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EscortĂ© par plusieurs huissiers, sous le regard anxieux d’AnaĂŻs Martin et de son avocat, le nouveau tĂ©moin se mit Ă la barre, patientant un peu. Lui aussi Ă©tait stressĂ©, c’était la première fois qu’autant de personnes posaient un instant d’attention sur lui, le pauvre travailleur matinal. Mais il se regaillardit et se prĂ©para Ă subir son interrogatoire. Pour la première fois de sa vie, il pouvait influencer le destin et faire quelque chose de dĂ©cisif. — Le tĂ©moin est Ă vous, monsieur l’avocat de la dĂ©fense, dit solennellement le juge dans sa toge noire caractĂ©ristique. — Je vous remercie monsieur le juge. C’était aussi l’une des premières affaires de l’avocat et surtout, sa plus complexe. Avec ce tĂ©moin, il espĂ©rait sauver sa cliente d’une peine immĂ©ritĂ©e. Il croyait en son innocence et la dĂ©fendrait jusqu’au bout. TĂ©moin, je vous invite Ă vous prĂ©senter. — Mon nom est Lucas Reynaud. Je suis Ă©boueur et je m’occupais des poubelles de la rue de la victime. Je viens raconter ce que j’ai vu le jour du meurtre. — Et bien, je vous invite Ă raconter les faits, et uniquement les faits. Une goutte de sueur perla sur la tempe droite de l’avocat, tandis que son cĹ“ur battait de plus en plus fort. Il devait interroger ce tĂ©moin de sorte Ă ce qu’il puisse aider sa cliente. — J’étais en train de ramasser les poubelles lorsque j’ai vu une femme sortir d’un immeuble. J’ai trouvĂ© ça Ă©trange car d’habitude il n’y a personne Ă cette heure. La femme a jetĂ© quelque chose Ă la poubelle et est repartie rapidement. Elle semblait nerveuse. En vidant cette poubelle j’ai remarquĂ© qu’il y avait un couteau Ă l’intĂ©rieur. L’homme rĂ©flĂ©chit quelques instants, soucieux de n’oublier aucun dĂ©tail, puis ajouta. Il Ă©tait six heures vingt quand j’ai vu ça. Le procureur adressa un sourire narquois Ă l’accusĂ©e et Ă son avocat, alors que le sang de ce dernier bruissait dans ses tempes. Le front rougi et brĂ»lant, le dĂ©fenseur se devait de trouver les incohĂ©rences dans le rĂ©cit de l’éboueur. Il ne lui fallut pas plus d’une seconde pour contre- attaquer. — Tout d’abord Lucas Reynaud, ĂŞtes- vous en capacitĂ© de confirmer que la personne que vous avez aperçue Ă©tait bien ma cliente, AnaĂŻs Martin ? — Oui, je suis certain que c’était elle. Je ne l’ai pas vu longtemps, mais je suis capable de la reconnaĂ®tre. Après avoir adressĂ© un bref coup d’œil Ă AnaĂŻs, l’avocat passa son pouce sous son menton, la mine dubitative. — Pourtant, le physique de ma cliente est tout Ă fait commun. Et puis, il Ă©tait six heures vingt si j’en crois votre tĂ©moignage, il faisait donc encore partiellement nuit. Donc je doute de votre capacitĂ© Ă pouvoir identifier formellement ma cliente ! — Elle Ă©tait seule dans la rue et avait l’air bizarre donc j’ai fait attention Ă elle. Et la rue Ă©tait bien Ă©clairĂ©e, donc je voyais distinctement. Je suis vraiment certain que c’était elle. — Admettons que vous dites la vĂ©ritĂ©, grommela le dĂ©fenseur, sous le regard inquiet de sa cliente. Venons- en Ă l’autre partie de votre tĂ©moignage, le couteau. Qu’avez- vous fait de cette Ă©ventuelle preuve ? — Eh bien, je l’ai mise avec le reste des dĂ©chets, dit l’éboueur en baissant les yeux, gĂŞnĂ©. J’ignorais qu’il y avait eu un meurtre, donc je ne pensais pas que ce couteau aurait de l’importance. Si j’avais su, je l’aurais donnĂ© Ă la police, Ă©videmment. Tandis que le procureur frappa de rage son bureau, l’avocat de la dĂ©fense sourit, puis rĂ©pliqua une nouvelle fois. — Pouvez- vous donc dĂ©crire très prĂ©cisĂ©ment ce couteau ? — Il Ă©tait grand. La lame mesurait une bonne dizaine de centimètres, je crois. Il me semble que c’était un couteau de cuisine. — Y avait- t- il des traces de sang dessus ? — Il y avait des taches sombres dessus, et je suis presque sĂ»r que c’était du sang. L’esquisse de sourire du dĂ©fenseur se dessina en une large et grande expression de satisfaction. — Dans le rapport d’autopsie de la victime, qui je rappelle n’a pas Ă©tĂ© rendu publique, il n’est nullement fait mention d’une blessure au couteau. De plus, comme vous pouvez le constater, ma cliente n’a aucune marque quelconque, donc il nous est impossible de relier ce couteau au meutre de Sylvain Potdevin. D’autant que ledit couteau a Ă©tĂ© Ă©garĂ© par le tĂ©moin et qu’il est pour l’heure introuvable. — Mais j’ai tout de mĂŞme vu cette femme sortir avec un air suspect ! intervint le tĂ©moin. C’est tout de mĂŞme Ă©trange, non ? Surpris par la dĂ©termination de Lucas, l’avocat de la dĂ©fense ne voulait cependant pas concĂ©der la moindre parcelle de terrain au procureur, qui ne voulait que condamner une innocente. — Avoir un air suspect ne fait pas forcĂ©ment de vous un suspect, souligna le dĂ©fenseur. Sinon, voilĂ bien longtemps que vous seriez aux arrĂŞts ! L’avocat dĂ©visagea fortement l’éboueur, qui trembla sous cet argument ad- hominem injustifiĂ©. MalgrĂ© la faille de votre tĂ©moignage, Ă savoir l’existence ou non du couteau et son lien avec notre procès, nous pouvons retenir le fait que vous auriez Ă©ventuellement aperçu ma cliente sortant du domicile de la victime. NĂ©anmoins, sans pouvoir donner davantage d’informations sur ses intentions. Le tĂ©moin ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais se ravisa et baissa les yeux, n’ayant rien Ă ajouter. — Je vous remercie d’avoir consacrĂ© votre temps Ă notre enquĂŞte, affirma le juge. Si le tĂ©moin a fini, on peut passer au tĂ©moignage suivant je vous prie. L’avocat de la dĂ©fense soupira. MĂŞme si ce tĂ©moignage n’était pas en faveur de sa cliente, il avait cependant dĂ©montrĂ© qu’il ne pouvait pas non plus ĂŞtre utilisĂ© contre elle de manière fiable. C’était dĂ©jà ça, se dit le dĂ©fenseur, tandis qu’il se prĂ©parait Ă Ă©couter le prochain tĂ©moin.
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