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Sourne![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Veule officier(par Sourne)Je me demande... comment crĂ©er la back-story de Voivre ? Parce que bon, ça fait une bonne heure que je tourne en rond, seul, dans le noir, Ă minuit, en Ă©coutant de la musique Ă fond dans mes Ă©couteurs, mais pas la moindre idĂ©e ne me vient. Et puis, est-ce que c'est vraiment important d'Ă©crire la back-story d'un protagoniste qui meurt, et qui est dĂ©jĂ mort d'ailleurs des mains de l'Empereur ? Ah mince, je viens de spoiler la fin de mon dernier roman. Enfin, qui peut lire ce que je suis en train de penser, lĂ , maintenant ? Ouah, ça fait du bien de bailler ! L'inspiration vient Ă moi ! Ou alors, c'est juste la fatigue… Tâtant mon confortable matelas, je m'y allonge, je m'Ă©tire et je saisis mon moelleux coussin, pour le caler au creux de ma tĂŞte. Hum, ça me fait bizarre de dĂ©crire ainsi mes actions... Note pour mes prochaines histoires, j'ai un peu trop tendance Ă briser le quatrième mur. Tirant mon drap, je le porte Ă mon visage, qui regarde le plafond dont le blanc transparaĂ®t un peu en dĂ©pit du noir. Pfff, je tire mon tĂ©lĂ©phone et regarde la musique en cours. HĂ©, je l'aime bien celle-lĂ ! Je vais aller jusqu'au bout, puis dodo ! Hum... Bon flemme, je la coupe tout de suite en fait. Allez, je pose vite fait mon tĂ©lĂ©phone sur mon bureau et aĂŻe ! C'est sĂ»r que si j'enlevais mes Ă©couteurs avant, ça irait mieux… Bien, Ă prĂ©sent que je suis sur le point de m'endormir, que je suis bien allongĂ© comme il faut dans une bonne position pour une bonne nuit de sommeil, je vais pouvoir enfin après cette journĂ©e me... Non mais c'est pas vrai ! Faut que Voivre et sa maudite back-story me harcèlent mĂŞme dans mes dernières pensĂ©es ! Bon, puisque c'est comme ça... Penser Ă ArchĂ©rion, penser Ă l'Empire, penser Ă Voivre... Je commence Ă voir se dessiner les contours d'un port militaire, celui d'Archessie... Ah je vois Voivre, qui marche dans ma direction... Ouah, un dernier soupir avant dodo… « Pfff, et c'est moi qu'on traite de feignasse... J'entends une voix... Elle est apparemment tournĂ©e vers l'ironie. HĂ©, rĂ©veil ! Marin seconde classe, c'est pas le moment de dormir ! — Hein que quoi ? Il se passe quoi lĂ ? — Ah, enfin on se rĂ©veille marin seconde classe ! » Tandis que je me frotte les yeux, je tâche de comprendre ce que je fais lĂ ... Tiens, il y a devant moi Voivre de MajĂ«sto, qui se prononce MadjèstĂ©... Pourquoi j'ai fait une orthographe qui colle pas avec la prononciation de l'archĂ©ronien classique pour la famille principale de mes romans,... En tout cas, ce rĂŞve a semble bien rĂ©aliste, le lieutenant veule a l'air d'ĂŞtre juste en face de moi, dans son uniforme de la Marina Emperuna, la Marine ImpĂ©riale. Étrange, d'habitude j'ai pas l'impression d'entendre de près mes personnages dans mes rĂŞves, et je ne ressens pas plus les mouvements… « HĂ©, tu as vu mon uniforme, seconde classe ? » Voivre a l'air d'en ĂŞtre fier, vu comme il pointe son pouce vers sa chemise bleue marine impeccablement repassĂ©e, dont les boutons sont dĂ©licatement argentĂ©s et rutilant Ă la douce lueur de l'Estèl qui se lève doucement Ă l'horizon. Par dessus, il porte une fine capote... hum, je devrais plutĂ´t dire un blouson lĂ©ger, d'un blanc clair et reluisant, dont les dĂ©tails de l'historique de la famille des MajĂ«sto sont brodĂ©s au fil d'or. Son pantalon est bien plus classique et recouvert d'aucune fioriture. Cependant, un arcènsabru dans son fourreau de mĂ©tal brillant pend Ă sa