L'Académie de Lu





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Texte guidé

Défi images 2

Timeline du Nauteur


La mécanique du cœur

(par Downforyears)
(Thèmes : Défi images 2 / Texte guidé)



Partie 1 – le Carnet de Down.


— Ce défi est à rendre avant lundi prochain, ne l’oubliez pas, indiqua la Directrice. Je vous rappelle que vous avez aussi jusqu’à cette date pour me rendre vos devoirs sur la ‘‘Bataille d’eau’’. Les retardataires devront me faire une lettre d’excuse, et selon mon humeur, il est possible que je ne vous inscrive pas aux prochains défis-spectacles si j’estime que cette lettre n’est pas assez travaillée. Ceci étant, je vous libère. Bonne semaine, chers élèves adorés.


Quelques fractions de seconde après la fin du laïus de la directrice - un biscuit doré au sourire de framboise - une cloche sonna et les élèves sortirent plus ou moins en rang. Un ange, une fée, un dragon laissèrent passer un jeune homme avec une queue de cheval, un démon aux lunettes dorées et vêtu d’un costume trois pièces, un jeune homme avec une queue de cheval, l’apprentie de la Mort, un jeune homme avec une queue de cheval, une espèce de rongeur posé sur la tête blonde d’un camarade, un jeune homme avec une queue de cheval, une humaine rousse…


Les élèves de cette Académie si spéciale étaient tous si différents, comme s’ils sortaient tous de l’imagination d’une multitude d’auteurs. Certains internes restaient dans ce lieu en permanence, d’autres allaient et venaient entre leur monde et cette bulle d’univers si invraisemblable.


Prose fit couiner ses bras et ses jambes en s’étirant, un sourire contrit sur sa bouche en bois. Depuis combien de temps n’avait-il pas pensé à son monde d’origine ? Son royaume, envahi par les Rats, si proche de la fin. Une pointe de culpabilité s’insinua en lui, puis reflua. Si le Nauteur était venu le chercher, c’est qu’il n’aurait jamais eu le quelconque effet sur cette guerre meurtrière.


Seul parmi les chaises et les tables vides, il rangea ses quelques affaires, et se décida à sortir de la salle de classe. Si d’autres avaient un repas à aller prendre, sa condition de soldat de bois lui permettait de sauter le déjeuner s’il le voulait. Tout en réfléchissant de ses soixante-quinze centimètres de hauteur, il se mit à marcher en pensant à ce qu’il vivait chaque jour. A cette nouvelle vie si joyeuse.


L’Académie était un véritable endroit de paix, il s’y sentait en sécurité, et apprécié. Dès son arrivée, Prose s’était pris d’amitié pour toutes les personnes de ce lieu, les aidant dès qu’il le pouvait. Il venait au secours de ceux en manque d’inspiration, les aidait à développer leurs idées ou leurs œuvres, donnait son avis lorsque cela était nécessaire et demandé. Lui-même avait vu la qualité de sa prose en bénéficier, et il était heureux de partager les histoires qu’il avait autrefois inventé. Mais un sentiment ne manquait pas de l’envahir régulièrement. Un sentiment étrange. Bizarre.


Comment le Nauteur avait-il pu disparaitre, alors que l’Académie était l’un des endroits les plus sûrs de tous les univers ? Si ce n’était le plus sûr.


Une autre élève s’intéressait à ce mystère. Joséphine, venant d’une planète appelée la Terre, était venu vers lui un jour de neige, alors qu’il contemplait la fontaine près de l’entrée du hall. Elle semblait chercher le Nauteur autant que lui. Après avoir partagé les maigres informations dont ils disposaient, Prose avait accepté de lui faire confiance. Le salut de son sauveur en dépendait, il y était lié.


Et l’une des pistes les plus prometteuses étaient celles du Cœur noir.


Prose fouilla quelques instants dans la sacoche qui avait autrefois appartenu au Nauteur, et y trouva le carnet qu’il y cherchait. Sa vieille couverture en cuir craqua lorsqu’il l’ouvrit, et il frémit comme à chaque fois. Les descriptions que son ancien propriétaire y avait laissées lui auraient tiré un frisson s’il n’avait été fait de bois sculpté.


Entre de nombreux récits des univers qu’il avait visité, Down avait laissé de nombreux croquis, de plus en plus effroyables au fil des feuillets de papier. Une véritable galerie des horreurs s’étalait même sur une dizaine de pages avant de céder à nouveau la place à des histoires, des notes et parfois même des photos, dont celle, déchirée puis recollée, d’une femme souriante et lumineuse.


