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FaucheuseElinor![]() Spectacles![]() L'histoire des Faucheuses
![]() ![]() Enchantement(par Faucheuse et Elinor)Le soleil se couche sur les terres de mon enfance, mais ma mission n’est pas terminée pour autant. Une rumeur s’est répandue sur la région et l’Évêque Defaux m’a chargé de la vérifier et, le cas échéant, d’y mettre terme. Mais pour l’heure, il me faut chercher refuge pour la nuit. Cet abri, c’est dans la petite ville où j’ai grandi que je compte le trouver. Mon cheval se déplace prestement entre les habitations éparses. Les quelques habitants qui travaillent encore ne sont plus les mêmes pour la plupart, mais je reconnais tout de même certains visages. Le tisserand, bien que balafré lors d’une attaque de pirates, m’est familier. Les enfants qui jouent, en revanche, ne le sont aucunement. Quoique… cette petite fille me rappelle vaguement mon ancienne voisine. Peut-être est-ce sa fille ? J’ignore si j’aurai le temps, le lendemain de m’attarder à le découvrir. Je tenterai, sans nul doute. Pour l’instant, c’est dans l’auberge couverte de lierre que je stoppe mon voyage. Alors que j’en pousse les portes, j’entends une voix mélodieuse qui en émane. Un trouble me prend immédiatement… Je me sens… envoûté. Et lorsque je la vois… mon cœur s’arrête un instant.
Toujours la mĂŞme routine. Encore et encore. Chanter Ă en perdre la voix. Avoir en tout temps le sourire aux lèvres. Repousser les mains baladeuses, mais toujours doucement car le client est roi. Et ne jamais montrer de faiblesse. Ce quotidien est insupportable, si monotone, si ennuyeux. Lorsque j'ai dĂ©cidĂ© de quitter ma famille pour ĂŞtre libre, libĂ©rĂ©e de l'oppression des hommes, j'avais des rĂŞves plein la tĂŞte. Mais hĂ©las, la rĂ©alitĂ© m'a bien vite rattrapĂ©e. Une jeune fille sans le sou... cela attire les pires malotrus. J'ai dĂ» très vite trouver un refuge. Refuge que j'ai trouvĂ© dans cette auberge, nichĂ©e dans un petit village. Le patron paye bien, il m'offre le gĂ®te et le couvert en Ă©change de ma voix que je dois offrir aux voyageurs le soir. Et, une chose me sauve de l'ennui. Une seule chose... Perdue dans mes pensĂ©es, je remarque soudain que quelque chose d'anormal se produit. Une atmosphère pour le moins Ă©trange envahit la pièce. Sans arrĂŞter mon chant, je cherche des yeux la cause de ce trouble. Un homme vient d'entrer. Mais pas n'importe quel homme. Ses vĂŞtements sont ouvragĂ©s, de belle qualitĂ©. C'est un noble. Que vient-il donc faire ici ? Du coup de l’œil, je suis ses mouvements. Il paraĂ®t Ă la fois nerveux et gĂŞnĂ©. Il ne cesse de jeter des regards dans ma direction. Serait-ce moi qui provoque la couleur rougeâtre sur son visage ? Ce jeune homme m'intrigue. Il n'agit pas comme les autres. Je comprends cependant qu'il ne fera pas le premier pas. Entamer une discussion avec une chanteuse d'auberge, ce serait proprement inconvenant. Alors, Ă©tant toute aussi curieuse Ă son Ă©gard, après un signe au musicien qui m'accompagne, je m'approche de lui, m'incline puis lui demande : — Messire. Que puis-je pour vous ?
