L'Académie de Lu





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(par Vic)
(Thème : DĂ©fi de Copeland)



Son corps était tout ce dont il avait besoin. Le rituel ne pouvait s’en passer, je le savais pertinemment. Je l’observai, les yeux mi-clos, les muscles tendus à l’extrême. Je ne pouvais m’empêcher de penser à son regard qui avait croisé le mien quand on l’avait amené au milieu de la place de la ville. J’y avais lu de la tristesse, de la peur, et un appel à l’aide.

La foule enragée criait. Des agents de la milice, vêtus de sinistres combinaisons formaient une ligne de délimitation entre la foule et le bucher construit au centre du site. Quelques personnes essayaient de passer ce bandeau de sécurité mais étaient immédiatement stoppés par des coups de crosses ou de matraques. La température était si basse que de la glace aurait pu se former sur mes mains.

Deux miliciens le liaient sur le poteau en bois, il n’essayait même pas de se débattre. Une fois qu’il fût attaché, les miliciens se tournèrent vers moi et opinèrent du chef. C’était moi qui dirigeais les miliciens. Je m’avançai vers le bûcher alors que je sentais son regard sur moi. Je sortis un de ces gros briquets dont la flamme était bien plus large et plus chaude qu’un briquet classique et allumai l’édifice qui s’embrasa. Les flammes vinrent chatouiller son corps, et il cria alors qu’il prenait feu.

La foule retentit de plus belle, et dans un même mouvement, elle fit pression sur le bandeau de sécurité qui peina à la contenir. Je fis un signe de la main à mon adjoint pour lui indiquer de lancer les manœuvres de désencerclement.

Tandis que les miliciens du bandeau de sécurité tentaient d’empêcher les gens de passer, ceux en retrait braquèrent leurs armes sur la foule et tirèrent des coups de LBD 40*. Des grenades lacrymogènes GLI-F4* et de désencerclement fusèrent également vers la masse grouillante de personnes. Quelques personnes fuirent mais ceux qui restèrent n’en étaient que plus enragés.

Ils étaient trop nombreux, le bandeau céda et des civils s’infiltrèrent sur le site. Ils récupérèrent les armes des miliciens à terre et le combat passa en mode létal.

Les civils n’étant pas équipés en protection, l’affrontement était un bain de sang. Soudain, une silhouette abattit un couteau sur moi, je déviai la lame de justesse qui se planta juste en dessous de mon épaule. La douleur m’était insupportable.

Je relevai la tête juste à temps. J’esquivai la forme sombre qui me fonçait dessus, m’écrasant sans aucune douceur sur le sol. Les odeurs ambiantes me montaient à la tête, embrouillant mes sens. Je n’entendais pas ce que tentait de me crier mon adjoint.

Je l’empoignai, tentant d’ignorer mon sang qui coulait. Je le fis rouler dans la terre et me relevai rapidement pour lui asséner un coup de pied au visage. Je sentis son nez se briser. Il agrippa ma jambe mais je me dégageai et renvoyai mon pied dans son plexus. Je retirai le couteau de mon épaule d’un geste sec. Pendant le duel, la lame avait bougé et la plaie s’était aggrandie.

La main droite compressant mon épaule endolorie, la gauche tenant mon arme, un gout de métal dans la bouche, je m’éloignai des combats. Un belligérant se mit en travers de mon passage, une barre de métal à la main, de la haine dans les yeux. Sans une hésitation, je levai mon arme et pressai sur la détente. La balle lui transperça la tête en projetant des gerbes de sang sur le sol. Une fois à l’abris, un peu plus loin, caché dans le cadavre d’un bus, je me décidai à regarder ma blessure. Je retirai ma combinaison et me mis torse-nu. Le sang coulait abondamment. Je pressai ma veste en tissu contre la blessure, et sortis mon briquet ainsi que mon couteau. Je commençai à chauffer la lame en repensant aux évènements.

Avec les révoltes massives des populations, les états avaient été remplacés par une multitude de milices armées. Je m’étais retrouvé à diriger un régiment entier de miliciens avec pour rôle de réprimer la population d’une ville fantôme. On venait de brûler un homme d’une cinquantaine d’années, pour servir d’exemple. Ça n’avait fait qu’envenimer la situation. Je ne faisais pas ça par plaisir, au contraire même, mais par devoir. Je ne savais pas quoi faire d’autre dans ce monde en ruine.

La lame de mon couteau était rouge vif, je pris une grande inspiration, plaçait un de mes gants roulé en boule dans ma bouche et posait la lame sur ma plaie. Ma mâchoire se contracta et tous les muscles de mon corps se tendirent. Un grognement bruyant s’échappa de ma gorge.

Finalement, je retirai la lame et la jetai plus loin. Je repris mon souffle. Il se mit à pleuvoir. Je tendis ma main en dehors du bus et l’eau qui coula le long de mon bras me fit un grand bien tout comme la brise qui caressait mon torse meurtri.

Un flash lumineux, puis une détonation. Ce n’était pas l’œuvre d’un tir d’une quelconque arme, mais celle d’un éclair.

Dormir en attendant d’avoir repris mes forces était tout ce que je pouvais faire. Je poussai un profond soupir. Une main pressée contre mon épaule, j’observai les alentours. Ils avaient bien changé.




























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