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Schrödinger![]() Spectacles![]() Schrödinger Timeline 3
![]() ![]() Escorte(par Schrödinger)La journĂ©e semblait idĂ©ale pour voyager. Le parfum du pĂ©trichor et de l’herbe fraĂ®che embaumait l’atmosphère. Ă€ perte de vue, la prairie Ă©tendait son tapis Ă©meraude, encore humide de la pluie nocturne, jusqu’aux douces pentes des collines environnantes. Quant au soleil matinal, il rĂ©chauffait dĂ©jĂ le dos de la petite caravane qui progressait au milieu de la plaine. L’étĂ© approchant, la chaleur monterait bien vite, sans toutefois devenir insupportable. Mieux encore, la destination de la petite Ă©quipĂ©e se laissait dĂ©jĂ apercevoir, droit devant, la tour blanche de l’Aiguille se dĂ©coupant dans le lointain. Bref, les conditions idĂ©ales pour conclure un voyage sans anicroches. Et pourtant, Jyenn sentait que quelque chose clochait. Un pressentiment tenace, qui ne le lâchait pas, mettait le benjamin de la petite troupe sur les nerfs. Il s’ébroua pour chasser cette impression, en vain. Il se demanda un bref instant si sa nervositĂ© ne s’expliquait pas simplement par l’aboutissement proche de sa première mission avec son clan. Mais un regard Ă son père et ses frères suffit pour le convaincre du contraire. Ils s’attendaient de toute Ă©vidence Ă une attaque, malgrĂ© l’absence apparente d’ennemis. Le jeune centaure jeta un coup d’œil Ă l’unique chariot du convoi et son prĂ©cieux chargement : une telle quantitĂ© de pierres prĂ©cieuses attirait volontiers les convoitises… Arriver aussi loin sans une seule attaque tenait en fait dĂ©jĂ d’un petit miracle, qui risquait fort de tourner court… Sur un signe du chef de leur compagnie hĂ©tĂ©roclite, principalement composĂ©e de mercenaires humains en sus du clan de Jyenn, le cocher donna un ordre sec. Le couple de puissants gujarati tractant le chariot accĂ©lĂ©ra d’un coup, abandonnant son petit trot flâneur habituel, avant mĂŞme que le conducteur ne finisse sa phrase. Visiblement, l’atmosphère ne leur plaisait pas plus qu’au reste du convoi. Jyenn leur emboĂ®ta le pas, posant une main nerveuse sur la hampe de sa lance. Ses sabots s’enfonçaient lĂ©gèrement dans la terre meuble, gorgĂ©e d’humiditĂ©; pas les meilleures conditions pour se battre, surtout pour les adultes, bien plus lourds… L’attaque, fulgurante, frappa sans prĂ©venir. Un instant plus tĂ´t, seul le couinement des essieux de la remorque brisait le silence. L’instant d’après, le chaos se dĂ©chaĂ®nait. Tout autour du chariot, une douzaine de crĂ©atures serpentiformes jaillirent du sol, forçant les gujarati Ă piler net. Les fauves se cabrèrent, poussant un brâme de dĂ©fi. Les chevaux ruèrent, jetant parfois leur cavalier au sol. Un bref accès de panique saisit Jyenn alors que l’un des mercenaires poussa un cri d’alarme bien inutile… — Grimaces ! …avant de se disparaĂ®tre derrière la gerbe de terre soulevĂ©e par l’un des assaillants. Le jeune centaure tituba, horrifiĂ© par la soudainetĂ© de l’attaque. BlĂŞme, les doigts serrĂ©s autour du manche de sa lance, il s’éloigna du chariot de quelques pas, presque par rĂ©flexe. La partie encore rationnelle de son esprit savait que sauvegarder la cargaison restait la prioritĂ©. Or, celle-ci n’intĂ©ressait pas ces prĂ©dateurs. Dans le pire des cas, il suffirait aux gujarati de sprinter pour mettre la carriole en sĂ©curitĂ© et Ă©viter sa destruction — mĂŞme la plus tĂ©mĂ©raire des grimaces ne s’attaquerait pas Ă eux. Ce qui impliquait de jouer les appâts, et, avec un peu de chance, les exterminer sans trop de casse. Jyenn dĂ©glutit. La poussière lui masquait la vue, se collant Ă ses flancs. Autour de lui, il lui semblait entendre le fracas des combats proches. Aucune des maudites bestioles ne semblait le cibler, ce qui lui laissait le champ libre pour aller aider quelqu’un. Si seulement ses jambes voulaient bien bouger… Un craquètement le tira de sa stupeur et il esquiva plus ou moins par rĂ©flexe la grosse tĂŞte qui s’écrasa dans le sol en voulant le happer. Dans la panique, le centaure donna un coup de lance, qui ricocha sur la carapace articulĂ©e sans l’esquinter. Il jura, son cerveau se remettant enfin en route, et rangea sa lance, inutile, pour dĂ©gainer une longue Ă©pĂ©e de cavalerie humaine, adaptĂ©e Ă sa morphologie. Le corps annelĂ© de la grimace se dressa et elle Ă©valua sa nouvelle proie, laissant tout loisir Ă Jyenn de mesurer l’ampleur de ce premier dĂ©fi en conditions rĂ©elles. Les descriptions de ces prĂ©dateurs tristement cĂ©lèbres ne leur faisaient pas totalement