Guidée autant par son enquête que par une pulsion malsaine, Prose revint sur les horribles croquis. Les tentacules s’enchevêtraient autour de monstres chtoniens, des vers se divisant en d’autres vers engloutissaient des villes entières dans un déluge de flammes, des nuages noirs s’abattaient en une infinité de vrilles sur des montagnes acérées…


Pourtant, toutes ces horreurs n’arrivaient pas à supplanter la peur que le Nauteur avait réussi à graver d’un seul nom dans le papier, en lettres d’encre rouge perçant plusieurs pages comme une serpe dentelée.


‘‘Mezeliel.’’


Sur les feuillets survivants, une autre esquisse semblait empoisonner le papier autour d’elle. Un cœur gris, nécrosé, parcouru de veines noires et de balanes anthracites. A chaque fois que Prose arrivait à ce dessin, celui-ci semblait battre une fraction de seconde. Un instant trop rapide pour être perceptible, assez long pour semer le doute. Précédant comme toujours, le moment fatidique. Cette dernière page, zébrée d’une encre aussi noire que la nuit. Zébrée de l’écriture d’un supplicié. Zébrée de ce seul mot dont la seule lecture était douloureuse.


‘‘pARdoN !’’


L’écriture du Nauteur, la précision de ses lettres et de ses mots, l’harmonie de ses phrases, anéantie par ce simple mot, cri distordant dans sa prose et dans la trame des choses. Pour retrouver Down, le soldat de bois se demandait s’il n’allait pas devoir batailler contre les pires monstruosités de l’univers. Mais comment le pourrait-il, lui qui n’était qu’un jouet ? Il devait rester actif…


— Aïe ! lui parvint la voix de Joséphine alors que les deux élèves se percutaient.

— Pardon, s’excusa Prose en essayant d’aider la jeune élève à se relever. Je suis désolé, j’étais en train de lire…

— C’est son carnet ?

— Oui… Je n’arrive plus à le quitter des yeux, je me retiens de le lire en cours. Il est… Il me fait peur. Il me terrifie. Et pourtant, j’ai besoin de m’y plonger. Je…

— Tu en as parlé à la directrice.

— Elle est assez occupée en ce moment. Et je ne veux pas la déranger. Je ne veux pas vous déranger.

— Je ne crois pas que tu nous dérange, Prose. Si tu veux, on continuera d’enquêter après le repas. Je veux t’aider à retrouver Down le Nauteur disparu.

— Merci, répondit simplement le soldat de bois.


Pourquoi n’arrivait-il pas à accepter leur aide ? Il avait pu, du bout des lèvres, accepter les éléments que Joséphine avait pu lui apporter, et pourtant, il essayait sans cesse de continuer son enquête seul. Des mots griffonnés par le Nauteur lui revinrent à nouveau en mémoire.


‘‘Ils n’ont pas besoin de ma protection. Ils ont besoin que je leur accorde ma confiance. Mais que deviendra celle qu’ils ont placé en moi quand ils apprendront que j’ai détruit un monde ?’’


Prose soupira. Si tout ce que le Nauteur narrait se révélait être vrai, beaucoup d’autres Académiciens souffriraient. Il ne voulait pas qu’ils souffrent. Le soldat de bois se reprit, et se rendit près de la fontaine. Il se jura de demander l’aide des autres Académiciens. Au moment opportun.


Mais en aurait-il vraiment le courage ?



Partie 2 – La Fontaine.



Comme les façades des bâtiments, Prose avait rapidement compris que la fontaine de l’Académie changeait selon le regard de la personne. Si le bassin semblait vouloir rester une margelle de béton blanc résistant aux affres du temps, la forme du piédestal, de la colonne et des vasques se déguisaient au bon vouloir de son observateur.


Au gré des semaines, le soldat de bois avait pris l’habitude de s’asseoir sur la margelle de cette fontaine pour venir y lire. Le froid de l’hiver commençait à laisser place à la douceur du printemps, et quelques chaleurs avaient même incité certains élèves à se lancer dans des batailles d’eau. Prose passait de plus en plus de temps à lire sur cette margelle, profitant du temps du repas pour s’isoler. Il y lisait alors les écrits des Académiciens, mais aussi ceux des auteurs des différents univers.


