L'Académie de Lu





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Academy Universe - ancien lore

Le Marchand de RĂŞves


(par Malkym)
(Thème : La remise des diplĂ´mes)



ette soirée allait être agitée.

J’arrivais à l’Académie par la grande allée menant au bâtiment. Elle était d’un désert impressionnant. Moi qui avais pris la peine de louer une belle voiture pour l’occasion, j’étais fort déçu de ne voir personne accueillir comme il se doit la véritable personnalité de ce soir. Mais je compris vite à quoi était due ce désintéressement complet de ma personne. Avec ou sans ma venue, l’agitation était dores-et-déjà totale. Je ne le voyais alors que de loin, mais il était clair que le monde se pressait déjà dans le bâtiment. Seule notre chère directrice semblait d’un calme olympien, perchée derrière la fenêtre de sa tour, regardant l’allée, son verre de lait à la main. Je crus qu’enfin quelqu’une avait reconnu ma présence en ce lieu. Mais il faut croire que je me fourvoyais car, quelques instants après que je n’eus passé le grand portail, elle quitta sa fenêtre.

C’était décevant, mais je suppose qu’une directrice avait mieux à faire de son temps lors d’une telle soirée. Je ne me serais pourtant contenté que d’un simple geste de la main, ou de l’esquisse d’un sourire, mais qu’importe. Je repris mon périple vers la clairière, de l’autre côté de l’Académie, frappé par le soleil de ce début d’après-midi. J’aurais certes pu la contourner et me rendre, sans détour par les couloirs, vers la plaine, mais j’avais quelques petites choses à préparer avant. J’aperçus l’arrivée d’Ar, au-dessus de l’Académie. Mais d’une Académie, il fallait avouer que le bâtiment avait plutôt l’allure d’un vaste manoir, dont je savais le plan tortueux, d’autant plus ce soir, LE soir. Je m’approchais dangereusement des portes. À mesure que j’avançais, un murmure se fit un peu plus entendre. Je m’arrêtais quelques instants devant les hauts battants de bois. Je me recoiffai, ajustai mes manchettes avant d’esquisser le geste. Les petits bruits semblaient se faire de plus en plus puissants à mesure que je ne posais ma main tremblante sur la poignée en forme de biscuit de la grande double porte. Finalement, je pris une grande inspiration en même temps qu’un air de fierté doublé d’un sourire, et ouvrit la gueule du monstre académique.


ette soirée allait être agitée.

Ă€ peine la porte fut-elle ouverte que j’eus l’irrĂ©pressible envie de m’arracher les tympans. Le grand hall rĂ©sonnait de mille-et-un bruits plus incongrus les uns que les autres. Tous se pressaient partout est nulle part Ă  travers les corridors. Pour l’occasion, l’entrĂ©e avait Ă©tĂ© dĂ©corĂ©e de nombreux… trucs. Enfin… elle Ă©tait encore en train d’être dĂ©corĂ©e quand j’entrai. Ce qui expliquait en partie le bruit : Shelly, une bonne amie qui avait tenu Ă  me rejoindre, Ă©tait en fait arrivĂ©e bien avant moi. Elle Ă©tait totalement surexcitĂ©e Ă  l’idĂ©e de cette fĂŞte. SĂ»rement qu’elle avait convaincu Lu’ de redĂ©corer l’intĂ©rieur, car elle se tenait perchĂ©e sur un escabeau, Ă  deux ou trois mètres du sol et tentait d’attacher une grande banderole Ă  l’aide de sa fidèle perceuse cacophonique. J’arrivais Ă  discerner REMISE DES DIPLĂ”MES DE L’ACADÉMIE entre les milliards d’arc-en-ciel et de petits autocollants qu’elle y avait appliquĂ©. Le poids de cette banderole amĂ©liorĂ©e expliquait certainement la difficultĂ© que Shelly Ă©prouvait Ă  l’accrocher.

Quand elle me vit passer les portes, mon amie me reconnut immédiatement et me fit d’amples gestes de bras… perceuse en main. Elle arracha dans son sillage quelques serpentins qu’elle avait suspendu au plafond. Ceux-ci vinrent s’agglutiner en quelques secondes autour de la main de Shelly qui, alourdie par cette masse de papier multicolore, pencha petit à petit sur le côté, sans même s’en rendre compte. J’accourrai pour rattraper in extremis la décoratrice du dimanche dans sa chute, esquivant de peu l’escabeau qui lui aussi avait été déséquilibré. Escabeau qui vint luimême s’abattre de plein fouet sur les petits fours joliment dressés sur une table, dédiée aux nouveaux arrivants. Table dont un des pieds fut par ailleurs éjecté en direction de la fenêtre qui, par miracle, se brisa en mille éclats de verre qui vinrent ajouter leur tintement au brouhaha ambiant. Si j’affirme que c’est un miracle, c’est parce que, compte tenu de l’angle de propulsion de ce pied de table, s’il n’avait pas brisé la vitre, il aurait fait éclater le grand lustre en mille éclats de cristal.

« MALKYYYYM !!! Hurla-t-elle Ă  mes oreilles endommagĂ©es. Regarde la pagaille que tu as mise ! Tu imagines ce que va dire la directrice, quand elle verra ça ?! Et puis pourquoi tu es si en retard ?!

— Il reste presque une heure avant la cĂ©rĂ©monie, Shelly ! ArrĂŞte donc de t’agiter comme…

— Comme… ?! Me coupa-t-elle, un regard furieux.

— Tu connais une certaine Pinky Pie ?

— … mais Ă©viDEMMENT ! »

Elle me beugla dessus avant de courir vers les écuries en chantant le générique de ce fameux dessin animé qu’elle appréciait tant. Je ne pouvais pas l’en blâmer, ce dessin animé était étonnamment bon. Je voulus l’arrêter quelques instants, lui faire remarquer la boule de serpentins à son poignet, mais elle semblait si heureuse que je préférai ne pas insister.

