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Jalon![]() Spectacles![]() ![]() ![]() TempĂŞte en mer froide(par Jalon)Encore une journĂ©e gelĂ©e Ă Port-le-Vent. En effet, pour supporter une vie active dans cette ville cĂ´tière de l’île de Frigordia, il valait mieux ĂŞtre habituĂ© aux climats polaires. Entre les vents tous plus froids les un que les autres qui sifflaient dans tous les sens, le gel sur les pontons, la neige qui s’insinuait partout pour fondre aux pires endroit imaginables et les rĂ©coltes capricieuses, y habiter n’était pas un cadeau du ciel, et encore moins lorsque l’on Ă©tait dĂ©pourvu de dons magiques. Au moins, ceux qui en disposaient pouvaient espĂ©rer un avenir prestigieux au sein de l’ordre des mages conservateurs de la Grande Tour, comme il Ă©tait proposĂ© Ă tous les Ă©nergumènes qui savaient faire bouger des objets par la pensĂ©e ou commander aux insectes. Mais jamais Ferric n’avait soulevĂ© la moindre plume avec autre chose que son simple souffle, ni n’avait serrĂ© la main Ă une sauterelle des neiges vivante. Il avait donc rejoint la deuxième classe de la population sur la terre que l’on appelait l’île des Mages, c’est-Ă -dire ceux qui vivaient Ă cĂ´tĂ© desdits mages, exerçant des mĂ©tiers tout Ă fait ordinaires. En l’occurence, Ferric Ă©tait matelot sur un navire qui assurait le passage entre l’île et le continent des Elfes au sud. Il faisait partie d’un Ă©quipage composĂ© de quatre membres en plus de lui. Il y avait bien entendu le capitaine, un homme assez grand du nom d’Orstan, Qedra, la navigatrice en chef du navire, et de deux autres matelots, Aris qui faisait la vigie, et Hareld avec qui Ferric s’entendait particulièrement bien. Ce jour-lĂ , comme tous les jours, Hareld et lui Ă©taient affairĂ©s sur le pont du navire qui mouillait le long de son quai attitrĂ© au port, en train de faire les prĂ©paratifs pour le prochain voyage, tandis que Qedra et le capitaine Orstan Ă©taient dans la cabine Ă vĂ©rifier l’itinĂ©raire, bien que ce n’était pas rĂ©ellement utile Ă©tant donnĂ© que cela faisait plusieurs mois que le trajet effectuĂ© Ă©tait le mĂŞme. Quitter Port-le-Vent avec les passagers Ă bord, et les dĂ©poser sur le port de la ville cĂ´tière du pays de Elfes, et inversement, rĂ©pĂ©tĂ© inlassablement dans les deux sens, sans jamais perdre le cap. Au moins, Ferric pouvait un peu profiter du climat plus chaleureux du pays des Elfes lorsqu’ils y faisaient escale. Au bout d’un moment, les matelos eurent terminĂ© leurs tâches, et se mirent Ă attendre, assis sur le pont, que des voyageurs se prĂ©sentent. Du haut de son poste de vigie, Aris lança Ă ses deux camarades: — Dites, vous ne trouvez pas cela Ă©trange que le port soit aussi dĂ©sert? Le matelot leva les yeux par-dessus le bastingage. En effet, l’effervescence de la foule qui d’habitude animait le port marchand Ă©tait anormalement absente. On croirait que la ville de Port-le-Vent Ă©tait soudainement devenue fantĂ´me. — Qui sait, rĂ©torqua Hareld qui Ă©tait juste derrière lui, peut-ĂŞtre pourrons-nous pour une fois profiter d’une traversĂ©e sans aucun de ces parasites! Ferric se retourna. Comme lui, son ami n’aimait dĂ©cidĂ©ment pas son mĂ©tier. C’était un point commun qu’ils partageaient et qu’ils ne cachaient pas aux autres membres de l’équipage. — Je partage ton