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Ellumyne![]() Spectacles![]() Les portails d'Ester
![]() ![]() 2° portail(par Ellumyne)Le portail me recracha sans ménagement dans un tourbillon de ténèbres. J'ouvris la bouche pour inhaler une goulée d'air frais, mais la refermai brutalement quand je sentis un liquide glacial se frayer un chemin dans ma gorge. De l'eau ! J'étais sous l'eau ! Incapable de respirer, les yeux écarquillés pour essayer de me repérer, je battis des bras et des jambes. Il faisait sombre, mais quelques rayons de lumière dansaient devant mes yeux. Le choc me faisait-il perdre la raison ? Ou bien était-ce la surface ? Reprenant courage, je me mis à nager dans cette direction, malgré mes membres ankylosés. A mon grand soulagement, ma tête se retrouva à l’air libre et j'observai les alentours, la respiration saccadée. Sur ma gauche, une cascade grondait le long d'une falaise escarpée. Les remous formaient un tapis d’écume blanchâtre tout autour de moi. Le bord n’était qu’à une dizaine de mètres de ma position et je me propulsai en avant, jusqu’à atteindre la terre ferme, où je m'écroulai sur l’herbe humide. Ce portail ne m'avait pas amenée là où je l'aurais voulu... J'allais devoir en trouver un autre. Un grognement sourd retentit derrière moi, et je me redressai d'un bond, soudainement sur mes gardes. A l'orée de la forêt, un animal au pelage gris-acier, de la taille d'un renard, me fixait de ses yeux jaunes. Son museau, long et pointu, possédait de longues vibrisses bleutées. Le poil hérissé, il baissa la tête en grondant à nouveau. Manifestement, ma présence ne l'enchantait guère. Je me relevai et m’éloignai le long un sentier rocheux qui serpentait jusqu'en haut de la falaise, tout en continuant à faire face à l'animal pour éviter qu’il ne me prenne en chasse. Je continuai mon escalade et, c'est le cœur battant la chamade et ruisselante de sueur, que j'arrivai en haut. Le chemin en terre battue longeait la rivière avant de bifurquer vers une petite cabane en bois. Je m'approchai et m'éclaircis la gorge avant de lancer un appel. — Hé ho ! Il y a quelqu'un ? Aucune réponse. Je fis le tour de l'habitation avec curiosité. Elle semblait bien entretenue et je souhaitais ardemment rencontrer son propriétaire. Peut-être en sauraitil plus sur le portail ? Un petit coup d'œil à travers la fenêtre ne pouvait pas faire de mal. Plaçant mes mains de part et d'autre de mes yeux, je plaquai mon nez contre la vitre dans l'espoir d'apercevoir quelque chose à l'intérieur, mais il faisait trop sombre. Néanmoins, j'entendais comme une espèce de vrombissement dont je n'arrivais pas à déterminer l'origine. Je m'apprêtais à abandonner quand soudainement, une petite boule de poils violette heurta avec fracas la vitre à l'endroit exact où se trouvait mon visage quelques secondes auparavant. La gueule béante, elle martela la cloison avec fureur, et c'est non sans effroi que j'aperçus une longue langue fourchue ondoyer entre une double rangée de petites dents pointues. La vision se troubla sous l'effet de l'important dépôt de bave de la bête, mais je pouvais toujours entendre ses cris survoltés. — Kriii ! Kriii ! — Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? murmurai-je en essayant de calmer les battements de mon cœur. — Kriii ! Kr… — La ferme Krirok ! Tu vois pas que je faisais une sieste ? tonna une voix excédée. Tu as encore bavé partout, tu es infernal. Allez, dehors ! Ouste ! — Hey ! Je… Euh Monsieur, attendez ! criais-je pour attirer l'attention du bonhomme. Je n'avais pas la moindre envie de rencontrer la créature de plus près. Trop tard. La porte d'entrée s'ouvrit à la volée et la boule de poils fonça sur moi, toutes dents dehors, à une vitesse stupéfiante compte tenu de la taille ridicule de ses ailes. Je reculai en hurlant, tout en essayant de me protéger avec mon bras, mais elle se faufila et termina sa course dans le creux de mon cou. Ma vie défila devant mes yeux