Je fus interpellĂ© par un raclement de gorge derrière moi. C’était Philippe, le vieux cuisinier de l’AcadĂ©mie. Il me montrait, d’un air agacĂ©, les dĂ©combres de la catastrophe qui venait de se produire. Des bris de verre dans toute la pièce, un escabeau allongĂ© en plein milieu de celle-ci, une table tripède aplatie sous son poids et enfin… aĂŻe… les petits fours prĂ©parĂ©s par Philippe. Je tentais de m’excuser :

« Désolé, Philippe. Je ne crains que vos petits fours n’aient été… endommagés durant la manipulation. C’est en partie ma faute, j’imagine.

— Je m’inquiète pas pour ça, jeune homme. Si ces petits fours restaient immangĂ©s, c’est qu’ils Ă©taient tout bonnement immangeables. Par contre, qui va nettoyer ce foutoir ? Interrogea le vieux.

— Eh bien… je suis presque certain d’être le dernier invitĂ© de ce soir ! Personne ne passera plus par le hall, pas vrai ? Tentais-je tout en m’éclipsant vers les le grand couloir.

— Ouais ouais… bah crois-moi que t’auras pas double portion de frites demain, Ă  la cantoche !

— Quoi ? C’est frites demain ? Dommage… continue-je en poursuivant ma fuite.

— Pardon ?

— Non mais… prends ta soirĂ©e, Philippe. »

Je me retournai en voyant le visage souriant d’un homme qui ne se fit pas prier pour prendre la porte de sortie, laissant le fardeau du chantier que nous venions de créer à d’autres. Le grand couloir, par lequel Shelly était visiblement déjà passée, était garni de casiers d’étudiants et de paillettes roses. Alors que je faisais mine de flâner, jetant des regards surpris aux divers autocollants appliqués absolument partout par ma comparse, j’interrompis ma marche quelques instants. Là, bloqué dans les portes de l’un des casiers de métal, mon ami Schrödinger, chat quantique de profession, était… Pour reprendre un vocabulaire connu d’un grand nombre, la bête semblait glitcher entre l’intérieur et l’extérieur du casier. Je lui proposai mon aide, mais à mon grand regret, je ne reçus que la moitié d’un message miaulé. L’autre moitié étant visiblement déjà décédée. Je fis mine de comprendre et affirmai être pressé avant de continuer ma route.

Je pus accĂ©der Ă  la fameuse bibliothèque de l’AcadĂ©mie, dans laquelle j’avais dĂ©posĂ© un prĂ©cieux ouvrage. Par miracle, peut-ĂŞtre, elle semblait avoir Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©e des… disons talents de mon amie. Je fus surpris de trouver sur le seuil de la porte les imposantes marques de griffes de l’un de mes camarades plus draconique que les autres, ruinant le parquet. Sans y prĂŞter plus attention que cela (ce n’était pas la première fois que cette bibliothèque subissait les affres des Ă©lèves), je me dirigeai d’un pas rĂ©solu vers la colonne B-14, oĂą je savais pouvoir trouver des livres prodiguant de prĂ©cieux conseils de vie. Je jugeais les bouquins quelques instants avant de dĂ©faillir. En lieu et place de mon prĂ©cieux livre se tenait un conte farfelu, plagiat pur et simple de la Belle et la BĂŞte… mais avec une loutre ! Non pas que cet ouvrage Ă©tait mauvais, mais je fus d’autant plus surpris de le retrouver aux cĂ´tĂ©s d’une recette de gougères bourguignonnes et d’un recueil de textes infernaux. Je regardai soudain inquiet les autres Ă©tagères. Bon sang ! Tous les livres avaient Ă©tĂ© mĂ©langĂ©s !


ette soirée allait être agitée.

Je fouillai entre chaque ouvrage, chaque recoin semblait pourtant plus désespérément vide de mon si cher livre. Pris de panique, je balançai quelques ouvrages à travers la pièce. L’un atterrit non loin d’un de mes camarades. Qui aurait cru que cette pièce abriterait encore quiconque moins d’une heure avant le début de la cérémonie. J’avoue ne pas connaître personnellement chacun des élèves de cette Académie, et justement, celui qui se tenait la tête, au-dessus de ses notes, ne m’était guère familier. J’hésitais à l’approcher. Il fallait bien dire que la plupart des personnes que l’on pouvait trouver ici étaient souvent animées de pulsions étranges. À la vue de son accoutrement de guerrier Viking, je m’attendais à une réaction aussi peu proportionnée que pouvaient être celles de mes camarades (voire les miennes, je l’avoue). Aussi, je ne pris pas la peine de déranger le combattant, semblant plongé dans ses écrits.

Cela n’arrangeait cependant pas mes affaires. Je me mis à désespérer quand un grand cri inonda mes oreilles. Je sortis à toute hâte de la bibliothèque à la recherche de la source du hurlement. Je trouvai Shelly, courant à travers le couloir, le front et la main marqués d’étranges marques rouges.

« C’est toi qui hurles comme ça ? L’interrogeai-je, inquiet.

— Noooooon… J’me suis pris un coup de sabot dans le front ! Me chouina-t-elle.

— Un coup de sabot ?

— Oui ! Ă€ cause du joli cheval rose rayéééééé !

— D’accord, explique-moi ça depuis le dĂ©but, tu veux ? La calmai-je.

— Eh bah le cheval, quand il a vu mes serpentins, il a voulu les manger. Et moi, je l’ai laissĂ© faire, parce que ça commençait Ă  me faire mal au bras. Et lĂ , il me croque la main ! Sauf qu’il se fait mal sur la perceuse en dessous des serpentins !