ceinture de son cĂ´tĂ© gauche, et il porte un pistolet semi-automatique Ă sa droite. Je me demande si c'est avec ce mĂŞme pistolet, dont je n'avais rien imaginĂ© avant, que Voivre a tirĂ© sur Mira... Non dĂ©finitivement, ça me fait bizarre de voir des dĂ©tails qui ne m'Ă©taient pas venu Ă l'esprit lors de mes sessions de crĂ©ation de mon univers. « HĂ©, tu rĂŞvasses bleusaille ? dit Voivre, en claquant des doigts. Le porte-avions l'Archessie, notre bâtiment d'affectation, va lever l'ancre dans pas longtemps. J'aurais bien fait une dernière sieste Ă terre, affirma le futur lieutenant en s'Ă©tirant, mais faut ĂŞtre Ă bord de notre navire de guerre quelques heures Ă l'avance, pour le prĂ©parer, tout ça. Enfin, TU vas le prĂ©parer, moi je serais bien tranquille dans mon poste de contrĂ´le ! Voivre me donne une grande tape dans le dos, plus amicale qu'agressive. Allez, suis-moi ! » Quelque peu poussĂ© par un personnage onirique, je marche dans le port militaire de la capitale de l'Empire d'ArchĂ©rion, qui gouverne une large partie du monde de Foya. Des grues chargent au loin des caisses de munitions et de provisions Ă bord du porte-avions, des milliers de tonnes je dirais. Je vois aussi quelques A1S-Dragon sur le pont, version navale bien sĂ»r. Les A4S-Dracs sont eux sans doute dans les hangars. Au loin, des frĂ©gates et destroyers croisent dans la mer du sud, protĂ©geant le prĂ©cieux bâtiment et les porte-hĂ©licoptères d'escorte. Attends.. s'il y a un tel dispositif... On serait quand mĂŞme pas en pleine guerre de contre-insurrection contre l'Autocratie de Ki'Mong ? On va avoir droit Ă un voyage de deux semaines, c'est Ă l'autre bout du monde ! Au moins, ça me permettra de dĂ©velopper enfin Voivre. Et puis de toute façon, c'est qu'un bĂŞte rĂŞve ! Boum ! Rahhh, ça fait mal ! J'ai reçu un coup sur la tĂŞte ! En touchant l'arrière de mon crâne, je suis au moins soulager de ne pas sentir du sang couler entre mes doigts. Mais... je suis incapable d'Ă©prouver des douleurs physiques dans mes rĂŞves ! En regardant derrière moi, je constate qu'un soldat qui transportait des caissons m'a heurtĂ©, il ramasse ce qu'il a fait tomber. Alors que Voivre s'attelle Ă assister le première classe, je rĂ©flĂ©chis un peu Ă ma situation... D'abord, je perçois des sensations que je ne ressens que dans la vraie vie... Et en y pensant, je comprends parfaitement l'archĂ©ronien, alors que c'est pas ma langue natale et qu'elle est en cours de crĂ©ation... Nan, je suis quand mĂŞme pas vraiment Ă ArchĂ©rion ? « Tu vas bien seconde classe ? me demande Voivre. Tiens, avec ce regard très sĂ©rieux et cette mine sĂ©vère, on dirait presque notre Empereur. Le futur lieutenant penche sa tĂŞte vers moi, il me lance un regard presque inquisiteur, clignant ensuite longuement ses yeux. Tu lui ressembles vraiment en fait... Mais tu n'es pas lui, ça me rassure ! J'aurais eu peur d'avoir notre supĂ©rieur Ă tous devant moi, Ă me fliquer dans chacun de mes faits et gestes, affirme Voivre en clignant l'Ĺ“il gauche de malice. Ça va ta tĂŞte, sinon ? J'opine du chef. Bien, poursuivons notre route alors ! » En me dĂ©plaçant dans le port, regardant tous ces gens quelque chose d'autre me paraĂ®t Ă©trange... personne n'a de masque chirurgicale ? Ah oui j'oubliais, il n'y a presque plus de pandĂ©mie majeure grâce Ă la vaccination forcĂ©e Ă la PanacĂ©e... J'en avais jamais parlĂ© dans l'un de mes romans. Bof, pas grave. Enfin, ce qui me faisait tiquer Ă©tait plutĂ´t l'absence de mixitĂ© ethnique. Que des ArchĂ©roniens, Ă la chevelure de jais et aux yeux en amande. Au moins, je passe