L'Académie de Lu





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Le Marchand de RĂŞves


La Caravane aux Miracles

(par Malkym)
(Thème : DĂ©fi d'Elinor)



C’était un matin de printemps, et les affaires tournaient au ralenti. Il fallait bien avouer que ma période de prédilection était certainement celle des fêtes. Ma caravane, sur laquelle trônait fièrement mon nom, était installée à l’orée du bois, à l’entrée d’une grande ville. En attente de tout client, je me reposais à mon bureau, un écran allumé mais si désespérément vide sous les yeux. Je cherchais alors un scénario pour ma nouvelle histoire. La page blanche m’était bien trop familière. Je mordillais frénétiquement le cordage de mon sweat quand enfin… enfin, je l’entendis. Le doux son d’une pauvre âme perdue à laquelle mes services, je le savais déjà, pouvaient être très utiles.

Pour le dire plus simplement, quelqu’un venait de frapper Ă  la fenĂŞtre de ma caravane. J’ouvrai rapidement, pour affirmer Ă  l’impoli se trouvant derrière que l’on frappait Ă  la porte, et non au carreau. Je me retrouvai alors devant une splendide jeune femme, portant une fine tunique verte serrĂ©e Ă  la taille d’un corset de cuir noir. Son visage, aux traits fins, Ă©tait d’un Ă©quilibre forçant l’admiration. Ses yeux verts, accordĂ©s Ă  ses habits, faisant dĂ©verser des douces larmes sur les joues attristĂ©es de l’enfant. Lorsque j’ouvris la fenĂŞtre, elle se mit Ă  me dĂ©visager… certainement tel que je venais de le faire. Après quelques instants, elle me demanda :

« Est-il vrai que vous rĂ©alisez des miracles ?

— Les gens polis s’encombrent tout d’abord d’un Bonjour, mais vous m’avez l’air particulièrement pressĂ©e, alors passons… c’est tout-Ă -fait exact !

— Pourriez-vous le rĂ©aliser, lĂ , maintenant ?

— Oh lĂ  ! N’allons pas trop vite en besogne, mademoiselle. Commencez par franchir le seuil de ma porte, et nous en discuterons.

— Très bien… Quel est cette chose derrière-vous ? Demanda-t-elle en dĂ©signant mon PC du doigt.

— C’est… heu… Il est impoli de montrer du doigt ! M’écriai-je avant de refermer la fenĂŞtre. »

Dans mon travail l’apparence a une importance toute particulière. Si bien que dès que je ne la vis plus au carreau, je claquai des doigts. Aussitôt, mon bureau se transforma en un riche cabinet. Les journaux furent remplacés par des livres reliés de cuir et de dorures, mes lampes se changèrent en chandeliers et bougies, tout ce qui fut plastique se métamorphosa de bois. Quant-à-mon PC… je n’avais jamais pris la peine de l’inclure à la transformation de la caravane. Alors je le rangeai dans un tiroir avant de sortir une machine à écrire d’ébène et d’or, ce qui avait nettement plus de style.

Mes habits ne convenaient pas non-plus… un sweat à capuche moutarde, un jean noir, une paire de lunettes dorée, ce n’était pas convenable. Je re-claquai des doigts. Le pull fut troqué pour un belle queue de pie blanche, ornée de dorures, recouvrant élégamment une chemise orange. Le pantalon fut remplacé par de fins bas blancs, terminés aux pieds par de petits souliers noirs à la boucle dorée. Enfin, je m’attachai un jabot au cou que je rentrai dans ma veste pour lui donner plus d’ampleur.

Cela n’avait pas pris plus d’une dizaine de secondes, et alors que la jeune femme frappait Ă  la porte, je m’asseyais en catastrophe au cabinet. Elle entra et fut immĂ©diatement surprise par l’ambiance Ă  la fois riche et magique rĂ©gnant en ma boutique. Un sourire m’apparut au visage, c’était bien l’effet escomptĂ©. Elle s’approcha de mon bureau puis balbutia :

« C’est vous qui… ? Il y a quelques instants vous Ă©tiez… et lĂ  vous ĂŞtes…

— Eh bien, quel est donc votre problème, jeune demoiselle ? Dis-je en faisant mine de ne pas avoir compris.

— C’est ce prince, il veut absolument m’épouser, mais je ne l’aime pas le moins du Monde ! J’ai eu beau refuser chacune de ses avances, il n’en dĂ©mord toujours pas !

— Je crois comprendre, mais quelque chose m’échappe. Pourquoi ĂŞtes-vous donc si pressĂ©e ?

— Il y a quelques jours, ce maraud a demandĂ© ma main Ă  mon père, le forgeron. Et il a acceptĂ© en Ă©change d’un pauvre tonneau de vin !

