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![]() ![]() Contraintes aléatoires Contraintes à sélectionner soi-même Testeur d'auxiliaire Situations aléatoires (défi de Schrödinger) Textes sans commentaires Générateur de situation/synopsis ![]() Fée des dents et croquemitaine
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Malkym![]() Spectacles![]() ![]() ![]() ![]() Après une longue nuit de travail, Marine rentrait à son logis, poussant la porte de son HLM, un lourd sac sur l’épaule. Elle parcourut lentement son appartement, les yeux clos par l’habitude, traînant ses pieds à travers son étroit salon pour se glisser dans sa chambre. Là , elle déposa lourdement le sac au pied de son lit et enfila sa chemise de nuit avant de s’effondrer telle une gisante sur la moitié de son lit. S’enroulant dans sa couverture comme dans un burrito, quelle fut alors sa surprise de sentir la présence d’un être sur l’autre moitié de son matelas ! Marine se tint la tête, comme si une migraine la prenait soudainement, tandis que, les dents serrées, elle grogna un virulent : « Dégage. Va te trouver une autre idiote à qui voler le lit. — Arrête, Marine… Tu sais très bien que le tien est le seul qui vaille le coup, affirma l’être difforme au sourire se voulant charmeur. — C’est vrai que mon oreiller est très doux… — Et il n’est pas le seul, coupa l’effroyable. — … mais je crois que tu as encore du travail cette nuit. — Je pensais que tu en avais aussi, ma féerique. — Vire-moi le possessif de ta phrase. Et puis, je l’ai terminé, ma tournée, contrairement à d’autres, affirma Marine en désignant l’énorme sac au pied du lit. Tu vois ? Rempli à ras-bord des quenottes de milliers de mioches ! Va donc effrayer les tiens et laisse-moi dormir. — Quoi ? Je ne fais que mon travail, en venant ici ! — Ah oui ? Tu comptes me faire peur, peut-être ? — Mais évidemment ! » Le verdâtre se changea subitement en un vague et épais nuage noir qui vint se glisser derrière la tête de Marina avant de reparaître en souriant. « Bouh ! Tenta-t-il vainement. — Va-t-en… Ce n’est vraiment pas le soir, pour ce genre d’idioties… — Quoi ? Tu m’allumes une fois ? Deux fois ? Et on se quitte ? — Cherche-toi quelqu’un d’autre pour ce soir… Je suis pas en état, reprit-elle en se tenant le ventre. — Roooh… Allez ! Je suis sûre que tu exagères pour me faire partir… — Non… Je suis sur le point de vomir, là . — Tant que ce n’est pas sur moi… — Ne me tente pas. Et dégage d’ici. — D’accord, d’accord... » L’entité ténébreuse se leva du lit et, sentant quelques miasmes terriblement nauséabonds, fut pris de curiosité. Il tenta d’en trouver la source, reniflant à travers la pièce de son nez crochu. De doux parfums sucrés émanant des tiroirs de la demoiselle, un étrange costume de souris grise plein de transpiration et… une insupportable odeur d’œuf pourri que l’on aurait percé et laissé moisir des siècles dans les chairs décomposées d’un animal trop avide de choux et de haricots. « Je t’ai dit de déguerpir ! Qu’est-ce que tu viens mettre ton sale pif sur mes culottes, pauvre dégénéré ?! S’énerva Marine. — Par le Saint Krueger ! C’est ton sac qui empeste à ce point ? — Son contenu, oui. Tu as trouvé la cause de mes nausées, bravo. Maintenant, dégage. — Les dents ne payaient pas assez ? Tu ramasses aussi les charognes sur le bord des routes pour arrondir les fins de mois ? Plaisanta le monstre en se tenant les narines pour ne pas partager le sort de la pauvre femme. — J’aurai sans doute préféré, crois-moi ! Mais non. Les jeunes n’ont juste absolument plus aucune hygiène. — À ce point-là  ? C’est improbable ! De simples dents ne peuvent pas avoir si horrible odeur ! — Pfff… C’est bien la preuve que tu ne fais bien que la moitié de ton travail. Sinon, tu aurais déjà croisé la route de ces gamins sans la moindre once de propreté. Les pires mioches… Ceux qui ont cru bon de se mettre à fumer très tôt pour être les plus cools, ceux qui semblent friands de sucreries, têtes brûlées et autres merdes acidulées capables de faire fondre leurs mâchoires plus vite que TikTok ne le fait sur leurs cerveaux, ceux pour lesquels l’existence-même d’une salle de bain n’est qu’un mythe fait pour les effrayer… — Là , c’est moi que tu effraies, ma jolie, pâlit le griffu. — Tu ferais mieux de les craindre comme la Peste, c’est certain ! — Et tu as vraiment le courage de… — De plonger ma main sous leur oreiller pour récupérer les dents cariées, noircies et décomposées de ces atroces pleurnichards ? Oui. Et crois-moi, ils n’ont rien de plus que cinquante centimes, ceux-là  ! — Et ça te rend vraiment si malade que ça, quelques quenottes pourries ? — S’il n’y avait que ça ! Non, ce soir, l’un de ces cauchemars vivants s’est dit qu’il aurait la merveilleuse idée de me cracher dessus en me toussant tout son saoul sur le visage pendant que je tentais de récupérer son déchet noirâtre. — Horreur, Malheur ! comme disait l’autre. — Exactement. Et cet idiot m’a refilé sa gastro, je crois, conclut Marine le visage nauséeux. — Et ça t’empêche vraiment de me… — Oh bordel… Éloigne-toi, vraiment ! » Dans un bruit clownesque, la pièce s’emplit d’une fragrance pire encore que la précédente, qui fit flétrir les fleurs de la table de nuit, imprégna les tissus du lit et tua sur le coup tout insecte dans la pièce. Mal en prit au difforme de ne pas avoir écouté le conseil de la femme. Maintenir ses narines ne suffit plus cette fois et son visage pâlot tourna au vert. « Je t’avais dit de partir, lui rappela-t-elle. — Mais c’est pire que toute chose ! Même Oogie Boogie n’en fait pas de pareils ! — Oui bah… C’est justifié ! Et puis, comment tu peux savoir ça ? — Les réunions de l’Assemblée des Terreurs et Monstres Nocturnes sont très… intéressantes. — Je ne veux pas de détails. Mais par pitié, va faire peur aux gosses et laisse-moi en paix ! — C’est le cas de le dire, ricana le monstre. Tu sais, tu pourrais me remplacer facile, avec ça ! Un chili tous les soirs et tu es bonne pour me faire perdre mon poste ! Les enfants n’ont qu’à bien se tenir, la Fée-xcrément guette tous les casse-bonbons ! — Casse-toi… supplia celle-ci en grimaçant sa douleur. — Quoi ? Tu ne vas pas de nouveau… » Un dernier son accompagné d’une odeur putride, sans doute néfaste pour la gorge, la trachée, les poumons, la santé mentale ainsi que la vie de chaque être humain, acheva de convaincre le verdâtre. « Désolée… — Non mais… Je… Je faisais que passer. J’ai encore du travail. — Ouais… Bonne soirée, mon chou. — NE PARLE PAS DE CHOU !! Hum… Bonne soirée à toi, Marine. Et bon courage, conclut-il avant de disparaître en glissant sa noirceur à travers la fenêtre. — Bon sang, ce qu’il ne faut pas faire pour avoir la paix rien qu’une soirée ! » Marine s’installa plus confortablement dans son lit et pressa de nouveau son ventre en grimaçant. « … mais ‘va vraiment falloir ralentir sur le Mexicain. »
FIN.
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