Je sens la chaleur envahir mon visage. Ă€ n’en point douter, mes joues doivent s’empourprer. Est-ce son regard qui se pose sur moi sans ciller ? Elle ne doit pas avoir l’habitude de voir des gens de ma condition. Mais je suis gĂŞnĂ©. Je prĂ©fĂ©rerais qu’elle s’attarde plutĂ´t sur les deux rustres qui se dĂ©fient au bras de fer. Pas sĂ»r que le plus fort des deux, un homme avec davantage de caries que de dents n’attire vraiment son regard. Effectivement, le regard de la jeune femme ne me quitte pas. La chanteuse finit par s’approcher de moi et m’interroge. Mes mains sont moites. Je ne sais que rĂ©pondre. J’ai appris l’art de la guerre, non celui de la sĂ©duction. Est-elle lĂ pour tenter de me faire utiliser mon or pour le compte de son employeur ? Je ne sais pas. Je prĂ©fère ne pas lui prĂŞter mauvaise intention. Je suis de toute façon trop Ă©puisĂ© par mon voyage pour pouvoir vraiment y rĂ©flĂ©chir. Je tente de fuir ses magnifiques yeux marrons et pose les miens sur un tableau reprĂ©sentant les flots s’abattre sur les armĂ©es de Pharaon. Je m’interroge. Que fais ce genre d’œuvre dans un lieu aussi isolĂ© que celui-ci. Le village de mon enfance n’est pas rĂ©putĂ© pour avoir quelques richesses. Du moins, si l’on excepte l’église qui sert de lieu de passage pour les pèlerins. InĂ©vitablement, mon questionnement s’achève sur la jeune femme. Elle ne semble pas impatiente. Seules quelques secondes ont dĂ» passer depuis sa question. Il faut que j’ose me lancer… ce que je fais, avec quelques maladresses dans la voix. — Je voudrais me sustenter, je vous prie… ainsi que savoir si vous avez eu vent des rumeurs qui courent sur la rĂ©gion.
Il est gĂŞnĂ©. C'est si amusant. Et mignon aussi, je dois bien l'avouer. Rares sont les hommes gĂŞnĂ©s en prĂ©sence d'une femme, de surcroĂ®t lorsqu'elles sont de plus basse condition qu'eux. Cette timiditĂ© me touche. J'attends donc, le sourire toujours aux lèvres, sa rĂ©ponse. Lorsqu'il me la donne enfin, je suis Ă©tonnĂ©e. Ainsi, ce n'est pas n'importe quel noble. Il n'est pas lĂ par hasard. Je dois faire attention Ă ce que je vais lui dire. Je renchĂ©ris : — Eh bien messire, si je puis me permettre, je vous conseillerai le canard aux amandes, il est exquis. Et...en ce qui concerne les rumeurs... il ne serait pas prudent d'en discuter ici...Je vous propose de nous retrouver Ă la fin de votre repas devant les Ă©curies. Si cela ne vous importune pas bien entendu. Il bafouille son accord, et cela me fait sourire. Il n'est pas comme tous les nobles habituels, prĂ©tentieux et hautain. Il est vraiment... diffĂ©rent. Et cela me plaĂ®t bien. Je quitte sa table, permettant un clin d’œil. Je ne sais pas pourquoi je me permets cette familiaritĂ©, mais je ne la regrette pas, ne serait-ce que pour voir son visage s’empourprer. Mais mon sourire quitte mon visage très peu de temps après. Une bagarre est sur le point d'Ă©clater entre le gagnant et le perdant refusant de payer son dĂ» Ă la suite d'un stupide jeu de force. Je refuse cependant de faire l'arbitre pour une querelle si idiote. Ce n'est pas mon rĂ´le. Je fais signe Ă l'employĂ© au bar pour qu'il s'en occupe. Puis je reprends mon chant. Lorsque je le vois se lever, je m'Ă©clipse de nouveau discrètement et le rejoins. La couleur de son visage n'a pas changĂ© depuis que je l'ai quittĂ©. Je ne songe pas Ă Ă©viter le sujet qui l'amène, et vais droit au but : — Certaines personnes prĂ©tendraient avoir observĂ© une forme de magie dans les alentours de ce village... Son visage redevient tout de suite sĂ©rieux. La magie est un sujet tabou de nos jours, et n'est pas apprĂ©ciĂ©e, en particulier par les nobles et l’Église.
De la magie ?! L’ÉvĂŞque sera sĂ»rement heureux d’apprendre que j’ai dĂ©busquĂ© un sorcier… ou une sorcière. Purifier ces pauvres âmes par la noyade n’est pas la chose plus plaisante qu’il m’ait Ă©tĂ© donnĂ© de voir, mais satisfaire le tout-puissant en exĂ©cutant les ordres est une satisfaction en soi. Elle reste cependant vague… alors que j’ai le sentiment qu’elle en sait davantage. Je dois la mettre en confiance. Je dĂ©cide donc de me dĂ©voiler. — Gente dame, je me nomme Amaury de la Foix, troisième fils du comte de la Foix. J’ai Ă©tĂ© envoyĂ© pour mettre fin au mal qui vous menace. Je vous prie de m’en dire davantage. Si qui que ce soit tente de vous intimider, je saurai vous protĂ©ger. — Je m’appelle Elea, me dit-elle alors avec un accent qui ne la rend que plus charmante. Retrouvez-moi Ă l’orĂ©e du jour derrière l’Église et je vous conduirai lĂ oĂą vous dĂ©sirez vous rendre. La chanteuse s’incline lĂ©gèrement devant moi en signe de politesse et s’éclipse discrètement. Il me faudra donc attendre l’aube. Je ne peux donc que me reposer pour l’heure. L’auberge n’accueille qu’un visiteur. Et la lumière qui s’échappe du seuil de l’une des autres portes me laisse Ă penser qu’il doit s’agir de la chambre d’Elea. Ma chambre est Ă©triquĂ©e, mais cela n’est guère important. Je ne compte pas m’éterniser. Sur le lit, une couverture pliĂ©e semble indiquer que les nuits peuvent ĂŞtre froides. Mais la chaleur d’une nuit d’étĂ© la rend absolument dispensable. Nuit qui s’écoule assez vite. Je me rĂ©veille au chant d’un coq et je m’empresse alors de me rendre au bâtiment sacrĂ©, non sans avoir acheter une miche de pain pour me remplir l’estomac. Elle m’y attend dĂ©jĂ .