— Et vexĂ©, il t’a mis un coup de sabot dans le front.

— Ouiiiiii ! Pleura-t-elle entre deux reniflements.

— Ton amour des jolis poneys te perdra, Shelly ! Crois-moi ! »

Ce cri viscĂ©ral me sortit de la tĂŞte et nous pĂ©nĂ©trâmes de nouveau dans la bibliothèque oĂą je fis part Ă  mon amie de mon dĂ©sarroi. J’avais besoin de ce prĂ©cieux livre, et au plus vite !

« Celui que tu as Ă©crit toi-mĂŞme ?

— Oui ! RĂ©pondis-je en reprenant espoir. Tu sais oĂą il se trouve ?

— Ce matin, avant ton arrivĂ©e, je voulais le lire un peu, parce que je voulais savoir si on pouvait briser un contrat et…

— ET ? M’impatientai-je.

— Et on m’a dit qu’il avait Ă©tĂ© empruntĂ© par quelqu’un.

— QUI ? Criai-je, ce qui Ă©tait pourtant dĂ©fendu en ce lieu sacrĂ©.

— Cope…

— Évidemment ! Il fallait que ce soit le seul qui n’assiste pas Ă  la cĂ©rĂ©monie !

— Je suis dĂ©solĂ©e ! J’aurai dĂ» ĂŞtre plus rapide !

— Non… c’est pas de ta faute, tentais-je de me contenir.

— C’est dommage, j’adore les contes de fĂ©e, avoua-t-elle. »

Un silence relatif s’installa. Ma tĂŞte prise entre mes mains, je sortis un papier de ma poche. J’y avais soigneusement notĂ© Plan du soir de la cĂ©rĂ©monie : faire exploser la bombe. Bien que cela puisse paraĂ®tre ridicule, quand certains dans votre entourage quotidien sont assez puissants pour… voyager Ă  travers les univers, changer subitement d’apparence, se tĂ©lĂ©porter, voire ĂŞtre tout bonnement un trou noir, il n’est pas si ridicule de croire que l’un d’eux puisse vous rendre amnĂ©sique. Cette petite note Ă©tait donc une sorte d’assurance. Je l’avais Ă©crit pour

« LES CONTES DE FÉES ?! RĂ©alisai-je.

— Bah oui, avec Rhum pelle style quine, lĂ  !

— Bon sang ! Ce que je peux avoir envie de t’étrangler parfois !

— Ah non… pas encore. Pas ici. Tu sais Ă  quel point ça m’avait fait mal, la dernière fois !

— ArrĂŞte les sous-entendus salaces, je n’arrive plus Ă  rĂ©flĂ©chir ! »

Mon livre n’était plus lĂ . C’était un fait. Il avait Ă©tĂ© pris, ou en tout cas, dĂ©placĂ©. Mais qui pourrait s’intĂ©resser Ă  une telle croĂ»te ? Je l’avais spĂ©cialement Ă©crit comme un manche afin que personne ne soit tentĂ© par sa lecture ! Puis quelque chose me mit perplexe. Certains des centaines de livres de la Bibliothèque Ă©taient couverts de quelques paillettes roses. Je fis part de mon questionnement Ă  Shelly :

« Alors… tu t’intĂ©resses Ă  l’œuvre Philosophique de Nietzsche ? Au moyen de pĂ©cho un ami de façon tout-Ă -fait discrète ? Et Ă  la mĂ©thode la plus simple possible d’invoquer un dĂ©mon ?

— De quoi tu parles ? Fit-elle Ă©tonnĂ©e.

— Tu as bien Ă©parpillĂ© tes paillettes partout dans l’AcadĂ©mie, non ?

— J’aurai bien aimĂ©, mais je ne les ai jamais reçues. J’en avais pourtant commandĂ© un plein camion !

— Très intĂ©ressant. Suis-moi, on va se la jouer Sherlock Holmes.

— Chère loque qui ?

— Juste… suis-moi. »


ette soirée allait être agitée.

Les paillettes roses. Je n’avais absolument aucune idĂ©e de pourquoi, mais une magnifique traĂ®nĂ© de cette poudre scintillante se frayait un chemin Ă  travers les couloirs. Je fus d’autant plus surpris lorsque je vis la piste rosĂ©e s’étendre jusque dans la forĂŞt. Tentant de ne pas prĂŞter attention aux cris perçants d’une plume, au-dessus de ma tĂŞte, je pĂ©nĂ©trai dans le bois. Un barrissement me vint aux oreilles. Des bruits de sabots. Bon sang, mais combien de personnes se baladaient dans cette forĂŞt Ă  ce moment-lĂ  ? Mais ma piste me menait enfin à… eh bien à… Ă  un bien Ă©trange campement. Une troupe de militaires… tous vĂŞtus de combinaisons tactiques roses et scintillantes, paraissait se la couler douce au fin fond de la forĂŞt. Ils semblaient particulièrement gĂŞnĂ©s par ce millier de paillettes courant sur leurs uniformes. Alors que nous nous cachions derrière un buisson, Ă©piant le camp de soldats, Shelly s’avança subitement vers le camp.

« Mais ! C’est mes paillettes dans votre camion, lĂ  ! Qu’est-ce que vous foutez avec mes jolies paillettes ?! »

Le camion… Oui ça faisait sens. Afin de s’infiltrer dans l’enceinte de l’AcadĂ©mie, ces militaires s’étaient certainement dissimulĂ©s dans les paillettes, après avoir assommĂ© le livreur, qui gisait non loin d’une tente ! Bref, les soldats ne semblèrent pas comprendre les dires de la jeune femme. Pour toute rĂ©ponse, ils se regardèrent entre eux avant de braquer leurs armes d’assaut vers elle. La voilĂ  encore dans de beaux draps ! Je rĂ©flĂ©chis quelques instants. Ă€ dire tout-Ă -fait vrai, je n’avais aucune raison d’intervenir pour sauver mon amie. Après tout, il me suffisait de la réécrire.