facilement pour l'un d'eux avec mon physique. Les seuls qui dĂ©notent un peu de cette unicitĂ©, ce sont les soldats du DĂ«ser Ă la peau basanĂ©e, qui embarquent Ă bord des porte-hĂ©licoptères. Il s'agit sans doute de troupes de l'ArmĂ©e de la Coalition d'ArchĂ©rion, destinĂ©es Ă la première ligne, sacrifiĂ©es Ă la place des soldats impĂ©riaux. Je me recentre un peu sur moi. Je monte la passerelle qui permet d'entrer dans l'Archessie. Tout autours de moi, je sens la masse d'hommes, et de femmes, qui se rend dans une discipline parfaite, telle que nous n'en verrions sur Terre. Leurs rangs sont imperceptibles, leurs Ă©paules Ă©tant collĂ©es Ă celles de leurs voisins, de mĂŞme pour le dos et la poitrine. Ça me met un peu mal Ă l'aise, d'ĂŞtre ainsi serrĂ© contre d'autres personnes qui sont pour la plupart plus grandes que moi de quelques centimètres. Contraint Ă une marche cadencĂ©e dans les couloirs du porte-avions, je continue de marcher derrière Voivre, qui n'a pas encore ses cheveux presque longs. Il est tout juste diplĂ´mĂ© de l'acadĂ©miemilitaire, qui forme les jeunes officiers. En tant que noble, bien qu'il n'aimera pas ĂŞtre considĂ©rĂ© comme tel, il a directement commencĂ© au rang d'adjudant, le premier des officiers supĂ©rieurs dans la Marine ImpĂ©riale et la Flotte Spatiale ImpĂ©riale. Hum... en fait, Voivre a l'air plutĂ´t stylĂ©, quand il passe pas son temps Ă tenter de s'Ă©chapper en douce pour '' dormir ''. Mais ça, c'est ce que croient les autres. Ah mince, j'ai oubliĂ© pourquoi je l'avais affublĂ© de ce trait de personnalitĂ© par contre… Les couloirs de l'Archessie sont assez Ă©troits, certes moins que ceux des porte-avions de notre monde, mais toujours plus que ceux des A9S, les gigantesques vaisseaux capitaux de l'Empire. C'est pas pour compenser la taille du... enfin, c'est pour compenser la faiblesse de la technologie archĂ©ronienne face Ă celle de l'Union de l'Est, pionnier du voyage et de la conquĂŞte spatiale. Par contre, les Estiens n'ont rien Ă voir avec des communistes. Vraiment rien. C'est bizarre les coĂŻncidences... mais ça fait une belle ironie je trouve. Enfin... les couloirs sont des couloirs, en mĂ©tal tout brillant parce que la rĂ©vision a eu il y a peu de temps. Parfois, des portes Ă©tanches coupent un peu la monotonie du gris des murs, mais c'est tout. Ça fait un bon moment que je marche... Tiens, nous sommes arrivĂ©s devant un escalier, que nous montons... encore en rythme. Mais ça va finir par me tuer la vie de militaire ! Attends... j'Ă©tais pas juste un idiot dans sa chambre Ă la base ? J'ai vite pris goĂ»t Ă mon '' rĂŞve '' semble-t-il... Une identitĂ© me vient en tĂŞte... Sourne Criste Vinse Ne... Nan, ça va, mon nom de famille n'a pas changĂ©... En atterrissant dans ce rĂŞve, une nouvelle personne parfaitement intĂ©grĂ©e ici a Ă©tĂ© créé ? Il y a un truc qui colle pas. Sourne Ă©tait d'abord le nom d'un dĂ©mon fondateur dans mon univers, puis celui d'un dragon et lĂ d'un humain lambda sans la moindre once de magie... ça va de mal en pis cette histoire. Et pourquoi j'ai aucune facultĂ© magique d'abord ? J'aurais dĂ» dĂ©velopper la façon de les avoir pour pas passer pour un crĂ©tin dans ce monde ! Bon au moins, en 377, magie et dracs se sont presque tous Ă©teints et leur existence n'est pas aussi marquĂ©e qu'avant. Les nuages se sont dissipĂ©s, et du coup je me retrouve aveuglĂ© par la lumière perçante de l'Estèl. C'est assez pĂ©nible hein, je ne vois presque plus rien... Heureusement, je n'ai qu'Ă suivre la foule de marins, qui se mettent en rang de manière parfaitement ordonnĂ©e. Voivre