L'Académie de Lu





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(par Ellumyne)
(Thème : La boucle)



Un ami dans le besoin ne veut pas dire un pote plombier.


Cette phrase, Nathan se la répétait encore et encore, tout en revissant le siphon sous l’évier de la cuisine de son amie.

— Tu m’as appelĂ©e ? s’écria une voix fluette provenant du salon.

— Non ! Enfin si, j’ai fini, Charlotte ! Tiens, il est comme neuf ! expliqua le jeune homme en se relevant tout en s’épongeant le front.

— Merci ! Je savais que je pouvais compter sur toi ! Tu sais, moi et la plomberie, ça fait deux. Et puis tu me dois bien ça, avec tout ce que je fais pour toi ! piailla la petite blonde avec un grand sourire.

— Ouais, ouais… Bon, je vais aller faire un tour, à tout à l’heure…

Nathan attrapa ses clĂ©s sur la table et sortit prestement dans la rue avant que son amie ne lui trouve une autre rĂ©paration farfelue Ă  faire. Cette fille Ă©tait très Ă©trange, un peu excentrique, mais c’était la seule personne qui avait la gentillesse de l’hĂ©berger après que son propre appartement soit devenu inhabitable suite Ă  un important dĂ©gât des eaux. Cependant, il ne s’attendait pas Ă  devenir son homme Ă  tout faire. Reboucher un trou dans le mur, revisser une Ă©tagère, et aujourd’hui, quoi ? DĂ©boucher un Ă©vier ? Lui qui pensait avoir vu assez d’eau pour le restant de ses jours…

Le soleil déclinait doucement à l’horizon et ses rayons orangés étaient partiellement dissimulés par de gros nuages menaçants. Le jeune homme marcha le long de la rue jusqu’à un petit parc, désert à cette heure-là. Un épais crachin se mit à tomber, sapant ce qui lui restait de bonne humeur. Il mit sa capuche d’un geste rageur et manqua de trébucher sur une boule de poils qui fonçait entre ses jambes en jappant.

— Hein ! C’est quoi ce truc ?

— Wouaf ! Wouaf !

— Hey, ne t’approche pas de moi… grommela le jeune homme, maussade.

Il observa le bichon maltais dont la tête était couverte de longs poils blancs et bouclés. Les petits yeux noirs et ronds comme des billes de l’animal, le fixaient avec adoration. La pluie redoubla de violence et Nathan décida à contre-cœur de rentrer chez son amie. Il se mit en route, et contre toute attente, la boule de poils lui emboita le pas, la queue frétillante.

— Ah non ! Reste lĂ  toi ! Pshiit ! s’exclama le jeune homme en faisant des grands gestes avec les bras pour faire fuir le chien.

Peine perdue, ce dernier caracolait autour de son nouveau maître tout en aboyant de temps en temps pour l’inciter à avancer plus vite. Une fois sous le porche, Nathan n’eut pas le temps d’introduire la clé dans la serrure que la porte s’ouvrit à la volée.

— Ah ! T’es enfin lĂ , je m’inquié… Ohhhh qu’il est mignoooon ! s’égosilla Charlotte en joignant ses mains contre son cĹ“ur.

— Wouaf !

— Ouais, il me suit depuis tout à l’heure, expliqua le jeune homme d’un air ennuyé.

— On ne va pas le laisser dehors par ce temps ! Viens voir maman ! fit la jeune femme en poussant sans mĂ©nagement son ami sur le cĂ´tĂ©.

Elle prit le bichon dans ses bras et le câlina tout en retournant à l’intérieur de la maison, mais ce dernier grogna et se débattit avant de sauter au sol et de se réfugier entre les jambes de Nathan. Manifestement, il ne raffolait pas les marques d’affection de Charlotte.

— Bon, je vais aller me coucher. Remet donc ce chien dehors, fit le garçon en baillant.

— Hors de question de l’abandonner ! Et puisqu’il a l’air de t’apprĂ©cier, il dormira dans ta chambre !

— Hein ? Quoi ? Mais…

Devant le regard implacable de Charlotte, Nathan ne put finir sa phrase. Après tout, il n’était pas chez lui. Il acquiesça à contre-cœur et monta à l’étage, le chien sur les talons. Il se mit en pyjama sous les yeux scrutateurs de l’animal, qui brillaient d’une lueur étrange.

— ArrĂŞte de m’observer comme ça, toi ! ronchonna le garçon en lui lançant une pantoufle.

