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ElinorFaucheuse![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Une rencontre qui tourne mal(par Elinor et Faucheuse)Nous y voilà … Nous avons eu l’opportunitĂ© de nous rencontrer et nous l’avons saisie. Mais pour Ă©viter les ennuis, nous avons choisi de nous voir dans un centre commercial. Je suis arrivĂ© un poil en retard, Ă cause d’une inhabituelle circulation. Et pour couronner le tout, sur le parking, une camionnette garĂ©e en travers prenait la place de quatre vĂ©hicules Ă elle toute seule. J’avais pestĂ© contre son propriĂ©taire un long moment, mais ce n’est pas ce qui allait me faire rĂ©cupĂ©rer le temps perdu. Un petit coup d’œil rapide Ă mon tĂ©lĂ©phone… Elle m'a confirmĂ© qu’elle m’attendais et qu’elle ne m’en tenait pas rigueur. Mais il faudra quand mĂŞme que je me fasse pardonner. Dans le lieu que nous avons choisi, il n’y avait personne… si ce n’est un caissier couvert de boutons et une femme de mĂ©nage, un casque sur les oreilles, qui fait son travail sans avoir l’air de remarquer qui que ce soit. C’est dans la boutique d’en face que j’ai remarquĂ© une jeune fille de l’âge d’Elinor. C’est ainsi que le cĹ“ur battant Ă tout rompre, Ă l’idĂ©e de me tromper lourdement, je m’y suis rendu. J’éclaircis ma gorge et me lance : « Elinor ? » — Hey ! Tu es enfin lĂ ? T’es un petit peu en retard, rajoute-t-elle avec un air taquin. La plaisanterie est Ă©vidente et je ne m’en vexe pas. De toute façon, je suis bien trop en panique pour penser Ă autre chose qu’aux risques insensĂ©s que nous prenons. Une jeune femme de vingt-cinq ans maximum ne nous a mĂŞme pas remarquĂ©s, concentrĂ©e sur son hĂ©sitation entre plusieurs livres.
Pourquoi suis-je toujours si angoissĂ©e ? C'est tellement idiot. Ce n'est pas comme si j'allais rencontrer un parfait inconnu. C'est Pat, je le connais, nous sommes amis... Et pourtant ce rendez-vous m'angoisse. J'ai toujours Ă©tĂ© comme ça, mĂŞme si je ne le montre pas, les premières fois me font Ă la fois ressentir une grande excitation, et un stress important.De surcroĂ®t, c'est la première fois que je rencontre quelqu'un que j'ai connu en ligne. Je sais que cela se passera bien, mais je n'arrive pas Ă me contrĂ´ler... Pour mes parents, aujourd'hui, je rends visite Ă une vieille amie dont ils ne connaissent pas les parents Ă©videmment. Ils ne doivent pas savoir qui est la personne avec qui je vais passer la journĂ©e, et encore moins son âge. S'ils l'apprenaient... Leur rĂ©action serait totalement dĂ©mesurĂ©e, et nous aurions tous deux de gros ennuis, Ă quoi s'ajouterait très probablement une interdiction de nous voir, de nous parler... Et ça c'est inimaginable. C'est hors de question que je le perde, lui aussi. J'ai dĂ©jĂ trop perdu durant mes quinze annĂ©es d'existence. C'est pour cela que nous nous sommes donnĂ©s rendez vous Ă cet endroit prĂ©cis de Compiègne. C'est suffisamment loin de chez moi, sans que la distance ne soit un facteur de soupçons, et j'ai rĂ©ellement une amie qui habite dans le coin. Nous devrions y ĂŞtre tranquille, mĂŞme si la possibilitĂ© que tout soit dĂ©couvert pèse encore et toujours sur nous... Non, ne pas penser nĂ©gatif, pas aujourd'hui. Pour me changer les idĂ©es et occuper mon esprit je me refais le fil du dĂ©but de la journĂ©e. Je me suis rĂ©veillĂ©e et levĂ©e Ă 6h30, dès que mon rĂ©veil a sonnĂ©. C'Ă©tait inhabituel, mais quand j'ai de bonnes motivations... Puis j'ai fait une toilette rapide, pris un petit dĂ©jeuner lĂ©ger et j'ai quittĂ© la maison, direction la gare. Mon train Ă©tait Ă l'heure, et après un certain temps de trajet, je