se retrouve Ă ma droite. Avec les milliers de militaires, nous sommes sur le pont d'envol du porte-avions, vide si l'on excepte quelques avions de chasse garĂ©s dans un coin, près de la timonerie placĂ©e Ă l'avant du bâtiment. Il y a enfin un peu d'ombre, un nuage de passage je suppose... Je soupire et j'entends un hurlement bestial, grave, qui dĂ©chirerait presque mes tympans. Il me tĂ©tanise, mais les autres soldats ne paraissent pas en avoir peur, ils semblent bien au contraire fiers et tournent tous leur regard dans la mĂŞme direction. S'en suivit aussitĂ´t une salve d'applaudissement, quand une vive flèche sombre traversa le ciel. L'ombre se place devant nous, dĂ©ploie en grands ses ailes et rĂ©itère son cri puissant. Un dragon ! C'est un dragon blanc, avec un cavalier en armure d'Ă©lectrum scintillant au-dessus des mers infinies. Une nouvelle vague d'applaudissement frĂ©mit dans la foule de marin, plus qu'heureux de voir l'un des symboles vivants de l'Empire d'ArchĂ©rion sous leurs yeux Ă©bahis. Le dragon, s'en va, dommage... Mais attends, c'est quoi ce point imposant, tout au fond, haut dans le ciel qui Ă©merge de lĂ oĂą Ă©tait le drac ? Non, ce ne serait quand mĂŞme pas... Si, ça s'approche, ça grossit considĂ©rablement... C'est un A9S, le plus grand vaisseau de Foya ! DĂ©jĂ que je ne pensais pas voir de fusĂ©e en vrai, alors lĂ ... Pouvoir carrĂ©ment contempler le joyaux de l'Empire, un vaisseau capable d'anĂ©antir des dizaines de croiseurs spatiaux estiens et mĂŞme de balayer la surface d'une planète d'un seul tir de missile, les redoutables MCAM-1K... D'ici, je ne parviens pas Ă voir s'il s'agit d'un modèle de protection, avec davantage de vaisseaux embarquĂ©s et d'artillerie, ou si c'est un modèle de destruction, avec ses MCAM-1K. Enfin, je suppose qu'il va repartir vers l'une des colonies spatiales, pour dĂ©fendre l'Empire de l'Union. Il a sans doute Ă©tĂ© dĂ©ployĂ© juste pour faire un coucou Ă la première flotte, qui s'apprĂŞte Ă partir en mission contre Ki'Mong. L'A9S de plus d'un kilomètre passe au-dessus de nos tĂŞtes Ă pleine vitesse, avant de gagner rapidement l'atmosphère. Je suis toujours inouĂŻ par l'apparition des deux symboles de l'Empire, l'État que j'ai créé et qui reprĂ©sente mes idĂ©aux. En un poil plus autoritaire. Mais une monarchie oligarchique qui fait semblant d'ĂŞtre dĂ©mocratique mais digne, c'est toujours mieux qu'une monarchie thĂ©ocratique de capitalistes dĂ©cadents qui sont très -phobes nan ? Une voix fĂ©minine s'Ă©lève entre les rangs. Il s'agit de la capitaine de l'Archessie et de l'amirale de la première flotte, dont je ne connais pas le nom nĂ©anmoins. De ce que je vois, elle n'a pas l'air d'ĂŞtre d'origine noble, si j'en juge par les barrettes argentĂ©es qui sont partiellement dissimulĂ©es sous sa casquette d'officier supĂ©rieure. Les ornements ne semblent pas ĂŞtre en Ă©lectrum, alliage utilisĂ© par les nobles et les dragonniers, et ils ne paraissent pas reprĂ©senter l'emblème d'une famille noble majeure. Non pas que se soit un exploit, mais les postes Ă responsabilitĂ©s sont souvent occupĂ©s par des nobles d'origine et les communs qui les occupent sont parfois anoblis. Bien, pendant que je l'Ă©coute, je m'ennuie un peu… Elle est un peu brutale, cette ellipse... Enfin, je marche en rond, dans une chambrette de mĂŞme pas cinq mètres carrĂ©... au moins, nous ne sommes que deux dedans et il y a plus de confort qu'Ă bord du Charles de Gaulle. Ça fait deux semaines que je suis Ă bord de l'Archessie, vivant Ă l'archĂ©ronienne depuis tout autant de temps. SacrĂ© changement de