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Sourne![]() Spectacles![]() Le Royaume merveilleux
![]() ![]() Aube d'une paix pérenne(par Sourne)La guerre avait cessé. La victoire de Gerìhèna contre la Légion claire et la Horde sombre était incontestable, ses milices s’étaient dispersées dans les rues de Béni-Avenir. Une allégresse ineffable animait la cité, dessinant des sourires grandioses sur les visages des humains libres. Seulement, la liesse paraissait s’être refusée à la meneuse des troupes, qui errait tel un spectre.
— Vous avez infligé de cuisantes défaites à ces chiens ! acclama une citoyenne, au passage de la meneuse.
— Gloire à Notre Père, qui vous a prêté sa force ! renchérit un commerçant, qui tenait une coupe de vin.
La panique était désormais éloignée de la cité de l’Humanité libre. Les affres et les frasques causées par leurs ennemis avaient été vengées. Gerìhèna ignorait les appels de ses protégés, prisonnière d’une chape de morosité. Son cœur n’irradiait plus cette flamme passionnelle, une apathie froide soufflait ses espérances. D’un fugace coup d'œil, la cheffe de Béni-Avenir contempla un vol avien dans les cieux. Sitôt, la sensation d’être aussi efficace qu’un oiseau dénué d’ailes la poignit.
Une brise porteuse d’arômes de pain chaud, de viande grillée et de sucre confit vint flatter ses narines. Mais, Gerìhèna n’en eut cure et releva le col de son uniforme militaire gris, comme pour se couper des exquis parfums et de la béatitude des citoyens. Dans les rues pavées, les autres femmes paradaient en robe d’arlésienne aux couleurs vives et variées, ses anciens soldats avaient troqué les arcs et les lances contre des marteaux et des faucilles. La nostalgie la saisit de ses griffes glaciales, que nul réconfort n’aurait su faire fondre.
— Ne veux-tu pas te joindre à nous ? proposa une femme à chevelure flamboyante, qui enlaçait un homme à la carrure de buffle. Si tu persistes à jeûner, tu n’auras pour choix qu’une salade de verdure ou des noix !
Gerìhèna la considéra d’un œil éteint. Un soupir las s’ensuivit. Même la sergente de la cavalerie de Béni-Avenir, dont les charges avaient été décisives moult fois, avait renoncé aux armes. Une peine inconnue l’élança à la vue des deux jeunes gens. Ils étaient si complices, si proches, leurs accolades étaient tant durables que l’on aurait pu les confondre avec des siamois.
— Je suis déjà à satiété, éluda-t-elle avec désintérêt.
Et la meneuse déchue reprit sa marche. Pourquoi la paix avait-elle gagné ses protégés mais l’ignorait ? Par réflexe, sa dextre caressa le pommeau de son épée. Combien de temps s’était-il écoulé depuis l’ultime fois où elle l’avait brandie vers un adversaire ? Les remembrances de ses combats passés se peignirent sur sa vision, éveillant une catharsis endormie depuis fort de temps. Hélas, l’étincelle d’engouement ne sut raviver les cendres de son extase.
Nulle menace ne pouvait survenir et troubler la sérénité de Béni-Avenir. La cité était condamnée pour l’éternité à une paix pérenne. La vacuité meurtrit davantage Gerìhèna que toutes ses blessures rétablies. L’inspiration méditative qu’elle prit en fermant ses yeux n’y changea rien. Les nuits se succédaient sans purger ses pensées de ses émotions de futilité. Les jours s’enchaînaient sans apporter à son esprit un espoir d’utilité.
Hormis cette déraison hypnotique. Les factions ourdissaient des complots silencieux. Souffler sur les braises d’une sédition, aliéner ses fidèles et les faire s’entredéchirer dans une guerre perpétuelle. Les lèvres de l’épéiste se crispèrent en un rictus insane, qui se délectait par avance d’une raison de vivre.
— Maman, maman, ce bonbon est trop bon ! s’exclama soudain un enfant.
Extirpée de ses pérégrinations sordides, la meneuse de Béni-Avenir fut attendrie par le bambin d’une année. Il était la cristallisation de l’avenir de la cité, le premier à y naître. Le meurtre, le pillage, les traumatismes lui seraient à jamais inconnus. Gerìhèna ne put se résoudre à le noyer dans le sang de ses victimes, qui lui seront à jamais loyales et heureuses de la servir.
Mais voilà . L’épéiste était une âme errante, captive de ténèbres que nulle lanterne ne pourrait chasser. La Légion claire et la Horde sombre avaient courbé l’échine contre sa puissance, sa foi indéfectible et son indissociable épée. Elle était la plus grande des guerrières, ses arts martiaux étaient enracinés dans sa nature et cannibalisaient tout autre savoir. Résignée, Gerìhèna ploya devant l’incontestable et éternelle réalité. La guerre avait cessé. Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
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