suis arrivĂ©e Ă Compiègne. Un coup d’œil Ă Maps, et me voilĂ rapidement Ă l'entrĂ©e de la Fnac, dans un centre commercial, notre lieu de rendez vous. Je lui ai envoyĂ© un message pour lui dire que j'Ă©tais arrivĂ©e, et depuis je l'attends. Des gens s'activent dans la boutique. Une femme de mĂ©nage, un vieux caissier, une cliente, un agent de sĂ©curitĂ© Ă l'entrĂ©e, un vieux monsieur en costard qui consulte je ne sais quel registre, et un groupe de trois hommes plutĂ´t grands qui observent je ne sais quoi. Mais mon attention se dĂ©tourne vite d'eux pour se concentrer sur l'homme qui m'appelle. Il est enfin lĂ . Pour me dĂ©tendre, je lui lance une petite pique. Il esquisse un sourire. Et il me demande : — D'ailleurs, tu prĂ©fères que je t'appelle Eli ou... — Eli c'est très bien, ne t'embĂŞte pas ! Les premières minutes sont empruntes d'une atmosphère un peut Ă©trange, mais très vite, nous retrouvons la complicitĂ© que nous avons Ă l'Ă©crit. C'est un vrai plaisir de le rencontrer. Mais lorsqu'il me propose de sortir du magasin... tout dĂ©rape. L'un des trois hommes sort une arme de son sac, la pointe sur nous et crie : — Dans le fond du magasin ! Tout de suite !
Que se passe-t-il ? Les trois hommes qui semblaient attendre un ami Ă eux nous menacent d’armes Ă feu et nous enjoignent de nous rendre au fond du magasin. Je vois la peur dans les yeux d’Eli. Mais moi vivant, il ne lui arrivera rien. C’est une promesse que je me fais. Mais la peur ne doit pas nous faire faire de bĂŞtises… Car je vois le regard de la jeune fille changer. Elle bouillonne en son for intĂ©rieur. Et elle foudroie l’homme qui nous menace du regard, les yeux pleins de mĂ©pris. — Eli, arrĂŞte ! lui murmurĂ©-je. Elle tourne un instant ses yeux vers moi et comme je lui presse gentiment l’épaule, elle ne fait aucune histoire pour me suivre. Et nous nous retrouvons rapidement Ă quatre, Ă cĂ´tĂ© du rayon spĂ©cialisĂ© en musique mĂ©tal. Je remarque que la femme de mĂ©nage n’est pas avec nous. A-t-elle seulement remarquĂ© les braqueurs ? Les braqueurs, en tout cas, n’ont pas fait attention Ă elle. Du coin de l’œil, je peux la remarquer, mais elle est baissĂ©e, un casque sur les oreilles. Mieux vaut Ă©viter d’attirer l’attention sur elle… L’agent de sĂ©curitĂ© n’est pas lĂ non plus. J’étais pourtant certain qu’il nous suivait quelques secondes auparavant. Je le cherche rapidement… encore une fois en essayant de ne pas dĂ©tourner l’attention de nos agresseurs sur quelqu’un d’autre que nous. L’un des hommes est face Ă nous afin de nous surveiller. Le deuxième est en train de fermer le rideau de fer du magasin. Quant au troisième… OĂą est-il ? Il menace Ă son tour le vieux caissier qui ne semble pas vouloir obtempĂ©rer. — Tu te bouges, tout de suite ! lui hurle le braqueur. — J’étais soldat bien avant que vous soyez nĂ©s, ne croyez pas que j’ai l’habitude de me laisser faire. Il se jette alors sur son agresseur afin de le dĂ©sarmer. Un instant, j’ai l’impression qu’il arrive Ă prendre le dessus. Puis un coup de feu, puis un deuxième. Les deux balles traversent le plafond. — Hans ! hurle-t-il Ă son ami le plus proche, celui qui s’occupait de bloquer les issues. Et Hans se prĂ©cipite pour lui porter assistance. Un coup de crosse de pistolet plus tard et le caissier est au sol. Je les entends Ă peine murmurer quelques mots. Ce que je pense comprendre, c’est que l’ancien militaire ne se relèvera pas. Lorsque je jette un Ĺ“il Ă Eli, je comprends qu’elle a entendu la mĂŞme chose que moi. Je lui murmure alors que tout va bien se passer. Tout ce que nous avons Ă faire, c’est de ne pas nous rebeller.