espoir, lui rĂ©pondit-il. Mais tu ne trouves pas que ce calme est Ă©trange? Hareld allait rĂ©pondre, mais fut interrompu. — Ah, je n’ai rien dit, annonça Aris en pointant un endroit du port. Je crois bien que nous avons un passager. En faisant volte-face de nouveau pour se retrouver face Ă la ville, Ferric put vĂ©rifier les paroles de sa camarade. Au milieu des quais marchands vides de toute prĂ©sence vivante, il y avait une seule personne qui se dirigeait vers le bateau. Tandis qu’elle se rapprochait, le matelot put l’observer plus en dĂ©tail. L’inconnu Ă©tait vĂŞtu d’une cape sombre un peu rapiĂ©cĂ©e qui recouvrait ses Ă©paules et son corps, Ă l’exception de sa tĂŞte coiffĂ©e de long cheveux bruns et d’oreille lĂ©gèrement allongĂ©es. Plus il avançait, plus c’était Ă©vident qu’il se dirigeait vers eux, et lorsqu’il arriva sur le quai le long duquel stationnait le navire, Aris le hĂ©la: — Salutations! L’inconnu leva ses yeux bleu pâle dans sa direction. — Je vous salue, matelots, rĂ©pondit-il d’une voix Ă la fois très calme et assez forte pour que la vigie puisse l’entendre. Je suis un humble voyageur en quĂŞte de vos services, afin de traverser la Mer Froide et rejoindre le royaume des Elfes. — Je vous en prie, embarquez, lança Aris d’une voix enjouĂ©e. Nous n’allions justement pas tarder Ă partir.
Ainsi, le navire quitta les quais de Port-le-Vent avec un unique passager Ă son bord. Alors que la traversĂ©e se poursuivait lentement mais sĂ»rement, la matinĂ©e venait Ă son terme et Ferric, qui Ă©tait assis Ă mĂŞme les planches, seul sur le pont – si l’on exceptait Aris qui de toute façon faisait une sieste, perchĂ©e sur son mât – regardant les vagues et le ciel gris de la Mer Froide, commençait Ă sentir son estomac rĂ©clamer une collation. — Vous avez faim? Demanda une voix Ă cĂ´tĂ© de lui. Ferric sursauta. Il se tourna pour voir la personne qui lui avait parlĂ©. Il soupira lorsqu’il reconnut le voyageur demi-elfe aux cheveux bruns qu’ils avaient accueilli Ă la dernière minute. — C’est vous, fit le matelot en se tournant vers lui. Vous m’avez fait peur. — Pardonnez-moi, s’excusa le passager. Vous n’avez pas faim? J’ai lĂ une miche de pain toute fraĂ®che, une recette artisanale que j’ai moi-mĂŞme Ă©laborĂ©. Il sortit le fameux pain des plis de sa cape. Il en dĂ©tacha deux bouts, un qu’il tendit Ă Ferric et un autre qu’il porta Ă ses lèvres pour le consommer. Après un instant d’hĂ©sitation, le matelot accepta le prĂ©sent en le remerciant, et mangea. Le pain avait vraiment un goĂ»t dĂ©licieux, aux antipodes de toutes les miches rapiĂ©cĂ©es qu’il avait pu goĂ»ter jusqu’alors. Celui-ci Ă©tait très goĂ»teux et Ă la texture variĂ©e, entre la croĂ»te croustillante, la mie moelleuse et les graines de cĂ©rĂ©ales qui croquaient sous la dent. Un vrai dĂ©lice qui, bien que très nourrissant, donnait envie d’en reprendre encore un bout. — Les nuages commencent Ă s’accumuler, vous ne trouvez pas? Demanda le voyageur. Je pense que je vais rentrer dans la cabine. — Faites donc, rĂ©pondit Ferric. Moi, je reste. Contrairement Ă la neige qui gèle, j’apprĂ©cie la pluie de cette mer, qui rafraĂ®chit juste ce qu’il faut. — Dans ce cas, je vous dis Ă plus tard, dĂ©clara le demi-elfe. Ce dernier se leva, et s’arrĂŞta une seconde. Il ressortit le pain de sous sa cape, et le tendit