Une journée de plus. De toute façon, il n'y a que comme ça que je peux fonctionner. Une journée après l'autre. Je n'ai pas le choix. Si je veux survivre... J'y suis obligée. Je fonctionne au jour le jour, en espérant toujours que le lendemain sera meilleur. L'est-il vraiment ? Je ne sais pas, mais espérer ne coûte rien.

Tu sais... Oui, oui, c'est à toi que je parle. Je sais pertinemment que ce que j'écris va être lu, peut-être analysé, répété... C'est le but de ce texte après tout, c'est pour ça que tu es là. Lire des mots qui se suivent pour former des phrases qui se suivent, et elles-même forment des paragraphes qui ensemble forment un seul texte. Ce même texte que tu as ouvert en te disant peut-être que tu allais passer un bon moment. Eh bien... Je suis désolée de te décevoir. Ce que tu vas lire... C'est simplement un tout petit bout de ma vie. Est-ce que c'est intéressant ? J'en doute fort. Pourquoi est ce que j'écris ce texte alors ? Moi même, je ne sais pas. Donc... Arrête toi si tu veux maintenant, ou continue, c'est comme tu le souhaites. Ceci-dit, je reprends.

Tu sais... Cet enfer n'a pas toujours existé. Il n'a pas toujours été question de survie. A l'origine, c'était simplement un endroit heureux, où il faisait bon vivre. J'ai été biberonnée dans ce lieu si confortable, j'y ai grandi. Je ne sais pas vraiment ce qui a changé. Je ne sais même pas si tout s'est fait progressivement, ou si tout s'est déclenché en une fois. Mais... Le fait est que tout a changé. Ce qui était autrefois chaud et agréable est devenu froid et terne. Et je dois apprendre à vivre avec.

Apprendre... Enfin, essayer d'apprendre. Cela fait des mois que j'essaye. Pour le moment, je n'y arrive toujours pas. Je devrais être plus forte, réussir. Je devrais analyser, comprendre et trouver une solution. J'y arrive pour les cours, que ce soit en français, en maths, ou autre part... Alors pourquoi je n'y arrive pas pour le plus important ? Je ne saurai l'expliquer mais... C'est un fait.

J'ai essayé beaucoup de choses pour survivre plus facilement. J'ai prié... De nombreuses choses. Un Dieu. Plusieurs dieux. Les étoiles. Mon ange gardien. Mon animal totem. J'ai prié pour qu'ils m'aident, se mettent d'accord, s'alignent... Mais aucun résultat. J'ai aussi essayé de faire du yoga, de ne rien faire... Mais là encore, rien ne s'est passé. Alors, j'ai simplement attendu que les choses changent.

Mais évidemment, elles n'ont pas changés. Ou plutôt... Si. Tout s'est juste empiré petit à petit. Je ne comprenais pas pourquoi, j'étais juste... spectatrice. Et je le suis toujours. Je ne comprends toujours pas ce qui se passe, dans ma tête ou à l'extérieur. Que se passe-t-il ? Je ne sais pas. Suis-je seulement responsable de ce qui s'est passé ? Tout est-il de ma faute ? C'est possible après tout. J'ai fait tellement d'erreurs, tellement d'erreurs qui m'ont coûté tellement de choses... Peut-être est-ce l'une d'elles qui a causé cet enfer. Peut-être suis-je simplement trop idiote pour m'en rendre compte. Mais qui a la réponse à ces questions ? Qui ? Je ne sais pas. Je ne sais pas...toujours cette phrase... je ne sais pas... Enfin si, je sais une chose : j'utilise trop je ne sais pas. Mais par quoi remplacer cette formule ? Je l'ignore ? Ou autre chose ? Tu as une idée toi ?

Je suis idiote, je te pose une question alors que je sais que tu ne me répondras pas... Bon, tant pis. On dira que je m'interroge toute seule. D'ailleurs, est ce le premier symptôme de la folie, ou ne dorme-je simplement pas assez ? Ah oui... Mon sommeil... un autre sujet sensible. Tu t'imagines, toi, réussir à dormir dans un véritable enfer ? S'endormant dans un silence trop présent, sans la chaleur humaine que l'on voudrait, se réveiller dans les cris infernaux... Qu'en penses tu ?

Je sais, je sais... Tu n'as toujours aucun avis. Ce n'est pas grave. Je vais juste continuer à parler seule. N'est ce pas ce que je fais tout le temps après tout ? Où en étais-je ? Ah oui, les cris... Ces fameux cris... Je ne m'étendrai pas. Je dirai simplement... Qu'ils existent, qu'ils contribuent à former cet enfer... et que j'aimerais qu'ils cessent. Tellement stridents...

Souvent, je m'enferme dans le seul endroit un peu épargné. Qu'est-il exactement ? Encore une fois, je ne sais pas. Je pourrais le décrire... Mais à quoi bon ? Tu ne saurais pas à quoi je fais allusion. Je ne saurais même pas quoi dire, ou ne pas dire. T'intéresserais-tu vraiment à l'étoile de mer qui traîne ici, au poney qui traîne là, à toutes ces choses éparpillées un peu partout... Non, je ne pense pas. Je ne t'embêterai donc pas avec ça. Enfin... Si tu es toujours là. C'est vrai ça, si ça se trouve, j'écris pour rien, pour des lignes que personne ne va jamais lire. Bon... Tant pis, on dira que je suis folle. Ce n'est pas vraiment faux après tout.

Mais... Dans cet enfer... Il y a quand même un rayon de soleil. Quand il fait froid, noir, que tout est plongé dans les ténèbres... Il suffit que cette petite lumière apparaisse, et la chaleur revient. Ce n'est pas toujours grand chose, un mot, une phrase, une pensée, des fois un câlin... Mais ce petit quelque chose permet à la chaleur de revenir.

On pourrait croire que c'est un travail titanesque, de faire revenir la chaleur quand tout semble perdu. Mais... Des personnes savent le faire. Une en particulier. Un petit nombre en général. Ils sont là. Ils font revenir un petit bout de chaleur, un petit bout de lumière. Et c'est ce qui me fait tenir.

Tu dois trouver ce texte on ne peut plus étrange. Quel est son but ? Pourquoi le lire ? Je ne sais pas, je ne sais juste pas. J'avais sûrement besoin de l'écrire après un énième épisode. Épisode de quoi ? Oh euh... Rien d'important. Et oui, j'ai bien conscience de me parler à moi-même. Peut-être d'ailleurs est-ce simplement ce que je fais, qui sait ? Peut-être que j'hallucine, que le texte que j'écris n'existe pas, qu'il n'est qu'une illusion, et dans ce cas là... C'est une preuve de plus de ma folie. Mais le saurai-je jamais ? Qui peut le savoir ?

J'ai compris oui... Ce texte, s'il existe, a suffisamment peu de sens pour que je l'alourdisse de questions sans réponse. Alors, je te donnerai simplement, à toi qui, peut-être, lis encore ces lignes, un simple conseil. Si tu veux éviter cet enfer, ne passe pas par chez moi. Ou tu risques de devenir aussi fou que moi.