Il me dit que tout va bien se passer. J'aimerais le croire, vraiment. Mais j'ai dĂ©jĂ entendu parler de ce genre de situation aux infos. S'ils n'ont pas hĂ©sitĂ© Ă tuer un vieil homme parce qu'il refusait d'obtempĂ©rer, c'est qu'ils peuvent recommencer Ă tout moment. Je lui prends la main et la serre de toutes mes forces. Il me rend mon Ă©treinte. Il est lĂ . Je reprends mes esprits. Il faut que nous trouvions un moyen de nous en sortir. Je balaye la pièce du regard le plus discrètement possible. L'agent de sĂ©curitĂ© a disparu. C'est le seul, de part sa fonction, qui soit capable de prendre les choses en main. Je ne sais pas ce qu'il est parti faire, mais s'il a rĂ©ussi Ă Ă©chapper Ă leur vigilance, il faut que cela continue. Nous devons garder leur attention braquĂ©e sur nous. Alors je prends mon courage Ă deux mains, et je lance d'une petite voix : — Qu'est ce que vous comptez faire de nous ? Le braqueur le plus proche de nous, un regard mauvais dans les yeux, hausse un sourcil. Il fait tourner son arme dans ses mains, et rĂ©pond avec un ton mauvais : — T'occupe pas de ça, ma jolie. Moins tu en sais...Mieux tu te portes. Tout en disant cela, il se rapproche de moi. Lorsqu'il se trouve Ă dix centimètres, il fait passer le canon du pistolet sur mon visage. Je suis tĂ©tanisĂ©e, mais au moins cela fonctionne. Trop concentrĂ© sur moi, il ne fait pas attention Ă ce qui se passe, de mĂŞme que les deux autres qui s'occupent de mettre le plus d'appareils numĂ©riques dans de grands sacs Ă dos noirs. Et cela permet une ouverture Ă la jeune femme coincĂ©e avec nous. Dès qu'elle comprend que personne ne fait attention Ă elle, elle commence Ă courir vers la porte... jusqu'Ă ce qu'elle se rende compte qu'elle a Ă©tĂ© fermĂ©e. Elle jette des regards plein de panique. Le braqueur se dĂ©colle enfin de moi, et se dirige vers elle, un sourire mesquin aux lèves : — Alors comme ça, on veut nous la faire Ă l'envers... J'ai l'impression que tu ne sais pas Ă qui tu as affaire. Au cas oĂą tu ne t'en serais pas rendue compte, ma belle, nous ne sommes pas obligĂ©s de prendre des gens en otage. Nous pourrions juste venir de nuit. Mais il y a un cĂ´tĂ© si... excitant Ă venir en pleine journĂ©e. Nous ne nous sommes jamais fait pincĂ©s, alors pourquoi ne pas se faire plaisir ? Mais il nous arrive rĂ©gulièrement de laisser des cadavres derrière nous. Alors si tu ne veux pas en faire partie... Rejoins gentiment les autres dans le fond. Mais la jeune femme n'a pas l'air de vouloir obtempĂ©rer. Elle est terrifiĂ©e, mais Ă©galement dĂ©terminĂ©e. Elle saisit un cutter qui traĂ®nait lĂ , et lance : — N'a... n'approchez pas ! Alors, l'homme Ă©clate d'un rire abominable... ce que je vois me remplit d'effroi. En quelques mouvements, il retourne son arme contre elle et la tue en lui tranchant la gorge. Je n'arrive pas Ă dĂ©coller mes yeux de la scène d'horreur. Et puis je sens des bras qui m'enlacent, dĂ©tournant mon regard de ce qui vient de se passer. Je ne peux empĂŞcher des larmes de couler. Pour une fois, je n'arrive pas, je n'arrive plus Ă contenir ce que je ressens. Mais heureusement, je ne suis pas seule.
