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Sourne![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Infinie jalousie(par Sourne)Ses fines mains posées sur la rambarde de la traverse qu'elle gardait, Parsee laissait ses pensées trotter dans sa tête à leur guise. Sous elle et sous sa fidèle passerelle faite d'essence sylvestre, la rivière chantonnait, accompagnant la hashihime dans ses pérégrinations mentales.
Elle voyageait virtuellement, allant dans les localités visitées par des passantes, explorant aussi sa propre mémoire. L'ère durant laquelle Parsee était libre de respirer dans une atmosphère pure était révolue. Sa Perse natale était éloignée, séparée d'elle par moult embûches. La hashihime couvrit sa bouche de son écharpe rose, humant avec tendresse les émanations fruitières.
— Ces voyageuses qui ont tant de choses Ă dire, Ă m'apprendre sur cette Terre... je les jalouse... grogna-t-elle. Elles me narguent en me contant leurs aventures pitoyables, tandis que je suis ici condamnĂ©e Ă veiller Ă leur sĂ©curitĂ©... Qu'elles sont bien sottes de vouloir pĂ©nĂ©trer dans cette dimension infernale couverte d'une voĂ»te de pierre et peuplĂ©e d'ogresses.
En ressassant les épopées de bien des passantes, Parsee se mordit la lèvre inférieure, la faisant tourner vers une couleur sanguine. Une couleur opposée à la rareté de celle de ses pupilles, somptueusement émeraude. Mais quelle femme ici, sur cette Terre, l'avait jalousée pour cela ? Quelle femme s'était plainte de n'avoir pareilles pupilles ? Aucune ! La hashihime était incapable d'expliquer cette absence de réaction chez celles qu'elle côtoyait.
Rageuse, elle passa nerveusement sa main dans sa chevelure dorée, avec tant de vigueur qu'elle faillit en arracher par poignées. Yamame, Yuugi, et bien d'autres arboraient une coiffe d'une teinte proche. Mais aucune d'elle ne l'avait questionnée sur sa manière de la rendre si éclatante, si resplendissant, alors qu'elle s'en occupait mieux.
— Comment ne peuvent-elles pas constater la minutie que je porte Ă mon apparence ? fulmina encore davantage la hashihime.
Sa vision se brouilla et porta loin, en direction de sombres bâtisses. Là -bas résidaient les ogresses qui ne vivaient que de boissons alcoolisées et de tortures d'âmes pécheresses. La lumière des lanternes parvenait jusqu'à elle, emportant à Parsee les joies et les rumeurs de ses habitantes.
— Encore de ces histoires... Qu'elles semblent s'amuser, pendant que je poireaute ici, entre la surface et l'ancienne dimension infernale...
Comme si cela mènerait à la fin de ses affres, elle couvrit sa tête de ses mains. Jalousie et destruction dansèrent ensemble dans ses mortifères pensées, ne demandant qu'à se répandre dans l'âme de la prochaine humaine qui croisera sa route.
— Ha, Parsee ! Te sens-tu bien ? s'exclama une voix derrière elle, avec gentillesse.
Tâchant de dissimuler ses cartes, la hashihime se tourna et sourit.
— Yamame, je pensais justement Ă toi, affirma avec bonne humeur la Persane.
Et je songeais que tu ne me jalousais pas, renchérit Parsee dans ses pensées. Comme à son habitude, la femme-araignée arborait une tenue immaculée et retouchée avec minutie grâce à sa soie. L'étoffe était douce, bien plus douce que la laine de la tunique de la hashihime. Elle en voulait une semblable.
— Je sais que les journĂ©es sont longues, Ă garder la traverse sans avoir nulle autre distraction que contempler sempiternellement la mĂŞme chose.
— Ho ne t'en fais pas pour cela, je parviens Ă faire passer les heures.
Pendant que toi, tu t'amuses avec Kisume et les autres, rajouta encore la gardienne de la passerelle. L'averse de colère et de jalousie qui bouillonnait en elle était contenue par sa mine de façade, aussi radieuse et sereine que possible.
