L'Académie de Lu





Pas encore inscrit ? /


Lien d'invitation discord : https://discord.gg/5GEqPrwCEY


Tous les thèmes
Rechercher dans le texte ou le titre
Expression exacte
Rechercher par auteur
Rechercher par type de défi
Tous les textes


PseudoMot de passe

Mot de passe perdu ?

Vie et mort d'Ester

Les portails d'Ester


3° portail

(par Silwek)
(Thème : Ester)



Elle se retourna vers le carton en l’observant d’un air suspicieux.

— Oui, du Bureau d’Orientation des Inspecteurs en Transport ÉtriquĂ©.

— Euh… hĂ©sita-t-elle.

Il lui serra vivement la main.

— Je m’appelle Bernard, je suis l’aiguilleur, j’espère que vous aimez le thĂ©, ma femme vient justement d’en faire.

— Euh… rĂ©pĂ©ta Esther.

Mais il ne l’écoutait déjà plus et descendait par la trappe.

— Suivez-moi, je vous en prie.

Esther retourna dans le carton, mais rien ne se produisit. Elle se résigna à suivre Bernard.


En bas de l’échelle se trouvait un petit salon où deux larges fauteuils faisaient face à une table basse. Bernard tira un troisième siège qui trainait dans un recoin et m’invita à m’asseoir.

— C’est l’inspecteur, chĂ©ri ? cria une vieille femme depuis une autre pièce.

Elle surgit, les bras chargés d’un plateau.

— Oh ! Vous ĂŞtes bien jeune. Ça fait du bien Ă  la BOITE un peu de sang neuf. Vous aimez le thĂ©, j’espère ?

Sans attendre de réponse, la vieille fourra une tasse de liquide fumant entre les mains d’Esther.

— En fait, je voudrais… commença Esther.

— Vous devez avoir faim aussi, goĂ»tez donc les gâteaux de mon mari, ils sont parfaits pour le thĂ©.

Elle posa une assiette de biscuits et la poussa devant Esther.

— Merci, je n’ai pas faim, s’excusa la jeune femme. Je…

— Allez-y, mangez-en un, vous m’en direz des nouvelles, insista la vieille.

Esther sourit poliment et saisit l’un des petits gâteaux. Elle croqua dans l’un d’eux, lutta comme la nausée qu’il provoqua, continua à mâcher l’immonde pâtisserie en mimant le plaisir. Elle déglutit enfin sa bouchée, une larme pointant dans le coin de ses yeux.

— Hum, c’est impressionnant, parvint-elle Ă  dire.

Elle but aussitôt une gorgée de thé qui lui brûla la langue, éliminant de ce fait l’ignoble saveur collée à son palais.

— Voulez-vous un peu de musique ? proposa la vieille. J’écouterais bien un disque, mon chĂ©ri.

— Voyons, madame est lĂ  pour le travail, s’exclama Bernard.

— Oui, oui. Tu as raison.

Elle contourna Esther et s’installa dans son fauteuil en touillant sa tasse de thé.


Pendant d’interminables minutes, on n’entendit que le bruit des cuillères et des aspirations de thé. Esther n’osa pas ouvrir la bouche de peur d’avoir à manger un autre biscuit. Quand Bernard toussota et se redressa dans son fauteuil, elle soupira intérieurement. Elle sourit et le vieux lui répondit par un autre sourire en sortant sa pipe. Il ouvrit sa blague à tabac, bourra sa pipe d’une grosse pincée d’herbes sèches et l’embrasa avec une allumette. Esther attendit, tapotant nerveusement sur sa tasse.

— C’est la première fois que vous venez ici ? questionna la vieille.

Esther sursauta.

— Euh, oui, bredouilla-t-elle. Justement, je voudrais savoir…

Mais, une fois de plus, Bernard l’interrompit.

— Vous avez raison, je vais vous mener immĂ©diatement. Nous avons assez bavardĂ©.

Bernard bondit sur ses pieds et s’étira le dos en soufflant une volute de fumée.


