L'Académie de Lu





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(par Sourne)
(Thème : La boucle)



— Tu n'imagines pas Ă  quel point je suis heureux que tu sois lĂ  pour me le dire, rĂ©pliqua-t-il en tressaillant de douleur.


Tarasc, bien qu'une souffrance physique l'affectait, était bien plus affligeait par ses tourments internes. Constatant cela, Colobra, son assistante, opina du chef puis s'en alla, se dirigeant vers la tente de commandement. Avec une grande aisance, une bourrasque souffla la brume artificielle qui couvrait le champs de bataille, mais elle ne put lever les ombres qui planaient au-dessus du cœur de notre protagoniste.

Immobile à ses côtés, le dragon Fëroc voulait soutenir son cavalier, cependant Tarasc était bien trop songeur et absolument absorbé par ce qu'il voyait en face de lui. La dépouille d'un dragon gisait devant eux, ses écailles blanches étaient maculées de résidus de poudres et noircies par les grenades projetées par notre protagoniste. Ce qui avait achevé le reptile fantastique était une lance à la hampe brisée, qui faisait à l'origine plusieurs mètres de long. Invisible, le fer était profondément ancré à l'intérieur du crâne du dragon, dont il avait déchiré les tissus vitaux renfermés. Encore en état de choc, les larmes ruisselèrent sur ses joues empourprées, coulant abondamment.

Se retourna vers Fëroc, un éclair de confusion et de détresse fit revivre à Tarasc son précédent combat, et il pensa que son compagnon était son adversaire. Ils étaient de la même race de dragons, leurs couleurs étaient identiques, mais surtout... surtout... Notre protagoniste leur avait donné le même nom. Le fantôme du voleur d'enfance apparut sur le dos de Fëroc, qui parut prendre une dizaine d'années. Les douleurs de notre dragonnier se réveillèrent lorsque le spectre usa de son fusil à silex pour tirer fictivement. Mais les souffrances qui élancèrent Tarasc étaient elles bien réelles, et occasionnées non pas par le fantôme mais par le vrai Earl, le voleur d'enfance.

C'était alors, que tétanisé par les maux et par son irrationnelle panique, que des aboiements outrepassèrent la confusion de Tarasc pour atteindre son cœur. Déstabilisé par ces sonorités inconnues mais pourtant si mélodieuses, notre dragonnier baissa les yeux et il vit un petit être, au pelage gris clair et aux bleus yeux captivants et envoûtant. Le chien, bien que Tarasc n'en avait jamais vu auparavant car inexistant à Archérion, était bien minuscule par rapport à Fëroc, il était à peine plus grand que l'une des griffes du dragon.

Le simple fait de regarder le chien eu rapidement raison de la folie croissante de notre dragonnier, qui ressenti une sincère sérénité en lui. Tandis qu'il commença à s'agenouiller pour caresser la petite créature inconnue, celle-ci s'enfuit, aboyant et traversant les restes du champs de batailles.

Les mélodies du minuscule chien firent cesser les râles d'agonies des soldats mortellement blessés, les Archéroniens arrêtèrent d'achever tous les Estiens survivants. Ce fut la seule fois en des siècles d'une guerre perpétuelle, qu'Impériaux et Unionistes firent taire leurs mousquets, lâchèrent les lances et les sabres, pour ne se concentrer que sur les chants du chien. La paix, pour un instant, avait pris le dessus sur le mental des guerriers des deux camps, qui se regardaient bien hébétés, ne comprenant plus la cause de leur conflit et n'y voyant plus aucune raison. Même les dragons et les griffons semblèrent perdre en férocité et combativité, pour suivre de leurs yeux doux le minuscule chien.

