L'Académie de Lu





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Texte guidé


Trancher avec la naïveté

(par Sourne)
(Thème : Texte guidĂ©)



Des larmes amères ruisselaient sur ses joues empourprées. Elles étaient chargées de l'acidité de tant de délétères pensées qu'elles rongeaient son cœur de verre fragile. S'il n'y avait pas de sol pour la retenir, Forsana se serait effondrée dans les plus profondes abîmes que lui offrait ce sombre monde, d'une cruauté voilée d'une plus grande bienveillance encore que sa jumelle adorée.


Il était tout simplement impensable que la lecture qu'elle venait d'achever était mensongère. Toutes ces archives, écrites de la plume de sa grand-mère qu'elle estimait tant jadis, étaient sans le moindre doute possible authentiques. En ressassant l'ultime confidence de sa défunte mère, la seule trace qu'elle eût pourvu en héritage à ses filles, Forsana ressentit une déchirure dans son cœur endolori. Toute la froideur, l'implacabilité de la vérité lui donna l'impression d'un coup de stylet mortel.


Elle n'aurait jamais dû voir le jour dans ce monde illusoire. Chaque prêtresse devait donner une unique fille comme descendante à la première d'entre elle, une fille qui était initiée dès sa prime enfance aux devoirs qui lui incomberaient un jour triste. Si par malheur un garçon venait au monde, alors il subissait un trépas précoce... Forsana en hoqueta d'une horreur indescriptible. Puis vint la pire déduction, qui la poussa à parer sa bouche d'une main tremblante. Agissant comme une toxine, cette pensée poussa son corps à réagir pareillement à un empoisonnement et elle dû se retenir de régurgiter une bile amère. Elle aurait dû subir le même sort qu'eux, âmes perdues.


Le Royaume merveilleux ne l'était que d'un nom usurpé. Il s'était bâti sur une effroyable guerre, qui avait divisé mondes et peuples, opprimant les opposants de la première prêtresse à l'aide de monstres sadiques. Chaque sacrifice que ne faisait qu'éloigner le peuple merveilleux de son humanité originelle. Origine qu'elle puisait dans le sang, la corruption et le péché ennemi.


Sa grand-mère avait éliminée sa mère, qui l'avait sauvée au cours d'une altercation mouvementée. Sa génitrice n'avait pu la tenir dans ses bras qu'une courte soirée, avant de s'interposer entre sa propre mère et sa fille seconde. Un fatal miracle fusa de la bouche exercée de la prêtresse, qui usa de sa foi pour accomplir le rituel sordide. Mais l'amour que portait son propre enfant pour son nourrisson, un amour qui surpassait son devoir, servit de bouclier à une Forsana vulnérable. Hélas, sa mère mourut et sa grand-mère l'épargna, étant affligée.


Ses lèvres dessinèrent des mots qu'elle pensait, mais qui ne sortirent pas de sa bouche muette. Ils étaient confinés dans ses élucubrations, mais la meurtrissaient plus qu'une boule incandescente. Jamais sa grand-mère n'avait vu en elle une prêtresse véritable. Elle lui instruisait les fondements de leur religion et quelques bénédictions, mais elle la tenait à l'écart des archives absconses, des miracles et des cérémonies importantes. Maintenant que sa grand-mère était décédée, elle avait fait de Fohana une véritable prêtresse mais de Forsana qu'une moitié sans intérêt, dispensable, superfétatoire.


— Alors Forsana, dĂ©sires-tu toujours devenir mon apprentie unique ? s'enquit une voix aussi savante que mielleuse.


— Oui, magìstèno Sibila, la sorcière extraordinaire, rĂ©pondit Forsana d'une voix monotone.


— Magìstèno, alors que tu n'as pas commencĂ© ton apprentissage pour maĂ®triser un pouvoir pĂ©renne ? demanda en souriant la sorcière Ă©trangère.


Consciente que Sibila lui prodiguerait ce que sa grand-mère lui avait toujours refusé, Forsana demeura humble et reconnaissante.


— Il est temps pour toi de prendre cette Ă©pĂ©e aussi affĂ»tĂ©e que le sera ton esprit vierge.


La sorcière tendit avec délicatesse un outil dont Forsana ne pouvait déterminer la fonction réelle.