au matelot. — Je vous en fais cadeau, dit-il. ConsidĂ©rez cela comme un supplĂ©ment au prix normal de la traversĂ©e. Puis il partit Ă l’intĂ©rieur du bateau. Quelques minutes plus tard, ce fut au tour de Hareld d’arriver sur le pont. Il apportait avec lui une bouteille de liqueur. — Eh bien, s’étonna Ferric Ă la vue de la bouteille, Ă quelle occasion te permets-tu de sortir une telle boisson? — Rien de spĂ©cial, rĂ©pondit son ami en s’asseyant Ă cĂ´tĂ© de lui. Je pense que j’en ai juste besoin, et je profite un peu qu’il y ait si peu de passagers cette fois-ci pour faire un peu la fĂŞte. Il dĂ©boucha la bouteille, but une gĂ©nĂ©reuse gorgĂ©e, essuya le goulot et tendit le breuvage Ă Ferric. — Merci, rĂ©pondit ce dernier. — D’oĂą vient ce pain? Demanda Hareld. — C’est le passager qui me l’a offert. Il est dĂ©licieux, tu devrais goĂ»ter. Ferric tendit un bout Ă son ami, qui le prit et mordit dedans avec appĂ©tit. — Quel luxe! S’exclama-t-il après avoir avalĂ© sa bouchĂ©e. Je ne me suis jamais senti aussi proche de festoyer comme le font les mages en haut de leur tour, avec de la bonne nourriture et de la boisson de qualitĂ©! Et il s’empara de la bouteille de liqueur et reprit une gorgĂ©e. — Fais tourner donc! S’exclama Ferric en riant. Je veux festoyer moi aussi!
Ainsi Ferric et Hareld savourèrent leur festin de fortune sous les nuages qui s’accumulaient toujours plus. Quand la bouteille fut presque finie, Aris dormait encore en haut de son mât malgrĂ© les rires et les Ă©clats de voix des deux compères sous l’emprise de l’alcool. Ils avaient entamĂ© un genre de jeu dont les règles Ă©taient simples: L’un devait envoyer un bout de pain dans la bouche de l’autre, et s’il rĂ©ussissait, l’autre devait boire une gorgĂ©e. Ferric s’avĂ©rait très douĂ© au lancer de bout de pain. Ă€ son nouveau tour, alors qu’il ne restait qu’un fond de liqueur dans la bouteille, il visa le gosier dĂ©ployĂ© de Hareld, et lança son projectile. Celui-ci atteignit sa cible en plein dans le mille, allant se loger au fond de la trachĂ©e au moment mĂŞme oĂą le matelot eut un haut-le-corps Ă cause du roulis, ce qui lui coupa le souffle. — J’ai encore gagnĂ©, vocifĂ©ra Ferric avec un hoquet. Allez, bois donc! Mais Hareld ne rĂ©pondait plus. Son teint avait commencĂ© Ă virer au rouge. Il tentait de faire des signes dĂ©sespĂ©rĂ©s pour indiquer qu’il avait besoin d’aide, mais Ferric, soĂ»l, ne saisit pas le message. — Que se passe-t-il? Demanda-t-il. Tu as avalĂ© de travers? Mais bois donc pour faire passer! Il lui porta la bouteille aux lèvres. Hareld tenta d’avaler, mais une secousse du bateau le fit convulser, et il tomba Ă plat sur les planches du pont, renversant le rĂ©cipient qui tomba lui aussi. Alors que les nuages avaient totalement cachĂ© le soleil et que les premières gouttes de pluies commençaient Ă marteler le bois, Ferric se pencha sur le corps sans vie de son ami. Il le secoua, mais aucune rĂ©action. Le tonnerre commença Ă gronder. Des bruits de pas se firent entendre, et la porte de la cabine du navire s’ouvrit Ă la volĂ©e. Le capitaine Orstan fit irruption sur le pont, au mĂŞme moment oĂą un Ă©clair illumina le ciel qui commençait Ă se dĂ©chaĂ®ner. — Par les dieux, que faites-vous dehors par un temps pareil? Venez donc- Le capitaine marqua une pause. Il venait de remarquer