L'Académie de Lu





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Un petit morceau de métal brillant

(par Malkym)
(Thème : Mélilémots 5)
(dernière modification : 21/05/2022)



Un soleil éclatant transperçait un ciel d’un bleu immaculé, pointant depuis son zénith tous les imprudents qui, par peur comme par besoin, se cachaient de sa lumière, de ses rayons, couraient d’étal en étal pour bénéficier des toiles de lin qui recouvraient les chefs des bienheureux marchands, auxquels les afflux de clients, aussi contraints soient-ils, ne pouvaient décemment pas déplaire. La grand-route avait l’habitude d’accueillir les marchés des petits villages, mais à l’échelle d’une cité comme celle-ci, c’était un véritable dédale de tables de bois, de draps tirés contre les cieux et de caisses de marchandises, aussi variées que ne pouvaient l’être les milliers de clients qui se pressaient chaque jour les uns contre les autres dans le sinueux labyrinthe aux mille et une voix criardes.


« Hemrald et fils ! Les meilleurs forgerons du Nouveau-Royaume ! »


« Demandez les épices d’Outre-Part, les plus fines épices et herbes de tout le continent ! »


« Les herbes les plus fines ? Elles sont chez Piotr Grimpy ! Rien de tel que la botanique naine ! »


« Esnar lé fadiase ! Alkamistri pia’ir Maeldiom ! Maeldiom y’ filisi ! »


Au beau milieu du gigantesque marché, entre les primeurs, les poissonniers, les cordonniers, les boulangers, les alchimistes, les prêcheurs, les joailliers, les fromagers, les esclavagistes, les forgerons, les druides, les tailleurs et les nombreux et innombrables voleurs, se traçait un gigantesque couloir pavé de grès poli, à l’aspect semblable au plus pur des marbres, au-dessus duquel pas une table, pas une toile, pas une caisse, pas un pied, pas même la moindre des mouches qui voletaient au-dessus des poissons et des fruits, n’osait s’aventurer, par abri de la chaleur comme par respect. Car, chose connue de tous en ce vaste lieu, la longue et large rue liant le palais impérial au Temple devait toujours rester à l’abri de toute obstruction, car nul ne devait entraver l’incommensurable pouvoir que les Divins avaient fait grâce au Maître de la Cité.


Pourtant, sous les centaines de regards plus médusés les uns que les autres, dont certains n’hésitèrent pas à quérir l’aide de la garde du Temple en quelques cris, devant tous les étals sur lesquels tout sembla se ralentir pour observer, au beau milieu du couloir respecté, maudit par certains, sous les rayons inquisiteurs d’un Soleil de plomb, qui ne pouvait que toiser silencieusement l’affront se commettre, les pavés de grès, marbrés, polis, taillés à la gloire de l’Empereur et des divins, furent foulés.


« N’as-tu pas honte, sale vaurien ?! Cria un prêtre avec ferveur depuis le bord du corridor. Descends de cette maudite jument et abrite-toi sur-le-champ sous les toiles, avant que le Soleil ou la garde ne décident de te réduire en cendres ! »


Le haut et irrespectueux personnage encapuchonné, dont une longue mèche noire se perdait sur l’épaule, approcha sa monture du prêcheur chauve aux dents pourries, et tira de sa longue cape bleue, entre un pouce et un index gantés, une large pièce métallique. D’une couleur étrange, oscillant d’un œil à l’autre de l’or pur au plomb le plus nocif, le morceau de métal dodécagonal ne sembla rappeler rien de connu aux yeux du prêtre, dans lequel on pouvait pourtant lire toute l’envie. Approchant son nez crochu des reflets sublimes de la piécette en redressant ses binocles de fer, le vieil être plissa les yeux pour observer plus finement ce que cet inconnu semblait lui présenter. Ne lui rappelant rien de connu ou de semblable, il y était frappé le visage d’une étrange créature, entouré de symboles indescriptibles que ni l’un ni l’autre n’était en mesure de comprendre, au menton pointu, au sourire infernal, au regard insidieux. Mais ce furent bien les dantesques cornes de bélier qu’arborait son front qui conclut de surprendre le vieillard.


« Eh bien quoi ?! Est-ce là un paiement de ta part ? Le visage de l’idiot qui t’envoie ? Ou prends-tu simplement plaisir à bafouer tout ce qui peut être sacré, en foulant ces pavés et exhibant le visage d’un démon et ces symboles païens ?!


