Puisse les jardielles fleurir pour toi
(par Korokoro)(Thème : MĂ©lilĂ©mots 5)
Le soleil se levait à peine sur cette petite île volante, frappant de ses rayons les pierres ternes d’un grand bâtiment en ruine, dont seuls quelques pans de mur restaient. Un gazon abondant recouvrait chaque endroit du sol qui n’était pas recouvert de briques, et était parsemé de fleurs blanches ressemblant à de petits ballons éclatés.
Sautant de l’une à l’autre des pierres formant un grand escalier flottant, un jeune homme tout de noir vêtu atterrit finalement sur l’île. Il releva sa capuche, révélant un visage à l’air plus déprimé qu’un clown triste, encadré de cheveux couleur chêne est d’un collier de dents d’ours. Avec dans une main un panier d’osier au contenu encore inconnu, et dans l’autre une lanterne de fonte forgée aux traits grossiers éclairant les lieux autant que l’aube naissante, il se dirigea vers l’entrée, dont l’arche tenait encore.
La construction semblait toiser l’arrivant ; en ruine, en fin de vie, elle restait plus grande que le jeune homme. Arrivé au centre des murs, là ou le soleil était absent encore quelques minute plus tôt, il éteignit la lanterne et s’agenouilla devant une stèle encore dans l’ombre. Ouvrant son panier, il en sortit de nombreux bulbes de fleurs, qu’il planta devant ladite dalle de pierre. La botanique était une des passions du jeune homme, et il n’était pas peu fier de cette espèce de fleur : créée par son grand-père, il l’avait sublimée, rendu plus résistante.
Il commença ensuite à réciter, d’une voix emplie de nostalgie, une sorte de prière :
« Puissent les vers épargner ton corps, et les aigles épargner ton âme. Puissent les loups pleurer ta mort, et les grenouilles chanter tes louanges. Puisse tu continuer de reposer en paix, et ce pour l’éternité. Puissent les jadielles fleurir pour toi, puisse tu contempler leur beauté. »
Alors, soudainement, les fleurs jaillirent de terre : des pétales roses semblables à ceux du lotus, reflétant la lumière comme de l’ambre rose ; une tige et un pistil d’un doré profond et scintillant ; on aurait cru de petits joyaux, des sculpture minérales faites des mains d’un expert. La lumière solaire vint se refléter sur ces prismes floraux, éclairant la pierre tombale auparavant dans l’ombre. Il y était inscrit :
« En l’honneur de Dalan Lethalan, fleuriste, botaniste, alchimiste et médecin. Puisse tu retrouver, par delà les nuage, ta bien-aimée Lana Eaèle. »