mentalitĂ© ici, oĂą la dignitĂ© est mise en avant de partout, de mĂŞme pour le patriotisme. D'accord, c'est bien joli les drapeaux tricolores quand ils sont de sortis pour se rappeler qu'on a gagnĂ© une guerre qui date de plusieurs dĂ©cennies, mais lĂ , il y a des bannières impĂ©riales presque de partout ! Et ne parlons pas de la musique que j'Ă©coute... pour moi, c'est presque de la propagande ! Sans doute parce que ça en est en fait... DĂ©jĂ qu'il m'a fallu un moment pour m'habituer Ă l'interface spĂ©ciale de mon tĂ©lĂ©phone portable. Bien, donc nous approchons des cĂ´tes de l'Autocratie de Ki'Mong, ce qui veut dire que... Voivre est sans doute en train de paresser ou de faire incessamment du sarcasme... Ou alors qu'il dort dans ses quartiers ! Je me souviens avoir Ă©crit que l'antenne de dĂ©tection de la frĂ©gate est hors-service, et que des avions de Ki'Mong financĂ©s par l'Union s'approchent, et qu'ils vont endommager gravement l'Archessie en dĂ©truisant justement les quartiers des officiers ! Je dois me dĂ©pĂŞcher d'aller sauver Voivre, pour qu'il meurt plus tard des mains de l'Empereur pour haute-trahison ! C'est bizarre dit comme ça, mais j'ai clairement pas envie de réécrire tout un roman pour le faire concorder avec une bĂŞte nouvelle qui fait un peu office de back-story Ă Voivre. Je m'Ă©lance dans les couloirs, esquivant les marins qui me regardent d'une bien torve manière. Mais je ne m'en prĂ©occupe pas, je fonce vers la chambre de Voivre. Mes pas rĂ©sonnent dans le couloir mĂ©tallique qui traverse le porte-avions d'avant en arrière, j'entends Ă peine le vrombissement des quelques A4S qui se placent sur le pont d'envol, pour un proche dĂ©part de routine. De justesse, je me rattrape après m'ĂŞtre pris les pieds dans des câblages au sol. Grrr, ça m'Ă©tait pas arrivĂ© depuis un moment tant de maladresse ! HĂ©, en y pensant... j'ai pas hâte de rejoindre, de nuit, la chambre d'un homme ? Je sais bien qu'une partie des ImpĂ©riaux sont bissexuels, mais c'est pas mon cas ! Et pourquoi je me justifie Ă moi-mĂŞme d'abord ? Après des minutes de course presque effrĂ©nĂ©e, Ă slalomer entre soldats en route vers leur lit et militaires de garde, j'ai enfin atteint les quartiers des officiers ! Des fusiliers marin, dans leur uniforme bleu et tenant des fusils d'assaut, des ALARA, me fixent d'un Ĺ“il suspicieux. Ils sont chargĂ©s de faire respecter l'ordre dans les navires archĂ©roniens et mener des contre-abordages, et mieux vaut ne pas s'attirer leurs foudres. Ils se distinguent des autres marins de part leur gilet parballes et l'emblème des corps de fusiliers est brodĂ© sur leur col. Comme le veut la tradition impĂ©riale, je pose ma main gauche, celle qui porte l'arme, sur mon cĹ“ur et je m'incline lĂ©gèrement, signe de mes excuses. Bien que peu convaincus par ma piètre parade, les fusiliers me laissent tout de mĂŞme passer, gardant un Ĺ“il discret et vigilant sur moi malgrĂ© tout. Je me tiens devant la porte de la chambre de Voivre, trouvĂ©e grâce Ă la force de mon scĂ©nario. Alors, je tambourine dessus et j'appelle le futur lieutenant. Il me faut des secondes d'efforts intenses pour que finalement, la porte s'ouvre. Tandis que je m'apprĂŞte Ă ouvrir la bouche pour prĂ©venir Voivre de la menace qui plane au-dessus de sa tĂŞte, je me prends un coussin en pleine face ! « RĂ©flexe, vient de dire Voivre. Ouah, il baille et s'Ă©tire nonchalamment. Hein, un mec parfaitement Ă©veillĂ© a moins de rĂ©flexe qu'un autre qui sort Ă peine de son lit ? — Mon lieutenant, je… — Ça fait toujours plaisir d'ĂŞtre surclassĂ©, mais je ne suis