— KaĂŻ kaĂŻ ! glapit le bichon en esquivant le projectile avant d’aller se rouler en boule dans un coin de la pièce.

Nathan alla éteindre la lumière avant de retourner à son lit et de se glisser sous les draps. Cette journée l’avait fatigué et il se sentait lentement sombrer dans les bras de Morphée quand un grognement inhumain résonna dans la chambre, suivi d’un bruit de lutte intense et de chocs répétés dans le mur. Le jeune homme se redressa brusquement, mais ne distinguait strictement rien dans l’opacité noire qui l’entourait. Il chercha à tâtons l’interrupteur de sa lampe de chevet qui s’illumina soudainement, le forçant à plisser les paupières pour ne pas être ébloui. Se retournant brusquement vers la source du tapage, il assista, ébahi, au spectacle étrange qui se déroulait sous ses yeux.

La douce fourrure blanche du bichon s’était transformée en d’abondants poils noirs et drus. De longues canines jaunâtres semblaient vouloir s’échapper d’une gueule monstrueuse et difforme. De généreux filets de bave se répandaient sur la moquette, lui donnant des reflets brillants comme si un escargot géant s’y était promené. Un amas de lambeaux bleu ciel, tiraillé entre des pattes aux griffes démesurées, vivait il n’y a encore pas si longtemps, une paisible vie de pantoufle.

— Qu’est-ce que…

La question du jeune homme mourut dans sa bouche lorsque deux yeux rouge sang se levèrent dans sa direction.

— AHHHH ! hurla-t-il avant d’attraper une couverture et de s’en servir comme bouclier contre la bĂŞte fĂ©roce qui se trouvait bien trop près de lui Ă  son goĂ»t.

Quelques instants plus tard, la porte de la chambre s’entrebâilla sur le visage inquiet de Charlotte. Elle jeta un œil circulaire à la chambre avant de comprendre ce qui se passait.

— Ohhh ! Un chien-garou ! Tu savais que les soirs de pleine lune, ils partent Ă  la recherche d’une famille d’accueil afin de dĂ©vorer leur nourrisson pendant la nuit ? C’est Ă©trange pourtant, il n’y a pas de bĂ©bĂ© ici… A moins que… ce chien-garou n’ait une très grosse faim ? rĂ©flĂ©chit Charlotte Ă  haute voix en jaugeant son ami.

— Hein ? fit Nathan, totalement ahuri, en reculant jusqu’au mur.

— Il est possible de lever le sortilège, mais il faut que j’appelle certaines personnes. Garde un Ĺ“il sur lui en attendant !

Garde un Ĺ“il sur lui ? A qui Ă©tait destinĂ© cette phrase, exactement ? A Nathan ou au chien-garou ? Impossible de le savoir. Dans le doute, l’humain et la crĂ©ature restèrent sagement dans leur coin, se toisant l’un l’autre Ă  distance respectable. Une dizaine minutes, une chaise grignotĂ©e et un pied de lit mâchouillĂ© plus tard, la sonnette de la porte d’entrĂ©e retentit enfin. Des voix s’élevèrent dans le salon. S’ensuivirent des cris de joie et une cavalcade dans les escaliers. Quatre jeunes femmes entrèrent dans la pièce et se pâmèrent d’admiration devant la boule de poils qui s’étirait tranquillement en baillant, dĂ©couvrant une dentition impressionnante.

— N’est-il pas trop mignon ? demanda Charlotte, les yeux pĂ©tillants de bonheur.

— Oh oui ! Tu as bien fait de nous prĂ©venir, jubila une autre.

— C’est même dommage d’annuler l’enchantement, je l’aurais bien gardé comme animal de compagnie, se plaignit la troisième.

— Allez, commençons !


Les sorcières se placèrent en cercle et entamèrent le rituel.










Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !











Schrödinger

@Ellumyne , à la place de ton personnage je commencerais à chercher un autre hébergement :grin:
Et j'aime beaucoup ce bout de phrase: vivait il n’y a encore pas si longtemps, une paisible vie de pantoufle. :joy:


Le 21/06/2021 à 22:34:00



JilanoAlhuin

Pas sûr que je veuille le même chien, il me ferait peur... Très sympa, bien que la fin va un peu vite (après fallait pas faire un roman, je me doute, mais peut-être un peu plus de détails ?


Le 21/06/2021 à 23:43:00

















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