Mais en y regardant de plus près… L’un de ces soldats discos avait mon prĂ©cieux livre entre les mains. Après une rĂ©flexion aussi intense qu’elle ne fut courte, je repris le sourire que j’avais largement perdu depuis mon entrĂ©e dans l’AcadĂ©mie et sortis de mon buisson. J’avais certes compris qu’il m’était impossible de faire comprendre Ă  ces brutes mes paroles fleuries, mais, comme me l’avait appris une fameuse collègue des abysses ocĂ©aniques, don’t underestimate the importance of body langage ! Je m’approchai ainsi de mon Shelly. Et entre deux mouvements de bras Ă  la Stan dans Monkey Island (lĂ© vrĂ© on la rĂ©f), je dis Ă  Shelly de courir Ă  la bibliothèque. Ă€ mon grand soulagement, les brutes roses, aspirĂ©es par mes mouvements Ă©tranges et mon timbre de voix si particulier, n’ont mĂŞme pas semblĂ© s’apercevoir de sa disparition. C’est ça, l’éloquence !

Je ne sais pas exactement par quels moyens, certainement pas mal de points d’aptitude dans le marchandage, mais je finis par les convaincre d’apposer leurs signatures sur quelques mots griffonnés sur deux morceaux de P.Q qu’ils me fournirent. Ce n’était pas très glam, mais je n’avais rien de plus qualitatif sous la main. Alors que le dernier soldat notait son nom sur les triples épaisseurs, je leur tirai le P.Q et plongeai sur mon bouquin. Ils eurent à peine le temps de se retourner que Shelly venait de se matérialiser sous leurs yeux dans une lueur dorée, en lieu et place où se tenait votre serviteur, il n’y avait pas une seconde. Pour ma part, je m’étais retrouvé au milieu du capharnaüm que ma recherche avait laissé dans la Bibliothèque. Mon livre serré contre ma poitrine, je me rendais à peine compte de l’exploit que je venais d’accomplir. Faire signer dans une langue étrangère, à des soldats d’élite, sur du P.Q, l’échange immédiat entre moi et Shelly, à moitié dénudée.

…

Oui, j’aurais bien aimĂ© ne pas faire en sorte qu’elle n’arrive Ă  moitiĂ© dĂ©nudĂ©e. Mais les types avaient l’air si motivĂ©s… Ils Ă©taient venus jusqu’ici, s’était fait suer pour rĂ©cupĂ©rer mon livre, et le tout recouverts de paillettes roses, qui devaient en plus s’infiltrer dans les plis, les canons de leurs fusils… Tout ça pour en plus dĂ©cevoir leur commanditaire par ma faute ? Vous imaginez-vous le cauchemar de ces braves soldats ? Non ! Je sais rĂ©compenser un travail bien fait. Surtout quand on parle d’agents spĂ©ciaux des services secrets. Du coup, je leur ai donnĂ© Shelly. Et puis, entre nous, je suis sĂ»r qu’elle apprĂ©ciera ce geste de ma part, elle qui aime tant ce genre de… fĂŞtes. Et puis, ce n’est mĂŞme pas une vraie personne ! Et puis… et puis merde ! Je suis un mĂ©chant ou pas ?! Je ne vais pas me justifier de chacune de mes actions moralement discutables ! Bref…

J’entendais des bruits de pas craquettant Ă  travers les allĂ©es de la Bibliothèque depuis quelques instants. Or, je me trouvais en plein milieu d’un tas de bouquins plus farfelus les uns que les autres, et plus ou moins tous couverts de paillettes scintillantes. Dans cette Ă©trange situation, je fis mon possible pour prendre l’air le plus naturel possible. Je m’assis au sol, jambes croisĂ©es et fit mine de lire mon infâme ouvrage. L’air grognon semblait convenir Ă  la scène. Aussi, quand notre chère directrice, biscuit qu’elle est, vint vers moi, je lui dĂ©cochai un « J’ai pas le temps » qui interrompait toute forme de conversation. AgacĂ©e par cette cinglante rĂ©plique, elle m’arracha le livre des mains. Je priai pour qu’elle n’en lise que le titre, mais alors qu’elle posait son regard sur les pages, je m’emparai du nouveau de l’ouvrage en grommelant. Ses yeux framboisĂ©s se tournèrent vers un carrĂ© de papier, près de moi. Quel idiot j’avais Ă©tĂ© ! La note ! J’avais oubliĂ© la note en la sortant de ma veste ! Furieuse, la directrice me sermonna :

« Malkym, cria-t-elle me faisant relevĂ© la tĂŞte de ma lecture. Tu me dĂ©samorces cette bombe tout de suite. Je ne veux pas entendre la moindre petite explosion durant ma cĂ©rĂ©monie, ni ici, ni dans l’aile du Tropeur, ni nulle part. Sinon je te retrouverai et te ferai subir bien plus que la mort. Le supplice du biscuit. Tu m’entends ? »

Mon sang ne fit qu’un tour, je ravalai ma salive. Je sentis mon visage pâlir Ă  l’entente de cette menace. Le supplice du biscuit Ă©tait certainement la pire de toutes les punitions qui pouvait ĂŞtre infligĂ© Ă  quiconque en ces lieux ! MĂŞme les plus puissants de mes camarades ne pouvait rien face Ă  ce cruel châtiment ! Si immoral ! Si… sans pitié… MĂŞme moi, je n’oserais l’utiliser ! J’embarquai mon prĂ©cieux bouquin, pris au passage cette note traĂ®tresse et m’en allai de la Bibliothèque. Mon travail, malgrĂ© tout cela, n’était pas encore terminĂ©.


ette soirée allait être agitée.

