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GaĂŻa Gil'Sayan![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Des mots infernaux(par GaĂŻa Gil'Sayan)La pièce Ă©tait plongĂ©e dans l’obscuritĂ© et le silence. La seule fenĂŞtre, proche du plafond, recouverte de lierre, ne laissait pas passer la moindre trace de lumière. Des immenses Ă©tagères remplies de centaines de livres Ă©taient alignĂ©es contres les murs, la plupart recouvertes d’une fine couche de poussière. Une porte, minuscule a cĂ´tĂ© des titanesques bibliothèques, n’avait pour poignĂ©e qu’une plaque de mĂ©tal, gravĂ©e d’un symbole en partie effacĂ© par la rouille et le temps, pouvant aussi bien ĂŞtre un masque de pharaon qu’un crâne de pirate. Un bruit discret rĂ©sonna dans le silence. La porte bougea, sous une très faible pression, mais ne s’ouvrit pas. Des voix faibles se firent entendre. Des coups firent grincer la porte, mais elle refusa toujours de s’ouvrir. Les voix se firent Ă nouveau entendre. Les coups reprirent, de plus en plus insistants. Un rayon de lumière argentĂ©e s’infiltra entre les branches de lierre. Des petites pattes se posèrent sur la vitre, depuis l’extĂ©rieur. Le petit animal continua d’arracher les branches, et au bout de quelques minutes, rĂ©ussi Ă dĂ©gager complètement la lucarne. S’appuyant de tout son poids sur celle-ci, il rĂ©ussit a l’ouvrir et emportĂ© par son Ă©lan, il bascula en avant et tomba dans la pièce en poussant un petit cri. Les coups sur la porte cessèrent. La petite crĂ©ature finit sa chute dans un tas de poussière et de sable, soulevant un petit nuage sous lequel elle disparu. Les voix se firent Ă nouveau entendre. Sortie de son nuage, la petite bestiole se mit Ă avancer vers la porte, soulevant un peu plus de poussière a chaque pas. Elle semblait nager dans une mer de saletĂ© dĂ©posĂ©e par le temps. ArrivĂ©e devant la porte, elle posa sa petite patte dessus. La porte ne bougea pas. Les coups reprirent, plus doucement. La bestiole se mit elle aussi Ă frapper doucement en suivant le mĂŞme rythme. Les coups de l’autre cĂ´tĂ© cessèrent. Elle recula de quelques pas, prit son Ă©lan et sauta. Elle s’agrippa au mur et commença Ă escalader tant bien que mal ce qui semblait ĂŞtre pour elle pareil Ă une falaise de pierre sombre. ArrivĂ©e a la hauteur de la plaque de mĂ©tal, elle se mit Ă la frotter, faisant tomber tout le sable, la terre et la poussière, et rĂ©vĂ©lant un Ă©trange symbole. Elle frappa trois fois avant de se pencher vers le minuscule espace entre la porte et le mur, en chuchotant quelques mots. Trois coups sur la porte se firent entendre. Une voix prononça un dernier mot et le symbole se mit Ă briller doucement. La petite crĂ©ature sauta du mur et atterrit Ă nouveau tĂŞte la première dans le sable et la poussière. La porte s’ouvrit, rĂ©vĂ©lant deux silhouettes vĂŞtu de large manteau Ă capuche, seulement Ă©clairĂ©es par une lanterne. La petite crĂ©ature sorti de la poussière et du sable avant de se tourner vers elles. « L’étape de la porte, c’est fait. Vous ĂŞtes prĂŞte Ă surmonter l’étape suivante ? — Bien sur qu’on est prĂŞte ! rĂ©pondĂ®t une jeune fille en enlevant sa capuche après ĂŞtre entrĂ©e dans la pièce, rĂ©vĂ©lant des cheveux blonds retenus en une queue de cheval. Tu en as mis du temps Ă arriver, GaĂŻa. Tu t’es perdue ? — Très drĂ´le… Tu as dĂ©jĂ essayĂ© d’enlever rapidement du lierre accrochĂ© Ă un mur depuis des annĂ©es ? C’est encore pire que d’essayer de sĂ©parer une Ă©toile de mer de son rocher ! » La deuxième silhouette laissa Ă©chapper un rire avant d’entrer Ă son tour et de poser sa lanterne au sol. La porte se referma lentement dans un lourd bruit mĂ©tallique. « Selon les informations que j’ai pu rĂ©cupĂ©rer, il y a environ huit mille livres ici… j’espère que vous ĂŞtes prĂŞtes Ă lire rapidement. » La jeune fille blonde plia lĂ©gèrement les yeux en inspectant les immenses Ă©tagères. « Bon… les filles, au travail ! »