— Pauvre de vous… Ă©changĂ©e contre quelques litres de pinard, comme je vous comprends. Cela n’explique en rien votre impatience.

— Nous nous marions dans moins d’une heure ! J’ai tout essayĂ© et il me semble que vous ĂŞtes mon dernier espoir.

— Aaah… l’Espoir ! M’exclamai-je en levant les yeux au ciel. L’espoir fait faire des choses merveilleuses. Vous avez bien fait de venir me rencontrer.

— Vraiment ? Demanda-t-elle avec un lĂ©ger sourire.

— Vraiment ! Et si j’ai bien cernĂ© la source de votre problème, je crois ĂŞtre en mesure de pouvoir le rĂ©gler. »

Toujours assis sur mon fauteuil, je tendis la main vers un placard d’oĂą sorti un parchemin vaguement rectangulaire que je glissai dans la machine Ă  Ă©crire. Je repris :

« Il est dĂ©sormais temps de fixer avec prĂ©cisions l’étendue de votre demande. Alors, que souhaitez-vous… exactement ?

— Je voudrais ne plus jamais revoir ce vil prince de toute ma vie ! Ne plus jamais avoir Ă  lui adresser quelconque parole !

— C’est dans mes cordes. »

A peine m’eut-elle rĂ©pondu que mes doigts filèrent sur les touches. Les bruits frĂ©nĂ©tiques des lettres pressĂ©es, associĂ©es au retour Ă  la ligne de la machine et son TING si particulier formèrent rapidement une mĂ©lodie, pesante, Ă  laquelle s’ajouta mes conditions habituelles :

« Ce contrat ne pourra jamais ĂŞtre brisĂ©. Mes services, ni repris, ni Ă©changĂ©s ! Si par malheur vous seriez insatisfaite, ne vous en prenez qu’à vous mĂŞme. Car c’est en venant me rencontrer que vous avez voulu rĂ©gler votre problème. De plus-

— Et c’est tout… ? Je n’ai rien Ă  payer ? Me coupa-t-elle, surprise.

— Je n’ai guère besoin d’argent. Ce que je demande a bien moins de valeur qu’un tas de pièces… vous savez, ce n’est presque rien, en vĂ©ritĂ©, rĂ©pondis-je avec innocence.

— Eh bien ? Que voulez-vous donc ?

— Votre premier-nĂ©.

— Pardon ?! Vous voulez mon premier enfant ? Paniqua-t-elle.

— Exactement. Votre premier-nĂ©.

— Vous ĂŞtes fou ma parole ! Cria-t-elle en se dirigeant vers la porte. »

Je claquai des doigts. Elle tenta alors dĂ©sespĂ©rĂ©ment de tourner la poignĂ©e. Elle repris, plus Ă©nervĂ©e encore :

« Laissez-moi sortir, dĂ©mon !

— RĂ©flĂ©chissez quelques instants. Vous l’avez dit vous-mĂŞme ! Ce prince est un vil. Un monstre ! Une brute qui n’aura de cesse de vous tourmenter ! Quelle raison pourrai bien le pousser Ă  se marier Ă  une roturière, si ce n’est l’impunitĂ© totale qu’il aura Ă  vous malmener ?

— Mais… c’est mon futur enfant que vous me demander !

— Comptez-vous vraiment n’avoir qu’un unique enfant ? Ce ne sera que l’un des nombreux qui, j’en suis sĂ»r chahuterons dans votre jardin, en compagnie de votre vieux père et votre mari aimant. Vous n’aurez qu’à le porter, et quelques mois plus tard, je le prendrai sous mon aile. »

Elle restait hĂ©sitante. Je me levai alors et versai dans un verre un petit fond de vin. Je lui tendis avec un vaste sourire avant de conclure :

« Votre premier enfant, contre une vie de Bonheur. »

Elle pris le verre, le bu résolument et se rassis devant mon bureau, une larme sur la joue.

« Bien. J’accepte.

— Excellent ! M’exclamais-je en tirant la plume d’oie d’un encrier contenant un liquide dorĂ©. Vous n’avez qu’à signer ici et votre souhait se rĂ©alisera ! »

J’entendis sa salive se ravaler tandis qu’elle prenait la plume entre ses doigts. En un tour de main, le parchemin fut signĂ© de son nom. Mon sourire, qui n’était alors que satisfait, devint carnassier et alors qu’une intense lumière jaunie Ă©manait du papier de vĂ©lin, je saluai ma cliente :

« Et bon mariage Ă  vous ! »