Par mon erreur, Lu’ Ă©tait dĂ©sormais au courant de mes intentions, mais tout n’était pas perdu. Seul mon temps l’avait Ă©tĂ©, mais il me restait encore une demie-heure avant la cĂ©rĂ©monie. Je n’étais pas tout-Ă -fait sĂ»r que cette durĂ©e convienne, cependant… je n’avais plus le choix. Trop de travail investi pour abandonnĂ© maintenant… Non. J’avais dĂ©jĂ  dĂ©jouĂ© un obstacle. Mais il ne fallait pas oublier le plus important : lors de la cĂ©rĂ©monie, plus personne ne devrait se trouver dans le bâtiment. Question d’éthique morale. Il n’avait pas Ă©tĂ© Ă©vident de deviner qui pouvait bien rester cloĂ®trĂ© dans l’AcadĂ©mie alors que la fĂŞte se dĂ©roulait dans la clairière, mais après quelques suppositions plus ou moins adroites, je pouvais supposer que 2kBoy resterai certainement dans les dortoirs. C’était bien son style, après tout. Je ne me souvenais plus du numĂ©ro de sa chambre, cependant.

Dans les couloirs, je fus inquiet en voyant Schrödinger, toujours coincĂ© dans son casier. Si ce maudit chat restait bloquĂ© plus longtemps, il nuirait grandement Ă  mes plans ! Encore un problème supplĂ©mentaire. Je songeai rapidement. Techniquement… c’est un chat, dĂ©jĂ  Ă  moitiĂ© mort. Faire sortir 2kBoy de sa case me semblait ĂŞtre une plus importante prioritĂ©. Aussi, je montai les escaliers sans me soucier plus longtemps du fĂ©lin. Les marches Ă©taient abĂ®mĂ©es de grandes marques et parsemĂ©es de miettes. Il faut croire que Sourne et Lu’ Ă©taient passĂ©s par ici. Et en effet, j’entendais dĂ©jĂ  les exclamations de notre chère directrice. Quand je passai dans le couloir supĂ©rieur, la bĂŞte Ă©cailleuse Ă©tait allongĂ©e dans sa tanière de chambre et Lu’ Ă©tait dĂ©jĂ  de l’autre cĂ´tĂ© du long corridor. Je fus Ă©tonnĂ© de voir de la fumĂ©e s’échapper de la chambre de Sourne.

En passant devant sa porte, je fus balayé d’un grand souffle qui me projeta contre la porte d’en face. Cette dernière s’ouvrit brusquement sous le choc. Je n’eus que quelques instants pour échapper à un funeste sort. La poignée de la porte me retint miraculeusement de l’aspiration du trou noir trônant dans cette salle. Les traces sanguines dans la pièce n’étaient pas pour me rassurer. Je fis tout mon possible pour tirer sur mes bras. J’arrivai finalement à m’extraire de l’emprise de mon camarade destructeur pour me retrouver de nouveau dans le couloir. Une élève sortit de la chambre du dragon, tira l’extincteur du mur, et s’en retourna dans le brasier. Je fus étonné de n’entendre aucune sirène s’enclencher, que ce ne soit pour le feu ou pour l’extincteur. Décidément, cet établissement n’était vraiment pas aux normes.

C’étaient leurs affaires. Si bien que je ne m’en préoccupai pas plus. Et puis, je ne voyais pas vraiment comment aider ce dragon têtu. Tout ce qui comptait, c’était de m’assurer de l’extraction de 2kBoy. Après avoir ouvert quelques portes, interrompant au passage la… la détente d’un élève sur son ordinateur, je trouvais enfin la chambre du jeune homme. Casque sur les oreilles, il semblait être en train de composer, avec un mauvais goût notoire, un morceau de musique. Il paraissait assez absorbé par son travail. Si bien qu’il ne m’entendît pas entrer dans la pièce.

2kBoy n’était pas là depuis très longtemps. À dire vrai, il me semblait que c’était là son premier jour à l’Académie. Lu’ me ferait subir un double supplice du biscuit si le moindre mal lui était fait. Enfin… le moindre mal. Il suffisait qu’il ne meure pas, après tout. J’examinai la pièce, tentant d’y déceler le moyen de la lui faire quitter. Sa chambre disposait d’une impressionnante fenêtre, particulièrement grande. On aurait pu dire une baie vitrée, à ce niveau-là. J’admirais la vue à travers. Elle donnait un panorama magnifique sur l’arrière de l’Académie, la clairière et les bois alentours. C’était très beau et, en y réfléchissant… très pratique. Je ne revenais pas de ce que j’allais faire. J’entrouvris la fenêtre vers l’extérieur et quittai finalement la pièce, sans même adresser quelconque politesse à mon nouveau camarade.

Je redescendis les escaliers, imaginant un léger slow-motion additionné à mes actions. Mes tâches étaient désormais terminées. Il ne me suffisait désormais plus de me rendre dans la clairière. Il aurait été dommage d’arriver en retard à une cérémonie d’une telle importance, après tout.


ette soirée allait être agitée.

En sortant du bâtiment, je fus satisfait du paysage s’étendant devant moi. Le Soleil, commençant déjà sa lente descente vers la clairière, me guidait de ses rayons passant au travers du feuillage que revêtait ce soir la forêt. L’allée de sable était parfaitement claire et traçait un superbe chemin vers la grande plaine, de l’autre côté du bois. Je pris une marche quasi-mécanique. Ma mission était sur le point de s’accomplir. Durant ce trajet, teinté d’une poésie enchanteresse dans ce cadre idyllique, je pris soin de me recoiffer… c’était le soir… de nettoyer mes lunettes rosées… c’était ce soir... d’ajuster mes manchettes… c’était mon soir… et de retrouver mon précieux sourire.