Deux semaines auparavant, haut dans le ciel, la montgolfière de ‘‘Cinq semaines en ballon’’ était apparue, comme si le livre s’infiltrait dans la réalité de l’Académie. Et quelques jours plutôt, Prose et Malkym n’avaient pu que constater l’arrivée de deux capitaines de fiction, qui s’étaient lancés dans une joute verbale enivrée.


A ce souvenir, le soldat de bois se massa les tempes. La gueule de bois qui avait suivi résonnait encore dans son crâne.


Prose s’assit comme à son habitude sur la margelle et soupira. En plus du carnet, il avait trouvé dans les affaires de Down un livre écrit à la main. Contrairement aux autres, celui-ci semblait sortir droit de l’imagination de son Nauteur, comme s’il l’avait écrit depuis le début.


Malgré de nombreuses imprécisions et erreurs de style, les pages relataient les aventures de plusieurs personnages dans les Trois Duchés, un royaume presqu’entièrement recouvert d’une forêt noire et d’une brume magique. Tenace. Insidieuse. Un royaume parcourut de morts-vivants, de garous et de vampires. Une histoire que Prose aurait pu écrire lui-même, si la guerre des Rats ne l’avait pas rattrapé.


Prose soupira et referma le livre qu’il venait juste d’ouvrir. Il ne se sentait pas le cœur à lire l’écriture de Down, et préféra s’allonger pour observer la colonne de la fontaine.


Sa bouche coulissa et il ne put rester que bouche bée.


Où étaient passés les huit tortues noires qu’il avait l’habitude de voir cracher l’eau clair dans le bassin ? Où était passée la petite tortue blanche qui les surplombait, et qui laissait échapper un geyser blanc d’écume ? Pourquoi la colonne était-elle surplombée par cette masse informe ?


Prose chercha dans ses souvenirs, alors que ceux-ci semblaient lui échapper. Au sommet de cette fontaine, suintant un liquide noir de flétrissure, une masse battait une funeste mesure. Ses ventricules se gonflaient et se vidaient en un chuintement dissonant, chaque tube qui entrait ou sortait de cet organe laissait échapper des miasmes par des fuites invisibles.


— Ils ne sont que des pions, se moqua une voix dans l’esprit de Prose.

— Tu pourrais tous les retourner contre les autres, ce serait amusant, proposa un grincement ricanant.

— Tant de belles histoires que tu ne pourras jamais égaler, constata un souffle dédaigneux.

— Tout comme l’autre, tu n’as pas ta place ici, le morigéna un ton cassant.

— Tout serait mieux, si l’on pouvait la faire exploser, proposa un soupir dépressif.


Prose sentit sa bouche finir de coulisser. Au-dessus de lui, les tortues avaient de nouveau remplacé les ventricules, les jets d’eau clairs semblaient avoir effacé le suintement noir, et l’écume du geyser habituel éclipsait les miasmes toxiques.


La fontaine venait-elle de montrer sa vraie nature ? Ou bien était-ce une illusion sortie du livre que le Nauteur avait écrit. Prose recula, effrayé. Voulut reculer. Il devait bouger. Il devait prévenir quelqu’un. La Directrice ! Il devait prévenir la Directrice. Il le devait !


Alors pourquoi ses jambes refusaient-elles de bouger ?


Un flash de lumière noire parcourut l’onde du bassin de la fontaine, finissant de paralyser le soldat Prose. Une main cadavérique, pâle, veinée de noir, creva la surface de l’eau et vint s’agripper à la jambe de bois du jouet. Une deuxième attrapa ses poignets, une troisième s’accrocha à son cou. Paralysé par la terreur, il fut entrainé dans l’eau par cette foule de doigts corrompus.


Alors qu’il sentait sa conscience faiblir, son énergie sapée par l’armée de bras qui l’enserraient, un nouveau flash de lumière pure envahit l’eau autour de lui.



Partie 3- La mécanique




Tic, tac, tic, tac, tic, tac…


De bruits mécaniques par milliers occupaient le titanesque hall d’acier et de laiton. Les cliquetis de petits robots se mêlaient aux tambourinements des colossaux pistons, les sifflements des machines à vapeur s’harmonisaient aux chuintements coordonnés de l’infinité de pièces coulissant dans leurs gaines. Sur le mur du fond du hall, pièces d’une incroyable machinerie, des centaines, des milliers de touches cliquaient les unes après les autres, des chariots faisaient leurs retours sur de larges rubans de papier, des ressorts, des articulations, des boulons dansaient un ballet orchestré au micromètre près.


