L'Académie de Lu





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Les Portes d’Ismal

(par Malkym)
(Thème : Fiche personnage)
(dernière modification : 21/06/2022)



Le zénith perpétuel ne m’avait vraiment pas manqué. Pourtant, à dos de ce qui s’apparentait au croisement improbable d’un chameau et d’un zèbre, ma traversée du désert de San Domino s’éternisait. Plus une goutte d’eau en poche et les vêtements trempés de sueur – voilà qui m’apprendra à surestimer ma résistance à la chaleur –, j’arrivais enfin aux portes de la grande Cité-Empire d’Ismal. Mais, à peine eus-je le temps de me demander si ce nom avait un quelconque rapport avec une certaine religion, qu’un garde haut comme trois glaives et au turban emplumé de rouge me somma d’un « Hey là ! Hey là » des plus mous d’arrêter ma monture devant les portes, juste devant la fine bande grise d’ombre fraîche formée par l’arche des murs d’enceinte de la cité. Je rageais déjà de cette interruption si prématurée. Quelques pas de plus, et l’ombre serait enfin mienne, après ce périple de fournaise ! Mais il a fallu que ce crétin enturbanné et plus mollasson d’une limace séchée ne m’arrête avant. Je l’interrogeais, un sourire crispée et suant aux lèvres :

« Que me vaut donc le plaisiiiir de cet arrêt ?

— Un simple contrôle de routine, messire. Ismal essuie une lourde vague de criminalité depuis quelques jours, due aux étrangers qui prolifèrent dans les rues. Nous prenons de simples mesures, quelques questions de routine pour nous assurer de vos bonnes intentions, expliqua-t-il une pile de bouts de vélin à la main.

— … Je vois, me contentai-je de répondre en massant mes paupières. Puis-je à tout hasard descendre de ma monture, afin de répondre à tout ceci plus… à l’ombre ?

— Non. »

Je crus m’écrouler sur le cou de l’animal blanc rayé de noir… ou noir rayé de blanc, qu’importe. Levant les yeux au ciel azuréen à s’en brûler les rétines, en me demandant si un meurtre de plus ou de moins changerait quelque chose dans cette ville, je posai finalement le menton dans la paume de ma main.

« … Posez vite vos questions. »

— Bien. Alors… Identité et âge ? Dit-il monotonement.

Malkym. Avec un M comme Mirabelle, Maxime et Magne-toi.

— Malllll… kkkkym, s’appliqua-t-il longuement à écrire. Pas de nom de famille ?

— Plus de nom de famille.

— Plus ?

— Plus. Et pour l’âge… mettez Environ 17 ans.

— Je vous aurais donné plus que ça, tiens !

— C’est le bouc qui fait tout, roulai-je des yeux en soupirant.

— Alors attendez, commença-t-il à compter sur ses doigts. Un an, ça fait 400 jours, donc…

— Perdu, 34,75 jours de trop. Vous comptez en jours ?

— Non, non ! C’est pour convertir en…

— D’AUTRES questions ? Le coupai-je pour ne pas m’éterniser sous le cagnard qui rougissait mon cou.

— Des qualités ? Des défauts ?

— … Mais qu’est-ce que ça vient faire dans un formulaire de frontière, ça ?

— Ah mais… Je fais pas les règles, hein ! Depuis l’assassinat de l’Empereur, on est jamais trop prudent !

— Oui, c’est ce qui m’amène ici, murmurai-je. Hum… Des qualités, des qualités…

— Je sais pas… Bel homme ! Il faut le dire, non ?

— … Non. Mettez opportuniste, charismatique… Intelligent, je dirais…

— En tout cas, je vais pas mettre modeste, s’amusa l’emplumé avec un sourire benêt.

— …

— Hum. Opportuniste est vraiment une qualité ? »

Je tombai cette fois sans hésitation sur la crinière noire de cet étrange animal qui m’avait si bien transporté. Non seulement fallait-il que je tombe en pleine période de zénith saisonnière, mais aussi sur le garde de frontière le plus lent, stupide et énervant qui puisse exister dans ce désert. J’enlevais ma veste blanche avant de poursuivre, tout en n’arrivant pas à trouver d’autres arguments que ma prétention pour ne pas l’avoir enlevé plus tôt.

