L'Académie de Lu





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La folie


L’amour d’un père

(par Ellumyne)
(Thème : La folie)



Une nouvelle nuit hivernale touchait à sa fin en ce dimanche de décembre. Dehors, tout était calme. Les rares véhicules qui circulaient à cette heure matinale n’émettaient qu’un léger crissement lorsque leurs roues s’enfonçaient dans l’épaisse couche de neige. Une lumière s’alluma soudainement au premier étage d’une jolie maison à colombages. Une main écarta un rideau, puis un visage enfantin s’écrasa contre la vitre. Le bonheur pouvait se lire dans ses yeux noirs et brillants. La petite fille recula dans sa chambre avant de se retourner vers son père qui venait juste de la réveiller. Incapable de cacher son impatience, elle sautillait sur place en agitant ses bras en direction de la rue.

— Oui ma puce, on va sortir. Mais d’abord, viens manger !

Alice esquissa une moue, déçue de ce contre-temps, elle qui ne rêvait que de se plonger dans la poudreuse et de fabriquer un bonhomme de neige. Ils descendirent tous les deux à la cuisine et Oscar prépara un petit déjeuner à sa fille. Pancakes au sirop d’érable et un verre de jus d’orange. Il y mit tout son cœur, pensant la rendre heureuse. Mais malheureusement, ce fut loin d’être le cas, et la petite se mit à bouder sur sa chaise, en croisant les bras. Son père s’en inquiéta.

— Qu’est-ce qu’il y a ? Ça ne te plait pas ? Tu aimes ça d’habitude.

Il n’obtint en retour qu’un silence pesant. Mais avec les années, il avait appris à décrypter tout ce que sa fille n’était pas capable d’exprimer à voix haute. Il s’approcha d’elle, passa une main sur le haut de sa tête et lui parla d’une voix calme et pleine de douceur.

— Il faut que tu avales quelque chose, tu sais ? Pour que tu aies plein d’énergie tout à l’heure.

Mais c’était peine perdue. Alice refusait obstinément de manger quoi que ce soit et Oscar préféra ne pas s’en formaliser. La forcer ne servirait qu’à la braquer un peu plus, et il ne voulait pas gâcher cette magnifique journée. Après avoir débarrassé la table, il aida sa tête de mule de fille à s’habiller, puis il tenta de coiffer sa longue chevelure d’un noir de jais, qui, à son plus grand regret, ressemblaient plus à une crinière qu’autre chose. Mais cela ne le découragea pas, et, patiemment, il s’appliqua à réaliser deux tresses africaines, malgré l’impatience manifeste de la gamine.

— Voilà, tu es toute belle comme ça ! On peut y aller !

Après lui avoir enfilé ses petites bottes fourrées, ses gants et son bonnet bleu canard, il entoura son petit cou frêle d’une écharpe rouge et or. Le tout n’était peut-être pas des plus harmonieux, mais au moins, il ne risquerait pas de la perdre de vue, dans le parc.

Une fois sortis de chez eux, ils furent éblouis par la réverbération du soleil matinal sur le tapis d’un blanc cristallin. Les yeux écarquillés de joie, Alice sautillait dans la neige avant de se laisser tomber et de rouler sur elle-même, parsemant ses nattes d’une multitude de flocons. Son père l’observait avec amusement, puis il s’avança pour la relever.

— Viens, on va aller au parc. Il y en aura encore plus là-bas, tu vas voir.

Le sourire aux lèvres, Alice prit la main de son papa et ils marchèrent tranquillement dans la rue. Mais comme à son habitude, la petite ne voulait pas avancer et trébuchait régulièrement, laissant de longues traces dans la neige fraîche.

— Hé ! Arrête de trainer les pieds comme ça ! Je t’ai déjà dit que je n’allais pas te porter tout le temps. Tu es grande maintenant !

Cahin-caha, ils finirent par arriver à destination. Oscar avait finalement abdiqué et tenait sa fille dans ses bras. Il l’installa sur un banc et s’assit à ses côtés.

— Alors, tu veux jouer à quoi aujourd’hui ? Tu veux fabriquer un bonhomme de neige ?

Alice hocha la tête avec ardeur et elle entraina son père au milieu d’une large étendue d’herbe, là où ils avaient l’habitude de jouer au ballon en été. Oscar l’aida à rassembler un peu de neige pour former une boule, qu’ils poussèrent encore et encore pour qu’elle grossisse, tout en riant de bon cœur. Non loin d’eux, un couple se promenait avec leur caniche et ils s’approchèrent en les voyant.

— Oscar ! Tu devrais rentrer chez toi. Tu vas tomber malade avec ce temps.

— Rentrer ? Non ! J’ai le droit de sortir au parc avec ma fille.

— Oui, bien sûr… Mais…

La femme mit un coup de coude à son mari pour l’obliger à se taire et ce dernier toussa dans sa main pour masquer sa gêne. Profitant de l’inattention de ses propriétaires, le chien s’avança pour renifler le bonhomme de neige, avant de bifurquer vers Alice, la queue frétillante. Il posa sa truffe humide sur le ventre de la petite fille qui rayonnait de bonheur, avant d’ouvrir sa gueule en grand et d’attraper violemment son visage poupin. Oscar hurla de terreur, mais le caniche était déjà parti caracoler plus loin, en secouant sa victime dans tous les sens.

— Jacky ! Reviens ici !

Penaud, l’animal revint vers ses maîtres et lâcha le corps inanimé de la petite fille. Cette dernière présentait des traces de lacération sur tout le corps et avait un bras tordu, probablement cassé.

— Je… Je suis désolée. Jacky est assez joueur. Hum… J’espère que vous ne nous en voulez pas trop. Passez… Euh… Une bonne journée.

Le couple s’écarta puis s’éclipsa discrètement, laissant Oscar pleurer toutes les larmes de son corps. Prenant la poupée en tissu dans ses bras, il s’escrima à remettre la mousse à l’intérieur du torse avant de la bercer avec délicatesse.

— Papa va te soigner ma puce, ne t’inquiètes pas.














Awoken

Ton texte est chouette! J'aimerais savoir un truc, Oscar, c'est un enfant ou un adulte? Bravo!


Le 01/01/2023 à 21:16:00

















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