Je rĂ©conforte Eli du mieux que je le peux. J’ai peur… Sans doute autant qu’elle. Mais je ne peux pas lui afficher. Je suis l’adulte. Je cherche une solution. Pour l’instant, rien ne me vient. Tant que nous ne faisons pas de vagues, tout devrait bien se passer. Mais bien sĂ»r, rien ne peut se passer bien. Pourquoi a-t-il fallu que tout cela arrive aujourd’hui. Ni Eli ni moi ne vivons ici. Ni Eli ni moi n’aurions dĂ» ĂŞtre ici aujourd’hui. Un simple concours de circonstances. J’en avais l’opportunité… Elle en avait l’opportunité… Nous l’avons saisie. Si seulement je ne m’étais pas retrouvĂ© si près de cette ville… Elle aurait pu ĂŞtre en sĂ©curitĂ© chez elle. Je m’en veux. J’ai beau savoir que je ne suis nullement responsable de la situation, je m’en veux quand mĂŞme. Tandis que je songe Ă cela, je remarque Ă peine l’agent de sĂ©curitĂ© qui se saisit par surprise de l’un des trois malfaiteurs. Son sac qui tombe au sol alerte ses camarades qui tournent aussitĂ´t leurs armes vers l’agent. Celui-ci tente d’étrangler le cambrioleur pour lui faire perdre connaissance, et se sert du corps comme bouclier pour s’assurer qu’on ne lui tire pas dessus. L’idĂ©e est bonne, sans doute. Mais les deux autres ne semblent pas vouloir l’entendre de cette oreille. L’un d’eux tire en direction du vigile, espĂ©rant ne pas toucher leur ami, j’imagine… Pas de chance, c’est lui qui prend justement la balle… dans l’épaule. Il hurle de douleur et cela semble convaincre les deux autres braqueurs de cesser de retenter. Mais dans un dernier effort le voleur donne un coup de coude Ă son assaillant. L’agent de sĂ©curitĂ© titube en arrière et tape le rayon qui se trouvait juste derrière eux. Je vois la plus grande tĂ©lĂ© du rayon pencher dangereusement Ă cause du choc et tomber sur la tĂŞte du pauvre vigile. On entend un craquement sourd et il ne se relève pas… pas plus que le premier voleur neutralisĂ©. — Merde ! C’est la merde, Danny. — Calme-toi, Hans ! Calme-toi ! Dis-toi qu’on partagera le butin qu’en deux parts au lieu de trois. De toute façon, Nico Ă©tait couillon. On se dĂ©brouillera bien sans lui, va !