Lorsqu'il eut achevé sa tournée de paix, le chien serein revint vers l'esprit le plus tourmenté des environs. Ce ne fut qu'à ce moment que Tarasc put enfin l'approcher et passer tendrement sa main dans les courts poils soyeux du petit être, oubliant un temps ses troubles et tourments. Il avait failli perdre de sa mémoire qu'il devait se présenter au général de sa force, un groupe de combat regroupant cent mille fantassins. Notre dragonnier se redressa avec une vitesse qui le fit tressaillir de douleur, qu'il tenta d'ignorer. Ensuite, il se dépoussiéra et ôta la boue sanglante qui maculait son armure autrefois reluisante.

Notre protagoniste se mit en marche, talonné du minuscule chien et de son dragon. Il était amusant de voir la petite créature sautiller, ébranlé par les pas lourds de Fëroc, faisant sourire les soldats impériaux qui les regardaient. Ces derniers étaient galvanisés par la présence du dragonnier et rassérénés par les aboiements réguliers du minuscule chien. Hélas, lorsque notre protagoniste gravit la pente d'une colline et que les mélodies du chien perdirent en intensité, les Impériaux s'en allèrent vaquer à leur occupation. Les blessés hurlèrent de nouveau, les Estiens rescapés furent simplement exécutés sans procès.

Il ne fallut guère de temps et d'efforts à Tarasc pour suivre le chemin tracé par le passages centaines de soldats, et finalement rejoindre la tente de commandement. D'autres abris de toiles étaient dressés tout autour, ceignant la tente pourpre qui servait de chambre de guerre. De nombreux officiers, pourtant occupés et chargés de communiquer les ordres aux différents régiments de la force, ne purent réprimer leur envie de contempler le minuscule chien et de le caresser. Comme les soldats auparavant, les gradés connurent un court moment de parfait bonheur, qui s'achevait lorsque la petite créature disparaissait.

Se hâtant vers la tente de commandement, le minuscule se ruant à l'intérieur et disparut derrière les étoffes de tissus. Pris d'un sentiment inexplicable, notre protagoniste en fit de même et il parcourut du regard la chambre de guerre, à l'affût de la mystérieuse créature. Sans même adresser un regard à ses supérieurs, Tarasc s'agenouilla pour tenter de prendre dans ses bras le minuscule chien. Mais ce fut alors que ses yeux croisèrent ceux d'un Estien, solidement enchaîné. Rebuté, notre dragonnier se releva brusquement et posa sa main sur le pommeau de son sabre.

« - Earl Eagles, nous nous retrouvons après toutes ces années... grogna Tarasc, la colère montant en lui.

— Tu es le dragonnier qui m'a vaincu... impressionnant, reconnut honteusement l'Estien, prononçant chaque mot archĂ©ronien avec un accent terriblement mĂ©prisant. Comme quoi, cette bĂŞte n'Ă©tait plus utile après toutes ces annĂ©es, affirma-t-il avec un sourire sardonique.

— Les dragons peuvent vivre des centaines d'annĂ©es sans voir leurs capacitĂ©s physiques se dĂ©grader avec les annĂ©es... je l'ai vaincu car moi, Tarasc de MajĂ«sto, Ă©tait son Ă©leveur mais surtout son premier et vĂ©ritable cavalier. Les derniers mots que notre protagoniste Ă©voquèrent Ă©taient teintĂ©s de sa haine et de toute son hostilitĂ© envers le voleur d'enfance. »

Le minuscule chien s'interposa entre les deux ennemis, aboyant si mélodieusement qu'il parvint à faire taire leur animosité mutuelle. Contre toute attente, Tarasc luttait contre son sentiment de béatitude qui le prenait, notre protagoniste voulut déchaîner sa violence à l'égard du misérable qui se tenait devant lui. Visiblement affecté par les effets de la petite créature, les yeux du Earl Eagles s'humidifièrent.


Il n'eut le temps de ne dire qu'un mot.










Cette histoire fait partie de plusieurs cycles !











JilanoAlhuin

Un texte très sympa qui s'incruste bien dans ton univers (je crois que c'est ton univers, corrige moi si je me trompe!)


Le 21/06/2021 à 23:43:00

















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