justice, dĂ©cida-t-il. En mĂŞme temps, difficile de proprement dĂ©crire l’effet que faisait un ver gĂ©ant de près de cinq mètres, au corps recouvert d’un exosquelette articulĂ© dans les tons brun-orangĂ©. La tĂŞte, aussi grosse que le jeune hybride, figurait Ă droite un gros Ĺ“il globuleux, Ă la pupille fendue, d’une fixitĂ© dĂ©rangeante. La moitiĂ© gauche ne donnait guère plus envie, mangĂ©e par une grappe d’yeux de toutes tailles. Le rictus joyeux qui donnaient leur nom Ă ces arthropodes n’aidait pas plus Ă se dĂ©tendre: la mâchoire infĂ©rieure pendait nĂ©gligemment sous la tĂŞte sphĂ©rique, mâchouillant l’air comme secouĂ©e par une hilaritĂ© aussi inconcevable que perturbante. Jyenn ferma brièvement les yeux, prit une grande inspiration, puis expira et rouvrit ses paupières. Juste Ă temps pour voir le faciès difforme fondre sur lui. Avec agilitĂ©, il esquiva la charge. Un nouveau rĂ©flexe lui fit tenter de lacĂ©rer le flanc au passage, mais la lame ne fit que riper sur la carapace et ajouter une pathĂ©tique rayure Ă la collection qui constellait les flancs de la bĂŞte. Le centaure pesta, oubliant un instant le vrai danger: le bout de la queue, plus petit, plus Ă mĂŞme d’effectuer des mouvements erratiques, et surtout armĂ© de quatre lames tranchantes. Pris de court, il durcit en urgence l’air autour de son corps, puisant dans la magie dans laquelle sa race se spĂ©cialisait par nature. L’armure tint le coup, mais la force de l’impact, combinĂ©e Ă la dĂ©pense d’énergie, le fit trĂ©bucher. La grimace revint Ă l’assaut, profitant de son accès de faiblesse. Elle ne l’atteint pas: un bruit mat se fit entendre quand une lance vint se ficher avec force entre deux anneaux, et le prĂ©dateur se retrouva projetĂ© au sol. Tournant la tĂŞte, le jeune centaure aperçut la haute silhouette musculeuse de son père s’arrĂŞter Ă quelques mètres de lui, observant la scène. L’espoir se lut sur le visage de l’enfant, mais son paternel se contenta de croiser les bras. Le message, limpide, se passait de paroles: son fils allait devoir se dĂ©brouiller pour prendre l’ascendant sans son aide. Mais sa simple prĂ©sence renversait la situation. Ragaillardi, le poulain se redressa plus dĂ©tendu que depuis le dĂ©but de l’attaque, et se mit en garde. Il ne redoutait plus son adversaire. Du moins, plus trop. Enfin, moins qu’au dĂ©but. Son entraĂ®nement et ses leçons lui revinrent en mĂ©moire. Plusieurs yeux et une mâchoire mobile. Une grimace tordue, donc. Mauvaise nouvelle: faire attention Ă son venin, sur ses crocs et sur ses lames. La marche Ă suivre pour s’en dĂ©barrasser coula naturellement. Première Ă©tape: esquiver la charge. Deuxième Ă©tape: trancher la queue. Troisième Ă©tape: si possible, embrocher le moignon, oĂą le vĂ©ritable corps de la grimace se cachait. Faire attention au timing: trop tĂ´t, et la force manquerait. Trop tard, et le risque de blessure augmenterait de façon drastique… Avec un chuintement, son adversaire plongea dans le sol, brisant la hampe qui dĂ©passait encore de son flanc. L’effet de surprise jouait en sa faveur, la mollesse de la terre humide aussi. La grimace le savait. Jyenn le savait aussi. Mais il connaissait une astuce… Sous ses sabots, et tout autour de lui, la surface du sol durcit. Pas assez pour empĂŞcher la grimace d’émerger, mais assez pour que le craquement l’alerte en avance. Il bondit en arrière, hors de la trajectoire de l’attaque, au premier signe. L’énorme corps passa près de lui, trop près, Ă©gratignant son torse. Mais il ne sentit mĂŞme pas la brĂ»lure, concentrĂ© pour ne pas laisser passer sa chance. Son Ă©pĂ©e s’éleva. Tomba telle une guillotine. Trancha net l’appendice, qui s’envola un peu plus loin, encore gigotant. Sa main se saisit de la lance attachĂ©e Ă son flanc. Il attendit que la queue retombe. Visa. Bloqua sa respiration. Propulsa le javelot lorsque sa cible toucha terre et commença immĂ©diatement Ă creuser pour s’enfuir. Expira au mĂŞme moment. Un violent spasme secoua l’énorme corps, projetant le centaure Ă terre. Mais trop tard. La lance toucha sa cible avec un bruit sec, s’enfonçant dans la boue. Un crissement d’agonie s’éleva de l’appendice caudal, et il ne bougea plus. Ă€ bout de souffle, vidĂ© par l’adrĂ©naline, Jyenn leva les yeux vers la silhouette immobile. Oh. Les silhouettes. Visiblement, tout danger semblait Ă©cartĂ©. Mais cela importait peu, pour le jeune centaure. L’approbation de son père, et la fiertĂ©, suffisaient. Tout simplement. Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
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