Faites que je me rĂ©veille. Faites que ce ne soit qu'un cauchemar. Faites que je me retrouve dans mon lit. Ça ne peut pas ĂŞtre vrai. Ça n'est pas possible. Et pourtant... pourtant je sais que tout ce qui se passe est rĂ©el. La prĂ©sence de Philippe en est la preuve. Les cadavres s'accumulent autour de nous...Plus le temps passe, plus je crois que je ne finirai pas la journĂ©e vivante... Je suis toujours dans les bras de mon ami quand le prĂ©nommĂ© Danny arrive vers nous, son arme pointĂ©e dans notre direction. Il la colle contre ma nuque et dit : — Vous vous dĂ©collez tout de suite, ou je la descends. Je dĂ©glutis et m'Ă©loigne doucement. Je dĂ©teste ĂŞtre impuissante, mais je suis Ă sa merci. Philippe garde ma main dans la sienne le plus longtemps possible, en la serrant fort. Il essaye de me rassurer, mais je sens qu'il a peur aussi. Puis il me lâche quand nos bras sont trop courts pour garder le lien, et je suis emmenĂ©e jusqu'au milieu de la pièce. Le dernier des braqueurs, nommĂ© apparemment Hans, arrive alors dans mon dos et commence Ă chuchoter Ă Danny : — Nan mais sĂ©rieux, qu'est ce que tu fous ? Menacer une gosse pour un oui ou pour un non ? Tu crois pas qu'il y a suffisamment de cadavres comme ça ? Tu veux qu'on se fasse remarquer par la ville entière pendant qu'on y est ? L'autre commence Ă lui rĂ©pondre brutalement, mais retire son canon de ma nuque. Lentement, je recule jusqu'au dernier rayon oĂą se trouvent le vieux directeur et mon ami. Je les rejoins, mais n'ose pas retenter un contact, par peur de ce qui pourrait arriver. Et je ne comprends pas ce qu'il se passe après. L'homme prĂ©sent avec nous est pris d'une ardeur soudaine, comme s'il recouvrait sa jeunesse, court vers le malfaiteur dĂ©sarmĂ©, le fait tomber au sol, s'assoit Ă califourchon sur lui, rĂ©cupère un des câbles d'une tĂ©lĂ© qui traĂ®nait lĂ et serre de toutes ses forces autour de son cou. Il se dĂ©bat, mais rien n'y fait, le plus âgĂ© l'emporte. Il tente de tirer avec son pistolet mais ses balles ne font que briser une vitre. Un de plus qui ne se relèvera pas. Et puis le directeur se remet debout, contemple la scène et... s'Ă©croule Ă son tour. Tranquillement, le dernier encore debout va près de lui pour vĂ©rifier son pouls. Il chuchote qu'il est mort. Encore un cadavre, toujours un cadavre. Je ne comprends pas pourquoi il n'a pas agi pour sauver son camarade... Il doit comprendre mes interrogations car il me lance en ricanant : — Ah ma jolie... tu dois te demander pourquoi je ne suis pas intervenu alors que j'aurais pu le descendre d'une balle alors qu'il tuait mon "ami". Et bien, tout simplement... parce que je n'en avais pas envie ! C'Ă©tait si amusant de le voir se tortiller dans tous les sens... En tout cas vous l'avez compris, si l'un des deux moufte, j'hĂ©siterai pas. Alors vous allez faire tout ce que je vous ordonnerai. Vous allez voir, on va bien s'amuser... Ces phrases macabres me glacent le sang. Que va-t-il nous arriver ? Je jette un coup d'Ĺ“il Ă mon ami. Il n'en sait pas plus que moi, et malgrĂ© la tendresse et le courage qu'il essaye de me transmettre par son regard... Je suis terrifiĂ©e.
