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Marius Vikéage![]() Spectacles![]() ![]() ![]() En Enfer(par Marius Vikéage) ‘‘Dehors !’’ Un mot que tout le monde a entendu. Au moins une fois dans sa vie, le premier jour.
‘‘Dehors !’’ Et après il nous suit, au dernier jour.
‘‘Dehors !’’ Tu sors de la vie maintenant.
Je n’ai jamais cru qu’un Paradis pouvait exister, je n’ai jamais cru à une récompense. Récompense de quoi ? Non. Je n’ai jamais cru qu’un Paradis pouvait exister. Il ne pouvait exister qu’un Enfer en réponse à un Enfer. Et l’enfer c’est ça, un endroit sans fin où chaque banc, chaque maison te crie ‘‘Dehors !’’. Comme avant.
Je n’ai jamais cru non plus qu’il y avait d’autres échappatoires, ‘‘Dehors !’’ ceux qui pensent que l’art en est un. Je m’y suis essayé aussi. À rechercher une identité titanesque à travers des lignes, des paragraphes, des vers, des verres … ‘‘Dehors !’’ les artistes qui pensaient pouvoir sortir de l’Enfer, l’Enfer on n’en sort pas, je m’y suis essayé aussi.
‘‘...’’
Mais laissons nous biberonner dans nos illusions, je l’ai fait ; J’ai adoré ça. De croire que je vivais dans un monde où chacun avait sa chance ! Écris ! Je sais que ça sert à rien mais écris ! Pour une liberté qui n’existe pas, écris pour ceux qui te diront ‘‘Dehors !’’, pour le monde entier, tu es là pour ça. Ton Enfer à toi il est là , d’écrire pour ceux qui te diront ‘‘Dehors !’’, d’écrire la vie de ceux qui te diront ‘‘Dehors !’’.
Laissons nous biberonner dans nos illusions.
‘‘Dehors !’’ Tes poèmes ne changeront pas le monde de ton vivant.
‘‘Dehors !’’ Tes poèmes s’oublieront à ta mort.
‘‘Dehors !’’ Tes poèmes !
Quand je suis mort j’avoue j’y ai cru, au Paradis je me suis dit : enfin je vais voir des gens comme moi, seuls, tristes, avec des poèmes seuls, tristes. Mais la poésie aux vivants, la solitude aux morts, et la solitude ne permet pas la rencontre. Et les vivants ne permettent pas la poésie.
CONNERIES ! Conneries ce qu’on peut croire sur la mort, rites sacrés, totems, faucheuses, enfer bien ordonné tout comme il faut, les bons d’un côté les méchants de l’autre, CONNERIES !
Rien n’existe en Enfer, ni bien, ni mal, personne n’est exclu puisque personne n’est inclut, ceux qui ont vécu dans le luxe et le plaisir souffrent, ceux qui ont souffert ne voient que leur douleur perdurer sans fin ; sans fin. Et pas de voix pour se plaindre, pas de voix à donner, pas de public : Le théâtre aux vivants qui n’en veulent pas, quitte à en priver ceux qui en ont besoin.
Pourquoi vous me lisez ?
Ces papiers ne servent à rien, laissez les là où ils sont. Ils sont venus avec moi, je ne les ai pas voulus, ils sont venus tout seuls, sans que je leur demande. Vous pensez que c’est simple d’écrire ? Vous pensez que c’est simple d’aligner ces mensonges qui arrivent, comme ça, tout seuls.
Vous pensez que c’est facile de revivre sa souffrance une deuxième fois parce qu’elle nous oblige à la crier ? ‘‘Dehors !’’ La souffrance ‘‘Dehors !’’ Le mal-être ‘‘Dehors !’’ Mais moi je ne veux pas ! Vous pensez que /
‘‘J’ai besoin d’une pièce…
J’ai besoin d’une pièce…
— Je n’en ai pas. — Pourquoi tout ça ? — J’aime mentir. — Et ces aveux.
— J’ai honte. — J’ai besoin d’une pièce. — Je n’ai rien. — C’est vrai ?
— Non, j’ai ces feuilles, j’ai ce qu’il y a écrit dessus. — C’est tout ? — Non, j’ai ma voix et ce qu’elle vous raconte. — La voix n’existe pas en Enfer ?
— Je l’ai dit. — Ni la poésie ? — Je l’ai dit. — Tu n’as donc pas besoin de ces feuilles. -Ne les déchirez pas !
— J’ai besoin d’une pièce...’’
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