« Disons… Disons que je le considère comme tel, répondis-je enfin. Cela vous convient ?

— Eh bien, je…

— Parfait. Rajoutez joueur et pragmatique, et passons à la suite.

— … Est-ce que Joueur est vraiment une…

— En défauts, l’interrompis-je de nouveau, je dirais que je suis un peu a…

— LBINOS ! PATHIQUE ! THLÉTIQUE ! Non, c’est pas un défaut ça.

— … rrogant.

— Ah. Oui, aussi oui… Je le note…

— Sans doute plutôt immoral, en général.

— On dit pas amoral, plutôt ?

Obstiné ou têtu, aussi, l’ignorai-je copieusement.

— Plutôt l’un ou l’autre ?

— Ça m’arrive également de me montrer très cruel, lui lançai-je avec un regard noir.

— Cru… cruel, vous dites ?

— Très. Notez-le donc, lui ordonnai-je. Notez aussi impatient et passons à la suite. »

Tout en ravalant sa salive, il nota à la va-vite ce que je lui dictais sur sa page de vélin et la tourna. Il essuya un peu de la sueur qui coulait à son front – une idée que j’avais abandonnée depuis la moitié du long chemin qui m’avait amené jusqu’ici – et éclaircit sa voix de benêt pour reprendre ses interrogations.

« Votre femme vous trompe ?

— Euuuh… Pas que je sache, non.

— Pourtant… vous êtes cornu ! Ah, ah, ah !

— …

— Cornu ! Parce que vous… avez des cornes… de bélier… sur la tête.

— J’avais compris.

— Vous avez un style vestimentaire particulier ?

— Mais… vous êtes aveugle ? Vous pouvez pas juste… Je sais pas… écrire ce que je porte ?!

— Si, si. Je pourrais… Alors, quelques instants, je vous prie. Unnnne cccccchemiiiiiise nnnnnnoirrrrre… Unnnne crrrravvvvattte orrrraaaaange…

— Oubliez pas la veste blanche, je la porte d’habitude, soupirai-je.

— Veeeeeeste blllllll… »

Mon impatience prit le dessus. Je resserrai ma cravate à mon col déboutonné – chose que j’avais prise l’habitude de faire, tant par astuce que par style – et descendit finalement d’un bond de la chimère zébrée pour faire enfin avancer cet interminable entretien. Je tentai de tirer le vélin des mains du minable.

« Hey ! Rendez-moi ça !

— Très sincèrement, m’enhardis-je, si j’attendais, ne serait-ce qu’une minute de plus sous ce zénith, je pense que mon propre sang s’évaporerait dans mes veines par ma peau, d’accord ? Je crois déjà vous avoir fait part de mon impatience et de ma cruauté. Alors, par tous les diables… MAGNEZ. VOUS.

— D’accord ! D’accord. Je vais essayer… »

Profitant de la lenteur du garde emplumé, je m’adossais aux briques de grès qui façonnaient les murs, pouvant enfin profiter de la bande de fraîcheur ombragée qui depuis longtemps déjà me faisait envie. Elle était à la fois douce, délicate, reposante, calme… Le silence y était de mise, dans l’hésitation silencieuse de l’idiot à relire les questions de son tout aussi idiot de formulaire, et je sentis enfin mes nerfs se reposer, le sang se reposer dans mes tempes et mon regard s’alourdir de

« Votre plus grande peur ?

— Attendez… QUOI ? Mais vous vous fichez de moi ? Bon sang, mais quelle utilité peut bien avoir la garde de votre cité à connaître les peurs de ses habitants ?!

— Vous voulez en finir rapidement, oui ou non ?

— Bon. Mettez… du sang.

— Vous avez peur du sang ? Répéta le petit homme, un sourcil levé.

— Du sang, je vous dis ! Je ne supporte pas de voir du sang ! Ça me fait tourner de l’œil ! Vous comptez épiloguer des heures-durant sur ce point ?!

