L'Académie de Lu





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(par Lu' Directrice)
(Thème : Les aventures d'Ava)



Elle arrivait au bout. Ava regarda fixement la forêt devant laquelle elle se trouvait. Elle lui semblait si familière, et pourtant inconnue. Ses pas l’avaient menée là, mètre après mètre. Elle savait que la clé se trouvait là, elle l’avait toujours été, pourtant elle avait mis un certain temps à s’y rendre.

Le chat roux à ses côtés se mit à miauler.

— Je sais ce que tu penses, Nestor, lui répondit-elle, mais ça ne sert à rien de me crier dessus.

— Je te l’avais dit, Ava, tu aurais dû m’écouter dès le début, grommela le matou.

Ava grogna sans répondre et s’avança sous la frondaison. Son petit pas, lent, exaspérait le chat. Pourtant, il n’alla jamais plus vite qu’elle, respectant son grand âge. Il l’avait vue si désespérée de la perte de ses souvenirs. Lui-même ne se souvenait pas de tout, mais c’était suffisant pour vouloir lui venir en aide.

— Jusqu’où crois-tu que nous allons devoir marcher ainsi ?

Nestor haussa ses fines épaules.

— Jusqu’à ce que l’on trouve ce que l’on cherche.

Ava grogna de nouveau, ce qui lui provoqua une quinte de toux. Elle fut si violente qu’elle dût s’arrêter pour reprendre son souffle. Inquiet, Nestor vint se frotter contre ses jambes.

— Tout va bien Ava ?

La vieille femme prit une inspiration sifflante. Non, ça n’allait pas. Ses os la faisaient souffrir, elle était épuisée et son cœur n’était pas loin de lâcher après autant d’efforts. Pourtant, elle hocha la tête. Il était hors de question qu’elle abandonne maintenant, après tout ce qu’elle avait traversé.

— Ça va aller, ne t’en fais pas.

Le corps tremblant, elle reprit sa marche à travers la forêt. Les racines ne lui facilitaient pas la tâche. Plus d’une fois, elle se prit les pieds dedans, manquant s’étaler. Elle savait que si elle tombait, elle ne se relèverait pas. Elle était à bout.

— Ava…

— Tais-toi et avance.

Le rouquin fronça le museau mais ne répliqua pas. De plus en plus inquiet, il décida d’avancer plus vite, faisant des allers-retours entre les arbres devant eux et la vieille femme. Mais il ne voyait rien qui pourrait les aider.

Épuisée, Ava finit par se laisser aller contre un tronc.

— Ce n’est pas possible, je ne peux pas finir comme ça. Ma mémoire doit me revenir…

— Vous avez parlé de mémoire ?

Les poils de Nestor se hérissèrent sur son dos. Il feula en direction de l’apparition. Un petit cri lui répondit et l’animal commença à s’en aller.

— Attends ! s’empressa de s’écrier Ava.

L’ombre revint lentement sur ses pattes. La bête était noire et blanche, volumineuse. Ses yeux noirs humides vinrent se ficher dans ceux de la vieille femme.

— Vous étiez l’une des nôtres.

Le cœur d’Ava battait à tout rompre. Elle ne savait pas si c’étaient les efforts donnés jusqu’à présent ou les mots du blaireau qui lui faisait cet effet.

— L’une des vôtres ?

Le blaireau ne baissait pas les yeux. Quelque chose d’ancien y brillait. Une chaleur se réveilla dans le ventre d’Ava.

— Vous avez parcouru la forêt avec nous. Vous étiez libre. Vous étiez vous-même.

Les yeux de la vieille femme s’embuèrent. Les mots résonnaient en elle comme les carillons d’une cathédrale. Elle n’arrivait plus à respirer.

— Ava ?

Son corps tambourinait de plus en plus fort dans sa poitrine. Il allait lâcher, elle en était certaine.

— Laissez-vous aller.

Ă€ bout de souffle, Ava se laissa tomber Ă  terre.

— Ava !

Nestor se précipita vers son amie, passa sa truffe sur son visage, poussant sa tête de la sienne. Ava le sentit à peine. Elle avait chaud. Elle avait mal. Elle ne savait pas ce qui lui arrivait.

— Nestor, parvint-elle tout de même à souffler.

Le chat roux posa une patte de velours sur sa poitrine. Il pouvait sentir à quel point son cœur était malmené. Le poil hérissé, il se tourna vers le blaireau.

— Qu’est-ce que vous lui avait fait ? cracha-t-il.

Le blaireau ne lui répondit pas, mais ses yeux se mirent à briller encore plus fort. Était-il réellement ce qu’il prétendait être ? Sans un mot, il se retourna et commença à partir.

— Ordure !

Nestor n’eut pas le loisir de poursuivre l’animal étrange, il se tourna de nouveau vers Ava.

— Tiens bon…

La vieille femme ne voyait plus rien. Des images défilaient à une vitesse folle devant ses yeux, sans qu’elle parvienne à en saisir le sens. Son corps lui faisait horriblement mal, son cœur n’était plus que pulsations désordonnées. Elle n’arrivait plus à prendre sa respiration. Tout allait trop vite, elle ne parvenait plus à saisir ce qui se passait.

Un hurlement déchirant lui échappa. Puis la douceur du néant la cueillit.


Le vent frais la fit frissonner. Elle avait mal partout. Des images continuaient à défiler dans son esprit. Le brouillard se levait petit à petit, lui laissant une drôle d’impression. Un frisson, plus violent que les autres, la tira de sa torpeur. Elle ouvrit deux yeux noirs humides, qu’elle posa sur un Nestor hérissé, entre colère et soulagement.

C’était enfin terminé.










Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !

























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