Pourquoi lui ai-je proposé de l'aider ? Pourquoi suis-je si idiote ? Moi qui m'étais promis de ne plus jamais tomber sous le charme depuis l'épisode avec...non, je ne veux pas y penser. Je me suis jurée de ne plus jamais faire mention de son nom. Et de ne jamais succomber de nouveau au charme d'un home. Et pourtant... pourtant je dois avouer que ce noble me fait de l'effet, malgré notre rencontre on ne peut plus récente. Je n'ai ressenti ce sentiment intense qu'une seule fois, et cela s'est très mal fini pour moi. Je me reprends. Ce n'est pas le moment de ruminer tous ces vieux souvenirs. Je me suis embarquée dans une situation incroyablement compliquée et je dois trouver un moyen de m'en sortir. Je ne peux pas lui avouer la vérité. Nous nous connaissons bien trop peu, et cela me mettrait en danger. Il ne reste plus qu'à trouver une parade. J'y réfléchis toute la nuit, fixant les lignes sur le plafond de ma chambre. Elles m'ont toujours perturbée : si à première vue elles semblent droites et perpendiculaires au mur, lorsqu'on observe bien, on peut voir qu'elle sont légèrement de biais, formant des diagonales sans aucun sens. Les fixer focalise ma pensée et me permet de réfléchir. Et au petit matin, j'ai une idée. Je prie simplement pour qu'elle fonctionne. Je rejoins vite notre point de rendez-vous. Il n'est pas encore là . Ce n'est pas étonnant. Un noble comme lui se fait toujours attendre. Il arrive enfin une miche de pain sous la main. J'espère qu'il la dégustera, même si rien n'est moins sûr. Si pour nous, s'offrir un tel met correspond à dépenser plusieurs mois de salaire, pour lui il s'agit simplement d'une dépense sans impact. Je devrais arrêter de lui prêter les intentions de tous ces nobles hautains. Il a vraiment l'air différent... Je m'arrête là . Je dois rester concentrée sur mon plan. Lorsqu'il m'a rejointe, je lui montre silencieusement le chemin de la forêt. Il me suit, sans un bruit. Sur la route je n'essaye pas d'entamer la conversation. Cela conduirait uniquement à de la souffrance due à un trop grand attachement. Je préfère garder mes distances. Je préfère repenser à mon plan. Lui faire croire que tout n'est que pure illusion pour les habitants est faisable, mais complexe. Un pas de trop, un pas de moins, un pas de travers, et il découvre tout. Notre destination, le chêne centenaire, de la magnifique clairière aux mille lunes devrait m'aider à mettre en place toute la mise en scène. Il ne reste plus qu'à espérer que... Tout à coup, trois hommes nous arrêtent, pointant des armes vers nous. Des brigands. Il ne manquait plus que ça...
