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Malkym![]() Spectacles![]() Le Marchand de RĂŞves
![]() ![]() ![]() Son corps Ă©tait tout ce dont il avait besoin. Le rituel ne pouvait s’en passer, je le savais pertinemment. Je l’observai, les yeux mi-clos, les muscles tendus Ă l’extrĂŞme. Je ne pouvais m’empĂŞcher de penser aux merveilleux moments que j’avais passĂ©s en ces lieux. Et pourtant, c’est une fois encore ainsi que tout cela finissait. OĂą allais-je me retrouver maintenant ? Dans l’Enfer des Enfers ? Je ne le savais pas. Mais j’étais Ă la merci de cet homme, encapuchonnĂ©, dont les cĂ´tes me laissaient entrevoir Shelly. Ma chère Shelly… Le sac d’os arma sa frappe. « Et bienvenue en Enfer, connard ! Me cria-t-il avant de m’assĂ©ner un Ă©nième coup de poing. » Le puissant coup me cloua la tĂŞte au sol. Mes nouvelles lunettes Ă©taient dĂ©jĂ brisĂ©es de nouveau. Tout devint flou autour de moi. Je n’entendais que les pleurs de Shelly alors que les souvenirs de cette folle soirĂ©e me revinrent. Une soirĂ©e… agitĂ©e. Tout avait commencĂ© quelques heures avant, au milieu de l’ocĂ©an. Après une explosion du tonnerre, sur un chouette navire, je m’étais retrouvĂ© plongĂ© Ă plusieurs lieus sous les eaux. Alors que je rouvrais lentement mes yeux, Ă©crasĂ©s par la pression, je pus voir les rĂ©sidus de la dĂ©tonation se disperser tout autour de moi. Certains moussaillons semblaient n’avoir pas eu ma chance et Ă©taient dĂ©jĂ entraĂ®nĂ©s vers les profondeurs abyssales et insondables de ce vaste ocĂ©an. La terre la plus proche devait se trouver Ă des kilomètres Ă la nage. Mais avant de m’atteler Ă cette tâche, il me fallait recouvrer la surface. Elle m’était si lointaine, inatteignable. L’air que j’avais pu promptement arracher Ă la surface lors de ma chute semblait bien insuffisant pour l’atteindre. Je n’avais de cesse de battre des jambes, tentant de retrouver ne serait-ce que l’une de ces infimes bulles s’échappant encore de ma bouche. Pourtant, plus je me dĂ©menais d’efforts, plus les ombres semblaient me tirer vers elles. Ma vision s’assombrit, se troubla. Mon seul repère restait l’éternel Soleil. Le seul qui ne disparaĂ®trait jamais de ma vue. Sa lumière maintint en moi l’espoir. Je sentais l’air me manquer, mais ce phare Ă©tait devenu mon unique objectif. Son Ă©clat se faisait de plus en plus intense ! Je sentais que l’atteindre ne serait plus qu’une question de secondes ! J’approchais. Je sentais que la pression se faisait dĂ©sormais moindre. Alors que je touchai finalement mon prĂ©cieux astre du doigt, son intense lumière m’éblouit et je crus devenir aveugle. « Jeune homme ? Jeune homme ! Vous m’entendez ? — … pardon ? M’enquis-je, surpris d’entendre qui que ce soit. — Eh bien ! Levez-vous, jeune homme ! » Me lever ? Ça ne faisait aucun sens ! J’étais perdu au milieu de l’ocĂ©an, entre quelques dĂ©bris de bois et de vieux pirates. Mes yeux restaient fermĂ©s Ă toute forme de mouvement. D’oĂą me venait cette voix ? Un rescapĂ© ? Mon subconscient ? Mon esprit malade, tentant dĂ©sespĂ©rĂ©ment de fuir une rĂ©alitĂ© funeste dans laquelle je me noie en pleine mer ? « Rien de tout ça, en vĂ©ritĂ©. Mais si vous daigniez ouvrir les yeux, je vous assure que vous seriez surpris. En bien… comme en mal. — Comment ça « en bien comme en m… Vous m’avez entendu rĂ©flĂ©chir, lĂ ?! — PrĂ©cisĂ©ment. Maintenant, ouvrez les yeux, levez-vous et partons d’ici avant de faire bouchon, voulez-vous ? » Ă€ force de volontĂ©, mes paupières acceptèrent enfin de se soulever, me permettant d’observer la silhouette de mon interlocuteur. Un grand type, très fin, habillĂ© de bleu comme une sorte de groom. Il me dĂ©visagea quelques instants, me tendant une main serviable. Je regardai autour de moi. D’un ocĂ©an de pirates sanguinaires, me voilĂ soudain transportĂ© sur une mer de pĂ©tales de ces fleurs orangers que j’avais pu voir dans ce sympathique film d’animation. AllongĂ© sur ce douillet matelas, je penchai la tĂŞte en arrière, me permettant d’observer les visages agacĂ©s des nombreuses personnes patientant