Les livres Ă©taient recouverts de poussière. La très faible lumière de la lune et celle de la lanterne suffisait Ă peine a rendre lisible les titres, nombreux Ă ĂŞtre dĂ©jĂ en partie estompĂ© par le temps et le manque d’entretien. Certains, plus rĂ©cents, plus rĂ©sistants, plus soignĂ©s, Ă©taient toujours facilement dĂ©chiffrables, tandis que d’autres Ă©taient complètement illisible, effacĂ©, leurs couvertures avaient Ă©tĂ© purifiĂ©es de toutes traces d’écriture par les annĂ©es. La jeune fille blonde dĂ©chiffrait tant bien que mal le plus de titres possible. GaĂŻa courait le long des Ă©tagères, soulevant un nuage de poussière derrière elle, sautant parfois d’un Ă©tage Ă un autre comme un kangourou, passant d’une bibliothèque Ă une autre, parcourant les meubles en diagonale, s’arrĂŞtant de temps en temps devant un livre prĂ©cis, le regardant comme un arbitre Ă©valuant la qualitĂ© du dos et de la reliure avant de reprendre sa course. De l’autre cĂ´tĂ© de la pièce, la jeune femme n’avait pas enlevĂ© son manteau et sa capuche. Elle parcourait les titres du regard, sortant parfois un livre pour l’ouvrir, feuilleter quelques pages, lire quelques paragraphes, avant de le reposer et de continuer sa recherche. GaĂŻa s’arrĂŞta net devant un livre avant de se tourner vers la jeune fille blonde. « Eh, No’, viens voir ! » L’intĂ©ressĂ©e s’approcha. « Qu’est ce qu’il fait lĂ ce livre ? demanda la petite crĂ©ature. — Aucune idĂ©e… qui sait pourquoi ces livres sont lĂ . Ils ont Ă©tĂ© mis lĂ , c’est tout. Certains depuis plus longtemps que d’autres. — Oui, mais regarde… » Elle sorti le livre de l’étagère. No’ l’attrapa et commença Ă le feuilleter. « Un livre de jeu… c’est rigolo. — Tu vois ? Qu’est-ce qu’il fait lĂ ? Ça n’a jamais reprĂ©sentĂ© de danger pour personne, si ? — Il faut croire que ça ne plaisait pas Ă tout le monde... elle continua de feuilleter le livre. Tu veux apprendre Ă crĂ©er ton propre phĂ©nakistiscope ? — Mon propre quoi ? — PhĂ©nakistiscope. Regarde, il faut juste de la colle, des ciseaux et des crayons. Tu a mĂŞme des modèles pour dessiner un totem amĂ©rindien qui danse ou une Ă©toile de mer qui chante ! — Mouais… il y a pas des recettes de cookies plutĂ´t ? » A l’autre bout de la pièce, l’autre jeune fille Ă©clata de rire, et No’ poussa un soupir avant de se tourner vers la petite bestiole. « Tu ne penses vraiment qu’à manger ! Tu vas avoir plein de caries si tu continues ! — Les caries ne me font pas peur et elles ne m’auront jamais ! — C’est ça, c’est ça… lança la jeune fille depuis l’autre bout de la pièce. Maintenant, reine du sucre, et si vous et votre amie la princesse du bricolage pour enfants repreniez la recherche ? Ce n’est pas que cet endroit me dĂ©plaĂ®t, mais… je ne tiens pas spĂ©cialement Ă rester ici trop longtemps, sauf si vous avez l’intention d’organiser un dĂ©bat sur la linĂ©ature plus ou moins Ă©levĂ©e des illustrations de livres de jeux pour enfants. — Très drĂ´le… — Aller GaĂŻa, intervint No’, il nous reste du boulot ! » Elle reposa le livre, et toute les trois se remirent a chercher.