— Boarf. Moi, j’ai une peur panique de ma belle-mère, alors…

— De votre belle-mère ? Ricanai-je.

— Si vous l’aviez vu, vous ne ririez pas tant, je vous l’assure. C’est une femme absolument monstrueuse ! Moustachue, énorme ! Quelle idée j’ai eu de me marier à cette pauvre fille, je vous jure…

— Pouvons-nous poursuivre ? Lui souris-je nerveusement. Je suis quelque peu pressé, à vrai dire.

— Nous le pouvons. Votre origine ?

— Mon ‘‘Origin Story’’ ? Eh bien… Autrefois seul et reclus, j’ai connu une période sombre et mystérieuse, qui m’a amené au fond d’une terrible dépression. Abandonnant tout, Espoir comme Vie, j’ai songé à ma fin. Mais c’est alors, alors, que j’ai fait la rencontre d’un étrange marchand, à la nuit tombée qui me promit sous la lune de réaliser chacun de mes souhaits les plus fous. Je fis l’erreur, terrible erreur, que d’accepter son offre, qui me conduit à…

— Je voulais dire pays d’origine, me coupa-t-il, les sourcils froncés.

— Ah ! Heu... Je viens de loin. Trop loin pour vous.

— Je note, je note… Ah ! Une question un peu technique. Vénérez-vous, depuis votre plus humble naissance, et dès lors sans interruption, les seules et primordiales divinités de la cité du Zénith, qui nous gardent depuis l’aube de notre existence, des rares malheurs des ténèbres ombrageux ? M’interrogea-t-il d’une traite.

— Non. Je crois plutôt en la notion de Karma.

— Je note… Un plat préféré ?

— Celui qui a écrit ce formulaire ne connaissait pas le concept de transition, je présume, marmonnai-je en desserrant ma cravate. Sans doute les pâtes au saumon.

— Allez, on y est presque… Activité professionnelle et/ou raison de votre venue ?

— Je suis marchand. Enfin… Je vends des rêves. Et je viens justement récupérer le paiement que m’a promis un client très important à Ismal !

— Vous vendez des rêves ? Vous n’avez pas vraiment l’apparence d’un mage, pourtant.

— Je cache bien ma magie, c’est tout ! Lui souris-je. Puis-je rentrer, désormais ?

— Eh bien… Ça m’a l’air à peu près en règles, à vue de nez, affirma-t-il enfin en relisant ses notes. Bienvenue dans le grand empire d’Ismal, messire Kym !

— Merci bien, conclus-je en remontant en selle pour passer les imposantes portes de l’arche. Et bon courage, avec votre belle-mère ! »

Il referma péniblement les hauts battants de bois, et je quittais finalement la bonne ombre de l’arche.

« Attendez… Messire KYM ?! »

FIN.














JilanoAlhuin

Ton texte est très cool ! On revoit ton personnage, qui est très plaisant à suivre, et la façon dont tu as rempli cette fiche est très sympa ! On y découvre des qualités et des défauts, bien que certains sont déjà connus, tout en ayant de nouvelles choses, tout en ayant quelques détails de plus avec l'implicite. C'est superbe !


Le 20/06/2022 à 20:11:00



Awoken

Ton texte est très chouette et incorpore parfaitement le défi. Donc c'est bien Malkym que la jeune femme recherchait! Bravo!


Le 23/06/2022 à 18:40:00



Catablor

Globalement bon.
Un bon point pour la saynète à la place de la fiche. C’était rigolo et dynamique dans l’ensemble ; on avait les informations demandées sur le personnage, même si dans les faits, je retiens surtout le comique de situation entre Malkym et le garde, plus que les caractéristiques de Malkym. (le « Malkym. Avec un M comme Mirabelle, Maxime et Magne-toi. » par exemple, m’a bien fait rire.)
Quelques petits problèmes d’ortho, mais rien de bien méchant. J’ai juste trouvé que les passages entre les dialogues étaient un poil lourd, mais c’est plus un ressenti subjectif.


Le 23/06/2022 à 21:01:00

















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