Rencontre du troisième type
(par Faucheuse)(Thème : DĂ©fi d'Ellumyne)
Je mis mon équipement de survie pour résister à l’environnement hostile dans lequel j’allais pénétrer. Aucune chance de parvenir à simplement respirer dans cette atmosphère étrange. Je voyageais de monde en monde depuis des années, mais celui-ci était des plus singuliers. Je sauvegardai rapidement un message, au cas où.
— Ordinateur ! Envoie ces dernières directives Ă ma femme si d’aventure je ne ne revenais pas d’ici une heure.
Un bip sonore confirma la prise d’ordre et j’ouvris le sas sans plus attendre. Des lumières m’éblouirent aussitôt, provenant d’une ville bâtie par les habitants de cette planète. Des spots et des néons par centaines… par milliers probablement. Je quittai mon vaisseau et y jetai un dernier regard avant de commencer ma marche jusqu’à la ville en question. J’explorai l’environnement plein de sable et de pierres, rocailleux et menaçant, sauvage et inhospitalier… Une folie que de vivre sur pareille terre… Je ne voulais pas y aller, vraiment pas. Mais le luxe du choix ne s’offrait pas à moi.
Lorsque j’atteignis la cité, je plaçai une main sur mon arme. Cela me donnait sans doute l’air dangereux, mais j’optai pour la prudence. Je découvris des vêtements qui séchaient au soleil ardent. Je pris un grand manteau au col montant… J’espérais que cela masquerait que je n’étais pas de leur espèce rustre et flâneuse.
Je trouvai une échoppe. La providence voudrait possiblement qu’on y trouve ce que je cherchais. J’y entrai et demandai sans trop d’hésitation du Vorlex. Les autochtones présents se tournèrent vers moi, apparemment interrogateurs. Ils me répondirent dans un langage que je ne comprenais pas, parfaitement inconnu à mes oreilles. Bordel, le traducteur ! Comment oublier que les habitants de cette planète ne parlaient pas le langage commun ?
Je relevai la manche du manteau pour accéder aux contrôles de ma combinaison et me dépêchai d’activer tous les programmes de communication avec les peuples sous-évolués. Dans une langue qu’ils puissent désormais comprendre, je redemandai du Vorlex, mais ils ne savaient visiblement pas de quoi il s’agissait. Je tombai sur la seule planète de l’univers qui ignorait l’existence de ce produit. Et je remarquai que ces individus me regardaient avec crainte. L’un d’eux, apparemment plus téméraire que ses comparses m’agrippa le bras et m’entraîna hors du bâtiment puis vers une ruelle.
— Tu devrais partir ! Les gens d’ici n’accepteront pas quelque… chose comme toi !
— Il me faut du Vorlex… je n’arriverais jamais Ă atteindre le monde suivant Ă temps… Ou alors… du lait, Ă©ventuellement ?
— C’est du lait qu’il te faut ? Tu viens dĂ©barquer sur notre monde, juste pour avoir du lait ? Tu sais que tu risques ta vie ici ?
— J’en suis conscient, mais aucun autre choix ne se prĂ©sente Ă moi.
— Viens avec moi, j’ai deux packs dans ma remorque. Mais après, casse-toi avant que les autoritĂ©s ne te tombent dessus.
— Merci ! Tu sauves une vie par ton acte altruiste.
L’individu me força à le suivre. Je me perdai dans l’immensité de la ville mais il semblait parfaitement sûr du lieu où il m’emmenait. Mais soudainement, deux véhicules nous barrèrent le passage. Des lumières bleues et rouges virevoltaient sur le dessus de ces engins motorisés. Celui qui m’accompagnait me poussa dans la ruelle adjacente, mais j’entendais déjà des voix qui me demandaient de me rendre.
Je ne pouvais pas. Le temps me manquait. Il me fallait du lait au plus vite. Je vis l’individu s’enfuir. Je décidai de lui emboîter le pas. Trouver quelqu’un prêt à m’aider relevait de la chance, je comptai bien ne pas la laisser filer. J’activai mon bouclier de protection contre les attaques énergétiques et m’élançai. Les premiers tirs me touchèrent et me mirent à terre. Oubliant que ces primitifs utilisaient encore des armes à projectiles, je me conduisais à ma propre mort. Malgré leur technologie risible, ils conservaient l’ascendant sur moi à cause de l’urgence de ma situation. Ma combinaison m’indiqua les dégâts infligés par la balle : une hémorragie importante au thorax… Je ne pourrais pas retourner au vaisseau. La fin approchait… Ma vie s’achevait ici.
Dix minutes plus tard, un compte à rebours s’acheva dans mon vaisseau et l’ordinateur envoya comme demandé ma dernière directive à mon épouse. Elle s’installa dans le poste de pilotage et me parla, d’une voix douce, bien que brisée.
— Mon amour… Je reçois ton message bien trop tard. Notre bĂ©bé… mort affamé… Je ne saurai pas vivre sans vous deux. Nous nous reverrons, je l’espère, dans l’après-monde.
Elle activa le système d’auto-destruction du vaisseau et vingt secondes plus tard, il explosa… rayant Las Vegas de la surface de la carte...