La jeune fille qui avait toujours son manteau et sa capuche feuilletait rapidement de plus en plus de livres, tous très diffĂ©rents. Des fins, des Ă©normes, des reliĂ©s, des brochĂ©s, des très anciens, des qui l’étaient beaucoup moins. Elle venait de reposer un Ă©pais livre Ă la couverture abĂ®mĂ©e quand un autre attira son attention. Un livre très fin, qu’elle attrapa, rĂ©vĂ©lant une couverture recouverte d’une couche de peinture blanche. Elle resta de longues minutes immobile, incapable d’ouvrir le livre ou de le reposer. No’ s’approcha «Tu as trouvĂ© quelque chose ? » Voyant qu’elle ne rĂ©pondait pas, elle continua d’avancer, et voyant qu’elle ne rĂ©agissait pas, elle attrapa l’étrange livre et se figea a son tour. A l’autre bout de la pièce, la petite crĂ©ature stoppa net sa course. « No’ ? Les filles, ça va ? » Elle commença Ă sauter d’une Ă©tagère Ă une autre avant de remarquer le livre et de s’arrĂŞter brutalement. Inquiète, elle reprit sa course et arriva aux pieds des deux jeunes filles. «Eh, les filles ! Bougez ! Aller ! S’il vous plaĂ®t, me laissez pas toute seule ! » De plus en plus paniquĂ©e, elle regarda autour d’elle. Elle se prĂ©cipita vers le seul objet qu’elle repĂ©ra et rĂ©ussit Ă traĂ®ner le lourd manteau sombre du bout de la pièce jusqu’aux deux filles, toujours aussi immobiles que des statues. Elle fit passer une manche Ă gauche des pieds d’une des filles, et continua de traĂ®ner l’autre bras jusqu’à arriver derrière elle pour ramasser la première. Elle commença Ă reculer, tirant sur les manches et tendant petit Ă petit le manteau. Elle glissa dans le sable, mais continua de reculer comme tirant de toute ses forces sur son câble de remorque improvisĂ©. Le manteau se tendait de plus en plus, et elle avait de plus en plus de mal Ă reculer, quand les pieds de la jeune fille glissèrent. Elle bascula en avant. Son mouvement lui arracha le livre des mains et elle renversa l’autre jeune fille, qui lâcha le livre Ă son tour. Il tomba lourdement sur le sol, bien plus lourdement que son Ă©paisseur ne le laissait imaginer. EmportĂ©e par son Ă©lan, la petite crĂ©ature glissa et tomba Ă nouveau tĂŞte la première dans le sable et la poussière. No’ reprit ses esprits au moment oĂą elle toucha le sol. Voyant une silhouette tombĂ©e vers elle, elle s’écarta le plus vite possible en roulant prĂ©cipitamment sur le cĂ´tĂ©, soulevant un nuage de sable. L’autre fille tomba sur le sol avant d’être Ă nouveau capable de bouger. No’ se releva difficilement, d’un air qui aurait pu sembler flâneur si elle n’était pas en rĂ©alitĂ© complètement sonnĂ©e. La petite crĂ©ature se releva Ă son tour avant de se prĂ©cipiter vers les deux filles. « Vous allez bien ? » No’ hocha la tĂŞte, et s’approcha de son amie, toujours au sol. Sa capuche ne s’était pas enlevĂ©. Elle se releva avec difficultĂ©, sa main droite tenant son poignet gauche. « Ça va… ça va… je crois. — Ton… ton poignet ! s’exclama la petite crĂ©ature, toute tremblante — Ça va aller. C’est plus cette chose qui m’inquiète » Toute les trois se tournèrent vers le livre, toujours au sol, les pages pliĂ©es par la chute. La peinture blanche avait virĂ© au gris. «Il… il Ă©tait blanc quand je l’ai pris. » GaĂŻa s’approcha. «Il a bronzĂ© ? — GrisĂ© plutĂ´t, non ? proposa la jeune fille blonde — T’as compris ce que je voulais dire, No’ ! — En tout cas, je ne m’approche plus ce truc. annonça l’autre jeune fille — Moi non plus. Les livres qui sont ici ne le sont pas pour rien. — Je n’ai pas envie d’essayer non plus ! » No’ ramassa son manteau et le secoua pour en enlever le sable et la poussière. «Il faut qu’on s’en aille le plus vite possible. Il faut qu’on trouve ce qu’on est venues chercher, et vite» Les deux autres hochèrent la tĂŞte.