derrière moi. Il semblait en effet que je gĂŞnasse cette belle organisation plus que de raison. J’attrapais rapidement le bras de mon serviable hĂ´te et me relevais en catastrophe, tentant vainement de m’excuser envers la colonne que je bloquais alors. Puis, curieux, je m’adressai Ă ce sympathique groom : « Vous savez… C’est très gentil de votre part de m’avoir tĂ©lĂ©portĂ© ici. Je crois bien que, sans vous, je n’aurai pas survĂ©cu ! — Eh bien, Ă ce propos… — C’est marrant cet Ă©trange masque que vous portez presque tous, lĂ . Et puis, super bien fait ! Vous me faites penser Ă un ami. — … vous ĂŞtes bien mort, jeune homme. Je crains de ne vous avoir nullement tĂ©lĂ©portĂ© d’oĂą que ce ne soit jusqu’ici. — Vous… vous me faites marcher, hein ? Donc la grande lumière du Soleil que je voyais, au fond de l’eau, c’était… — Votre mort. Le fameux tunnel lumineux qu’observe chaque dĂ©funt lors de son trĂ©pas. — Oh. Bon… eh bien… C’est Eli qui va ĂŞtre contente. Donc ce ne sont pas des masques ? — Non, monsieur. Les jolis crânes que beaucoup arborent en ces lieux ne sont pas des masques. — Vous savez… je suis pas très croyant. Et je vous avoue que je me suis toujours demandĂ© ce qui se trouvait après la mort. — Vous avez votre rĂ©ponse. — Les Mexicains avaient raison ? — Tout juste. — J’vous prĂ©viens, cabrĂłn, je parle pas tellement la langue de… de… Je ne connais mĂŞme pas d’écrivains espagnols ! — Vous venez de m’insulter, lĂ ? — Ah oui ? Mmmh… intĂ©ressant. » Continuant Ă satisfaire mon insatiable curiositĂ©, mon squelette de guide, portant le doux nom de Pablo, me conduisit jusqu’à un immense portail, semblable Ă une douane, devant lequel une dizaine de colonnes Ă©taient formĂ©es. Selon Pablo, les humains mourraient certes plus vieux, mais ils Ă©taient si nombreux que le Royaume des Morts lui-mĂŞme subissait une importante surpopulation. Il m’indiqua la file que je devais emprunter avant de m’informer de son retour imminent. Seul dans la longue ligne de morts, ma curiositĂ© me piqua de nouveau d’un questionnement. En analysant rapidement la foule de quelques regards, je reconnus plusieurs… espèces de morts. La majoritĂ© Ă©tait composĂ©e de squelettes en Ă©lĂ©gantes tenues, bien que certains furent habillĂ©s un peu n’importe comment. On trouvait Ă©galement çà et lĂ quelques hommes bĂŞtes, je suppose que l’on pourrait les qualifier de furries. Certains semblaient ressembler Ă des chiens humanoĂŻdes, d’autres Ă©taient plus originales et arboraient l’apparence de genre d’araignĂ©es ou de cervidĂ©s. Je remarquai, complètement Ă gauche, la file destinĂ©e aux chats. Ils prĂ©sentaient chacun une sorte de petite carte sur laquelle un agent de l’accueil venait apposer un composteur. Les fĂ©lins prenaient alors un petit portail, bien Ă leur taille, qui s’ouvrait près d’eux, leur permettant, je suppose, de regagner la terre des mortels. Certains, dont les cartes ne devaient plus ĂŞtre valables, prenaient tout de mĂŞme le portail menant à … Bah, je n’en savais rien du tout. Je crois qu’ils rejoignaient juste les autres morts. Une autre file, complètement Ă droite celle-ci, Ă©tait exclusivement composĂ©e de crĂ©atures ailĂ©es et cornues aux sourires Ă©tincelants. Les autres morts leur jetaient des regards emprunts de jalousie et mĂŞme, je le soupçonne, d’un peu de haine. Si j’avais bien compris les quelques rumeurs qui parvinrent Ă mes oreilles Ă travers la masse squelettique, cette ligne de cornus Ă©taient dĂ©jĂ mort une première fois. Mais ils avaient rĂ©ussi Ă ressusciter, souvent grâce Ă un bras particulièrement long, une cĂ©lĂ©britĂ© consĂ©quente, une fortune importante, ou une magie puissante. Je comprenais mieux pourquoi on les regardait si mĂ©chamment. Les privilĂ©giĂ©s ne seront dĂ©finitivement jamais les mieux vus, il faut croire. « Jamais, affirma Pablo en me faisant sursauter. — Ah ! Vous ĂŞtes enfin de retour. — Il semblerait bien, oui. Il est temps de passer le test dĂ©sormais, mettez vous en face de ma collègue, je vous prie. — Attendez, il y a un test Ă passer ? Et si je le foire ? Il se passe quoi ? — Vous le saurez bien assez tĂ´t, je pense. — Pardon ?! » Avant de ne pouvoir obtenir ma rĂ©ponse, le squelette m’avait dĂ©jĂ poussĂ© jusque dans une petite salle, fermĂ©e de rideaux, dans laquelle j’étais très Ă l’étroit. Une dame habillĂ©e de la mĂŞme manière que Pablo me regarda fixement. J’étais particulièrement Ă©tonnĂ© de reconnaĂ®tre en son visage celui d’une vieille femme aigrie Ă la simple vue de son crâne. Sa voix confirma cette thĂ©orie. « Cause du dĂ©cès. — Excusez-moi ? — T’es mort de quoi ? Brailla-t-elle. — Oh ! Eh bien… de noyade, je prĂ©sume. — Bah alors ? On sait pas nager, gamin ? Ah ah… — Non, c’est pas vraiment ça. C’est plutĂ´t… — Oh lĂ lĂ ! Je t’arrĂŞte tout de suite, mon petit. Je m’en fiche complètement ! — … Sympa. — Ton nom ? Reprit-elle. — Malkym. — Nom de famille, gamin. J’en ai rien Ă carrer de ton pseudo sur internet. — C’est-Ă -dire que je prĂ©fĂ©rerais rester anonyme. Ce texte est censĂ© passĂ© par Discord et… — Ouais ouais, ta gueule. Profession ? — Je… créé des contrats. — Quoi ? T’es banquier ? Ă€ ton âge ? — C’est vous qui m’avez demandĂ© mon mĂ©tier ! Me justifiai-je. — Hey ! Tu vas baisser d’un ton mon petit gars ! C’est parce que t’es un très jeune banquier que t’as le droit de me parler sur ce ton ! J’bosse ici depuis des annĂ©es, et c’est pas un petit mĂ´ssieur qui veut la jouer garçon de la Haute qui va passer au Paradis plus vite ! Crois-moi, merdeux ! — Mais puisque j’vous dis que je ne suis pas banquier ! — Mais tu vas la fermer, ta gueule ?! — … — Bien. Par contre… il va me falloir une explication. — Oui ? — Pourquoi on t’a placĂ© dans cette file ? T’es pas un squelette, si ? — Ah non ? — Vois par toi-mĂŞme, gamin. » Elle tira un poudrier de sa poche et me l’ouvrit sous le nez. Après avoir Ă©ternuĂ© un grand coup, je vis mon reflet. Je n’y constatai qu’un banal jeune homme, moi, si tant est… cette belle paire de cornes blanches, au-dessus de mon front, semblables Ă celles d’un bĂ©lier, se frayant un passage Ă travers mes cheveux blonds. Elles m’allaient… plutĂ´t bien. J’étais donc… positivement surpris. Mais surpris tout-de-mĂŞme. NĂ©anmoins, je constatais ne pas avoir obtenu les ailes qu’arboraient les autres cornus, dans leur file. C’était tant mieux, Ă mon avis. Elle m’aurait, sans nul doute, plus gĂŞnĂ© qu’autre chose. « Je pense aussi. — Quoi ?! Vous aussi vous pouvez faire ça ?! — Ouais, et je n’ai aucune idĂ©e de la raison pour laquelle t’as pu avoir les cornes sans avoir les ailes. Et je vais t’avouer un truc. Vu ton dossier, et ton flagrant manque de respect envers tes aĂ®nĂ©s… — J’vais te gifler, je crois. — … pour moi, c’est l’Enfer, direct. — Il y a un Enfer, chez les Mexicains ? — Un genre de quartier plutĂ´t malfamĂ©. Bref, ton petit problème de corne va compliquer les choses. Va falloir passer par l’administration ! Demande Ă cette grande tige de Pablo de t’y emmener. — J’ai rĂ©ussi la teste alors ? — Non. Allez dĂ©gage ! SUIVANT ! Brailla-t-elle en me vrillant les tympans. » Je tirai le rideau me sĂ©parant du Royaume des Morts et dĂ©couvris ce pays… incroyable ! Une musique enjouĂ©e me vint immĂ©diatement aux oreilles et m’apporta une sourire rassurĂ©. Mes yeux furent inondĂ©s de couleurs vives et cavalantes qui m’évoquèrent tant de fĂŞtes et de bonheur ! Les expressions de tous semblaient ĂŞtre si joyeuses ! Ce monde semblait ĂŞtre si gai, notamment pour celui des dĂ©funts ! « N’est-ce pas ? Moi aussi je suis toujours surpris de la bonne ambiance dont nous bĂ©nĂ©ficions, ici ! — AH ! Pablo. Oui… c’est vrai que c’est beau. Vous pouvez arrĂŞter de faire ça ? — Je ne crois pas. Alors, vous avez rencontrĂ© la vieille pie ? — Oui, et… vous sauriez pourquoi j’ai ces jolies cornes sur la tĂŞte ? — Mmmh… j’ai bien mon petit soupçon, mais mieux vaudrait en parler Ă l’administration avant de tirer de conclusions hâtives. — C’est aussi l’avis de… comment s’appelle-t-elle, dĂ©jĂ ? — La vieille pie ? — Oui. — C’est une vieille pie. VoilĂ tout. — Oh… très bien. Pouvez vous me conduire Ă cette fameuse