton très assurĂ© qu’il aborde me dĂ©stabilise quelque peu, mais je dĂ©cide de rester aussi stoĂŻque que possible. — Oui c’est bien moi… — Je t’ai vu arriver hier ! J’étais lĂ quand ils ont soignĂ© ta blessure ! Le mĂ©decin est un bon, tu peux avoir confiance, ta jambe ira mieux ! Juste, ne force pas trop ! — Ah, ok… Bah merci ! — Assis-toi si tu veux ! — D’accord, merci ! dis-je simplement tout en m’exĂ©cutant. Je reste silencieux un moment en observant l’objet qu’il tenait. Un sourire s’esquisse sur mes lèvres quand je reconnais le personnage. Dr. Emmett Brown de « Retour vers le futur ». Autrement nommĂ© « Doc ». — Comment as-tu atterri ici ? Ose-je. — Mon père. C’est lui qui t’a amenĂ© ici. — C’est lui qui a organisĂ© tout ça ? Il est le chef ? — Non, pas le chef, enfin, il ne veut pas ĂŞtre considĂ©rĂ© ainsi, mĂŞme s’il faut bien avouer que depuis deux semaines, il a Ă©tĂ© le moteur de cette petite communautĂ©. — Tu dois ĂŞtre fier non ? — Je suis surtout fatiguĂ© ! Je me tais. — Je te prĂ©sente Doc ! Me dit-il en me mettant le personnage fictif sous les yeux. — Eh bien, bonjour Doc ! Je me sens stupide de rĂ©pondre ça, mais j’essaie d’être le plus convainquant possible. — C’est le seul que j’ai pu sauver. Un bout de plastique avec une touffe de faux cheveux blancs collĂ©e sur le crâne. — Tu aimes la Science-fiction ? — J’aimais beaucoup oui… Avant qu’elle ne devienne rĂ©alitĂ©. Il semble d’une tristesse insondable. — Ça nous fait un point commun j’ai l’impression ! Il observe la poupĂ©e silencieusement. Son regard semble s’y perdre et j’ai presque l’impression de voir poindre une larme au coin d’un de ces yeux. Ce gamin me touche. Il doit avoir besoin de soutien. Il prend une inspiration et relève la tĂŞte, regardant la rue lĂ©preuse qui nous fait face. — Tu crois qu’il en penserait quoi Doc de notre monde ? Je veux dire, s’il existait, qu’il dĂ©barquerait avec sa Delorean et voyait tout ce qui s’est passĂ© depuis genre, quelques annĂ©es ! — Il serait bien surpris je pense. Si je devais me glisser dans la peau du personnage, je me dis que j’aurais Ă©tĂ© agrĂ©ablement surpris par pas mal de choses. T’imagine toi, j’aurais rĂ©ussi Ă voyager dans le temps, mais je n’aurais pas eu besoin de remonter loin dans le passĂ© pour voir des dinosaures en vie. Me suffirait d’aller quelques dĂ©cennies dans le futur. — Tu penses que c’est une bonne chose ce qu’ils ont fait ? — Tu parles du « SENAR » ? — Ouais, et les autres, tout le monde en fait. On est un peu tous responsable de tout ça. — Eh bien, c’est lĂ oĂą, si j’avais Ă©tĂ© Doc, et en rĂ©flĂ©chissant un peu aux consĂ©quences d’une dĂ©sextinction, j’aurais Ă©mis des rĂ©serves. — T’aurais pu arrĂŞter tout ça ? — J’en sais rien. Je n’aurais Ă©tĂ© qu’un petit professeur un peu fou après tout. — Ils Ă©taient tout aussi fous que toi dans ce cas ! — C’est pas faux. Le silence s’installe Ă nouveau entre nous. Seule la vie qui grouille ici nous laisse en rappel que nous existons aussi dans cette rĂ©alitĂ©. — Tu sais ce qui est arrivĂ© aux parcs ? — Non, pas du tout. Je n’ai vraiment pas eu le temps d’y penser, ni de m’informer. J’ai vĂ©cu seul tu sais, depuis que… — Ils ont Ă©tĂ© ouverts ! J’ai comme un sursaut, j’écarquille les yeux de surprise. — Tous ? — J’ai comme l’impression. C’est ce qu’on entend sur les radios. — Vous en avez ? — Oui. Ça Ă©met encore, on sait pas pour combien de temps, mais de temps Ă autre on arrive encore Ă avoir des nouvelles. — Les anim… Les dinosaures se sont Ă©chappĂ©s ? — Il semblerait. Paris serait au prise avec certains d’entre eux. — C’est tout près… — C’est sĂ»r. — Et dire que je rĂŞvais d’aller visiter le parc Ă son ouverture, qu’il y a encore si