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Lu' Directrice![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Le ciel est d’un bleu si pur. Magnifique. Le soleil rasant lui donne des nuances de rose et d’orange, qui ne cesseront de s’accentuer avec les minutes. Une brise encore chaude joue avec mes cheveux, emmêlant mes mèches comme seul le vent sait le faire. Je laisse un soupir s’échapper du bout de mes lèvres et ferme les yeux. Je prends une lente et profonde inspiration. Seule. Accoudée sur la rambarde en osier, je prends le temps. Ce temps que j’aie tendance à oublier, à donner sans compter. Ce temps qui ne m’appartient plus depuis trop longtemps. J’expire avec cette même lenteur, sentant mes poumons me brûler par manque d’habitude. Mon corps ne sait plus se poser. Il ne sait plus faire doucement. Penser à lui. Chacun de mes muscles est comme endormi. Je prends le temps de les sentir, un à un. Ils me font mal. La reconnexion avec eux est douloureuse, c’est comme si j’avais oublié que j’avais un corps. Peut-être est-ce réellement le cas. Nouvelle inspiration. Elle me parait plus simple que la première. Je ralentis mon organisme, pousse mes poumons à leur maximum, retenant ma respiration lorsque je ne peux plus avaler d’air. Et relâche. J’en prends encore quelques-unes, de moins en moins douloureuses. Mon corps ralentit enfin. Il prend le temps d’être, tout simplement. Lorsqu’enfin je me sens calme, je rouvre les yeux. La vue est magnifique. Je vole au-dessus de tout. Je peux apercevoir l’Académie, mais aussi mon appartement, mon travail, la maison de mes parents, tout. C’est comme si tout était rassemblé au même endroit, alors que je sais pertinemment que ce n’est pas le cas. Mais après tout, cette montgolfière vole bien sans aucune aide de ma part. Tout est magique. Je ferme de nouveau les yeux, incapable de continuer à regarder. La panique m’a saisie à la gorge, mon cœur s’est emballé. Je prends une nouvelle grande inspiration, bien plus tremblante cette fois. Je ne parviens pas à la ralentir, trop vite, j’ai de nouveau besoin d’air. Je me laisse aller, je cherche mon oxygène. Inspire, expire, inspire, expire. Il me faut de trop nombreuses minutes pour calmer mon cœur. Je n’ose plus rouvrir les yeux. Je sais ce qui m’attend en bas. J’aimerais éloigner ces pensées de moi, mais j’en suis incapable, elles envahissent mon esprit et ne me lâchent plus. Je n’en peux plus. Je suis à bout. Il faut que je respire, il faut que… Je m’écroule sur la rambarde, fondant en larmes. J’ai mal, tellement mal. Je ne sais plus quoi faire. Je ne sais plus gérer. Je me sens incapable, tellement incapable. Je n’arrive à rien, je fais du mal, tellement de mal, j’essaie de rester droite, mais tout ce que j’arrive à faire, c’est… Je fais illusion. Faire semblant, je sais faire. Je laisse entrevoir ce que je veux à qui je veux, je joue avec la réalité comme un champion d’échec avec ses pièces. Je suis et ne suis pas. Je ne sais plus qui se cache derrière tout ça. Je… Qui suis-je au fond ? J’ai la tête qui tourne. Je me laisse lentement tomber au fond de la nacelle. Alors j’ose rouvrir les yeux. Je ne vois que l’osier, rien d’autre. Le soulagement qui m’envahit est idiot. Un jour ou l’autre, je serais bien obligée de regarder à nouveau par-dessus, de faire face à ce qu’il y a en bas, de voir toute l’étendue de ce qui m’attend. Mais je ne dois pas y penser. Pas tout de suite. Pour l’instant, je dois prendre le temps. Inspiration, expiration. Je me sens seule. Affreusement seule. Même entourée de tant de gens, je sais que je suis et resterais seule. Je ne suis personne. Et pourtant, ils sont plusieurs à compter sur moi. Pour leur dire quoi faire. Pour leur donner des défis. De l’amusement. Mais aussi une oreille. Pour leur donner mon temps, d’une manière ou d’une autre. Et j’ai envie de le leur donner, j’ai besoin qu’ils aient besoin de moi. Même si ce n’est qu’une illusion. Des larmes coulent de nouveau sur mes joues. Mon cœur me fait mal. Je n’arrive plus à le calmer. Il bat, vite, fort, mais il bat. Des images défilent dans ma tête, me rappelant tout ce que j’ai vécu. Je vois leurs visages. À tous. Je vois leurs sourires, même ceux que je n’ai jamais vus, je les imagine. J’entends leurs voix. Je ferme les yeux, fort. Là , tout de suite, je ne veux pas les voir, je ne veux pas ressentir cette attente. Je veux juste… Avoir le temps. La respiration hachée, je presse mes mains sur mon visage. J’agrippe mes cheveux, à la limite de les tirer. Je dois me calmer. Je dois redevenir maîtresse de moi-même. Je me concentre sur les battements de mon cœur, sur ma respiration, tout ce qui éloignera ces images de mon esprit. Je relâche doucement mes cheveux. Je me sens vide. Mes yeux sont rouges et gonflés. Mes doigts, ankylosés. Lentement, je les place devant moi, les regarde. Les veines noires se sont étendues, recouvrant mes mains et mes avant-bras, remontant au-dessus du coude. Ce sang noir qui finira par recouvrir tout mon corps. Et alors, il sera trop tard. Je lève les yeux vers le ciel. L’orange a disparu, ne laissant plus que le rose et le bleu nuit. Le soleil est couché, il n’y aura bientôt plus que les étoiles pour illuminer la voûte céleste. Je me laisse tomber en arrière. Je veux admirer le firmament, encore et encore, jusqu’à oublier mon propre nom. Je voudrais me fondre parmi elles. Je voudrais devenir l’une d’elle. Veiller sur ceux que j’aime. Sans faillir. Je voudrais être celle qu’ils attendent. Je voudrais être tout ce qu’ils veulent. Je voudrais être tellement plus que ce que je suis. Mes yeux se ferment. La fatigue me submerge. Je suis épuisée. Il sera bientôt temps de tout affronter. Mais pas tout de suite. Tout de suite, il est temps de prendre encore un peu de ce temps que j’ai trop souvent donné. Tout de suite, je dois me retrouver. Tout de suite, je dois combattre ce sang noir pour moi-même.
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