L'Académie de Lu





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Professionnel.le

(par Malkym)
(Thème : Discussion animal/objet)



À l’abri des regards indiscrets, au fond des égouts de la grande ville de laiton, Radrig souriait derrière la brume vaporeuse qui envahissait les tréfonds des souterrains. Adossé à quelques tuyaux, une patte crochue reposant sur sa large besace de cuir, il entendait de ses grandes oreilles décharnées approcher les pas esseulés de celle qu’il attendait ce soir, une demoiselle capée plus ou moins humaine, plus ou moins honnête, lui a-t-on dit, qui ne se balade jamais à visage découvert mais qui cherche à découvrir beaucoup. Ils avaient, en tout cela, beaucoup en commun.

RADRIG – Te voilà donc, Capuche !

CAPUCHE – Capuche ? Est-ce comme cela que tu comptes m’appeler, face-de-rat ?

RADRIG – Désolé, mais tu dois bien te douter que les vrais noms ne sont pas monnaie courante, dans la profession, non ? C’est mieux pour tout le monde, Capuche.

CAPUCHE – Et comment suis-je censée t’appeler ? Pestiféré ou Salmonelle ? Arsène ou Fagin ? Rapido ou Razmo ? Décide-toi !

RADRIG – Épargne-moi les jeux de mots vaseux et appelle-moi Radrig, c’est à peu près comme ça que tous les pestiférés m’appellent, par ici.

CAPUCHE – Très bien, Radrig. T’a-t-on dit ce qui m’amène, ce soir ?

RADRIG, montrant le contenu de sa besace – Dans les grandes lignes… oui.

CAPUCHE – Jolie collection, que tu as là.

RADRIG – Merci beaucoup, ma belle ! Elles viennent de partout et toute époque ! Celle-ci est un authentique Penny victorien, appartenant autrefois à un vendeur de journaux. Celle-là est un Orin de Témérie, que j’ai récupéré dans les poches d’un ivrogne de taverne. Quant à cette petite plaquette forgée, juste ici, c’est un Crédit Galactique que j’ai subtilisé il y a peu dans l’un des entrepôts de stockage de l’Empire. J’ai de tout, et de partout !

CAPUCHE – Très impressionnant, en effet. Je ne saurais pas moi-même citer le nom du quart de toutes ces babioles métalliques.

RADRIG, vexé – HUM. Prends garde à tes mots, demoiselle. Chacune de ces babioles est un souvenir et un témoin cher à mes yeux de mes activités à travers les mondes.

CAPUCHE – Mes excuses, alors. Je ne pensais pas que l’on s’attachait si vite aux trésors, dans ton métier. Tu dois pourtant en voir tous les jours, non ?

RADRIG – … Chaque trésor que contient ma besace est le tout premier du type que j’ai pu acquérir. Ils sont un peu tous mes sous-fétiches et moi leur Picsou, si tu préfères.

CAPUCHE – Tu me parais bien sentimental pour un rat d’égouts.

RADRIG – Et toi, bien curieuse pour une cliente. Tu n’es pas vraiment venue jusqu’ici, à cette heure si tardive, pour t’intéresser à mes passions ou apprendre la profession, que je sache ! Montre-moi.

De sous sa cape, l’encapuchonnée fit jaillir une main gantée d’un cuir épais, tenant aussi fermement que possible, sans doute par méfiance, un petit morceau de métal brillant, pour lequel les deux yeux de la bête grise luisirent immédiatement.

RADRIG – Nous voilà enfin… dans le vif du sujet. Je crois pouvoir compter douze côtés… Aucune idée de leur signification, mais les inscriptions m’ont l’air fines. Passe-la-moi, que je puisse en déterminer le métal.

CAPUCHE – Tu peux rêver, face de rat. Comme si je pouvais te faire confiance ! Abandonne déjà l’idée d’un jour pouvoir y poser ne serait-ce qu’une griffe et contente-toi de l’observer.

RADRIG – Très bien ! Très bien ! Mais approche-la donc d’un peu plus près, alors. La vapeur a autant de qualités que de défauts, et ne rien pouvoir y voir fait partie des deux catégories. Où l’as-tu trouvé, Capuche ?

CAPUCHE, consentant à approcher la pièce – On m’en a fait cadeau il y a un peu plus de sept mois, maintenant. C’est précisément la personne qui y figure qui m’a mis au défi de le retrouver. Je ne sais pas d’où il a sorti cette pièce, mais je dois absolument savoir de quelle contrée elle provient pour trouver où se cache ce démon.

RADRIG, amusé – Tu es partie à la recherche… du type qui t’a remis la pièce ? Eh bien quoi ? Il s’est téléporté sur le coup, quelque chose comme ça ?

CAPUCHE – Non. Il m’a téléporté sur le coup. C’est plus ou moins ce que je lui avais demandé, je suppose. J’ai simplement eu l’intelligence de demander un droit de rétractation, et maintenant, je suis à la recherche d’une ombre dans un univers totalement dépourvu de limite ! Une poussière au milieu d’un désert.