Je me retrouvais enfin Ă  l’orĂ©e de la clairière. Elle s’était colorĂ©e d’un vert oranger, comme pour m’inviter personnellement Ă  venir m’asseoir parmi mes camarades. En approchant de la multitude de sièges disposĂ©s devant une grande scène de bois, je sortis mon prĂ©cieux ouvrage de ma veste. Je cherchai une place tout en examinant l’assemblĂ©e. Il y avait lĂ  pas mal de monde. Un chat multicolore, un chat quantique sur les genoux d’une fille-chat (Trop de chats Ă  mon goĂ»t). Je reconnus mon amie loutre qui tirait une mine de tous les diables (Ă€ sa tĂŞte, je jurerai qu’elle gardait alors un goĂ»t amer en bouche… Chacun fait bien ce qu’il souhaite de ses soirĂ©es, ma foi. Shelly ne la blâmerait pas, en tout cas). Une plume Ă©tait Ă©galement disposĂ©e sur une chaise. Je reconnus bien lĂ  Eskiss (Il faillit se faire Ă©craser par plus d’un fessier rebondi ce soir-lĂ . Et je mettrai ma main au feu qu’il n’aurait pas trouvĂ© cela dĂ©sagrĂ©able). Je voyais Ă©galement le Viking de tout-Ă -l’heure. Il semblait moins perdu que dans la Bibliothèque (En mĂŞme temps… que pouvait bien faire un fier guerrier dans une bibliothèque ?). Ar, ce cher hĂ©licoptère, n’était Ă©trangement pas prĂ©sent, ce soir. C’était bien dommage et je me demandais bien ce qui avait pu l’empĂŞcher de venir, lui que j’avais vu passer il n’y a pas deux heures. Il y avait somme toute encore bien des Ă©lèves dans ces rangs, mais… je n’y reconnus pas 2kBoy. Un petit stress me vint. Je le rĂ©primais aussitĂ´t. Après tout, j’avais dĂ©jĂ  ouvert sa fenĂŞtre, ce qui serait certainement suffisant.

Je m’installai entre Zandra, qui Ă©tait venue accompagnĂ©e de Schrödinger (ce qui me soulageait au passage), et mon loyal Ă©cuyer Vic. Si je ne me trompais pas, il allait ce soir ĂŞtre rĂ©compensĂ© pour ses capacitĂ©s informatiques qui avait fait leurs preuves rĂ©cemment. J’étais fier de mon Ă©cuyer. Je ne lui disais pas. Ce n’est pas le genre de chose que l’on dit Ă  ses sous-fifres lorsque l’on est le mĂ©chant de l’histoire. Lorsque je m’assis Ă  ses cĂ´tĂ©s, il me salua :

« Bonsoir, seigneur !

— ArrĂŞte de m’appeler seigneur, soupirai-je.

— Oh, excusez-moi, maĂ®tre. Dites-moi, que lisez-vous ?

— Une sombre daube, rĂ©pondis-je tout bonnement. »

Il parut fort étonné de cette réponse, qui sembla lui clouer le bec. Il se redressa et expira lentement, certainement pour fuir son stress. Enfin, notre chère directrice monta sur scène, grimpa sur l’escabeau, ajusta le micro de son pupitre et prit une inspiration. Nous retînmes toutes et tous notre souffle. La cérémonie allait enfin pouvoir débuter.

« Bienvenue à tous pour notre remise de diplômes. Cela fait maintenant un peu plus de trois mois que notre Académie a ouvert. Trois mois pendant lesquels vous n’avez cessé de participer à mes défis. »

Une fois de plus, elle radotait. C’étaient certainement lĂ  les premiers signes de la… Non, si elle lit ça, je suis bon pour un triple supplice du biscuit. Elle reprit :

« Je sais, je me rĂ©pète. Je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps. Le but, aujourd’hui, est de remercier plusieurs d’entre vous. Des Ă©lèves qui se sont particulièrement investis dans la vie de l’école, des Ă©lèves qui veulent toujours plus aider Ă  la faire vivre. Des Ă©lèves sur qui je sais pouvoir m’appuyer pour continuer Ă  vous organiser toujours plus de dĂ©fis, toujours plus d’évĂ©nements. Je vous demande donc, dans un tonnerre d’applaudissements, d’accueillir ma nouvelle Directrice adjointe : Louloutre ! »

Ma bonne amie loutri-forme s’avança sur la scène, braquant son sourire sur la foule qui l’applaudit poliment. La directrice expliqua :

« Elle veillera à ce que les règles soient respectées, mais m’aidera aussi certainement sur l’organisation de certains événements un peu plus conséquents à organiser, dit-elle en remettant un diplôme à l’animal. Oh, et c’est elle aussi qui se chargera de créer tous les diplômes, ceux que je remets aujourd’hui, mais aussi les suivants. »

Louloutre partit se placer sur le côté de la scène.

« Il nous a fait un montage de toute beautĂ©, n’a pas faibli face Ă  la charge de travail que ça reprĂ©sentait, je vous demande d’applaudir Vic, notre nouveau Responsable technique ! »

Mon cher écuyer monta sur scène, motivé comme jamais et les jambes tremblantes. Je suis certain qu’à ce moment-là, ma fierté, il put la voir sur mon visage lorsque je l’applaudis, au milieu de la foule. Il prit son petit diplôme et rejoignit la loutre.