qu'adjudant... Voivre se gratte la tempe droite, sans mĂŞme m'adresser un regard. Pour l'instant ! — En fait je… — Ah mais tiens, mais c'est l'empereur ! Il vient de dire ça de son usuel ton sarcastique... Adjudant Voivre, au rapport ! Mais c'est qu'il est en train de se payer ma tĂŞte ? — DĂ©solĂ© de vous dĂ©ranger, mais… — Bon, tu n'as pas apportĂ© mon petit-dĂ©jeuner très matinal ? Les seconde classe ne sont que dĂ©ception de nos jours… — Je peux vous… — Pfff, si c'est pour rien me dire, autant ne pas venir me dĂ©ranger, affirme-t-il en affichant un sourire moqueur. — J'allais y venir, je… — Tatata ! Hum... Il y a comme un blanc maintenant... Pourquoi il m'a coupĂ© la parole pour rien dire ? Bon, t'arrĂŞte de me fixer avec tes yeux globuleux et tu me dis enfin ce que tu viens faire ici ? Ce n'est pas un reproche, mais juste une Ă©nième moquerie de sa part... Je commence moi aussi Ă me demander comment il a pu devenir officier supĂ©rieur... — Adjudant Voivre, vous devez rejoindre votre poste de combat le plus tĂ´t possible. — Hein, pourquoi ça ? C'est le tour de l'autre adjudant d'ĂŞtre au centre de dĂ©fense, pas le mien. J'ai pas envie de faire des heures supp', tout particulièrement si elles bouffent mes heures de sommeil. Bien que sarcastique, je perçois qu'il est cependant aussi suspicieux. OĂą est mon ordre d'ailleurs, tu l'as avec toi ? — Ha, heu... Le futur lieutenant cligne longuement des yeux, paraĂ®t rĂ©flĂ©chir et donne sa rĂ©ponse. — Hum, j'te crois ! Bon, allons au poste de combat alors. » Je suis assez soulagĂ© qu'enfin, Voivre dĂ©daigne me suivre. Nous marchons d'un pas pressĂ© vers l'arrière du bâtiment, oĂą se situe le poste de combat. BlindĂ©, il est capable de rĂ©sister Ă des explosions et de poursuivre ses opĂ©rations de guidages de la DCA et des missiles de croisière. Éternel, le sourire narquois du lieutenant est toujours esquissĂ© sur son visage, n'hĂ©sitant pas Ă railler intĂ©rieurement les autres, supĂ©rieurs compris. Pas très commun pour un noble. Soudainement, j'entends plusieurs escouades survoler l'Archessie, alors qu'une petite poignĂ©e d'A4S sont en patrouille dans les cieux. Puis, plusieurs secousses Ă©branlent le porte-avions, des dĂ©flagrations pulvĂ©risent les avions prĂ©sents sur le pont. Pour la première fois, je constate une expression inhabituelle sur le faciès de Voivre. De l'inquiĂ©tude. De la terreur. « C'Ă©tait quoi ça ? hurle le futur lieutenant. Allez, grouillons-nous de rejoindre notre poste ! » AussitĂ´t que Voivre ait terminĂ© sa phrase, une boule de feu rayonne derrière nous, nous aveuglant de son puissant Ă©clat jaune-orange. Un morceau de mĂ©tal propulsĂ© Ă pleine vitesse me heurte au niveau du bras gauche, me dĂ©chirant. Du sang coule un peu, mais la chaleur a cautĂ©risĂ© la blessure superficielle. Mais ça fait quand mĂŞme ultra-mal pu...punaise ! Compressant ma plaie sanguinolente, je continue de progresser vers notre objectif. L'Empire avant tout ! Attends... je serais quand mĂŞme pas sous l'influence d'un pays qui n'existe que dans ma p'tite tĂŞte ? Bref, pas le temps de rĂ©flĂ©chir ! D'autres marins inondent les couloirs, se prĂ©cipitant eux aussi Ă leur poste. C'est presque la cohue gĂ©nĂ©rale, mais nous parvenons enfin devant notre poste. Ă€ l'intĂ©rieur, les soldats sont agitĂ©s, ne comprenant pas pourquoi les frĂ©gates anti-aĂ©riennes ne lesavaient pas prĂ©venus suffisamment tĂ´t pour rĂ©agir efficacement. Mais trĂŞve de bavardage, je m'installe Ă un siège d'artilleur et analyse les radars Ă courte portĂ©e. Il y a des centaines d'Ă©chos, et plusieurs de nos canons