Son visage, qui paraissait soulagĂ©e, se dĂ©forma Ă  l’entente de mes mots en un gouffre d’incomprĂ©hension, mĂŞlĂ©e de peur et de panique. Ma caravane disparut alors autour d’elle tandis qu’elle se trouva transportĂ© devant l’église ou l’attendait le prince. Celui-ci lui dit d’un air surpris :

« Ah ! Ma douce ! Je savais bien que vous changeriez d’avis ! J’aime beaucoup la couleur qu’on pris vos yeux, ce gris se marie si bien avec la couleur de mon complet ! Mais n’attendons plus un instant, tout le monde nous attend dĂ©jĂ  Ă  l’intĂ©rieur. »

Il le prit par le bras et l’emmena avec force vers l’autel. Tout se déroula alors avec une rapidité impressionnante. Le prêtre prononça son fameux discours. Il posa la grande question à l’époux. Le prince regarda la jeune femme. Il répondit Oui. Le prêtre posa la grande question à l’épouse et…

Rien. Pas un mot ne sortit de sa bouche. Pas le moindre son. Le prince tira une mine interrogative avant de répondre à la place de la femme, paraissant désorientée.

« Oui. Elle veut dire oui, bien sûr.

— Ah ! Clama le prĂŞtre. Je n’en doutais point une seconde, cher prince ! Je vous dĂ©clare donc unis par les liens sacrĂ©s du mariage. Vous pouvez embrasser la mariĂ©e. »

Le prince posa ses lèvres avec force sur celle de la princesse qui écarquilla les yeux, certainement pour tenter de mieux observer sa situation. Suite à ce baiser, elle couru vaguement vers la porte. Quand finalement elle l’atteint, elle cavala à en perdre haleine à travers la cité, bousculant tout et tous sur son passage jusqu’à l’orée du bois. Elle entra de nouveau dans ma caravane, sans se donner nul peine de frapper, et montra sa mine, mélange cette fois-ci de rage et de tristesse.

« Ah ! Vous voilĂ  ! Princesse, n’est-ce pas ? Affirmai-je le sourire collĂ© au visage. Je vous ai offert tout ce que vous souhaitiez, vous avez vu ? Non ! Quelle question stupide, bien sĂ»r que non. »

Elle ouvrit la bouche de nouveau, tentant de m’atteindre par quelconques paroles, qui n’atteignirent jamais mes oreilles.

« Je comprends bien votre mal-ĂŞtre, votre majestĂ©, Mais vous m’avez Ă©tĂ© fort impolie, tout-Ă -l’heure. Et je n’aime pas les impolis. Fort heureusement pour vous, je suis aussi comprĂ©hensif que je ne suis puissant. Alors… je sais ! Dites simplement mon nom et je vous rendrait tout ce que vous venez de perdre ! Vous voyez ? Rien de plus simple ! »

Le visage de la princesse éclata dans un puissant sanglot tandis qu’elle tentait vainement de prononcer mon nom. Amusé, je voulu l’aider… M… Ma… Mal… Mais il faut croire qu’elle n’y mit aucun effort. A genoux, au sol, elle me pria, m’implora, me supplia mais rien n’y fit.

Je me levai et emmenai la boule de tristesse vers ma porte. Faisant repartir les chevaux de la caravane, je tirai un mouchoir de ma poche et l’agitai en signe de salutations. Alors que déjà je m’éloignai, elle retomba, genoux au sol, les larmes aux joues.

« Et Ă  dans neuf mois, votre majestĂ© ! Conclu-je alors que le prince accourait finalement derrière elle.

Aujourd’hui avait Ă©tĂ© une journĂ©e des plus fructueuses ! Je claquai des doigts pour retransformer mon intĂ©rieur tandis que je rĂ©-enfilais mon sweat et mon jean. Je m’affalai de nouveau Ă  mon bureau et repris mon PC. J’avais enfin trouvĂ© une histoire Ă  raconter Ă  l’AcadĂ©mie.

FIN.










Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !











JilanoAlhuin

Pas mal le texte Malkym x) J'aime la malice du personnage principal ^^


Le 14/04/2021 à 17:22:00



Schrödinger

Elle est devenue aveugle aussi la cliente? Ce serait logique, mais c'est pas clair ^^ Et tu es une petite enfumée, dans ce texte, au pasage X)
(tu m'as gnoré tout à l'heure :eyes:)


Le 14/04/2021 à 22:05:00



Vic

J'aime beaucoup tes histoires mais j'avoue que je n'ai pas compris quel conte c'était. :thinking:


Le 15/04/2021 à 21:40:00



Elinor

Je viens de lire ton texte, et j'aime beaucoup. Je reconnais bien Rumplestiltskinavec la paille en or et le premier né. Petit parallèle avec la réalité très sympa, et mis à part deux trois petites fautes, texte nickel. Chapeau


Le 17/04/2021 à 17:52:00

















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