« Vous ne le savez pas encore, mais il travaille Ă  l’enregistrement de nos Ĺ“uvres sur un site dĂ©diĂ©, applaudissez donc notre Faucheuse et dĂ©sormais Responsable de la bibliothèque ! »

En vérité, j’étais déjà au courant. Mais j’applaudis tout-de-même la créature squelettique à l’accent si formidable qui prit son diplôme avant de se placer près de Vic.

« Une nomination pour un poste Ă  venir, il sera en charge de l’organisation d’évĂ©nements moins gros que le spectacle de vendredi, mais qui, je l’espère, vous verront nombreux quand mĂŞme, j’ai nommĂ© Eskiss, notre nouveau Responsable Ă©vĂ©nements ! »

Ça, je devais bien avouer ne pas en avoir eu vent. J’applaudis la petite plume qui sautilla gaiement jusque sur la scène et prit son diplôme, un diplôme adapté à la taille de son détenteur. Il rejoignit ensuite le pied de la Faucheuse.

« Enfin, elle est toujours lĂ  pour aider les nouveaux (et moins nouveaux) Ă©lèves, voici donc la reconnaissance qu’elle mĂ©rite, Elinor, votre DĂ©lĂ©guĂ©e des Ă©lèves ! »

Après le maĂ®tre, c’est l’élève qui se pointait sur scène. C’était une bonne dĂ©lĂ©guĂ©e, pour sĂ»r. Si bien qu’elle eĂ»t dĂ©jĂ  dĂ©noncĂ© l’un de mes plans (moins ambitieux que celui-ci de ce soir, mais tout-de-mĂŞme) Ă  notre chère directrice. Elle monta sur scène, s’empara du prĂ©cieux document et se plaça près de son si cher maĂ®tre, prenant soin de ne pas marcher sur Eskiss. Enfin, notre chère biscuit de directrice conclut :

« Je voudrais un tonnerre d’applaudissements pour l’équipe pĂ©dagogique de l’AcadĂ©mie ! D’autres viendront peut-ĂŞtre rejoindre nos rangs dans les semaines Ă  venir, n’hĂ©sitez pas Ă  profiter de leurs compĂ©tences dans le cadre des dĂ©fis et des Ă©vĂ©nements affĂ©rents. Merci Ă  tous de m’avoir lue jusqu’ici, et je vous souhaite bon courage pour le dĂ©fi et une bonne semaine ! »

Sur ces belles paroles, elle se retourna, cachant son joli visage framboisé, et descendit de son escabeau avant de rejoindre sa nouvelle équipe pour le salut final. Celui qui viendrait mettre fin à cette cérémonie. Mais alors que tous les joyeux lurons plantés sur la scène allaient nous tirer leurs révérences, la troupe de soldats roses encerclèrent la plaine. Ils braquèrent leurs armes vers la foule et l’un d’eux, vraisemblablement plus gradés que ses petits camarades, s’avança sur le petit chemin de sable pour se diriger vers moi. Décidément, il n’y avait pas à dire…


ette soirée allait être agitée.

Ă€ l’approche du capitaine disco rose, je me levais et ouvris mon livre, dĂ©voilant un bouton rouge, particulièrement lourd de sens. Il recula d’un pas face Ă  cette simple action. La foule tout autour se demandèrent circonspecte ce que tout cela signifiait. Zandra, que l’on Ă©tait habituer Ă  dĂ©signĂ© comme la cause de pas mal de problème, s’écria :

« C’est pas ma faute ! »

Je ne rĂ©pondis pas, mais j’étais bien disposĂ© Ă  la croire, cette fois. Tous mes camarades sortirent leurs armes, prĂ©parèrent leurs sortilèges ou se roulèrent en boule sous leurs chaises. Mon livre toujours ouvert devant le capitaine, qui se tenait Ă  trois ou quatre mètres de moi, je m’adressai Ă  la personne semblant avoir le plus de puissance en ces lieux :

« Faucheuse ! Je suis conscient d’avoir Ă©ventuellement merdĂ©, ce soir. Mais je vais devoir te demander un prĂ©cieux service.

— Parce que tout ça c’est de ta faute ?! Hurla Lu’. C’est par ta faute que moi soirĂ©e est fichue ?!

— Oui. Mais ne vous inquiĂ©tez pas… il va juste falloir sauver quelqu’un.

— Et qui donc ? Interrogea la Faucheuse, plus habituĂ©e Ă  prendre des vies qu’à en sauver.

— Dans peu de temps, tu vas peut-ĂŞtre devoir rattraper quelqu’un au vol. »

L’assemblĂ©e entière poussa des cris d’étonnement gĂ©nĂ©rale. Louloutre prit la parole, d’une voix sublime :

« Rattraper quelqu’un au vol ?! Tu es sĂ»r que tu n’es pas allĂ© un peu trop loin, cette fois-ci ?

— Complètement. Mais j’ai plus trop le temps de corriger toutes mes erreurs, maintenant.

— Attends, fit notre chère directrice. Ne me dis pas que tu ne m’as pas Ă©coutĂ© ?! »

Sans plus de rĂ©ponses, je me mis Ă  courir, mon livre collĂ© Ă  la poitrine contournant habilement le capitaine qui se lança Ă  mes trousses. Je me dirigeai vers le bâtiment Ă  toute hâte, entendant mes amis retenant quelques autres soldats Ă  grand renfort de lames, de feu et de glace. En y rĂ©flĂ©chissant, il fallait avouer que notre AcadĂ©mie comportait un sacrĂ© lot de guerriers expĂ©rimentĂ©s, Ă©tranges pour une simple Ă©cole d’écriture. Je courais Ă  toute hâte sur l’allĂ©e de sable, talonnĂ© de soldats lourdement armĂ©s. Il n’était plus question de faire demi-tour. L’un d’eux, moins idiot que les autres, tenta de me tirer dessus. Il ne sortit de son canon que quelques paillettes, tandis que son arme lui pĂ©ta au visage dans un joli nuage rose et scintillant. J’avais au moins confirmation que leurs armes Ă©taient obsolètes ! C’était un bel avantage. Merci Shelly.