Cela doit faire une heure que ce braquage a commencĂ© et il y a dĂ©jĂ six cadavres Ă©parpillĂ©s Ă travers le magasin. C’est un enfer… Et la femme de mĂ©nage qui a rĂ©ussi miraculeusement Ă Ă©chapper Ă la surveillance des braqueurs vient de rĂ©ussir Ă dĂ©coller le chewing-gum de la moquette contre lequel elle se battait depuis le dĂ©but. Au moment oĂą elle se relève, elle pousse un cri de victoire. — Ah ah, je t’ai ou, enfloure ! fait-elle avec un accent portugais. Le braqueur se tourne alors aussitĂ´t vers elle, surpris et tire instinctivement. Un mort de plus, un mort de moins… Il n’est plus à ça près. La femme regarde son Ă©paule. Une tâche rouge s’agrandit sur sa blouse et elle Ă©carquille grand les yeux… Elle survivra heureusement… Sauf qu’en voulant faire un pas en arrière, sa jambe tape son aspirateur et elle tombe sur la vitre brisĂ©e, s’empalant dessus… Elle ne survivra pas. En quelque secondes, son corps cesse de bouger. Et le prĂ©nommĂ© Danny n’en peut visiblement plus. Il n’y a plus qu’Eli et moi… Il n’y a plus que nous deux de vivants sur tous les clients de ce magasin. Je la prends dans mes bras pour la protĂ©ger. Au diable le danger, car j’entends au loin une sirène. S’il n’est pas idiot, il va prendre son butin et s’enfuir… S’il n’est pas idiot… — Putain, vous avez tout gâcher, vous tous. Je sais pas ce qui me retient de… Il se mord la lèvre, de rage. Je vois la folie dans son regard… et il pointe son arme vers mon amie. Je ne peux pas le laisser faire… Je ne sais pas pourquoi mais je sens qu’il va tirer. Alors je me lève et cours vers cet individu. Je tente de faire un rempart de mon corps, et la balle me touche le bras, la traversant, et je me retrouve Ă lutter contre le braqueur. Je suis lĂ©gèrement plus fort que lui, mais il semble avoir l’habitude de se battre. J’ai levĂ© son bras en l’air pour Ă©viter qu’il ne tire Ă nouveau… Deuxième coup de feu… puis troisième… et quatrième… Je parviens Ă lui faire lâcher son arme. En tombant au sol, l’arme tire un cinquième projectile. Mais Danny n’abandonne pas pour autant. Il sort un couteau de son sac et me poignarde, me faisant le lâcher immĂ©diatement. Je tombe au sol, tandis que de la poussière tombe du plafond. — Alors, t’as voulu me la faire Ă l’envers, connard ! Mais c’est moi qui l’ai emportĂ©. Et toi, tu vas crever sale… Il n’a pas le temps de finir sa phrase. Le plafond sur lequel il a accidentellement tirĂ© est devenu instable… et un bloc de bĂ©ton se dĂ©tache, lui Ă©crasant le crâne. Ce cauchemar est fini… ce cauchemar est… fi… ni… Je me sens partir… Mais au moins, j’ai sauvĂ© Eli… J’ai vraiment rĂ©ussi Ă la sau… Je me retourne vers elle. Lorsque le pistolet a touchĂ© le sol, une balle supplĂ©mentaire a Ă©tĂ© tirĂ©e… et c’est mon amie qui se l’est prise. Elle se comprime le ventre, tandis que son sang quitte abondamment son corps et je commence Ă ramper vers elle. Je ne survivrai pas, mais je peux peut-ĂŞtre bloquer son hĂ©morragie le temps que les secours arrivent.
J'ai mal. J'ai tellement mal. Lorsque je l'ai vu se prĂ©cipiter au devant du danger pour me protĂ©ger,j'ai vraiment cru qu'il allait rĂ©ussir, que nous allions nous en sortir. Et puis les balles ont commencĂ© Ă pleuvoir. La première a transpercĂ© son bras, me faisant frissonner. Quand il a lâchĂ© son arme, j'ai pensĂ© que tout Ă©tait fini, enfin. Mais c'Ă©tait beaucoup trop simple. Je me sens tout Ă coup dĂ©chiquetĂ©e de l'intĂ©rieur. La douleur est insupportable. Je perds beaucoup de sang, je le sais, je le sens. Tout comme je sens que je pars, peu Ă peu. Je le sentais, je ne survivrai pas Ă cette journĂ©e. Mais au moins, lui sera en v... Je vois qu'il est au sol Ă©galement. Pourquoi le destin est-il si cruel ? Il a des enfants, ils ont besoin de lui... Il ne