La rentrée à l'Académie de Zyphea
(par Zyphea )(Thème : DĂ©fi de Sourne et Awoken)
Heureuse.
Oui, je suis heureuse.
Heureuse comme je ne l’ai jamais été depuis six ans. Mon œil droit, éborgné, me brûle lorsque je pense à cette période de ma vie.
Bref, ne pas penser à ça, ce serait le pire moment pour qu’Elle se repointe
— Tu es sure ? murmure une voix teintĂ©e d’ironie dans ma tĂŞte.
La brûlure à mon œil s’accentue.
— Tait toi, je pense
— Non, pas au meilleur moment…
— TAIT TOI ! Je m’aperçoit au dernier moment que j’ai criĂ© Ă voix haute.
Je regarde à droite, à gauche, il n’y a personne.
La voix reflue dans ma tête, elle n’a rien à quoi s’accrocher.
Je continue à avancer sur l’allée bordée d’arbres, mais mon bonheur est teinté d’amertume. Soudain, je me fige, une effluve familière me chatouille les narines. Je me retourne et découvre un magnifique arbre au feuilles argentées qui tend ses branches vers moi.
— Un arbre de lune, je souffle, comment peut il y en avoir un ici ?
Doucement, je m’approche de ses feuilles brillantes, elles sentent la caresse de la lune au crépuscule. Sans réfléchir, j’en effleure une du bout des doigts.
Je titube, mes jambes ne me portent plus.
— Non, dis je dans un souffle
J’ai été idiote, profondément idiote. Je lui ai donné ce quelle voulait, un support auquel s’accrocher.
Pour me faire sombrer.
Toujours plus bas.
— Non, non, non… je rĂ©pète, mais je suis dĂ©jĂ loin.
Un rire démoniaque retentit dans ma tête.
Tout est noir.
L’odeur des arbre de lunes.
Tout autour de moi.
Durant les flashbacks qu’Elle m’envoie, je voit avec mes deux yeux, c’est une impression étrange lorsque, depuis six ans, on ne perçoit le monde qu’avec un seul. Je voit donc la grande vallée qui s’étend devant moi, elle est entourée d’une foret et un petit village se trouve à quelques kilomètres de là . Je la connaît par cœur, je sais aussi ce qui va se passer, j’ai vu ce souvenir des centaines de fois.
J’entends un fredonnement léger.
Je veux hurler mais aucun son ne sort de ma bouche.
Une petite fille gambade sur le sentier en riant. Ses boucles bleues et blanches volettent derrière elle autour d’un petit visage blanc. Parfaitement blanc. Totalement.
— On ne peut pas en dire autant de maintenant, je pense.
Je sais très bien ce que va faire la fillette, ou elle va aller…
Je me frappe.
Fort.
Je ressens la douleur mais rien ne se passe, le souvenir continue de se dérouler devant moi.
Changement de scène.
La petite fille entre dans une auberge et s’approche du comptoir. Elle sautille pour attirer l’attention du tavernier.
— Zyphea ! Mais c’est la petite Zyphea ! Tu ne grandiras donc jamais, petiote ? s’exclame l’homme en riant.
— Maman m’a dit qu’un jour, je dĂ©passerai les nuages, grommelle la petite.
L’homme lui tend un verre en ricanant.
— Normal, pour une elfe du ciel.
— Dis, Tehis, Maman m’a dit que tu n’avais aucune tribu, c’est vrai ?
— Oui, petite, je suis un elfe du ciel libre.
— Moi, je suis fière d’appartenir aux Clairdelunes ! s’écrie la petite Zyphea.
— D’ailleurs, tu es venue seule jusque ici ?
— Oh, notre village n’est pas très loin, tu sais.
— Ah bon, pas très loin ? Demande Tehis, une lueur avide dans le regard.
La petite fille hoche la tĂŞte.
Je me refrappe, avec plus de véhémence, cette fois, je tente de m’extirper, je ne veux pas entendre la suite…
— Tu voudras bien m’y emmener un jour ?
