L'Académie de Lu





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Mélilemots 9


Aube d'une paix pérenne

(par Sourne)
(Thème : MĂ©lilemots 9)



La guerre avait cessé. La victoire de Gerìhèna contre la Légion claire et la Horde sombre était incontestable, ses milices s’étaient dispersées dans les rues de Béni-Avenir. Une allégresse ineffable animait la cité, dessinant des sourires grandioses sur les visages des humains libres. Seulement, la liesse paraissait s’être refusée à la meneuse des troupes, qui errait tel un spectre.


— Vous avez infligĂ© de cuisantes dĂ©faites Ă  ces chiens ! acclama une citoyenne, au passage de la meneuse.


— Gloire Ă  Notre Père, qui vous a prĂŞtĂ© sa force ! renchĂ©rit un commerçant, qui tenait une coupe de vin.


La panique était désormais éloignée de la cité de l’Humanité libre. Les affres et les frasques causées par leurs ennemis avaient été vengées. Gerìhèna ignorait les appels de ses protégés, prisonnière d’une chape de morosité. Son cœur n’irradiait plus cette flamme passionnelle, une apathie froide soufflait ses espérances. D’un fugace coup d'œil, la cheffe de Béni-Avenir contempla un vol avien dans les cieux. Sitôt, la sensation d’être aussi efficace qu’un oiseau dénué d’ailes la poignit.


Une brise porteuse d’arômes de pain chaud, de viande grillée et de sucre confit vint flatter ses narines. Mais, Gerìhèna n’en eut cure et releva le col de son uniforme militaire gris, comme pour se couper des exquis parfums et de la béatitude des citoyens. Dans les rues pavées, les autres femmes paradaient en robe d’arlésienne aux couleurs vives et variées, ses anciens soldats avaient troqué les arcs et les lances contre des marteaux et des faucilles. La nostalgie la saisit de ses griffes glaciales, que nul réconfort n’aurait su faire fondre.


— Ne veux-tu pas te joindre Ă  nous ? proposa une femme Ă  chevelure flamboyante, qui enlaçait un homme Ă  la carrure de buffle. Si tu persistes Ă  jeĂ»ner, tu n’auras pour choix qu’une salade de verdure ou des noix !


Gerìhèna la considéra d’un œil éteint. Un soupir las s’ensuivit. Même la sergente de la cavalerie de Béni-Avenir, dont les charges avaient été décisives moult fois, avait renoncé aux armes. Une peine inconnue l’élança à la vue des deux jeunes gens. Ils étaient si complices, si proches, leurs accolades étaient tant durables que l’on aurait pu les confondre avec des siamois.


— Je suis déjà à satiété, éluda-t-elle avec désintérêt.


Et la meneuse dĂ©chue reprit sa marche. Pourquoi la paix avait-elle gagnĂ© ses protĂ©gĂ©s mais l’ignorait ? Par rĂ©flexe, sa dextre caressa le pommeau de son Ă©pĂ©e. Combien de temps s’était-il Ă©coulĂ© depuis l’ultime fois oĂą elle l’avait brandie vers un adversaire ? Les remembrances de ses combats passĂ©s se peignirent sur sa vision, Ă©veillant une catharsis endormie depuis fort de temps. HĂ©las, l’étincelle d’engouement ne sut raviver les cendres de son extase.


Nulle menace ne pouvait survenir et troubler la sérénité de Béni-Avenir. La cité était condamnée pour l’éternité à une paix pérenne. La vacuité meurtrit davantage Gerìhèna que toutes ses blessures rétablies. L’inspiration méditative qu’elle prit en fermant ses yeux n’y changea rien. Les nuits se succédaient sans purger ses pensées de ses émotions de futilité. Les jours s’enchaînaient sans apporter à son esprit un espoir d’utilité.


Hormis cette déraison hypnotique. Les factions ourdissaient des complots silencieux. Souffler sur les braises d’une sédition, aliéner ses fidèles et les faire s’entredéchirer dans une guerre perpétuelle. Les lèvres de l’épéiste se crispèrent en un rictus insane, qui se délectait par avance d’une raison de vivre.


— Maman, maman, ce bonbon est trop bon ! s’exclama soudain un enfant.


Extirpée de ses pérégrinations sordides, la meneuse de Béni-Avenir fut attendrie par le bambin d’une année. Il était la cristallisation de l’avenir de la cité, le premier à y naître. Le meurtre, le pillage, les traumatismes lui seraient à jamais inconnus. Gerìhèna ne put se résoudre à le noyer dans le sang de ses victimes, qui lui seront à jamais loyales et heureuses de la servir.


Mais voilà. L’épéiste était une âme errante, captive de ténèbres que nulle lanterne ne pourrait chasser. La Légion claire et la Horde sombre avaient courbé l’échine contre sa puissance, sa foi indéfectible et son indissociable épée. Elle était la plus grande des guerrières, ses arts martiaux étaient enracinés dans sa nature et cannibalisaient tout autre savoir. Résignée, Gerìhèna ploya devant l’incontestable et éternelle réalité. La guerre avait cessé.










Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !











Awoken

Ton texte est chouette est se lit bien, les mots sont bien insérés, rien à dire. La guerre lui manque vraiment? Bravo!


Le 11/05/2023 à 19:03:00



Ellumyne

De bien sombres pensées dans un si beau moment d'allégresse. Tu retranscris bien l'état d'esprit de Gerìhèna et j'ai été plongée dans ton histoire. De plus, les mots sont bien placés. Par contre, un bambin d'à peine un an qui formule une phrase avec sujet, verbe, complément ? xD


Le 11/05/2023 à 21:59:00



Faucheuse

Très joli texte qui, même s'il ne faisait pas "partie d'un tout plus grand", laisse entrevoir toute l'immensité du monde qui l'environne.

Par contre, je plussoie Ellumyne. Un enfant de un an qui parle aussi bien, ça tient même plus du HPI là...


Le 15/05/2023 à 22:12:00

















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