peut pas mourir, ce n'est pas possible. PliĂ©e de douleur, je tombe au sol. Je veux que ça s'arrĂŞte. C'est insupportable. J'ai si mal. Quelques secondes plus tard qui me paraissent durer des heures, mon ami est lĂ . MalgrĂ© la vie qui le quitte, il essaye de maintenir la mienne. Mais ça ne sert Ă rien. Je sais que je ne survivrai pas jusqu'Ă l'arrivĂ©e des secours. Je saisis sa main qui presse mon ventre, et je lui chuchote , des larmes plein les yeux : — ArrĂŞte... Ça ne sert Ă rien... S'il te plaĂ®t... ArrĂŞte et prends moi dans tes bras... Je ne veux pas mourir toute seule... Je dois rĂ©pĂ©ter plusieurs fois avant qu'il n'accepte de laisser tomber. Il s'assoie contre un mur proche et, avec toute la douceur dont il est capable, il m'enlace, posant ma tĂŞte sur son torse. Puis, doucement, il commence Ă me caresser le front. Quelle ironie. Je repense aux textes que nous avons Ă©crit depuis que nous travaillons ensemble. Je repense Ă notre collaboration western. Elinor aussi aurait dĂ» mourir d'une balle dans le ventre. Elle aurait dĂ»... Mais son maĂ®tre a pu la sauver. Sauf que ce n'est pas la rĂ©alitĂ©. Personne ne pourra me sauver. Il n'existe pas d'accord, de divinitĂ© capables de faire cela. Je suis juste lĂ , toujours plus de sang s'Ă©coulant de la plaie, et rien ne saura contrer cela. Les larmes n'arrĂŞtent plus de couler. Mes parents, mes frères, ma sĹ“ur, mes amis, mes grands parents, toutes les personnes auxquelles je tiens... Ils vont ĂŞtre effondrĂ©s. Je m'en veux tellement de leur imposer cela. Tout cela parce que nous n'avons pas Ă©tĂ© capables d'attendre deux ans... Deux petites annĂ©es... Je ne veux pas mourir. Moi qui pensais avoir la vie devant moi pour rĂ©aliser mes rĂŞves. Finalement, elle n'aura durĂ© que 15 petites annĂ©es... et tous ces rĂŞves resteront des rĂŞves, de belles utopies Ă jamais dans ma tĂŞte. — J'ai peur... Tu ne m'abandonneras pas hein ? — Jamais. Je resterai avec toi jusqu' Ă la fin. Finalement... Nos vies se seront bien entremĂŞlĂ©es jusqu'Ă la fin... Mais cela aura durĂ© moins de temps que prĂ©vu. Mais l'avoir rencontrĂ©, Ă©crire chaque semaine avec lui, devenir son apprentie... font partie des plus belles expĂ©riences de ma vie...Au moins une chose que je ne regretterai pas... Notre fin approche, je le sais, je le sens. Je me serre toujours plus contre lui. J'ai tellement peur... Et il le sait. Je sais que lui aussi a peur. Je tremble. La douleur me fait grimacer. Mes larmes continuent toujours de couler. Tout doucement, il commence Ă chantonner la berceuse de Brahms, tout en continuant de me caresser le front d'une main, et le dos de l'autre. Cette mĂ©lodie est rĂ©confortante. Il m'avait promis qu'il me la chanterait quand nous nous rencontrerions... Et il l'a tenue. Elle rĂ©sonne comme une promesse encore aujourd'hui. La promesse de rester ensemble jusqu'Ă la fin. La promesse d'ĂŞtre lĂ pour moi pour toujours. La promesse de son amour. Alors je joins ma voix Ă la sienne. C'est la première fois qu'il m'entend chanter. Mais je veux qu'il sache que je ressens la mĂŞme chose que lui. Nos voix rĂ©sonnent dans ce lieu vide de toute vie. L'endroit oĂą nous nous trouvons, les cadavres n'ont plus d'importance. Rien n’a plus d'importance. La seule chose qui compte, c'est qui nous sommes l'un pour l'autre, et le lien qui nous unit et qui jamais ne se brisera. Lorsque la dernière note retentit, nous nous murmurons d'une mĂŞme voix : — Je t'aime. Un ultime soupir, dĂ©diĂ© Ă ces simples mots qui ont tant d'importance. Puis, une ultime Ă©treinte, un ultime regard. Et enfin, un ultime battement de nos cĹ“urs. Et nos vies s'Ă©chappent comme nous l'avons toujours Ă©tĂ© depuis que nous nous connaissons. Ensemble.
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