peu de temps ma vie tournait autour de la palĂ©ontologie, des dĂ©couvertes, des reportages sur le « SENAR »… J’ai l’impression que tout est dĂ©jĂ si loin, et pourtant… — Bah t’auras pas besoin de payer pour voir des dinosaures si ça se trouve maintenant ! Il est tellement spontanĂ©. Un sourire se colle Ă nouveau Ă mon visage. — Moi c’est Nicolas ! Je lui tends la main. Il la prend rapidement pour me la serrer. — Thomas ! Il a l’air content d’avoir trouvĂ© quelqu’un Ă qui parler. Il y a du monde ici, et j’ai l’impression qu’il est pourtant extrĂŞmement seul. — OĂą est ton père ? — En vadrouille, comme d’hab ! — Il ne t’amène jamais avec lui ? — Trop dangereux pour moi…. Je n’ose pas demander pourquoi. Je patiente quelques interminables secondes qu’il veuille bien terminer sa phrase. — Je suis hĂ©mophile. Finit-il par m’avouer en baissant le regard. — Oh, je vois. Un petit silence se prĂ©sente Ă nouveau. — Si tu veux, on peut devenir des potes ! Si ça te dit ! DĂ©clare-je avec tout l’entrain dont je suis capable. — Ah oui ? M’interroge-t-il l’air surpris. — Bah oui, entre handicapĂ©s, on pourrait se soutenir ! Lui dis-je en dĂ©signant ma jambe malade. — Ouais, j’suis d’accord, deal ! — Deal ! — Tu sais Doc (Il me remontre la figurine de plastique), je pense qu’il se serait rendu compte qu’il avait tort ! — A quel propos ? — Il aurai vu qu’en modifiant le cours de l’espace-temps, on ne dĂ©truisait pas l’univers tout entier, non. Il aurait juste vu que ça foutrait le bordel sur Terre. — Pour toi, le virus vient de lĂ ? Je me suis posĂ© la question je t’avoue. — Je ne sais pas, mais ça ne m’étonnerait pas. En tout cas, vu ce qu’ils disaient Ă la tĂ©lĂ© sur ses origines et sa mutation, on aurait pu l’interprĂ©ter ainsi. Un virus du MĂ©sozoĂŻque qui mute avec un virus moderne. M’explique-t-il. — Et bam, ça fait une pandĂ©mie incontrĂ´lable. — Ouais. Il n’aura fallu que ça pour que la Nation d’Ibrahim s’engouffre dans la brèche. — Ouais… Il se relève d’un coup. — Bon, j’ai chaud et je suis fatiguĂ© comme je te l’ai dit. Je vais aller dormir un peu l’ami. On se voit ce soir si tu veux ! — MarchĂ© conclu ! Dis-je en me relevant Ă mon tour. Je me rends compte qu’il est aussi grand que moi ce jeune bougre. — Bon bah Ă tout Ă l’heure ! Dit-il avec assurance en me tendant Ă son tour la main. — Ça marche, repose-toi bien ! Nous nous serrons la main, puis je le laisse pĂ©nĂ©trer dans sa pĂ©nates et disparaitre dans la demipĂ©nombre qui y règne. DrĂ´le d’idĂ©e de faire voyager Emmett Brown jusque dans notre rĂ©alitĂ©, mais je trouve que la conversation a Ă©tĂ© plutĂ´t intĂ©ressante. Ce jeune homme a l’air plein d’esprit. Ça me fera quelqu’un avec qui interagir convenablement il me semble. Je dĂ©cide de reprendre ma marche, de refaire le tour de toute cette agitation. L’après-midi semble ĂŞtre bien avancĂ©e et le soleil s’est dĂ©crochĂ© de son zĂ©nith. C’est en pensant Ă la conversation qui venait d’avoir lieu qu’au bout d’un moment, je remarque un logis rĂ©alisĂ© d’une grande toile tendue, formant comme une grande tente soutenue Ă chaque coin de piliers de bois sur lesquels reposaient des cordes tendues. Deux jeunes hommes, le cul posĂ© sur des chaises de salle Ă manger m’observent. Un de type caucasien aux cheveux et yeux noirs. L’autre Ă la peau basanĂ©e, un rebeu comme on dit, au petit nez retroussĂ© et Ă la chevelure bouclĂ©e. Les deux semblent grands et sveltes, plutĂ´t bien taillĂ©s et me regardent avec insistance, un petit sourire en coin. Ils se jettent un lĂ©ger regard et le blanc se lève, dĂ©cidant de m’adresser la parole. Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
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