Comme il l’avait annoncé, Bernard invita Esther à le suivre jusqu’au garage où se trouvait une vieille voiture. Elle s’installa sur la banquette en cuir usé tandis qu’il s’échinait sur la manivelle. Après de nombreux tours, le moteur cracha d’épais nuages noirs jusqu’à ce que la voiture sautille joyeusement au rythme des explosions.

Esther était surprise de voir fonctionner ce qui avait plutôt sa place dans un musée, mais pas autant que le paysage qui défila sur leur chemin. Elle regardait de ses yeux écarquillés un spectacle tellement étrange, qu’il était impossible à décrire avec des mots. Elle essayait bien, mais le seul qui semblait convenir était « surprenant ».


— Les habitants de ce manoir sont arrivĂ©s la semaine dernière, annonça Bernard en descendant du vĂ©hicule. C’est en dĂ©posant leurs affaires dans la remise lĂ -bas que ça s’est produit.

Il poussa le lourd portail de fer rouillé, mais celui-ci résista. Il souffla bruyamment sous l’effort. Esther se hâta de l’aider et le battant émit un râle en pivotant, ainsi que Bernard.

— Merci, inspectrice, haleta-t-il.

Une fois à la remise en question, il sortit un jeu de clés et retira le cadenas qui en bloquait l’entrée.

— Le transport est lĂ -bas.

— Le transport ? demanda Esther.

— Oui, c’est ce coffre en bois, près du mur. Quand ils ont voulu l’ouvrir, il Ă©tait vide. Ils m’ont aussitĂ´t contactĂ©. Et j’ai fait de mĂŞme. Je sais ce que vous allez dire. J’ai vĂ©rifiĂ©. Il Ă©tait bien verrouillĂ© et contenait des vĂŞtements. J’ai ensuite dĂ©posĂ© une feuille en papier et elle a bien disparu.

— C’est un tĂ©lĂ©porteur ? s’exclama Esther. OĂą mène-t-il ?

Elle avait enfin un peu d’espoir. Pouvait-il la ramener chez elle ? Bernard la regardait, les sourcils si froncĂ©s qu’ils descendirent derrière le verre de ses lunettes.

— C’est pour ça que vous ĂŞtes lĂ . Vous ĂŞtes bien l’inspectrice envoyĂ©e par le BOITE pour dĂ©terminer la destination de ce transporteur inconnu ?

Esther hésita, se racla la gorge et mentit.

— Tout Ă  fait. Je dois dĂ©terminer oĂą va ce transport inconnu. Comment fonctionne-t-il ?

Il se figea d’étonnement, comme si elle avait posé la question la plus indiscrète du monde.

— Comme toutes les autres ?

— C’est la nouvelle procĂ©dure standard. On n’est jamais Ă  l’abri d’un changement, bluffa Esther du mieux qu’elle put.

Bernard acquiesça d’un signe de tête et Esther se détendit.

— Expliquez-moi donc plus en dĂ©tail, continua-t-elle.

Bernard ouvrit le couvercle du grand coffre en bois. Esther constata qu’il était effectivement vide.

— Vous entrez Ă  l’intĂ©rieur, commença-t-il.

Esther posa avec précaution ses deux pieds dans la malle.

— Comme ça ?

— Oui, enfin, vous allez devoir vous asseoir.

— Évidemment. (Elle s’exĂ©cuta.) Ensuite ?

— Et bien, euh, je ferme et vous ouvrez une fois de l’autre cĂ´tĂ©.

Il mima l’action en bougeant légèrement le couvercle dans un sens puis dans l’autre.

— C’est tout ?

Il hésita, regardant autour de lui avec inquiétude.

— Vous ĂŞtes sĂ»re que vous ĂŞtes bien inspectrice ? Vous devriez peut-ĂŞtre sortir, je ne voudrais pas que…

Esther saisit le couvercle et l’abattit sur sa tête, laissant ce pauvre Bernard muet de surprise et la plongeant à nouveau dans le noir.










Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !

























© 2021 • Conditions générales d'utilisationsMentions légalesHaut de page