— Je suis à sa recherche, expliqua l’hérétique. J’ai traversé tout le…


— Cette voix, mais par tous les divins… Tu es une femme ?! De quel droit oses-tu accomplir autant d’infamies ?! Ôte cette capuche et descends immédiatement de ta monture, sale chienne ! Je peux t’assurer que tu seras bientôt rôtie sur le bûcher, comme chacun des clowns qui ont un jour osé jouer les effrontés devant les divins ! »


L’inconnue se tut un instant, observant la foule autour d’elle, qui ne pouvait que s’agglutiner sur les extrémités des pavés en pestant et spéculant de son identité à la simple vue de ses habits, ou de cette pièce. Elle leva cette dernière au-dessus de sa tête, laissant le Soleil lui-même s’y refléter en mille couleurs.


« Bonnes gens ! Cria-t-elle aux mille et un curieux. Cette pièce enchantée est faite d’un métal extrêmement rare, au pouvoir incommensurable, qui permettrait à quiconque l’obtient de devenir d’une richesse incommensurable, ne serait-ce qu’en l’ayant en sa possession !


— Cesse de hurler des inepties, insolente ! Je ne sais pas de quel droit tu peux bien croire que…


— Sachez, reprit-elle, que j’offrirai ce puissant artefact, digne des plus grands seigneurs, au premier qui me portera la langue et le foie de cet insolent roquet !


— Ah ! Crois-tu vraiment que le moindre de ces admirables gens puisse croire à de telles… »


Le poing d’un marchand de tissu vint interrompre la phrase du vieux prêtre en se logeant dans son dos. Le pied d’un nain bourru brisa le genou droit du prêcheur, qui s’écroula contre les pavés sacrés dans un cri de douleur, près des sabots de la jument sur laquelle l’encapuchonnée restait aussi impassible que silencieuse, la tête baissée vers la victime. Un forgeur, armé d’un marteau, vint frapper à répétition le torse du vieillard dans un sordide vacarme de cotes brisées et de hurlements de douleur et d’incompréhension. Un voleur entreprit de trancher sa gorge, tandis qu’une vieille femme planta ses ongles dans le tissu de sa large tunique blanche. Un ridé munit d’une serpe s’enquit d’ouvrir son ventre, quand un enfant pas plus haut qu’une dizaine de pommes s’enragea sur sa tête, éclatée sur les pavés à force de coups de pieds et de petit bâton. Bientôt, une trentaine de personnes s’amoncelait sur et autour du vieillard dont les hurlements ne purent plus même s’entendre, étouffés par ceux rageurs de tous ses assaillants.


Les sabots de la monture reprirent enfin leur trot sur les pavés, en direction du palais de l’Empereur, laissant derrière elle la foule se déchaîner sur l’insolent roquet dans un bruyant vacarme qui rameuta chacun des inquiets et des curieux qui allaient et venaient alors dans l’immense labyrinthe d’épices, d’herbes, de soie et d’or. La feu impie, dont plus personne ne se soucia tant l’agitation était totale sur le chemin sacré, rangea la pièce au plus profond de sa cape et passa une main gantée sur la crinière blanche et délicate de sa jument à la robe noire.


« Aaah… soupira-t-elle à sa monture. Entendre tous ces idiots s’acharner sur un autre d’entre eux pour un petit morceau de métal brillant me rappelle tant de souvenirs !


— …


— Quoi ? J’ai bien le droit d’être un peu nostalgique de temps en temps, tout-de-même ? Depuis combien sommes-nous parties à sa recherche ? Sept ? Peut-être huit mois, maintenant ?


— *hennissement désapprobateur*


— D’avantage, tu penses ?


— …


— Tsss… Maudit canasson. Tu veux vraiment me faire culpabiliser, hein ?


— *hennissement amusé*


— C’est ça, amuse-toi donc. Nous verrons bien qui rira la dernière quand j’oublierai ‘‘malencontreusement’’ de nourrir ma monture.


— MADEMOISELLE ! MADEMOISEEELLE !! hurla soudain derrière la jument ce que l’odeur apparentait à un poissonnier. Mademoiselle, j’ai récupéré ce que vous aviez demandé, affirma-t-il en présentant les restes sanguinolents d’un foie déchiré de part en part et d’une langue visiblement plus arrachée que tranchée.