Le hall était une fourmilière de machineries bien huilées, et Prose ne pouvait se sentir qu’apaisée. L’ordre et l’efficacité des lieux lui procuraient une paix intérieure qu’il accueillait avec soulagement après sa chute dans la fontaine. Sous la surveillance de la gigantesque machine, des centaines de bureaux en bois noble, inoccupés, s’alignaient en une dizaine de rangées parfaites.


Une petite détonation retentit, et une jeune femme apparut de nulle part, dégageant un petit nuage de papier qui se désagrégea quelques secondes après. D’instinct, Prose se réfugia derrière une colonne en inox, et observa la nouvelle venue.


Celle-ci était vêtue d’un pantalon et de bottes en cuir. Une chemise à manches bouffantes disparaissait derrière un gilet en cuir, et un visage assez joli disparaissait sous des petites boucles brunes et une casquette gavroche. Un éclair métallique attira l’attention de Prose. L’avant-bras droit de la jeune femme disparaissait sous un long bracelet de cuir, sur lequel une petite machine à écrire semblait s’activer toute seule. De la vapeur s’échappait de l’appareil, se mêlant à la fumée d’un canon dépassant d’un holster à sa cuisse gauche.


De nombreuses détonations dérangèrent de la tranquillité des lieux. Chaque homme, chaque femme qui apparaissait de nulle part semblait porter le même type de vêtements, et chacun et chacune portait à l’un de ses avant-bras le même bracelet.


A leur arrivée, chacun des agents se dirigeait vers un bureau du hall et se mettait à taper sur sa machine à écrire. Bientôt, l’orchestre des claquements se mêla à celui des machines, le tic-tac se cala sur le clic-clac. Une vibration se mit à emplir l’atmosphère, et Prose dut se frotter les yeux pour être sûr qu’il ne rêvait pas. Chaque fois qu’une feuille était complétée par son auteur habillé en cuir, celle-ci sautait de la machine à écrire comme une tartine sautant d’un grille-pain. Arrivée au sommet de son envol, les feuillets blancs et noirs se pliaient et repliaient comme par magie, s’origamisant qui en biplan ou en dirigeable, qui en galion ou en sous-marin. Poussés par un vent ou une vague invisible, les centaines de pages voyageaient ensuite dans le hall jusqu’à arriver à une grande bouche d’aspiration silencieuse, surmontée de gigantesques tubes s’emplissant d’un gaz blanc aux volutes noires.


Peu à peu, les colonnes se remplirent, et après un temps qui parut à Prose une éternité, un sifflement pareil à celui de milliers de locomotives tonna en faisant vibrer les lieux. Un par un, les auteurs tapotèrent sur leurs avants bras, disparaissant dans un nuage de papier.


A pas prudent, Prose sortit de sa cachette et avança en silence vers les bureaux de nouveau inoccupés. Sur chacun d’entre eux, une plaquette en laiton indiquait le matricule et le nom de son propriétaire. Le jouet en bois parcourut les indications, puis s’arrêta soudain. L’une de ces plaquettes avait été rayée d’un coup rageur, et était presque fendue sur toute la longueur.


N60846 – Down – TRAITRE !


Bien qu’il s’en savait incapable, Prose sentit presque un filet de sueur lui couler le long du dos. Un tremblement parcourut ses membres de bois, et il ne put s’empêcher de tomber sur les fesses.


Pourquoi la fontaine l’avait-elle amené à l’Horloge des Histoires ?


Le Siège des Nauteurs.













Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !











JilanoAlhuin

Le soldat prose qui découvre les nauteurs et très chouette ! Tu en donnes plus sur Down, même si c'est un tout petit peu, tout en y intégrant ce petit soldat qui s'aventure doucement pour découvrir ce qu'il s'est passé. C'est très chouette à suivre. Vais-je me répéter pour les descriptions ? BIEN SUR ! Tes descriptions sont superbes, comme d'habitude ! C'est un très bon texte, j'ai hâte de voir ou cette histoire va mener


Le 07/02/2022 à 16:00:00



Sourne

Ton texte s'inscrit dans la timeline du Nauteur, en plus de celle de l'Académie ?
En tout cas, pour un texte de l'Académie, il est très détaillé et donne plein d'informations sur le lore ^^ Et pour le reste, c'est une très bonne participation et elle est très intrigante, même si j'ai mal compris certaines choses vu que j'ai pas lu ta timeline ^^"


Le 07/02/2022 à 15:28:00

















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