et j'imaginais déjà le pire, quand une langue râpeuse me lécha la joue. — Kriii ! Kriii ! fit la bestiole en se lovant contre moi. — Ah, je vois que vous vous êtes fait un ami, marmonna le vieil homme. — Euh… Oui, on dirait, répondis-je bêtement. L'inconnu claudiqua jusqu'à un banc et s'assit en soupirant de douleur. Je m'empressai de le rejoindre, prête à le bombarder de questions. Mais il me devança. — N'est-ce pas là une belle journée ? me demanda-t-il d'une voix fatiguée. — Euh, si, probablement. En fait, je m'appelle Ester et je viens tout juste d'arriver… Par un portail dimensionnel. D'ailleurs… — Enfin les beaux jours… — Oui, oui, bien sûr, mais le portail, sous la cascade. Vous le connaissez sûrement, vous habitez juste à côté. — Le portail, oui, le portail, murmura-t-il, perdu dans ses pensées. — Oui ! Le portail ! Vous savez comment le réactiver ? J'ai besoin de le réutiliser, pour rentrer chez moi. Vous comprenez ? Tout en essayant de me dépêtrer avec la boule de poils volante qui me harcelait pour avoir des câlins, je fixais le vieil homme du regard, mais mon optimisme s’amenuisa au fur et à mesure de la conversation. Dans un dernier soubresaut de lucidité, il doucha ce qu'il me restait d'espoir. — Il ne s'ouvre qu'une fois l’an, le premier jour du printemps, lorsque le soleil est au zénith. — Qu… Quoi ? Non ! Il doit y avoir un moyen de le réouvrir ! gémis-je abattue. — Mmmh, fit l'homme, un sourire au coin des lèvres. — Il y a un moyen, c'est ça ? Dites-moi lequel ! S'il vous plaît ! Il planta ses yeux vert émeraude dans les miens et m'expliqua la marche à suivre. L'entité féérique qui gardait le portail accepterait peut-être de le réouvrir si je lui faisais une offrande. Elle raffolait des baies de Combaras, mais ces dernières ne se trouvaient que dans une clairière magique, à une demi-journée de marche d’ici, et qui était hors de sa portée. Il me dessina un plan et je m’apprêtais à débuter mon périple quand une clameur résonna dans mon dos. Au loin, je vis un jeune homme bien bâti courir dans notre direction. — Papy ! Papy ! C’est qui celle-là encore ? — Mmh. Personne, voyons… bougonna le vieil homme dans sa barbe. — Ça suffit maintenant ! Combien de fois faudra-t-il que je te répète de ne pas embarquer les voyageurs perdus du portail dans tes histoires loufoques ! Je sais que notre habitation est isolée et que tu as tendance à t’ennuyer, mais ce n’est pas une raison ! Qu’as-tu demandé cette fois ci ? Une peau de Brigososaur ? — J’ai froid la nuit… ronchonna l’aïeul. — Des baies de Combaras, expliquai-je d’une voix fluette. — Les tartes sont excell… maugréa l’ancien. — Ça va, il aurait pu vous demander une coupe de lait de licorne ! — C’est bon pour mes rhumatismes… — La pauvre fille de la dernière fois a fini embrochée ! J’en ai ma claque de creuser des tombes ! s’emporta le jeune homme. Le visage rouge de colère, il se retourna vers moi et m’invita à le suive. — Venez, je vais vous faire retraverser le portail. Oh, et faites attention au Krirok, une fois sa bave durcie, elle devient solide comme de la pierre. Papy est guérisseur et s’en sert pour faire des plâtres. Il attrapa la créature dans ses bras et m’emmena en haut de la cascade avant de me faire entrer dans la rivière. — Voilà , maintenant, sautez. — Pardon ? répliquai-je éberluée. De cette hauteur, je vais me tuer ! — Mais non, considérez ça comme un saut de la foi. Vous ne risquez rien, le portail s’ouvrira de lui-même. J’observai les remous quinze mètres plus bas d’un œil sceptique en me demandant s’il se moquait de moi. — Kriii ! pleurnicha le Krirok en se débattant. — Hé, reste-là , toi ! cria le jeune homme en le lâchant. La boule de poils me percuta de plein fouet, mettant un terme à mon hésitation. Je basculai dans le vide en faisant des moulinets ridicules avec les bras. La chute me parut interminable avant que je ne sois finalement aspirée par un vortex. Cette histoire fait partie d'un tout plus grand ! |