Aucune ne parlait. Le silence Ă©tait revenu, seulement troublĂ© par le bruit des pas et des pattes sur les Ă©tagères. Le temps passait. Elles continuaient toutes de chercher, en Ă©vitant le moindre contact avec les livres. No’ et GaĂŻa passaient de plus en plus vite devant chaque ouvrage, revenant parfois en arrière pour relire certains titres. De l’autre cĂ´tĂ© de la pièce, leur amie avançait toujours au mĂŞme rythme, mais ne sortait plus aucun livre des Ă©tagères. Elle poussa un soupir et commença Ă se retourner quand un Ă©clat argentĂ© dans son chant de vision la fit s’arrĂŞter net. « Les filles… je crois que j’ai trouvé » Elle sortit un lourd livre de la bibliothèque. Les deux autres s’approchèrent et GaĂŻa sauta sur son Ă©paule, avant d’observer le livre en question. La couverture semblait faite d’un Ă©trange mĂ©tal brillant d’un Ă©clat argentĂ©, tout en restant plus lĂ©ger que le papier. Elle semblait ĂŞtre complètement dĂ©pourvue d’écriture. Au dos, un Ă©trange symbole Ă©tait gravĂ©. « On dirait un circuit Ă©lectronique, non ? » fit remarquer GaĂŻa. Sur le plat avant du livre, un autre dessin Ă©tait gravĂ©. Un arbre, tracĂ© avec beaucoup plus de finesse. « C’est lui. annonça No’. Aucun doute, c’est celui la. — Tu en es bien sĂ»re ? Ça pourrait ĂŞtre un autre arbre que celui qu’on cherche. Il ressemble Ă n’importe quel arbre amentifère. — Non, je suis sĂ»re que c’est lui. Je n’ai pas le moindre doute. Le dessin est très prĂ©cis, bien plus qu’on pourrait le penser. C’est une espèce beaucoup plus rare que toutes les autres. Beaucoup plus ancienne aussi. Certains disent mĂŞme qu’elle est l’ascendante de la grande majoritĂ© des arbres amentifère de la plupart des mondes. — Les gens biberonnĂ©s Ă la culture gĂ©nĂ©rale, ils sont pĂ©nibles des fois… chuchota GaĂŻa. — Je t’ai entendu, mĂ©chante petite bestiole. — Zut… » Elle sauta de l’épaule sur laquelle elle Ă©tait installĂ©e et escalada quelques Ă©tages de la bibliothèque en faisant attention Ă ne toucher aucun livre. « Bon, maintenant qu’on a ce livre, et si on quittait ce charmant endroit ? » No’ s’apprĂŞtait Ă lui rĂ©pondre quand des très forts bruits de pas et de voix se firent entendre. L’autre jeune fille glissa rapidement le livre dans un des très grandes poches de son manteau. La porte s’ouvrit brutalement, rĂ©vĂ©lant une troupe d’hommes et de femmes habillĂ©s d’armures bleues et blanches et armĂ©s de lances. Tous marquèrent un temps d’arrĂŞt et d’incomprĂ©hension, ne s’attendant sĂ»rement pas Ă trouver deux jeunes filles et un petit animal dans cette pièce. « Je crois qu’on va partir plus rapidement que prĂ©vue ! s’exclama GaĂŻa — Vous n’avez pas l’autorisation d’être ici ! Suivez-nous, et sans faire d’histoire ! — Quelque chose me dit que vous n’allez pas nous proposer de discuter calmement autour d’un bol de cĂ©rĂ©ales… chuchota-t-elle. » Les gardes se reprirent, et pointèrent leur lances vers les intruses. « Vous n’avez rien Ă faire ici ! s’écria un d’entre eux, le seul Ă avoir un liserĂ© dorĂ© sur son armure. Si vous ne voulez pas finir par avoir une cĂ©notaphe, suivez nous calmement ! — Elle est un peu radicale votre menace, non ? » demanda No’, avant de commencer a s’approcher de son manteau, toujours posĂ© au sol, avant d’adresser un grand sourire Ă tous ceux qui lui faisaient face, complètement ahuris devant ce comportement malgrĂ© la situation. Elle ramassa son manteau et la lanterne qui Ă©tait toujours posĂ© Ă cĂ´tĂ© , tout en gardant son sourire. Elle tourna sur elle-mĂŞme en revenant vers ses amies et promena son regard partout, afin de sauvegarder dans sa mĂ©moire l’apparence de la pièce, avant de se tourner vers les gardes. « Messieurs-dames, ce fut un plaisir de passer un peu de temps ici. Cet endroit est absolument… exquis ! Ne vous inquiĂ©tez pas, nous ne vous dĂ©rangerons pas plus longtemps ! » Elle posa la main sur l’épaule de l’autre jeune fille et, toujours avec un grand sourire, avança d’un pas. Les deux filles disparurent, laissant GaĂŻa toute seule face Ă tout les gardes Ă©bahis. Une alarme se mit a rĂ©sonner dans le couloir. « Bon… bah c’était sympa ! Il va falloir que je parte, malheureusement. Je serai bien restĂ©e, mais j’ai l’impression que vous n’apprĂ©cierez pas que je vous Ă©cornifle plus de livres » A ces mots, les gardes commencèrent Ă approcher, certains se prĂ©cipitèrent vers les Ă©tagères en cherchant quels livres avaient disparu, tandis que d’autres avancèrent droit sur la petite bestiole, qui les fixait sans bouger. « Je vais y aller, sinon elles vont m’attendre et j’ai pas envie de me faire disputer. Au revoir tout le monde, c’était très sympa de visiter l’enfer de votre bibliothèque ! » Elle disparut.
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