administration ? — Vous allez adorer le chemin. Nous devrions passer par le carnaval ! » Sans plus attendre, nous prĂ®mes la route. Ce monde ressemblait en tout point Ă une sorte de très grande ville, divisĂ©e en de nombreux quartiers. Ironiquement, tout Ă©tait très vivant ! Je croisais des groupes de morts qui se baladaient bras dessus bras dessous. De longues banderoles jonchaient les vastes boulevards sur lesquels on vendait de tout. LĂ , des sucreries au miel, auxquelles je ne pus rĂ©sister. C’est fou Ă quel point ces petites merveilles pouvaient avoir un goĂ»t exquis ! Et puis, j’avais l’impression vĂ©ritable de goĂ»ter aux fleurs qui avait produit le pollen permettant la confection de ce miel qu’au miel lui-mĂŞme. Ici, de petites figurines de bois, aux effigies variĂ©es, parmi lesquelles je reconnu une jolie loutre, quelques chouettes chouettes, un Ă©lĂ©gant dinosaure Ă la tĂŞte peut-ĂŞtre un chouilla disproportionnĂ©e, ainsi que quatre ou cinq petits chats. L’un de ces derniers Ă©tait par ailleurs recouvert de petites tâches de peinture colorĂ©e, qu’une petite fille s’amusait Ă faire, près de la teneuse du stand. De ce cĂ´tĂ©, quelques grillades, surtout des lĂ©gumes. Un sympathique squelette, qui portait tout-de-mĂŞme une large moustache, me proposa une brochette de poivrons Ă©picĂ©s que j’acceptai avec joie. Les savoureux lĂ©gumes croquaient juste ce qu’il fallait sous la dent, et Pablo ne se fit pas prier pour demander Ă son tour sa dĂ©licieuse brochette. Plus loin, nous tombions sur un chouette stand de dĂ©corations. La vendeuse, une ursidĂ© il me semble, nous prĂ©senta quelques articles de son grand Ă©talage. Il y avait lĂ de jolies bougies de cire disposĂ©es dans des pots Ă l’effigie de grandes villes du monde. Je reconnu Paris, Ă la Tour Eiffel arborĂ©e par l’un d’eux. Il y avait aussi New York et son Empire State Building, Beijing et sa CitĂ© Interdite, Mexico et son Palais des Beaux Arts et, bien sĂ»r, Rio de Janeiro et son immense Christ RĂ©dempteur. Elle nous pria par la suite de bien vouloir admirer les plus jolies dĂ©corations qu’elle avait Ă vendre. MalgrĂ© notre importante tâche, je convaincu tout-de-mĂŞme Pablo de bien vouloir rester quelques instants supplĂ©mentaires. La teneuse arbora un large sourire emprunt d’une grande joie en sortant de derrière elle un plein carton de babioles transparentes. J’échangeais quelques regards dubitatifs avec mon guide quand la marchande prit ma main entre ses pattes. Elle l’apposa sur un tube de verre qui s’éclaira soudainement d’une lumière rose. Elle nous expliqua que les impulsions Ă©lectriques Ă©mises par notre corps renseignait cette formidable babiole de notre humeur et changeais sa couleur en consĂ©quence. Je ne reconnu aucune alimentation, aucun câble pour fournir une quelconque Ă©nergie Ă l’objet. Aussi, je fis part de mes interrogations Ă l’ursidĂ©. La vendeuse m’informa alors de l’étrange fonctionnement de l’appareil. L’énergie thermique, aussi infime soit-elle, dĂ©gagĂ©e par l’utilisateur, est dĂ©cuplĂ©e par une rĂ©action en chaĂ®ne qui se produit Ă l’intĂ©rieur des tubes, via des particules dont le nom m’échappe aujourd’hui complètement. Ces particules vont alors prendre une couleur plus ou moins froide en fonction de l’intensitĂ© de la chaleur Ă©mise par l’utilisateur, ce qui créé cette illusion de changement de couleur par l’humeur. Il n’en est en rĂ©alitĂ© rien, ou presque. Près de moi, une petite foule s’était rassemblĂ©e afin de connaĂ®tre le fonctionnement des fameux tubes Ă©motionnels. Alors que la vendeuse faisait dĂ©monstration de la façon dont il Ă©tait possible de donner diverses formes Ă ses prĂ©cieux tubes, je fus bousculĂ© de cĂ´tĂ© et fit malencontreusement tombĂ© un superbe tube Ă l’effigie d’un cactus, qui vint s’éclater contre le pavĂ©. ImmĂ©diatement, de violents Ă©clairs jaillirent des bris de verres et une Ă©paisse fumĂ©e multicolore se forma bientĂ´t autour de nous. Son odeur de cannelle me fit monter un sourire aux lèvres, alors que les petits Ă©clairs amusaient la foule qui s’éloignait