— Oh… C’est… très gentil de ta part. Je te félicite, tu as bien mérité ta récompense, ajouta-t-elle sans arrêter le trot de sa monture.


— La pièce est à moi, hein ?


— Bientôt, affirma l’inconnue encapuchonnée en jetant un regard derrière lui. Très bientôt. »


L’homme couvert de sang fut soudain assailli par une femme plus maigre qu’un clou, qui le surina d’une pierre tranchante pour récupérer les précieux organes encore chauds. Elle-même fut bientôt rejointe par la meute enragée, prête à tout pour exécuter la volonté de la demoiselle encapuchonnée aux promesses merveilleuses. Sans plus se soucier qu’auparavant des maudits cupides qui s’acharnaient à nouveau sur eux-mêmes, l’inconnue repartit en direction du palais, non sans soupirer encore toute l’étendue de sa nostalgie.

FIN.














Awoken

Ton texte est très sympa et montre très bien l'étendue de la cupidité humaine. J'ai beaucoup aimé. Je me demande qui est cette femme et qui est l'homme qu'elle cherche (je parierais sur, respectivement, Shelly et Malkym). Bravo!


Le 22/05/2022 à 22:12:00



JilanoAlhuin

C'est un super texte que tu racontes la ! Il est génial du début à la fin. Comme d'habitude, tes descriptions sont au top (d'ailleurs tous les mots sont magnifiquement bien placés), et tes personnages superbes. Cette héroïne que tu proposes est très classe, et bien qu'on puisse avoir une idée de qui se trouve sous cette capuche, aucune confirmation, donc cela reste très mystérieux (et c'est génial). Ce personnage qui d'ailleurs semble d'ailleurs te chercher... Mais pourquoi ? Tant de mystères, si peu de réponses, tu es un vil démon du mystère :bigeyes: Je pense cependant que tu aurais peut-être pu t'attarder un peu plus sur le point des gardes. J'aurais pensé que vu que le prêtre parle d'eux, et que des gens vont apparemment chercher ceux-ci, ils seraient au moins présent (que ce soit en allié du prêtre, en observateur ou alors voir même en ennemi, se rendant compte de la valeur que pourrait avoir la pièce). Le prêtre les utilise en plus comme menace... sauf que leur absence fait que ça n'a aucun effet. Il n'y en a pas, alors pourquoi l'avoir précisé dans le texte ? ? ça aurait pu être sympa de les utiliser. Par exemple : faire que le prêtre se rende compte grâce aux gardes de la mouise dans laquelle il est, afin de se faire frapper toute part, ou alors faire que ce sont eux les premiers à frapper plutôt que les paysans. Il y a plein d'autres possibilités, je suis certain que tu en vois plein :smileycool: Bref, c'est un très bon texte !


Le 27/05/2022 à 01:20:00



Catablor

Un texte un peu plus long que les autres. Il a une grande richesse du vocabulaire mais la lourdeur des phrases le rend difficile à lire.

Notamment les phrases longues. Tout dépend du style et je suis pas contre un peu de lyrisme, mais : « Au beau milieu du gigantesque marché, entre les primeurs, les poissonniers, les cordonniers, les boulangers, les alchimistes, les prêcheurs, les joailliers, les fromagers, les esclavagistes, les forgerons, les druides, les tailleurs et les nombreux et innombrables voleurs, se traçait un gigantesque couloir pavé de grès poli, à l’aspect semblable au plus pur des marbres, au-dessus duquel pas une table, pas une toile, pas une caisse, pas un pied, pas même la moindre des mouches qui voletaient au-dessus des poissons et des fruits, n’osait s’aventurer, par abri de la chaleur comme par respect. »

=> On est sur environ 90 mots TTC et c’est vraiment trop, surtout sans point-virgule.
Après, le défi est rempli, on a un univers qu’on ressent assez riche (rappel, je découvre vos univers avec ces textes là donc j’ai aucun contexte, il se peut que je rate des références) et tout est plutôt correct dans ce que je vois ; mais ces phrases à rallonge n’aident pas à lire le texte aisément, et c’est dommage car ça freine le lecteur quand il essaye de rentrer dans l’ambiance du monde. (Et vu que y’a une scène de mise à mort en public c’est assez dommageable.)


Le 01/07/2022 à 23:41:00

















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