RADRIG, posant de plus près son regard sur la pièce – Une ombre ? Oooh… Toutes les ombres finissent par être mises en lumière, Capuche ! Et… ce joli cornu ne fait pas exception. Un visage aussi démentiel, sournois, malin… C’est reconnaissable entre mille ! Avec sa tête de bélier, il ne fait aucun doute que je sais avec qui tu as cru bon de faire affaire.

CAPUCHE – Tu connais le Démon d’Or, face-de-rat ? Qu’en sais-tu ?

RADRIG – Démon d’Or, Marchand de Rêves, Tête-de-Bouc, Djinn Blanc, ton ombre a bien des noms pour un être supposément invisible ! Mais… il n’est pas simple à retrouver, je te l’accorde. À se déplacer sans arrêt, jamais longtemps au même endroit…

CAPUCHE – Incroyable… Un pauvre rat d’égouts, bon qu’à voler des trésors, qui en sait bientôt plus que moi sur celui que je cherche. Tu ne te fiches pas de moi, tu es sûr ?

RADRIG – J’en suis aussi sûr que tu ne l’es pas, si tu veux mon avis ! Cela étant… une ombre reste une ombre. On ne met pas facilement la patte dessus.

CAPUCHE – … Tu as l’air d’en savoir plus que tu ne le dis, Radrig.

RADRIG – Peut-être, oui. Mais bon… Ici-bas, tout se monnaie, Capuche ! On n’a rien sans rien !

CAPUCHE, tirant lentement une dague de sa ceinture – Tu ferais pourtant bien de te contenter d’un rien, si tu ne veux pas que je te raccourcisse d’une queue.

RADRIG, plaçant déjà la sienne sous sa capuche – Et toi, de te plier aux règles, si tu ne veux pas d’une armée de rongeurs entraînés sur le dos, Capuche.

CAPUCHE, rengainant sa lame – Tu ne me laisses pas vraiment le choix, j’ai l’impression.

RADRIG, abaissant à son tour sa dague – Je savais que tu serais raisonnable. Alors, mets-y le prix, et je pourrais sans doute t’aider.

CAPUCHE, grimaçant en esquissant un geste étrange de la main avant de soupirer – Parle, Radrig. Où se trouve le Démon d’Or ?

RADRIG, les yeux noirs soudain perdus dans la vapeur – J-J’ai entendu parler, il n’y a pas très longtemps, d’une rumeur étrange le concernant.

CAPUCHE – Où ça ?

RADRIG – Sur un grand marché, un vrai dédale, dans la cité d’Ismal, à l’Est de San Domino, en Arbromia. Je venais de récupérer la bourse du client d’un alchimiste, quand j’ai entendu parler du Marchand de Rêves.

CAPUCHE – En Arbromia ? Je suis déjà passée dans ce monde. C’est un grand continent médiéval, où l’on pratique encore les Arcanes, non ?

RADRIG – Exactement. Et l’Empereur d’Ismal, un souverain qu’ils appelaient Olam, avaient à ce que l’on dit eu recours aux services d’un démon pour obtenir ses terres. Le nain qui a affirmé ça s’est fait jeter à la garde, d’ailleurs. Je crois que leur empereur était censé avoir hérité les terres de leurs dieux, mais je n’ai pas bien saisi pourquoi. Sans doute Olam le sait-il, lui. Mais arriver à lui parler…

CAPUCHE – … est sans doute une toute autre paire de manches, oui. Tout cela me paraît plausible… Cet empereur a sans doute souhaité obtenir ces terres. Je vais suivre cette piste. Merci de ton aide, Radrig.

D’un nouveau geste de la main, les yeux de Radrig virèrent au blanc tandis que ses moustaches se raidirent. Le nuage de vapeur blanche qui entourait les deux inconnus sembla s’épaissir devant ses pupilles, et il se retint soudain le crâne en fermant ses paupières pour évacuer la douleur qui se dessinait sur son visage. En rouvrant ses deux yeux redevenus noirs, pourtant, il était à nouveau seul, au milieu de la vapeur.

RADRIG, se tenant la tête – Mmmh… Ça m’apprendra à faire affaire avec autre chose que des rats, tiens…

FIN.














Awoken

Ton texte se situe avant L’ Empereur, l’Écarlate et le Chat, pas vrai. L'histoire est sympa, tu ne respecte cependant pas la contrainte où l'animal parle à un objet spécifique de son métier. Bravo!


Le 14/06/2022 à 18:26:00



JilanoAlhuin

C'est un texte plutôt sympathique. Le métier utilisé est évident, et la lecture est cool. On découvre un peu plus de lore concernant ce personnage qui suit le marchand de rêves, et c'est plutôt sympa. Je ne suis cependant pas sûre que la contrainte soit totalement respectée, vu que Capuche n'est pas un objet spécifique, mais juste un surnom. Bref, c'est un texte cool


Le 19/06/2022 à 00:36:00

















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