de la fumĂ©e, impressionnĂ©e du spectacle. Le changement constant des couleurs de cet Ă©pais brouillard, aux flagrance pourtant si puissantes et agrĂ©ables, m’était insupportable. Je relevai la tĂŞte juste Ă temps. J’esquivai la forme sombre qui me fonçait dessus, m’écrasant sans aucune douceur sur le sol. Les odeurs ambiantes me montaient Ă la tĂŞte, embrouillant mes sens. Je n’entendais pas ce que me disait mon assaillant. J’eus simplement le rĂ©flexe de me dĂ©battre, tentant d’échapper Ă sa puissante Ă©treinte. Soudain, je sentis la chaleur d’un baiser se dĂ©poser sur mes lèvres. Alors que la fumĂ©e se dissipait enfin, je rĂ©vĂ©lai Ă la foule les tendres retrouvailles de ma chère Shelly. « Malkym ! Tu’es vraiment qu’un salaud, doublĂ© d’un connard et triplĂ© d’un enfoirĂ© ! — Je t’aime aussi, lui rĂ©pondis-je naturellement en me retenant de jouer les enfoirĂ©s de connard de salaud en lui affirmant que ces trois mots Ă©taient synonymes. — Tu sais combien de temps j’ai passĂ© Ă te chercher ici, sans jamais te trouver nul part ?! — Je ne sais pas, Shelly. — C’est bien la première fois, tiens ! Et…oh… Je sens que tu es content de me voir. Sympa. — Plus tard ! On est en plein milieu d’une foule. Et j’ai quelque chose d’important Ă faire. » Elle se releva d’un coup et, alors que les particules retombaient lentement en donnant un air de romantisme poĂ©tique Ă la scène, je cru la redĂ©couvrir pour la première fois. Ă€ peine plus petite que moi, Shelly arborait elle aussi des cornes sur le dessus de sa tĂŞte. Je crus les reconnaĂ®tre semblables Ă celles des chèvres. Ça ne faisait pas beaucoup de sens, après rĂ©flexion, mais elles lui allaient, une fois encore, particulièrement bien. Elles traversaient avec Ă©lĂ©gance ses cheveux châtains, maladroitement attachĂ©s en une queue de cheval derrière sa tĂŞte. Son Ă©ternelle frange mettait dans l’ombre la moitiĂ© de son joli visage, aux formes très rondes. Ses grands yeux noisettes, toujours emprunts d’une intense joie et d’une malice très enfantine, s’étaient ce jour-lĂ teintĂ©s d’une lueur rouge ainsi que d’une forme de colère. Mais l’Amour en dĂ©bordait toujours. Elle n’y pouvait rien, je l’avais créé ainsi. Ma très chère portait la mĂŞme tunique que lors de notre dernière rencontre, dans les cales de ce fameux navire. Ce petit air de pirate lui allait comme un gant. Debout, face Ă moi, elle me fixa, Ă la fois soulagĂ©e et ennuyĂ©e par mon retour Ă ses cĂ´tĂ©s. Shelly sait pertinemment que m’accompagner dans mes pĂ©ripĂ©ties n’est pas une tâche aisĂ©e. Alors que la foule nous lançait des demandes fort peu catholiques, je me relevai et sommai les spectateurs de poursuivre leur route. Je regardai autour de moi, cherchant Pablo du regard. Mon squelette de guide semblait s’être volatilisĂ©. Je n’avais pas idĂ©e d’oĂą il avait bien pu disparaĂ®tre, mais il me fallait me rendre au plus vite Ă l’administration. Sans Pablo Ă mes cĂ´tĂ©s, mon sĂ©jour ici Ă©tait tout-Ă -fait illĂ©gal. Je pris ma chère amie par la main. « Allez Shelly ! Il faut que je trouve l’Administration. — Malkym… — Non, on discutera plus tard. C’est urgent. — Malkym ! — Bon sang, Shelly ! J’ai pas le temps ! Si on me trouve sans guide au milieu du Royaume des Morts, je suis fichu ! » Elle se dĂ©gagea violemment de ma main. « Tu comptes vraiment que je te suive ? Juste… comme ça ? Pas un bonjour ? Pas une excuse ? — Une excuse ? Mais une excuse pour quoi ? — Tu me considères sĂ©rieusement comme un putain d’outil ? — Quoi ? Tout le monde peut lire dans les pensĂ©es sauf moi, ici ?! — … T’es vraiment qu’un putain de connard ! Tu le sais, ça ? — Oui, oui… C’est pas la première fois qu’on a cette discussion. Maintenant suis-moi. — Oh que non, Malkym. Pas cette fois. — Mais qu’est-ce qu’il te faut Ă la fin ? De la considĂ©ration ? JE t’ai Ă©crite ! JE t’ai dessinĂ© ! JE t’ai conçu, du dĂ©but Ă la fin ! Et s’il y a bien une chose qui est certaine, c’est que je n’ai rien Ă apprendre de mes crĂ©ations ! — … Malkym… — Et encore moins de ta part. » Shelly, Ă l’entente de mes paroles, ne