Elle était décidée à y arriver.

Elle partit donc bientôt, n'emportant que le strict nécessaire.

Ne connaissant pas la position du Gardien, elle commença par demander quelques informations à ses amis, les animaux de la forêt près de chez elle.

Rassemblant toutes ces informations, elle décida de partir vers le nord, où, d'après les témoignages, il y avait eu le plus d'événements étranges pouvant se rapporter au Gardien.

Elle prit donc la route, armée de sa boussole et accompagnée par quelques animaux curieux.

Elle fit tout de même attention à se préparer à la traversée d'un grand lac, qui, d'après une pie de sa connaissance, était plus périlleux que ce que l'on pourrait croire. Cette pie n'étant pas très fiable, Ava ne s'inquiéta pas plus que ça.

Arrivée au bord du grand lac, la vieille dame sut instantanément qu'elle n'en ferait pas le tour.

Ce lac - Ava pourrait presque le qualifier de mer intérieure- était si grand qu'on ne voyait presque pas le bout, de n'importe quel côté. Il s'étendait sur des kilomètres.

Malgré la beauté de cette étendue d'eau, Ava s'inquiéta bientôt et se remémora les paroles de la pie. Tout d'abord car il n'y avait aucune embarcation à la surface, en y regardant de plus près, aucun insecte ou animal ne volait au-dessus. Les petits camarades qui accompagnaient jusqu'alors la grand-mère s'étaient enfuis lorsque ils s'étaient approchés des berges.

Déterminée à trouver le grand Gardien, Ava continua tout de même sa descente.

Lorsqu' elle commença enfin à se demander comment elle comptait traverser le lac, elle aperçut du coin de l'œil une petite barque sur la plage. Elle n'était pas attachée et ne semblait appartenir à personne, Ava décida de l'utiliser pour traverser.

Elle poussa la petite embarcation puis monta Ă  bord et celle-ci glissa doucement dans les flots.

La grand-mère pensait que la traversée serait longue car le lac était grand et la surface était extrêmement calme. Pourtant, la barque fila à toute vitesse et atteint en une heure ce qui semblait être le milieu du lac.

A partir de la, si Ava avait été inquiète, la traversée fut tellement rapide et sans encombres que la grand-mère ne se méfia plus.

Bientôt, elle vit la rive apparaître en face d'elle et se réjouit d'y être arrivée si vite, cette pie était définitivement une menteuse.

Soudain, lorsqu' elle fut à environ moins d'une centaine de mètres de la berge. Des mains commencèrent à sortir de l'eau calme pour agripper la barque sur laquelle elle était prostrée. Des mains squelettiques et décharnées qui tirèrent un cri à la grand-mère. Tout en essayant de les faire lâcher prise en les délogeant avec son sac, elle appela à l'aide car sa barque menaçait de couler d'une minute à l'autre.

Malheureusement, personne ne vivait près d'ici et ses appels se perdirent dans l'eau.

Lorsqu'elle fut résignée à mourir ici, un moineau surgit et vint se poser sur le bord de la barque en piaillant.

Ava se souvenait de lui, elle l'avait trouvé, blessé, tombé de son nid quand il était encore minuscule. Elle l'avait soigné et nourri, et en entendant Ava crier, il avait dû venir tenter de l'aider.

Mais il ne pouvait rien faire, la grand-mère tenta de le chasser avant qu'il ne se fasse attraper par une main mais le moineau poussa trois cris stridents vers le ciel et un nuage d'orage s'approcha de la barque. Non, pas un nuage d'orage, un nuage de moineaux ! Des centaines et des centaines de moineaux se mirent Ă  voler autour de la barque en criant avant de piquer sur celle-ci et de la soulever doucement dans les airs, les dernières mains squelettiques tentant de s'y agripper.

Ils portèrent ainsi Ava et la barque jusqu'à la berge, où la vieille dame sortit en dodelinant.

Elle s'en Ă©tait sortie.