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Faucheuse![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Vers la montagne du nord(par Faucheuse)Mon cheval Ă©tait frigorifiĂ©. Il s’affaiblissait Ă vue d’œil. Il ne passerait pas la nuit, c’était certain. Heureusement que j’avais pensĂ© Ă prendre de chaudes couches de vĂŞtement. Sinon, il Ă©tait certain que le mĂŞme sort m’aurait attendu. Il devait faire -8°, pas davantage. Quant au ressenti, je n’osait qu’à peine l’imaginer. Cela faisait des heures que nous progressions, suivant les traces que ma sĹ“ur avait laissĂ©es dans la neige. Elle Ă©tait Ă pied, moi Ă cheval, comment avait-t-elle pu me distancer autant ? Elle pouvait voler ou quoi ? Enfin, je vis de la fumĂ©e s’échappant d’un petit bâtiment dans le lointain. J’espĂ©rais y trouver un abri pour la nuit. Et sauver mon cheval de la mĂŞme façon. Une demi-heure plus tard, j’atteignais la bâtisse. C’était une Ă©choppe qui ne semblait rien contenir de bien utile. Le vendeur très bizarre ne me donnait pas l’envie de rester plus longtemps que nĂ©cessaire. Me proposer de passer du temps dans un sauna avec toute sa famille ? Était-il sĂ©rieux ? Fort heureusement, une voix le fit sortir de ses indĂ©centes propositions. — Carottes… — Carotte, toi-mĂŞme, rĂ©pliquais-je. — Derrière vous… Je regardais derrière moi et constatais qu’il y avait un stock Ă©trangement important du lĂ©gume en question sur l’étagère. Regardant aux alentours, je remarquais Ă©galement que c’était la seule type de vivre disponible dans l’intĂ©gralitĂ© du magasin. Pas comme s’il y avait une plantation de carottes dans le coin. Je me dĂ©plaçais pour laisser se servir l’homme. Il Ă©tait large d’épaules et engoncĂ© dans un parka qui devait le protĂ©ger du froid davantage encore que ne le faisait mes propres vĂŞtements. Je le laissais s’atteler Ă sa nĂ©gociation lorsque je rĂ©alisais qu’il n’avait pas les moyens de payer mais qu’en revanche il savait d’oĂą venait la magie qui avait plongĂ© le pays dans la glaciation. Et donc, l’endroit oĂą je dĂ©sirais aller. Il se trouvait par ailleurs qu’il avait une monture plus adaptĂ©e au dĂ©placement en montagne ainsi qu’un traĂ®neau. Peut-ĂŞtre que si je payais Ă sa place, il me conduirait lĂ -bas, dans les montagnes du nord qu’il mentionnait au vendeur. Je n’en eus pas le temps. Le vendeur s’énerva contre lui, le saisit par le bras et le sortit aussitĂ´t de sa boutique, avant de se tourner Ă nouveau dans ma direction et me reproposant une sĂ©ance de sauna avec sa famille. TerrifiĂ© par cette idĂ©e, je me dĂ©cidais Ă acheter ce que voulait prendre l’armoire Ă glace et Ă dĂ©camper aussi vite que possible. Une fois Ă l’extĂ©rieur, je suivais prudemment ses empreintes. Il n’avait pas l’air très amical, et mĂŞme si je lui sauvais la mise, il pourrait ne pas apprĂ©cier mon aide inattendue. Il s’était rĂ©fugiĂ© dans une petite grotte dont l’entrĂ©e Ă©tait aussi petite que… Mentalement, j’en calculais la dimension… Cinquante centimètres Ă tout casser, l’homme devait bien en faire soixante-dix… Comment avait-il pu passer ? Avais-je glissĂ© dans un monde oĂą les lois de la physique ne s’appliquaient pas ? Et lĂ , j’entendis qu’il Ă©tait en train de chanter… en essayant de faire comme si c’était son animal de compagnie qui le faisait. — Sauf toi, je l’ai su dès que j’t’ai vu. Il Ă©tait fou. Très probablement fou. Je me dĂ©cidais Ă intervenir sans lui laisser le temps de plonger plus profondĂ©ment dans cette folie. J’avais besoin de lui… et j’avais besoin de lui sain d’esprit. Il me fusilla du regard alors que je pĂ©nĂ©trais dans sa cachette. Peut-ĂŞtre aurait-il Ă©tĂ© plus enclin Ă m’accepter si j’avais Ă©tĂ© une femme. Qui sait ? — Je voudrais que vous me conduisiez dans les montagnes du nord. — Hors de question ! Je jetais Ă ses pieds le sac contenant les outils qu’il avait tentĂ©s sans succès de se procurer peu de temps auparavant. — Conduisez-moi lĂ -bas, s’il vous plaĂ®t ! Et ce sac sera vĂ´tre. Il me toisa longuement, semblant rĂ©flĂ©chir. — Nous partirons Ă l’aube… Et vous avez oubliĂ© les carottes pour le renne. Je lui jetais un second sac. — Très bien, mais nous partons maintenant ! Je ne peux attendre ! Et je sais comment faire cesser cet hiver. Du moins l’espĂ©rais-je… Retrouver ma sĹ“ur n’était qu’une première Ă©tape.