dĂ©crocha pas un mot de plus. Elle fondit en sanglots avant de s’effondrer au sol, assise contre un stand de boissons. Je n’ai jamais su quand m’arrĂŞter. C’est lĂ mon Ă©ternel dĂ©faut, je pense. Le fĂ©lidĂ© qui tenait le stand me regarda avec un air accusateur. Je lui demandais un « T’es sĂ»r que tu ne veux pas boire quelque chose ? Histoire de te rafraĂ®chir les idĂ©es ? — Tu penses vraiment tout ce que tu dis ? — … — Tu penses vraiment que je ne peux rien t’apprendre ? — … Je dis juste que, pour l’instant, mes univers ne semblent rien m’avoir appris. — Je vois. » Un silence de mort s’en suivit. Enfin… tout est relatif. Les musiciens continuaient de jouer tout autour de nous, les odeurs continuaient d’émerveiller les sens, les visages satisfaits des squelettes qui passaient devant nous ne semblaient pas s’affaiblir. Mais c’était comme si une petite bulle nous enveloppait, assis contre le stand de boisson dont le vendeur nous demandait, il me semble de bien vouloir partir. Nous l’ignorions. D’un coup, Shelly se leva d’un bond. « Si je ne peux rien t’apprendre, je peux au moins t’aider ! — Quoi ? Tu ne m’en veux dĂ©jĂ plus ? Eh bien… je devais vraiment ĂŞtre fatiguĂ© quand j’ai calculĂ© ton taux de rancunes. — On en reparlera, c’est certain. Mais c’est pas en m’apitoyant que je ferai changer les choses. Alors… je vais t’aider Ă quitter cet endroit. — Tu veux dire que tu sais oĂą se trouve l’administration ? — Je crois mĂŞme avoir mieux que ça. Tu sais… tu me condamnes souvent à … venir ici. — Ah. Euh… moui. — On en reparlera… Du coup, je me suis fait quelques petites connaissances, dont un squelette qui permet Ă certains morts de ressusciter. Un genre de passeur, si tu veux. — Je comprends. Et pas besoin de passer par l’administration, je prĂ©sume. — Absolument ! Cependant, je dois te prĂ©venir. — Et comment tu le paies, ce type ? — C’est justement ça le problème. Je crois bien que j’ai Ă©puisĂ© tous mes moyens de paiement. — Tu es vraiment certaine ? — Complètement. — MĂŞme… ? — Non… Il est gay. — Ah merde. — Bah, il est pas en Enfers pour rien, hein ! — Quoi ? Ce monde aussi est homophobe ? — Le monde, je sais pas. Mais les douaniers, c’est certain. — Ah bah gĂ©nial. Super, le Royaume des Morts… — ArrĂŞtes tes sarcasmes et suis-moi. » Je ne revenais pas que Shelly se soit si rapidement remise en question. Ça forçait le respect. Elle me conduisit Ă travers la ville, en ne cessant jamais de me tenir par la main. Les larges boulevards en fĂŞte se changèrent en rues bien plus calmes. Nous passâmes devant quelques vendeurs de fruits et lĂ©gumes, une Ă©picerie ou deux et le premier sans-abris du trajet. La première pauvre âme que j’eus croisĂ© dans ce vaste Royaume. Un squelette habillĂ© d’un chapeau de paille et d’un vieux short dĂ©chirĂ©. Il m’agrippa la jambe, stoppant notre course effrĂ©nĂ©e Ă travers la ville. EntraĂ®nĂ© par l’avancĂ©e de Shelly, le pauvre bougre vint s’écraser le crâne contre les pavĂ©s. Un petit rire me vint alors tout naturellement. Lorsque mon amie roula des yeux, je compris que ce n’était pas vraiment la rĂ©action attendue. « Ah ah… ah… hum ! Excusez-moi, monsieur. Je… euh… tenez, lui dis-je en lui tendant une pièce. — C’est bien gentil de ta part, Malkym, remarqua Shelly alors que nous reprenions notre route. — Oh, tu sais, ce type avait l’air d’avoir besoin d’un peu d’aide. — Effectivement. C’est Ă©tonnant que tu t’en sois rendu compte. — Quoi ? J’suis pas un monstre ! » Elle me dĂ©visagea d’un regard accusateur. « Enfin… pas tout le temps, me corrigeai-je » Après notre passage dans ces rues calmes, Shelly m’emmena dans un quartier… bien plus malfamĂ©. Les rues Ă©taient maculĂ©es de saletĂ©s. De vieilles affiches. Des tags vraiment très moches. Des cadavres d’animaux indĂ©terminĂ©s, rongĂ©s par des bestioles encore plus indĂ©terminĂ©s. Des sans-abris regroupĂ©s autours de bidons en flammes, nous lançant des regards assez peu sympathiques. Des squelettes et quelques canidĂ©s bien amochĂ©s trafiquant en ces ruelles de marchĂ© douteux. Quelques filles de