— Maman m’a dit de ne pas montrer l’emplacement du village Ă des Ă©trangers.
— Mais, je ne suis pas un Ă©tranger, je suis un ami, non ? Dit Tehis en prenant un air outrĂ©.
La fillette semble se plonger dans une intense réflexion puis lâche :
— D’accord, je t’y emmènerai un jour.
Tehis, d’un air ravi, lève la bouteille en souriant.
— Je te resserre un verre ?
Comment m’en vouloir ? Je n’avais que dix ans…
Encore un changement de lieu,
La petite Zephya gambade dans la foret en fredonnant, Tehis Ă ses cotes.
— C’est encore loin ? Demande le tavernier avec impatience.
— Non, c’est juste lĂ .
La fillette écarte les branchages et un joli village s’étend devant eux.
Une petite placette avec un puits au centre, des allées pavées de pierres, des toits de chaume.
— TADAM ! S’écrie la la petite, le village des Clairdelunes ! Bon, je doit te laisser, c’est Ă moi d’aller chercher du bois pour le feu. Je te laisse visiter seul, la maison de mes parents est la bas.
La petite Zephya disparaît à travers les troncs.
Tehis est seul, un léger sourire se dessine sur son visage.
Je me frappe, toujours plus fort.
Je ne ressens que la douleur.
De nouveau un changement,
Je ne veut pas voir ce souvenir lĂ , je me griffe lke visage, je tente de hurler.
La petite Zephya rentre au village, ses bouts de bois Ă la main.
Rapidement elle sent l’odeur du feu.
L’odeur de la mort.
Elle lâche le bois et fonce vers les maison en flammes, tout autour d’elle, seulement ce crépitement incessant.
Soudain :
— Tehis ! Tu es vivant ! Que c’est il passĂ© ?
La petite fille court vers lui, les yeux pleins de larmes.
Il se tient au milieu du feu et la regarde avec d’un air profondément peiné.
Il fait un signe de la main et un énorme vautour noir surgit de nulle part et fonce sur la petite Zyphea.
Vers son œil droit.
Je lutte, je me débat, je sort du souvenir.
Je suis toujours sur l’allée qui mène à l’académie, à genoux dans la poussière, je regarde mais mains en haletant, elles sont couvertes de sang après m’être griffée.
Je cours vers la rivière que j’ai entendu couler en arrivant.
Je me nettoie rapidement le visage, heureusement les griffures ne sont pas profondes.
Je regarde mon reflet dans l’eau mêlée de sang de la rivière.
Je caresse le côté droit de mon visage, ma peau brune, mes cheveux noirs, des taches sombres ont commencées à envahir la blancheur immaculée de mon côté gauche mais elle reflue rapidement.
Je connais très bien la suite de cette histoire.
Tehis m’a laissée pour morte à côté de mon village, lorsque je me suis réveillée, il ne restait rien. C’était moi qui l’avait mené ici, moi qui avait tué ma tribu, ma famille, mes amis. Pendant ces six ans de errance, une moitié de mon âme à été remplacée par une coquille vide, habitée par une chose qui tente chaque jour de me faire sombrer. Pendant ces six ans je l’ai combattue, mes crises sont moins fréquentes mais toujours là .
Je retourne sur l’allée qui mène à l’académie.
Maintenant, j’ai choisi d’entrer à l’académie pour fuir les démons qui me hantent depuis si longtemps. Une évasion. Loin de mon passé.
Je me tourne vers le soleil qui se couche derrière moi.
— Je m’appelle Zyphea, Zyphea des Clairdelunes, il y a six ans, une partie de moi s’est envolĂ©e, remplacĂ©e par une chose qui tente de me faire tomber Ă tout instant, pendant six ans, j’ai tentĂ© de la combattre, sans succès. DĂ©sormais, mon but est tout autre.
Je me tourne de nouveau vers l’académie.
— L’accepter.
Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !