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Eskiss![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Tuer pour écrire(par Eskiss)La salle de réunion est bruyante et animée, mais il suffit que j’ouvre la porte pour qu’elle devienne d’un coup silencieuse. Neuf personnes fixent leur regard sur moi. Je m’assois lentement au bout de la table, sors mon ordinateur, l’ouvre devant moi. Relève les yeux et les contemple, un à un. Un jeune homme blond sommeille confortablement au fond de sa chaise, une jeune fille aux yeux brillants me décoche un large sourire, un vieil homme aux lunettes noires fixe le plafond, un large sourire aux lèvres. Quelques-uns me lancent quand même des œillades interrogatives, un climat d’attente règne sur dans la pièce.
« Chers compagnons d’aventure, si je vous ai réuni aujourd’hui, c’est pour une raison simple. J’ai encore aujourd’hui besoin de vos services. » Un brouhaha confus s’élève, j’entends un rire aigu – Rosemary sans doute – et des protestations. Je lève la main, le calme revient : « Pas de contrée étrange à affronter, ni d’interminables jours à explorer des terres hostiles. Non, aujourd’hui, je ne vous demande qu’une seule chose : mourir. »
Ils me regardent, incrédules. J’en profite pour taper une première phrase et Nathan s’écroule sur le tapis en renversant sa chaise, la langue tendue hors de la bouche, ses mains agrippant son cou, à la recherche d’un air qui n’existe plus. Une deuxième phrase et c’est Gabrielle qui affiche un regard d’horreur tandis que sa tête glisse lentement le long de son cou pour tomber avec un bruit mat sur le sol. Du sang jaillit à grands jets vermeils qui éclaboussent ses voisins abasourdis.
La vampire est la première à réagir, son fouet de sang surgit entre ses mains et elle arme son coup. Trop tard, elle est transpercée de cent lames d’argent qui la transforment en pelote d’épingle. Sa peau fume, elle essaie de se régénérer, sans succès et ses yeux violets s’éteignent dans un ultime râle. Je baisse la tête pour esquiver la lame de Hans, tape deux mot et il s’embrase, lâche son arme et se roule au sol, essayant désespérément d’éteindre les flammes bleues qui le consument. En vain.
Ian essaie de défoncer les portes en acier à coup de pied. Soudain des aboiements résonnent et des Déchiens surgissent de nulle part pour se ruer sur lui. Il esquive une morsure, un coup de griffe, trébuche. La meute se jette sur lui et je détourne le regard alors qu’elle le met en pièces.
Je continue à pianoter sur mon clavier, lâche un sanglot quand j’entends Perséphone hurler et se gratter la peau jusqu’au sang, son corps rongé par son propre sang qui la dévore de l’intérieur. Je lui avais fait y survivre auparavant, mais cette fois...
Les larmes me brouillent les yeux, pourtant je poursuis mon carnage ; d’un mouvement de poignet je fais apparaître un bloc de béton qui écrase Ester et traverse le plancher avec fracas. Se saisissant de cette occasion, Rachel par le trou, dans un effort désespéré pour s’échapper. Las, c’est une piscine d’acide qui l’attend. Elle se débat, essaie de se relever, ses jambes la lâchent et son cœur ne tarde pas à les suivre.
Il ne reste plus que Richard. Malgré le carnage, il est resté droit sur sa chaise, son éternel sourire accroché aux lèvres. Il retire soigneusement ses lunettes, fixe son regard bleu acier sur moi. J’ai beau le savoir aveugle, je ne peux m’empêcher de me sentir transpercé. Il me scrute pendant d’interminables secondes, puis les replace avec soin sur son nez : « Merci d’avoir épargné ça à Claire. Il y a des choses qu’une petite fille ne devrait pas connaître, même si elle en oubliera tout le lendemain. Et maintenant... j’imagine que c’est mon tour ? Qu’avez-vous choisi pour moi ? » J’ouvre la bouche pour répondre, mais il m’interrompt en se levant brusquement : « La chute, bien entendu. Après tout, c’est comme ça que je meurs, non ? Ça paraîtrait logique qu’il en soit de même aujourd’hui... » Il se dirige tant bien que mal vers la fenêtre, que je fais disparaître. Il hume la brise sur son visage, me salue et fais un pas en avant.
Son corps chute instantanément. Sans bruit. Je m’approche doucement de la fenêtre, contemple son corps désarticulé au pied de la tour. Essuie rageusement les dernières larmes qui embrouillent ma vision. Ils étaient neuf, il ne reste plus que moi. Je sais ce qu’il me reste à faire. Je tape lentement ma phrase, savoure chaque mot, conscient que le point final signera ma fin qu’à la fin de celle-ci, je serais mor...
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