peu de vertu, avec lesquelles Shelly m’interdisait toute conversation sous peine de lourdes claques. C’était ces bas quartiers que les gens appelaient les Enfers. Shelly me racontait que, lorsque l’on y Ă©tait envoyĂ©, en sortir relevait de l’impossible. Les misĂ©rables habitant les environs avaient commis les pires atrocitĂ©s. C’est ce qui se disait. Mais je crois, encore aujourd’hui, que certains n’avaient dĂ©finitivement pas mĂ©ritĂ© leur peine. Je me souviens de cette petite vieille qui, gisant sur le pavĂ©, m’avait arrĂŞtĂ© quelque instants. Quand, par curiositĂ©, je lui demandais quel pĂ©chĂ© cette pauvre vieille avait bien pu commettre pour se retrouver ici. Elle m’affirma avoir menti Ă de nombreuses reprises Ă son ancien mari et l’avoir dĂ©noncĂ© Ă la police afin d’éviter d’être battu. Cette pauvre petite dame avait donc Ă©tĂ© envoyĂ©e en Enfers pour tous ses mensonges et sa trahison. Enfin, Shelly m’annonça que nous Ă©tions arrivĂ©s Ă destinations. Je ne vis qu’une Ă©paisse fumĂ©e s’échappant d’une Ă©troite ruelle. C’était vraiment très peu rassurant, et je commençais vraiment Ă penser que ce n’était pas une excellente idĂ©e. Alors que je regardais ma compagne avec un air peu confiant, elle me rĂ©torqua : « Tu vois ce que tu me forces Ă faire, Ă chaque fois ? — Vous vous retrouvez jamais.. sur une jolie place, avec un peu de musique ? Ou dans un joli bar ? — Bizarrement… non. Allez, passe devant. Ils devraient pas manger leur si cher crĂ©ateur, pas vrai ? — Je l’ai mĂ©ritĂ©, hein ? » Pour seule rĂ©ponse, elle me fit un geste de tĂŞte m’invitant Ă franchir cette fumĂ©e rougeâtre. Je pris une grande inspiration avant de passer Ă travers la purĂ©e de pois. Je me retrouvai dans une ruelle plus large, une sorte de pièce fermĂ©e par les murs des immeubles voisins. Trois types se tenaient lĂ . L’un d’eux Ă©tait un fort et haut canidĂ©, un pitbull aux oreilles taillĂ©es et Ă l’air renfrognĂ©. Il se tenait sur une longue batte de baseball garnie de clous. Il poussa un grognement dès mon arrivĂ©e Ensuite, il y avait un cervidĂ© rouge, dont les bois avaient Ă©tĂ© taillĂ©s en pointe et salement amochĂ©s, qui se tenait dans un coin avec un large sourire. Ă€ mon apparition, il fit un geste au dernier, un squelette encapuchonnĂ© Ă l’air vilain. Ils n’étaient pas de charmants compagnons d’affaire, mais j’avais vu pire. Le dernier s’avança vers moi, et joua adroitement avec un couteau papillon en sifflotant. Quand enfin Shelly me rejoignit, il s’éloigna d’un coup avant de la saluer : « Ah ! Shelly ! Ça faisait longtemps. — Tu sais que c’est faux, Ash. — Ouais. Et ça me fait me poser deux questions. D’une, pourquoi t’es dĂ©jĂ de retour ? — Il faut qu’on retourne dans le monde des vivants, moi et mon ami. — Et de deux, qui c’est l’étranger, lĂ ? — Un ami. — Il est maudit ton ami, lĂ . T’as pas vu les cornes ? — Et alors ? Je passe bien ici tout le temps, non ? — C’est pas pareil… Toi, t’es une habituĂ©e ! Lui, c’est un petit nouveau, ça se voit. Et si on s’aperçoit qu’il a Ă©tĂ© ressuscitĂ© avant mĂŞme d’être enregistrĂ©, mon p’tit business est fini ! — Tu peux bien faire une petite exception ! Pour une fois. J’suis une habituĂ©e, hein ? — Ça va vous coĂ»ter très cher, ça. Vous savez ? — Alors… en parlant de ça... » L’hĂ©sitation de Shelly sembla ne pas plaire au pitbull. Il prit mon amie par le cou et la plaqua contre le mur, Ă quelques centimètres du sol. La mine endolorie qu’elle arbora soudainement me fit sursauter. Le cerf me colla son poing dans le visage et me sonna quelque instant. « J’ai dĂ©jĂ entendu ça Shelly… Je te paierai plus tard, Ash ! C’est la dernière fois, Ash ! Et je commence en avoir plus qu’assez. Ton ardoise est complète. — Je peux pas t’payer, Ash… mais lui, il peut ! — Oh… Il est plein aux as le petit ? On va voir ça. Pit’, met donc notre cliente sur le pentacle. Si jamais ils n’ont pas de quoi payer, je pourrais toujours me servir de son âme pour obtenir un voyage Ă moindre frais. Jimp, fais chauffer la lame. » L’énorme molosse plaqua Shelly contre le sol d’un