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Silwek![]() Spectacles![]() Academy Universe - ancien lore
![]() ![]() Un trajet mouvementé(par Silwek)Je m’étirais longuement, faisant jouer mes griffes sur le matelas moelleux. — Maman ! J’ouvris enfin les yeux pour voir ma petite furie se jeter sur ma patte sans défense et la mordiller gaiement. Ses oreilles trop grandes pour elle frétillaient d’excitation, ce qui m’arracha un sourire malgré ses crocs minuscules comme des aiguilles qui piquaient douloureusement ma peau duveteuse. — T’es déjà en forme toi. J’attrapai délicatement son cou potelé dans ma gueule et donnai un léger coup de patte à son père qui ronflait encore pour le réveiller.
Après un petit déjeuner mouvementé, je pus enfin laisser ma petite au soin de mon compagnon pour penser à la suite de la journée. Une journée rien que pour moi. J’avais tout juste quitté mon rassurant foyer qu’une pointe d’angoisse accéléra les battements de mon cœur. La directrice de l’Académie avait organisé un événement spécial pour distinguer certaines personnes. Je n’en faisais pas partie, mais tous les élèves seraient présent. Tous ! Et ça en faisait du monde.
J’entrais dans la forêt si stressée que j’hésitais à faire demi-tour. Ma peau jusque là d’un rose soyeux se teintait de gris. — Non, non, non. Je ne peux pas y aller comme ça, m’inquiétais-je. Et puis je sens la bave jusque dans mes plis ! Je me contorsionnais pour observer des taches noires s’ajouter à mon duvet. J’étais prête à rentrer quand l’une d’elles, en forme de crâne, me rappela mon ami la Faucheuse avec ses deux grandes orbites sombres. Je pensais alors aux élèves avec qui j’aimais tant échanger et que j’avais toujours hâte de revoir. Les fesses posées sur l’humus frais de la forêt, je léchai ma patte avec nervosité. J’anticipais déjà ma déception si je manquais une telle occasion de les retrouver. — Même si je ne connais pas vraiment tout le monde, il en suffit de quelques-uns. Les taches se firent moins nettes à cette idée, mais ce n’était pas satisfaisant. Je devais me détendre.
Il était encore tôt, j’avais le temps de faire un détour vers la rivière qui traversait la forêt. Elle était vive et fraîche à cette période de l’année, mais je connaissais un endroit parfait s’y baigner. Je longeais le cours d’eau, sentant par moment l’odeur d’une loutre familière. Quand la rivière s’élargit suffisamment pour former un petit bassin plus calme, je plongeais. Une fois propre et revigorée, je lissais méthodiquement mes plis de ma langue râpeuse. Ma peau se para d’un joli bleu pastel agrémenté de rose pétillant et de vert printanier. C’était déjà bien mieux ! Je me sentais plus détendue et même excitée à l’idée de cette cérémonie.
J’admirais ma silhouette dans l’eau mouvante quand un boucan de tous les diables me fit sursauter. Entre les arbres, j’aperçus le ventre d’un hélicoptère, mais aussi des cris d’animaux. Je fixais la frondaison, incrédule. Mais que faisait-elle avec ces animaux ? Un barrissement tonitruant s’ajouta à la cacophonie ambiante, sauf que celui qui le produisait débarqua dans mon dos en faisant craquer branches et arbrisseaux. Effrayée, je bondis sur le côté, les quatre pattes raides comme des piquets, en lâchant un feulement. Le petit pachyderme semblait suivre l’engin, la trompe en l’air, puis s’arrêta en posant ses gros pieds plats dans la rivière. Surpris, il joua aussitôt à jeter de l’eau au-dessus de sa tête, oubliant l’hélicoptère qui s’éloignait déjà . — C’est un élève aussi ? On dirait qu’il est jeune, dis-je pour moi-même. Je ferais mieux de partir.
Mon pelage avait terni, mais au moins j’étais propre. Au bout de cinquante mètres, des pas lourds me suivaient. Cet animal va surement à la cérémonie, pensais-je. Mais je n’osai pas me retourner pour vérifier et pressai l’allure. Puis, à mi-chemin de l’Académie, je bondis à nouveau quand une jeune femme passa en trombe entre les arbres, suivis par une horde de militaires. L’éléphanteau s’était assis sur son énorme arrière-train pour les regarder traverser, alors que je peinai à garder mon calme.
Une fois hors de danger, je courus à toute vitesse vers l’Académie, pressée de quitter cette forêt bien moins apaisante qu’à l’ordinaire, suivie par le petit éléphant qui barrissait joyeusement derrière moi. Je me faufilais aussi vite que possible entre les branches pour le semer, mais lui se contentait de les aplatir pour rester à ma hauteur. Je surgis enfin hors de la forêt et les bâtiments n’étaient plus qu’à quelques pas. Je m’arrêtais si brusquement, qu’une patte énorme écrasa ma queue. Je sautais d’un bon mètre en hurlant de douleur. À bout de nerfs, j’en oubliais ma peur et crachais ma frustration à l’animal qui me regardait en faisant doucement balancer sa trompe. Le dos rond, les oreilles plaquées en arrière, je feulai de plus belle. J’étais rouge de colère. Littéralement. — Mais ça ne va pas de courir après les gens comme ça ?! Non, mais, Oh ! Va falloir que tu changes de comportement si tu veux venir à l’Académie ! Hé ? Tu réponds quand on te parle ? En plus tu es malpoli, ben bravo ! Et puis qu’est-ce que tu me veux à la fin ?
N’ayant rien de plus à dire, je jetais un œil alentour sans lâcher l’éléphant de l’autre. Tout le monde convergeait vers la cour, mais lui s’en fichait. Il me regardait en faisant battre ses oreilles trop grandes pour lui. Ma colère s’estompa comme le rouge de ma peau s’éclaircit. Je m’assis et rapprochai ma queue endolorie pour la lécher. — T’es juste un éléphant normal en fait ? lui demandais-je. Tu t’es perdu ? Aucune réponse, si ce n’était sa trompe venant me chatouiller avec curiosité. Je ne pouvais pas l’abandonner, mais je n’avais pas le temps de m’en occuper maintenant. — Bon, tu restes là , d’accord ? Je reviens bientôt et je t’aiderais à rejoindre ta famille. Je m’éloignais, il fit mine de me suivre jusqu’à ce qu’un papillon se pose à côté de lui, détournant son attention suffisamment longtemps pour que je retrouve les autres dans la cour.
Je me faufilai sans bruit en périphérie du rassemblement, m’imprégnant de l’ambiance bienveillante et fraternelle de l’Académie, souriant à la vue de mes amis, oubliant totalement mon angoisse initiale. Ma peau, elle, s’était recouverte de taches multicolores quand la directrice Lu’ s’avança enfin sur l’estrade dans un silence respectueux. C’était une folle journée et elle ne faisait que commencer. Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
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