Je pénétrai enfin dans le bâtiment, passant par le grand couloir garni de casiers et d’autocollants. Sous les escaliers du grand hall, dévasté par ma faute, j’empruntai ceux menant au sous-sol alors que les militaires gagnaient du terrain. Je courus à travers quelques archives perdues de l’Académie, infinie montagne de textes inachevés, abandonnés par leurs créateurs. Pour gagner un peu de temps, je fis tomber une ou deux piles de papier qui s’effondrèrent sur mes poursuivants.

Cette Ă©puisante courte poursuite m’avait finalement conduit jusqu’à ma destination. Les chaudières de l’AcadĂ©mie. ClichĂ© ? Peut-ĂŞtre, mais diablement classe. EntourĂ©s de vapeur, de tuyaux bouillants, dos au mur et surtout, cernĂ©s d’explosifs. Je tenais mon livre ouvert, devant les militaires, le doigt sur le bouton et un sourire essoufflĂ© au visage. Le capitaine Ă´ta son casque intĂ©gral et s’adressa Ă  moi avec un accent Ă©trange :

« Vous cernĂ© et piĂ©gĂ© ! Donnez livre !

— Vous savez, messieurs, dis-je en esquivant son ordre, je ne fais jamais les choses Ă  moitiĂ©. Et quoi que je puisse faire, je le ferai parfaitement.

— Le livre ! S’impatienta-t-il.

— Ce bâtiment est chauffĂ© au gaz, vous savez ? Fis-je faisant durer cette insoutenable tension.

— LE LIVRE ! Hurla-t-il (Je crois bien qu’il ne comprenait pas la moindre de mes paroles.) »

Je n’avais plus beaucoup de chance de m’en sortir. Je faisais languir ces gars, tant et si bien que le capitaine, dans un dernier geste, se mît en tête de me charger. Tout se passa alors très vite. Le bouton pressé. Le livre jeté derrière le capitaine, qui prit une mine surprise, typique du « Je viens de faire une bourde ». Le déchirement du P.Q. signé. Et, bien sûr, l’explosion. Sa chaleur… le souffle brûlant qui vint caresser quelques instants mon visage. Avant que…

…

Une lumière douce vint Ă  mes yeux. Je les sentais pourtant fermĂ©s. Était-ce donc lĂ  ma fin ? Dans un sens, mes actions avaient Ă©tĂ© particulièrement stylĂ©es, pour un mĂ©chant. J’avais accompli ma mission. J’avais accompli mon objectif. J’étais dĂ©sormais moi-mĂŞme accompli… Cette pensĂ©e me fit un bien fou. Je me demandais ce que penseraient mes anciens camarades de toute cette soirĂ©e, quand… je sentis. Je sentis… une odeur de… brĂ»lĂ©. J’ouvris d’un coup mes yeux pour contempler de mes propres yeux. Je l’avais fait ! J’avais rĂ©ussi ! J’étais au milieu du camp de militaires, vide ! J’avais rompu le contrat, Ă  la dernière seconde ! J’étais vivant !

Dehors, je contemplais le haut panache de fumĂ©e s’élever de ce qui restait de l’AcadĂ©mie. Juste Ă  temps pour voir 2kBoy gesticulant passer Ă  travers sa fenĂŞtre, soufflĂ© par l’explosion. J’avais rĂ©ussi de bout en bout ! C’était improbable !

J’entendais mes amis combattre de l’autre côté de la forêt. Après une telle action de ma part, mieux valait certainement ne plus rester dans les parages, ou je subirai vraiment bien pire qu’un simple supplice du biscuit ou deux. Le campement se trouvait non loin de la sortie arrière du terrain de l’Académie. Je passai le portail, laissé entrouvert par les soldats, et pris la route.

« Pour aller jusqu’oĂą ? » me direz-vous. Ça, malheureusement, je ferai mieux de ne pas vous le dire. Vous allez donc devoir vous passer de moi durant… quelque temps. Non pas que je ne vous aime pas. Loin de lĂ . Mais disons que… je ne pense pas revenir Ă  l’AcadĂ©mie de suite, de suite.

Vous pouvez peut-ĂŞtre vous demander « Juste… Pourquoi ? ». Une question qui mĂ©rite d’être posĂ©e, pas vrai ? Cherchez vous-mĂŞme la rĂ©ponse. Après tout, avec cette cĂ©rĂ©monie, vous saviez bien, depuis quelque temps dĂ©jĂ , que…

ette soirée allait être agitée.

FIN.










Cette histoire fait partie de plusieurs cycles !











Elinor

une page, je suis déjà morte de rire xD
(vive my little pony !)


Le 10/05/2021 à 00:12:00



Eskiss

texte fort sympathique, merci pour tout et au plaisir


Le 10/05/2021 à 00:13:00



Elinor

Bon @Malkym, le Démon Exceptionnel
Très très bon texte. J'ai beaucoup ri. Allusions subtiles, bel imbrication, franchement chapeau. Par contre :
- RIP mon cousin!!
- Comment ça, tu fais exploser l'Académie et tu te barres ??
- C'est triste ton départ (décidement, vous avez tous décidé de nous lâcher ou quoi ?) mais je te souhaite de mourir en enfer pour tes méfaits, surtout ceux mentionnés plus haut de trouver ce que tu cherches (si t'en es que tu cherches quelque chose, enfin bref, tu m'as comprise) et de revenir un jour quand même (parce que bon, on t'aime bien quand même^^)
P.S : je crois qu'on a compris que ta soirée a été agitée^^


Le 10/05/2021 à 00:30:00

















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