— Ă€ quoi sert donc cette lame Ă©trange ? fit spontanĂ©ment la prĂŞtresse naĂŻve.


— Comme je l'ai dit, c'est une Ă©pĂ©e ancestrale. Une relique de la première prĂŞtresse, que je suis parvenue Ă  me procurer avec une patiente infinie. Elle te servira Ă  canaliser l'Ă©nergie qui rĂ©side en ton cĹ“ur, mais aussi Ă  occire tes ennemis les plus rĂ©sistants et farouches.


— Occire, ce mot m'est inconnu, avoua sincèrement Forsana, honteuse.


— Ce n'est pas grave, tu l'apprĂ©henderas au cours de ton instruction cette notion essentielle.


Forsana admira la sorcière, encore hésitante. Ses cheveux d'argent cascadaient le long de son dos, drapé d'une longue cape soyeuse. Quelque chose l'attirait chez elle, davantage que les savoirs promis. Toutefois, la jeune fille ne sut percevoir la nature de cette émotion jouissive. Finalement, Forsana opina du chef après un soupir contenu.


— Je rĂ©itère une nouvelle fois ma volontĂ© inflexible. Je souhaite apprendre Ă  vos cĂ´tĂ©s et vous avoir comme magìstèno, Ă´ sorcière savante.


Sur ces mots, Forsana prit l'épée tendue. Sa lame à double tranchant, lorsque la pointe acérée touchait le sol, arrivait presque au niveau de ses épaules fines. Tenir le pommeau de cuir était agréable. Et suivant la gouttière, il y avait pour elle une inscription illisible. Il s'agissait de l'archéronien, une langue oubliée et utilisée uniquement dans le cadre liturgique.


— Puisque tu es dĂ©cidĂ©e. Unìvèrspeçàne, mo permitìhĂŞ deĂŻ françî lis limĂ ns etrĂŻ lis mondìns : Camìnu dimènsĂąnu ! [ PĂ©chĂ© de l'Univers, permets-moi de franchir les frontières sĂ©parant les mondes : Chemin dimensionnel ! >


Un voile de ténèbres enveloppa soudainement Forsana, qui fut perturbée. Fort heureusement, cela prit fin rapidement et elles se retrouvèrent dans un monde au ciel cuivré, aux étranges bâtiments construit dans une pierre soufrée.


— VoilĂ  le Royaume dĂ©sastreux. Je t'y mènerai chaque nuit, pour poursuivre ton apprentissage absolu.


— C'est tout simplement... Ă©poustouflant. Je vous remercierai en mettant dans votre instruction toute mon ardeur intarissable !










Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !











Awoken

pour "Trancher avec la naïveté". Très bon texte agréable à lire et bien écrit, je n'ai juste pas compris ce qu'il s'est passé avec la mère et la grand-mère de Forsana. Bravo!


Le 08/02/2022 à 15:31:00



JilanoAlhuin

Ton texte est super sympa ! Tu mets de plus en plus de profondeur à tes personnages qui sont très sympas à suivre, tout comme l'univers. C'est une histoire assez sombre que tu proposes, mais ça met bien en place le côté "sacré" des prêtresses. C'est super ^^


Le 08/02/2022 à 17:41:00



Downforyears

e me rappelle que les premiers textes que j'ai lu de toi étaient assez dur à suivre, et même si l'univers que tu nous proposait était intéressant, les erreurs que tu faisaient étaient assez dure à digérer.

Ton dernier texte montre à quel point tu as progressé depuis, car je n'ai vu que quelques petites erreurs (dont une de concordance des temps, mais clairement pas gênante).

Si la seconde partie de ton texte est très bien, la première partie et le lyrisme dont tu fais preuve sont incroyables, et c'est là que j'y ai pu voir tes progrès. Tu parviens à insuffler l'émotion parfaite dans la première partie de ton texte, et même si je sais que le défi nous demandais de nous faire vivre cette émotion, je pense que tu aurais pu continuer ainsi pour la deuxième partie et la troisième partie.

Quoiqu'il en soit, ton récit est un très bon récit, et je suis impressionné du chemin que tu as parcouru.
Félicitations Sourne.


Le 09/02/2022 à 08:07:00

















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