— Que donc viens-tu faire ici ? demanda Parsee.
— Je suis venue spĂ©cialement pour t'apporter quelques pâtisseries, siffla la femme-araignĂ©e.
— Sans chair humaine j'espère, plaisanta la hashihime.
— Si tu savais comme les humaines sont difficiles Ă attraper... s'amusa Yamame. Je te laisse ma besace ici. La traverse a piteuse apparence, souhaites-tu que je la rĂ©pare ?
Une gardienne de passerelle incapable de la maintenir elle-même. Voilà ce que la femme-araignée paraissait penser de Parsee. Se mordant les joues, contenant sa fureur, la hashihime déclina poliment.
— Ce ne sera pas nĂ©cessaire, non. Je sais que tu disposes d'une grande habiletĂ© avec ce qui touche l'architecture et la construction, mais la traverse tiendra encore avant que je ne doive solliciter ton aide.
Si seulement j'avais ses capacités, je pourrais me passer d'elle et de son abominable serviabilité, gronda Parsee intérieurement.
— Enfin, je vais devoir te laisser Parsee. Ă€ la revoyure !
— Oui, Ă une prochaine !
À mesure que la femme-araignée s'éloignait d'elle, la hashihime sentit les chaînes se rompre sous la force de sa fureur. Parsee se mit à souhaiter qu'une humaine vînt à son encontre afin de la ronger de jalousie.
Elle demeura esseulée, comme elle l'avait toujours été. Seule, gardant sa traverse, devant épargner aux passantes les affres de cette dimension infernale. Hélas pour elles, Parsee nourrissait une jalousie profonde, qu'elle insinuait lentement dans l'âme des humaines qui la rencontraient. Elle anéantissait ainsi leur vie amoureuse. Elle les tourmentait et se repaissait des calamités qu'elle engendrait dans la destinée de ces malheureuses.
Ses lèvres s'étirèrent d'une jouissance sardonique, imaginant par avance les tortures qu'elle pourrait infliger à sa prochaine victime.
— Hum, pardonnez-moi...
Qui osait donc troubler ses pensées satisfaisantes ? Parsee regarda dans la direction de l'intruse. Avec son étrange tenue grise, nauséabonde, sa longue chevelure bleue et négligée à peine couverte d'une capuche sentant la sueur, l'inconnue n'inspira à la hashihime que des moqueries.
— Salutations, humaine... Souhaites-tu de l'aide afin de franchir ma passerelle ?
— Et bien... je suis une dĂ©esse en rĂ©alitĂ©. Je me prĂ©nomme Shion, et Reimu Hakurei m'a demandĂ© de chercher des boissons alcoolisĂ©es.
Une déesse, elle ? Parsee haussa les épaules. Cette Shion pouvait prétendre être une déesse, la hashihime se voyait avec peine la jalouser. Son apparence était si peu entretenue qu'elle l'enlaidissait presque, provocant de l'indifférence chez Parsee. Sans parler de son âcre odeur, ni de l'aura de malchance qui paraissait accompagner chaque action de la déesse.
— Salutations... Shion. Quant Ă moi, je suis Parsee, la gardienne de cette sĂ©culaire passerelle. Ainsi, cherches-tu une guide pour te mener jusqu'Ă la plus rĂ©putĂ©e des brasseries de la ville ?
— Je serais stupide de ne pas accepter votre proposition, assura la dĂ©esse.
— Je me ferais une joie de t'accompagner, dit Parsee, en souriant intĂ©rieurement.
Elle avait à présent une occasion de libérer ses pulsions sur une tierce personne.
Shion s'avança vers la hashihime, mais elle trébucha sur une pierre et chuta sur les mains, les écorchant. L'unique pierre qui n'était pas une simple caillasse à des encablures à la ronde. Finalement, Parsee soupira. Comment pouvait-elle jalouser une personne si malchanceuse ? Mais cela lui garantissait une chose. Elle était persuadée que Shion viendrait à la jalouser, et elle œuvrera dans cette visée.
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