Une heure après seulement, le temps qu’il rĂ©ussisse Ă sortir par on ne sait quel tour de magie le renne, le traĂ®neau et lui-mĂŞme de la grotte, nous Ă©tions sur le chemin escarpĂ©. Cet animal Ă©tait une force de la nature et fonçait Ă une vitesse dĂ©passant de loin celle de mon cheval. — Accrochez-vous ! me hurla-t-il. Je m’exĂ©cutais sans broncher. Je n’allais pas non plus me mettre en position allongĂ©. J’avais Ă©tĂ© bien Ă©duquĂ©. — Alors, qu’est-ce qui as Ă©nervĂ© la reine ? — C’est un poil de ma faute, en fait. Mais pas vraiment. Y’avait un gars qui s’est entichĂ© de moi et qui est allĂ© lui demander main. Mais j’ai rien fait, je lui ai mĂŞme pas dis qu’il y avait moyen ou quoi, mais… — Il s’est entichĂ© de vous ? — Et lĂ , elle a hurlĂ© et… — Taisez-vous ! me hurla-t-il soudainement. Je tendais l’oreille. S’il m’avait demandĂ© le silence, il y avait forcĂ©ment une raison. Je les entendis Ă mon tour. Des loups… L’armoire Ă glace demanda Ă l’animal d’accĂ©lĂ©rer sa course. C’était ridicule. Un renne non attelĂ© aurait pu distancer un loup sans difficultĂ©. Mais avec le traĂ®neau, nos poids et assez de carottes pour un mois… C’était peine perdue. — Des loups ? Que faire ? — Je m’en occupe. Essayez juste… de ne pas tomber. — Je peux vous aider ? — Non ! — Pourquoi ? — Je ne vous connaissais pas y’a deux heures ! Il n’avait pas tort. Il ignorait complètement que je n’avais jamais affrontĂ© de loups ni davantage conduit un traĂ®neau. Les loups se rapprochaient et je tentais d’allumer une torche pour les effrayer. Je savais au moins que ce genre de bĂŞtes craignaient le feu. Mais je n’étais pas particulièrement adroit et me brĂ»lais la main, faisant tomber le flambeau par la mĂŞme occasion. — Vous avez les mains percĂ©es ou quoi ? me cria-t-il. Qu’aurais-je pu rĂ©pondre Ă cela ? Je venais de perdre l’une des rares armes que contenait le traĂ®neau. Puis je vis ses yeux s’écarquiller. Je regardais dans la mĂŞme direction que lui, et vis le ravin. — Vous allez pas le faire sauter quand mĂŞme ? — Ne me dites pas ce que je dois faire ! — Mais… J’essayais d’évaluer la distance Ă franchir. Huit mètres. Il Ă©tait fou… MĂŞme un cheval lancĂ© Ă pleine vitesse y parviendrait avec peine. Et l’attelage… Le conducteur me poussa sur l’animal et le sĂ©para de l’attelage sans crier gare avant de bondir Ă son tour. Le renne bondit au-dessus de la crevasse. J’y ai cru… J’y ai vraiment cru… mais nous n’avons jamais atteint l’autre bord… Nous avons dĂ©gringolĂ© sur plus de cinquante mètres et nous sommes Ă©crasĂ©s au sol. La neige n’a pas absorbĂ© l’impact. Toute l’énergie cinĂ©tique s’est dĂ©versĂ© dans nos os et nos muscles, transformant notre intĂ©rieur davantage en purĂ©e qu’en une vĂ©ritable anatomie. La grande faucheuse n’aurait pas grand effort Ă faire…
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