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Schrödinger![]() Spectacles![]() Chroniques d'un écureuil
![]() ![]() Premier jour(par Schrödinger)– Reviens-lĂ , p'tit con! Sans retenir un ricanement, Tosk se retourna Ă moitiĂ©, sans cesser de courir, pour jeter un coup d'Ĺ“il sur ses poursuivants. Une trentaine de mètres derrière lui, la douzaine d'homme qui lui couraient après depuis vingt bonnes minutes commençait vraiment Ă accuser le coup, soufflant comme des bĹ“ufs. "Les pauvres…" pensa le jeune homme moqueur, sans aucune trace de sympathie. En mĂŞme temps, le costard-cravate, c'est pas le meilleur choix pour courser quelqu'un… Ils devaient vraiment vouloir le garder, leur style "mafia" et tout, mais bon, il fallait ĂŞtre honnĂŞte, leur boss avait plus une tĂŞte de pirate qu'autre chose, avec son cache-Ĺ“il ridicule et sa barbe hirsute. Avec un grand sourire, Tosk leur fit un grand coucou, qui eut pour consĂ©quence logique de les enrager encore plus. Ce qui ne les empĂŞchait pas de perdre du terrain. "Je devrais peut-ĂŞtre ralentir encore?" Il n'avait pas peur de se faire rattraper. Ça faisait dĂ©jĂ vingt minutes qu'ils sprintaient derrière lui alors que de son cĂ´tĂ© il se contentait de trottiner. Depuis le dĂ©but, il aurait très bien pu foncer dans le tas — ce qu'il avait fait —, attraper la vieillerie qui ferait apparemment un cadeau exquis pour le maĂ®tre de la ville — bizarre, mais bon… —, et partir Ă fond de train avec un "Merci!" moqueur avant mĂŞme qu'ils ne se soient remis de leur stupeur. Trente secondes et c'Ă©tait pliĂ©. Mais, franchement, ou Ă©tait l'intĂ©rĂŞt? Rien que pour voir leurs tĂŞtes Ă tous, ça valait le coup… Minute, il en manquait pas un? Si si, un tout pâlot, en costume blanc. Un battement d'ailes lui apprit la rĂ©ponse; levant les yeux, Tosk vit au dernier moment le bonhomme en question foncer sur lui depuis les airs, visage stoĂŻque, toujours en costume, mais avec maintenant deux grandes ailes blanches dans le dos, et une lance Ă la main. Huh. Un ange, hein. Super discret. Heureusement qu'il faisait nuit! Un coup de lance s'abattit en diagonale…sur le vide. Tosk avait accĂ©lĂ©rĂ©, juste assez pour se mettre hors de portĂ©e. Et, pour joindre l'utile Ă l'agrĂ©able, il en profita pour narguer son poursuivant: dĂ©ployant une queue en panache, plus grande qu'un homme et recouverte de fourrure noire ornĂ©e de motifs dorĂ©s, il l'agita tout près du nez de l'assaillant, et eut la joie de voir le visage de l'ange se crisper de colère. Pas si stoĂŻque, en fin de compte! Avec un clin d'Ĺ“il, il accĂ©lĂ©ra encore, distança encore plus ses poursuivants, tourna brusquement dans une autre ruelle…et son sourire se figea devant le cul-de-sac dans lequel il venait de se jeter. Deux buildings de chaque cĂ´tĂ©, un haut mur couvert de lierre rendu glissant par la pluie en face et une bande lĂ©gèrement hostile qui ne tarda pas Ă arriver dans son dos, sur les talons du type en blanc. Hum. Mauvaise pioche. Mr Pirate s'avança après avoir repris un peu son souffle, histoire de pas trop passer pour un tocard avec son point de cĂ´tĂ©, un sourire mauvais aux lèvres. — Maintenant tu vas nous rendre bien gentiment ce que tu nous as volĂ©, et peut-ĂŞtre qu'on sera gĂ©nĂ©reux… Le dĂ©mon-Ă©cureuil jeta un regard au nĂ©mès qu'il tenait dans la main. La coiffe poussiĂ©reuse ne payait vraiment pas de mine, et pourtant c'est ce qu'ils trouvaient plus important? — Huh, vous ĂŞtes sĂ»rs qu- Wah! Sans attendre la fin de sa phrase, le type s'Ă©tait jetĂ© sur lui, son sourire transformĂ© en gueule bĂ©ante bardĂ©e de crocs prĂŞte Ă engloutir n'importe quoi. Donc, autant lui donner n'importe quoi. Surtout qu'il Ă©tait encore trop lent. Un rapide pas de cĂ´tĂ© pour