puissant geste du bras. Elle poussa un cri de douleur qui me tortura l’esprit. Le cervidĂ© tira une lame d’un mĂ©tal argentĂ© de son veston et le plaça au-dessus d’un baril dans lequel crĂ©pitait un feu. Le squelette balafrĂ© s’approcha de moi et me donna un violent coup de poing dans le ventre. Une giclĂ©e de sang fut tirĂ©e de ma bouche. « Ne t’inquiète pas. Si t’as vraiment de quoi payer, tu pourras retourner dans l’autre monde. Et la douleur n’y est pas transmise. GĂ©nial, pas vrai ? — Je… je peux vous payer. Vous auriez du papier et un stylo ? — Quoi ? Tu comptes peut-ĂŞtre nous faire un chèque ? Bien sĂ»r que non, crĂ©tin ! Me cria-t-il en me mettant un second coup de poing, dans la joue celui-ci. — Attendez, vous comprenez pas ! Affirmai-je Ă moitiĂ© sonnĂ©. — Ce que je comprends surtout, c’est que t’es pas riche pour deux sous. Ta chère amie m’aurait donc menti ? AĂŻe… quel dommage. Jimp, passe le couteau. J’aimerai montrer Ă notre nouveau client ce qui arrive aux menteurs. — Non ! Attendez ! Vous pouvez pas… — Et pourtant, je vais, rĂ©torqua-t-il en me mettant au sol d’un grand coup de genoux dans le ventre. » Alors que le cervidĂ© approchait de son patron, une lame chauffĂ©e Ă blanc entre les mains, le squelette se baissa pour se mettre Ă mon niveau et d’une voix sympathique, il me souhaita : « Et bienvenue en Enfers, connard ! En me collant un cinglant coup de poing en pleine face. » Mes lunettes se brisèrent au sol tandis que les souvenirs de cette belle soirĂ©e me revenaient en mĂ©moire. Nous voilĂ revenus Ă notre point de dĂ©part. Jimp fit part de la lame bouillante au sac d’os qui s’en empara et s’approcha de ma prĂ©cieuse Shelly. J’allais encore la perdre. DĂ©finitivement cette fois. Elle allait disparaĂ®tre Ă jamais, et bientĂ´t, ce serait mon tour. J’entendais les pleurs de ma tendre amie qui voyait la mort arriver, une lame de mĂ©tal blanc Ă la main. Le squelette apposa sa main sur le cou de Shelly et somma le pitbull de le laisser faire. Puis il se tourna vers moi et me regarda droit dans les yeux en approchant le couteau de la gorge de mon amie, me narguant de son implacable victoire. Alors que les larmes me montaient, pris d’un Ă©lan de fureur, je me mis Ă courir vers le sac d’os pour l’empĂŞcher de prendre la vie de celle qui m’était si chère. La lame pĂ©nĂ©tra mon abdomen alors que je me tenais Ă la limite du pentacle. Par rĂ©flexe, peut-ĂŞtre, le squelette avait tendu son bras vers moi. Je ne m’en suis aperçu que trop tard. Mon sang commença Ă s’écouler sur les pavĂ©s tandis qu’un grand rire sadique surgit des trois associĂ©s. Shelly profita de cette occasion pour se libĂ©rer de l’emprise de son vieil ami. Elle le plaqua subitement au sol et lui tira le couteau des mains. Au sol, je rampai jusqu’à toucher du doigt ma si chère amie. La tigresse, agenouillĂ©e sur le squelette, poussa un profond cri avant de planter violemment la lame blanchie dans le crâne horrifiĂ© du sac d’os qui Ă©clata sous la pression du coup dans une intense lumière bleutĂ©e. Alors que les deux sous-fifres accouraient pour venger leur maĂ®tre, nous nous dĂ©sintĂ©grâmes sous leurs yeux. Un doux mouvement de va-et-viens me fit ouvrir les yeux. Le bruit des vagues Ă©taient si… agrĂ©ables. Je me sentis dĂ©posĂ© sur le sable. Je tâtai le sol pour ĂŞtre tout-Ă -fait certain. J’étais bien de retour sur la terre ferme. Le sac d’os n’avais pas menti. Plus aucune douleur ne ma parcourait. PlutĂ´t un grand soulagement. Shelly se tenait debout sur la plage, elle semblait terriblement essoufflĂ©e, malgrĂ© tout. Je me levai pour la rejoindre. Une discussion allait s’imposer, plus tard. Mais pour l’heure, profiter de cette vue du vaste ocĂ©an, de la forĂŞt qui s’étendait derrière nous, de cette vitalitĂ© retrouvĂ©e, du soulagement. C’était tout ce que je pouvais faire. Je poussai un profond soupir. Une main pressĂ©e contre mon Ă©paule, j’observai les alentours. Ils avaient bien changĂ©. Fin. Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
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