La jeune femme me guide sans dire un mot. Alors que je mange mon repas, je lui en propose poliment. Elle n’en prend qu’à peine… et ne rĂ©pond qu’à demi-mots lorsque je lui pose une question. Soit. Elle a dĂ» passer une mauvaise nuit. Pour autant, elle me semble plus belle encore dans le soleil Ă demi voilĂ© par la vĂ©gĂ©tation. Elle pourrait l’être encore davantage dans des vĂŞtements de meilleure qualité… Cela ne fait aucun doute. Ses cheveux roux bouclĂ©s qui lui tombent en cascade sur ses Ă©paules… Son odeur lĂ©gèrement sucré… Le son parfaitement mĂ©lodieux de sa voix. Je me surprends Ă vouloir l’emmener hors de ce petit village perdu. Je ne la connais qu’à peine. Nous sommes soudainement encerclĂ©s par trois hommes armĂ©s d’épĂ©es. Du coin de l’œil, mon regard expĂ©rimentĂ© note un arc bandĂ© dans les fourrĂ©s. Peut-ĂŞtre ont-ils d’autres hommes cachĂ©s ? Peu importe, je ne me laisserais pas dĂ©trousser sans rien faire. Et Dieu seul sait ce qu’ils pourraient faire Ă Elea. Je dĂ©gaine ma propre Ă©pĂ©e. — Gente Elea, restez derrière moi. Je vous protègerai au pĂ©ril de ma vie. — Ne fais pas l’idiot, rĂ©plique l’un des bandits. Nous sommes nombreux. Donne nous ton or et peut-ĂŞtre… peut-ĂŞtre que nous te laisserons repartir. — J’ai combattu dans davantage de batailles que vous ne le ferez jamais et j’ai occis plus coriaces adversaires que vous. Je vous suggère de repartir d’oĂą vous venez. Si vous le faites, je m’engage sur mon honneur Ă ce qu’il n’y ait pas d’effusion de sang. Mais ma menace n’est pas prise au sĂ©rieuse et une flèche est dĂ©cochĂ©e. Le tireur vise mal mais mon bras est tout de mĂŞme Ă©corchĂ©. La douleur ne m’empĂŞche pas d’attaquer l’un de mes adversaires. Mais ils ont raison. Ă€ trois contre un, le combat est par trop inĂ©gal.
Évidemment. Comment ai-je pu ne serait-ce que penser qu'il aillait se rendre et obtempérer sans réagir ? C'est un noble, et son sens de de l'honneur est on ne peut plus sensible. Il fonce dans le tas, pensant avoir une chance de triompher. Mais je le sais, c'est peine perdue. Il n'y a qu'une issue à cette joute inégale : la mort. Notre mort. Je refuse cela. Je refuse de mourir aujourd'hui. Je sais être dans la capacité de mettre un terme à cet épisode dramatique. Mais pour quel résultat ? Fais-je assez confiance à cet homme pour lui confier mon secret le plus inavouable ? Tandis que je réfléchis à toute vitesse aux différentes options qui s'offrent à moi, le combat se poursuit. Amaury se bat avec harde, fougue, mais il est dépassé par le nombre. Il assène à peine un coup que deux autres doivent être esquivés. Il fatigue vite. Très vite. Trop vite. Que faire ? Sa blessure le fait souffrir. Son bras est de plus en plus lourd. Et le pire que je pouvais imaginer se produit. L'un des trois mécréants frappe ses jambes, le deuxième son dos. Il tombe à genoux. Le dernier pointe son épée sur son cou. Je sais que d'autres hommes sont cachés dans les fourrés. Je pourrais le laisser mourir, et sauver ma peau. Pourtant...pourtant, ce serait renoncer à tout ce à quoi je crois. Renier mes idéaux. Délaisser mon héritage. Et... je me suis déjà trop attachée à lui pour le laisser comme cela. Alors je décide d'agir. Je murmure une incantation. Les trois bandits ainsi que leurs compères se trouvent enserrés par des liens invisibles. Je me précipite aux côtés du jeune homme. Il reprend doucement son souffle. Je lui tends la main pour l'aider à se relever. Mais il attrape mon bras et me jette à terre tout en se relevant. Et c'est à son tour de pointer son épée sur moi. Dans ses yeux brûlent... une émotion que je ne saurais reconnaître. Mais je crois qu'il est tiraillé. Tiraillé entre la peur, la haine de la magie et l'attirance que nous éprouvons l'un pour l'autre. Et je vois une larme couler de son œil. Une seule. Qui me dit que j'ai peut-être une chance d'être toujours en vie ce soir. La décision de ma vie ou de ma mort lui revient.