sortir de sa trajectoire, un croche-patte pour le dĂ©sĂ©quilibrer, un coup de queue pour envoyer un sac poubelle plein pile lĂ oĂą il le fallait… Le barbu poussa un cri de rage Ă©touffĂ© lorsque ses crocs dĂ©chiquetèrent les dĂ©chets, provoquant le rire de l'Ă©cureuil. — Tiens! C'est meilleur que moi! Et d'utilitĂ© publique, en plus. Juste, attention aux caries! lui lança un Tosk goguenard. Goguenard pendant quelques secondes seulement, parce qu'entre-temps le reste de la bande l'avait encerclĂ©. Avec un glapissement, le jeune dĂ©mon esquiva en catastrophe les coups de gourdins, tuyaux et autres Ă©pĂ©es, zigzaguant entre ses adversaires. — HĂ©! Attendez! Minute! Pause! Pouce! L'arbitre a dit "Temps mort"! Douze contre un, c'est pas du jeu! Ses paroles sans effet — quelle surprise! —, il sentit bientĂ´t le mur d'un des buildings dans son dos, et vit Mr Pirate et Mr CoincĂ© sauter sur l'occasion, le premier Ă terre avec sa gueule bĂ©ante, le second dans les airs armĂ© de sa lance. Tosk les laissa approcher, l'air paniqué… pour leur faire un clin d'Ĺ“il moqueur et leur tirer la langue. L'instant d'après, il avait disparu, comme aspirĂ© par le sol, laissant les deux assaillants s'Ă©craser pĂŞle-mĂŞle contre le bĂ©ton. Le temps qu'ils se relèvent — avec force jurons bien sentis — et ne le repèrent Ă nouveau, Tosk avait dĂ©jĂ rĂ©apparu au sommet du muret couvert de lierre, allongĂ© comme une diva, la coiffe de pharaon en Ă©quilibre sur sa queue. Du haut de son perchoir, il leur adressa un grand sourire provocateur. — Un point pour l'Ă©cureuil! Serrant les dents, rouges de fureur et d'humiliation, Mr Pirate et sa bande semblaient maintenant prĂŞts Ă dĂ©truire la moitiĂ© de la ville pour lui faire la peau. DĂ©jĂ , ils levaient leurs armes pour les projeter vers lui en une vaine tentative de l'atteindre… quand une voix s'Ă©leva près de lui, au sommet du mur, le faisant presque sursauter. — Il se passe quoi, ici, au juste? Tournant la tĂŞte Ă sa droite, Tosk fut quelque peu surpris de trouver quelqu'un assis Ă moins d'un mètre de lui. Androgyne, une partie de ses cheveux blonds ramassĂ©s en une longue queue-de-cheval, simplement vĂŞtu·e d'un dĂ©bardeur et d'un jean sans paraĂ®tre dĂ©rangé·e par la fraĂ®cheur, l'inconnu·e lui offrit un sourire que l'Ă©cureuil reconnut facilement, Ă©tant donnĂ© qu'il l'utilisait très rĂ©gulièrement. Tosk sourit en rĂ©ponse, amusĂ©. Il l'aimait dĂ©jĂ bien. En bas, en revanche, ce n'Ă©tait pas la mĂŞme histoire. La rĂ©ponse ne se fit d'ailleurs pas attendre. — C'est pas tes oignons, Ceann! aboya Mr Pirate, nĂ©anmoins tendu. Ah. Donc, c'Ă©tait quelqu'un d'important, et donc dangereux. Le sourire de Tosk s'Ă©largit. Ça allait ĂŞtre facile de les enfoncer encore plus. D'un doigt griffu, il dĂ©signa le grand Ă©chalas pâle. — Lui il a dit qu'ils voulaient purifier la ville. Ça capta aussitĂ´t l'attention de Ceann, alors que l'ange pâlit visiblement devant la dĂ©lation. Le pire, c'est que c'Ă©tait vrai, Tosk l'avait rĂ©ellement entendu juste avant de voler le nĂ©mès. Coup de bol. ForcĂ©ment, ça n'allait pas ĂŞtre bien pris par ceux Ă qui la ville appartenait — dans l'ombre, en tout cas — et Ă qui il avait Ă©tĂ© prĂŞtĂ© pour un temps. Et donc, Ă la base, le dĂ©mon-Ă©cureuil avait prĂ©vu de garder ça pour lui et l'utiliser pour les faire chanter plus tard, mais, heh, il fallait saisir les opportunitĂ©s pour emmagasiner les points brownie avec les bonnes personnes! Se calant bien confortablement sur son perchoir privilĂ©giĂ©, Tosk dĂ©cida qu'il en avait assez fait pour un premier jour. Maintenant, plus qu'Ă regarder le spectacle!
![]() ![]() Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
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