Le Chrisu se promène dans les bois, lalala. Le Chrisu se trimballe un truc pour une Académicienne, lalala. Oui bah ça va, je peux parler de moi à la troisième personne aussi ! On dirait que cette fichue académie du biscuit me tape sur le moral.

Allez, je suis au milieu de la forêt qui entoure l'Académie, je serai bientôt de nouveau AU CALME. Parce que ce colis sur-mesure, j'ai dû aller le chercher dans... brrr, la ville. Rien que d'y penser, ça me fait frissonner.

— TouchĂ©, tonne une voix derrière moi.

— Je... quoi ?

Ma personne est sacrée ! Qui a osé la toucher ? Je tourne mon dos et... 'ttends, c'est quoi ce bestiau ? On dirait un chat, mais genre un gros gros chat, qui m'arrive aux épaules... Je n'arrive pas à détacher mon regard de ses yeux verts luisants, et je peux voir les reflets sur les longues dents crochus qui sortent de sa bouche.

— J'ai dit... touchĂ©, me sort la bestiole avec un grand sourire.

— Heu... et ?

— Étrange... tu n'as pas l'air de reconnaĂ®tre ce que je suis... Alors je me prĂ©sente, je suis un brumfelìnö, un drac Ă  l'apparence fĂ©line qui contrĂ´le la brume.

— Ok... J'ai rien bitĂ© Ă  ce que tu baragouines mais cette intrigue est trop sĂ©rieuse pour ĂŞtre celle de l'une des mes aventures.

— Regarde le dos de ta main.

Des... poils ? Une masse de poils est apparue, et elle a l'air d'avancer !

— Berk, tu m'as fait quoi 'spèce de gros minou ?

— Certains jeux humains se basent souvent sur une peur, qu'ils combattent en se mettant en situation. Connais-tu le chat perché ?

— Oui, comme tous les mĂ´mes... mais je ne vois pas le... Hooo... Si je laisse ta corruption m'affliger... Je vais avoir un power-up !

— Hum... pas tout Ă  fait. Tu deviendrais juste un de mes subordonnĂ©s.

— Je suis dĂ©jĂ  celui d'un biscuit qui parle, alors bon...

— Tu ne pourras plus jamais sentir le doux tissu d'une petite culotte.

— Nan, tout sauf ça !

Je suis au bord des larmes... je sens un pelage roux envahir mon corps, mais je me suis résigné.

— Tu, tu n'essaies mĂŞme pas de m'attraper ? me demande le '' drac '', en s'approchant de moi.

— TouchĂ© tocard !

Hop, je bondis sur un arbre. On peut dire que je suis né dans un arbre, vu comme je me déplace facilement de branche en branche ! C'est sans doute de là que vient mon prénom d'ailleurs.

— HĂ©hĂ©, tu vas faire comment pour me rattraper, gros matou ? Une petite pique n'a jamais fait de mal Ă  personne !

— Tu n'es pas le seul Ă  savoir grimper dans les arbres, petit Ă©cureuil. En parlant de l'origine de mon prĂ©nom.

Machin se serre de ses Ă©paisses griffes pour escalader le tronc, il arrive juste en face de moi.

— Brumìn, chuchote le monstre.

Je, je... une lourde brume vient de se lever, comme par magie ! Et maintenant, je ne vois plus que les ombres des branches... et surtout, je sens que celle sur laquelle je suis plie... Il s'approche ! Et c'est même pas un gros méchant loup !

Aussi agile qu'un écureuil, ( z'avez bien compris que Chrisu veut dire écureuil hein ? ), je saute de branche en branche, qui craque à mon passage. Et je n'ose pas regarder derrière moi, pour éviter de me prendre une ombre en pleine face !

Heureusement que mon pouvoir de vitesse marche sur tous les terrains, dont les branchages apparemment. Mais malgré son poids sans doute supérieur au moins, le drac me poursuit toujours, voulant me, brrr, toucher.

Puisqu'il ne veut pas tomber, il faut un peu l'y aider ! Héhé, par chance, j'ai touhou, heu toujours, une machette dans la poche !

À chaque branche que je passe, je mets un coup de lame. Tchac, tchac et tchac ! Grrraou ! Ouais, j'ai vaincu un monstre ! C'est pas ce gros dragon pataud qui ferait la même chose, n'est-ce pas, Sourne ?

Et c'est à la bonne heure, que j'ai fait tomber le drac. Je vois l'orée de la forêt... Je suis presque sorti du bois ! Mais j'entends le drac rôder en-dessous, avec ses grosses patounes pleines de boues. Il me piste encore !

Si je reste planté au sommet de mon arbre, il va grimper et me brrr toucher. Allez, pas le temps de réfléchir, je saute sur la terre meuble.

Haaa et scrotch. J'ai atterris sur un truc tout doux, mais un peu dur au centre... Mais je suis retombé sur le drac ! Du coup... c'est moi qui l'ait touché ou c'est l'inverse ? Répondez-moi !

Il bouge plus... j'ai réussi à le refroidir ?

— Mais... Qu'est-ce qui s'est passé ? s'exclame une voix juvĂ©nile, qui me surprend.

Tiens, mais ce ne serait pas la mini-faucheuse, celle à qui je dois livrer le colis ?

— J'ai Ă©liminĂ© avec BRIO une menace pour l'AcadĂ©mie, hĂ©hĂ©. Ou alors, c'est ta prĂ©sence qui l'a tuĂ©...

— Ce... truc ne pouvait pas ĂŞtre sur ma liste, je ne sais mĂŞme pas ce que c'est !

Il me semble que la petite faucheuse a dit quelque chose... mais je me sens emporté par un élan lyrique !

— Eli, la semeuse de mort, l'ultime personne que les moribonds aperçoivent, avant qu'elle ne fauche leur âme ! 'ttends... Tu n'es quand mĂŞme pas venue pour me faucher ?

— Non... je suis venue chercher mon colis. J'ai hâte de l'avoir, mĂŞme si mon maĂ®tre n'en voit pas l'utilitĂ©...

— Ah oui, ça.

Le coup d'œil à la montre et... Pile pile à l'heure ! Ma première fois ! Pas celle-là. Allez, je farfouille dans mon sac à dos et... ah, je l'ai.

— Tiens, ton colis.

— Cool, merci ! Avec cette bandoulière, je pourrais mettre ma faux dans le dos, ce sera stylé !

— Et n'oublie pas. Chrisu livreur, partout toujours !