ont Ă©tĂ© dĂ©truit... pourquoi je n'ai pas rendu tout puissant l'Empire pour qu'il gagne toutes ses guerres, batailles et mĂŞme les plus nĂ©gligeables escarmouches ? Ah oui, maudits co-scĂ©naristes qui n'en branlent pas une mais qui veulent quand mĂŞme une part du gâteau… J'enclenche les batteries, nourrissant les avions ennemis de tirs anti-aĂ©riens. Mais il en vient par dizaines, relevant ceux qui ont Ă©tĂ© abattus. Le porte-avions est harcelĂ©, de mĂŞme que les portehĂ©licoptères d'escorte. Nos propres appareils ne peuvent pas dĂ©coller, les autres vaisseaux du groupe aĂ©ronaval sont eux-mĂŞme submergĂ©s. Des bombes pleuvent sur les bâtiments de l'Empire, une torpille explose mĂŞme sur la coque de l'Archessie. Heureusement qu'il fait noir, que je ne suis pas sur le pont du porte-avions mais au contraire en relative sĂ©curitĂ© dans une salle blindĂ©e. Je ne pense pas que je supporterais pas de contempler des gerbes d'eau soulevĂ©es par les explosions, me faire frĂ´ler par des milliers d'Ă©clats de mĂ©taux et Ă©tourdi par le souffle des armes. De plus, sentir l'odeur soufrĂ© mĂŞlĂ©e Ă celle du sang frais me donnerait plus que des hauts-le-cĹ“ur, et voir les agonisants brĂ»lĂ©s et les Ă©paves d'avions qui sombrent. VoilĂ des heures que la bataille s'est terminĂ©e. Nous avons perdu des centaines de soldats. Plus de la moitiĂ© de nos A4S ont Ă©tĂ© dĂ©truits. Notre porte-avions est contraint au repli. La brise marine passe entre mes cheveux gras de sueur, emportant aussi mon souffle de soulagement. Il fait assez froid sur le pont d'envol carbonisĂ©, je me suis enroulĂ© dans une veste Ă©paisse pour tenter de rĂ©sister Ă l'air humide. Derrière moi se trouve des restes noircis de mĂ©tal, qui Ă©tait il y a encore peu des avions de chasse. La première offensive contre l'Autocratie de Ki'Mong est un Ă©chec, mais au moins, le DraconUrbs nous relaie, prĂ©venu de la prĂ©sence renforcĂ©e de troupes unionistes. Me surprenant, Voivre surgit en sortant brusquement de mon dos. Il pose sa main sur mon Ă©paule, serrant sa poigne. « Merci de m'avoir sauvĂ© la vie, seconde classe Sourne. — Ce n'est rien, adjudant Voivre. C'Ă©tait mon devoir de vous venir en aide. Par contre, il a l'air de me cacher quelque chose... — Tu sais, je connais bien des choses sur toi. — Comment cela ? Attends... mais c'Ă©tait ça la raison pour laquelle il passe son temps Ă '' flemmarder '' ! J'avais complètement oubliĂ© qu'il possĂ©dait la magie de l'harfènge, une magie astrale qui permet de lire des autres dans certaines conditions. Et mince... — Je sais qui tu es, ce que tu me feras subir, et comment changer ma destinĂ©e pour ne pas trahir l'Empire. Mais lĂ , dans l'immĂ©diat, tu vas apprendre Ă nager... Le futur lieutenant n'arbore non pas une expression moqueuse, mais sardonique. Il me pousse, me prĂ©cipite dans l'ocĂ©an. » Le choc avec la mer froide est rude, l'eau s'engouffre dans les vĂŞtements, les alourdissant. Je bats frĂ©nĂ©tiquement mes bras pour tenter de revenir Ă la surface, mais ma veste Ă©paisse m'attire vers les fonds marins. Je tente de hurler, d'attirer l'attention d'un marin Ă bord d'un bateau, mais personne ne me vient en aide. Au contraire, les bâtiments militaires s'Ă©loignent de moi inexorablement. HarassĂ©, je me laisse couler… J'Ă©merge enfin, en panique. Sous moi, il y a mon confortable matelas, je suis emmitouflĂ© dans mes draps. Me levant pour m'asseoir sur mon lit, je rĂ©flĂ©chis Ă ce qui c'est passĂ©. J'en ai aucune idĂ©e, mais maintenant au moins, j'ai la back-story de Voivre.
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