Que faire ? Que dois-je faire ? C’est une sorcière ! Nul doute qu’elle est la source des rumeurs qui circulent sur la rĂ©gion. Un instant, je songe que l’ÉvĂŞque Defaux sera hautement satisfait que j’aie si rapidement accompli ma mission. Mais… Sa beautĂ© m’ensorcelle… Ou est-ce de la sorcellerie ? Je ne peux me rĂ©soudre Ă y croire. Elle est… Mon esprit est tourmentĂ©. Je la connais Ă peine… Elle pourrait ĂŞtre… Elle pourrait ĂŞtre n’importe quoi. Peut-ĂŞtre est-ce elle qui a fait placer ses brigands ici. Peut-ĂŞtre voulait-elle obtenir quelque chose de moi… Et pourtant… pourtant… J’ai envie de croire en l’attirance que j’éprouve pour elle. Une larme coule de mon Ĺ“il. L’instant d’après, ma lame frappe et le sang coule au sol. Nos assaillants sont au sol… leurs compères ont pris la fuite dès le moment oĂą ils ont vu Elea se servir de magie. Puis, je rĂ©flĂ©chis… Je dois trouver quelque chose pour satisfaire mon supĂ©rieur. Quelque chose qui saura le convaincre de ne pas investiguer davantage. Je me tourne vers la magicienne. — Elea, si tu veux vivre, tu vas devoir me faire confiance. Donne-moi un talisman ou n’importe quoi qui puisse faire penser Ă de la magie. La jeune femme rousse hĂ©site. Mais elle finit par comprendre qu’elle n’a pas le choix. C’est clairement Ă contrecĹ“ur qu’elle me tend une amulette. Je la glisse au cou du chef des brigands. Et je traĂ®ne son corps sans vie jusqu’au village, avant de le charger sur mon cheval. Puis, me mettant en selle, je tourne mes yeux vers celle qui m’a malgrĂ© tout sauvĂ© la vie. — Vous pourriez passer le reste de votre vie ici… ou m’accompagner. Je prĂ©fĂ©rerais que vous m’accompagniez. Accepteriez-vous de venir avec moi, gente dame ?
Je ne sais quoi rĂ©pondre. Je suis simplement sans voix. Il vient de me sauver la vie... Si me sĂ©parer du collier de ma grand-mère me brise le cĹ“ur, je ne peux qu'ĂŞtre touchĂ©e par le geste qu'il vient de faire pour moi. Il me demande quelque chose... qui changera ma vie. Mais... en bien ou en mal ? Je ne sais pas quoi faire. Je suis perdue. Il me prend tout Ă coup la main et me chuchote Ă l'oreille: — Je comprends que cette proposition puisse vous Ă©tonner. Mais je suis on ne peut plus sĂ©rieux. Elea... je crois que je suis en train de tomber amoureux de vous. Cela ne fait certes que très peu de temps que nous nous connaissons. Mais cela me suffit pour savoir que je tiens Ă vous... plus que je ne devrais... Mais je comprends que vous ayez besoin de temps. J'ai des affaires Ă rĂ©gler ici. Faites moi connaĂ®tre votre dĂ©cision ce soir. Vous savez oĂą me trouver. Mais avant...peut-ĂŞtre que ceci vous aidera Ă rĂ©flĂ©chir. Il pose ses lèvres sur les miennes. D'abord effrayĂ©e, je finis par lui rendre son baiser. Un torrent d'Ă©motions se dĂ©verse en moi. Et puis, lorsque nous nous sĂ©parons, il me sourit. Il s'Ă©loigne ensuite, sans un mot de plus. Je ne sais plus quoi penser. Toute la journĂ©e, je rĂ©flĂ©chis. Je pèse le pour et le contre. J'hĂ©site. Puis le soir vient. Et lorsque je le vois... je connais enfin ce que je vais lui dire. Il est assis Ă la mĂŞme table que la veille. Il semble m'attendre. Je lui fais un petit signe. Je ne peux pas lui parler devant mon employeur. Je l'amène dans la salle de jeux. Elle est vide Ă cette heure. Il commence Ă reformuler sa demande, mais je ne lui laisse pas le temps de finir. C'est Ă mon tour de l'embrasser. D'abord Ă©tonnĂ© par mon audace, il rĂ©pond Ă mon baiser, avec autant d'ardeur qu'il combat. Nous nous sĂ©parons, et dans ses yeux brillent une Ă©trange lueur. Il me prend la main et me conduit Ă l'Ă©tage, jusqu'Ă sa chambre. Je le suis. Je suis heureuse. Au diable mon emploi, cette nuit nous appartient.
Lorsque le jour se lève, c’est ensemble que nous quittons le village de mon enfance. Ce ne peut être un hasard si je l’ai rencontré ici même. C’est forcément un signe du destin. J’ai commis le péché de chair en m’unissant à elle avant que nous soyons mariés, mais je suis certain de mon amour pour Elea. Et le criminel que je ramène à l’Évêque le convaincra que j’ai accompli ma mission. Je serai récompensé, cela ne fait aucun doute… Et c’est avec un sourire aux lèvres, la jeune sorcière m’enlaçant dans mon dos, que je quitte ces terres pour revenir vers mon domaine. Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
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