le cadavre de Hareld. Il foudroya Ferric d’un regard empli de suspicion et de colère. — Que lui as-tu fait, misĂ©rable? Qu’est-ce qui t’a pris?! Ferric commençait lui aussi Ă sentir la colère monter. Comment son capitaine pouvait-il sĂ©rieusement croire qu’il avait lui-mĂŞme tuĂ© Hareld? Il voulut rĂ©pliquer, mais au mĂŞme moment, une dĂ©tonation particulièrement puissante se fit entendre tandis qu’une lumière vive dĂ©chira le ciel et le pont pendant une fraction de secondes. MalgrĂ© les torrents de pluie, une odeur de brĂ»lĂ© se fit sentir, et avant que Ferric ou le capitaine ne lèvent les yeux, le corps fumant d’Aris s’écrasa sur le pont. Orstan posa des yeux Ă©carquillĂ©s sur son matelot encore en vie, debout Ă cĂ´tĂ© des cadavres de ses camarades. Dans son regard, la colère et la suspicion accueillirent la peur et l’incomprĂ©hension. — M-monstre...! GĂ©mit-il en pointant Ferric du doigt. C’était trop. Les Ă©motions, l’emprise encore fraĂ®che de l’alcool et autre chose qu’il n’arrivait pas Ă expliquer rĂ©agirent dans l’esprit du matelot tels de la poudre Ă canon qui n’avait que faire de la pluie environnante. Il chargea son propre capitaine, et celui-ci le chargea en retour. Une lutte violente s’engagea, ponctuĂ©e de torrents de pluies, de vagues hautes qui s’abattaient sur le pont, d’éclairs qui illuminaient le ciel, accompagnĂ©s du tonnerre qui faisait un concours de bruit avec la mer agitĂ©e qui secouait le navire Ă tel point que les deux combattants perdaient rĂ©gulièrement l’équilibre et se cognaient sur les planches du pont et du bastingage. C’est alors que la porte de la cabine s’ouvrit de nouveau pour laisser sortir Qedra, la navigatrice. Elle vit avec horreur son capitaine en pleine altercation contre le matelot Ferric, et tenta de s’approcher. — Que faites-vous? Hurla-t-elle pour couvrir le bruit des vagues, du vent et du tonnerre. ArrĂŞtez! Vous ĂŞtes fous! C’était Ă peine si sa voix rĂ©ussissait Ă passer par-dessus le sifflement des vents dĂ©chaĂ®nĂ©s. Elle tenta donc de se rapprocher davantage, tentant de garder l’équilibre malgrĂ© le roulis toujours plus violent. Mais alors que sa main allait atteindre l’épaule du capitaine, elle se prit un coup de poing perdu et tituba en arrière jusqu’à passer par-dessus bord. Alors qu’elle entra en contact avec l’eau gelĂ©e, elle paniqua et disparut sous les vagues dĂ©chaĂ®nĂ©es, pour ne jamais plus remonter Ă la surface. Sur le pont, le combat faisait toujours rage, et Ferric commença lentement Ă prendre le dessus. Il continua d’assĂ©ner des coups Ă son adversaire qui faiblissait de plus en plus, jusqu’à ne plus rendre les coups. Alors Ferric, animĂ© par une fureur meurtrière nourrie par sa rage, sa confusion, l’alcool et cette mystĂ©rieuse force qu’il n’avait toujours pas identifiĂ©, serra ses poings comme jamais, et frappa une fois, deux fois, trois fois, dans la tĂŞte, dans le visage, dans le crâne, dans la nuque, et celui qui avait Ă©tĂ© son capitaine se retrouva gisant inerte sur le pont, disloquĂ© par le dĂ©chaĂ®nement dĂ©mesurĂ© de violence de son matelot qui commença Ă remprendre ses esprits. La force perverse qui avait prĂ©cipitĂ© la chute de sa raison commençait doucement Ă glisser hors de son esprit, et des larmes viennent s’ajouter Ă la pluie qui ruisselait dĂ©jĂ sur son visage trempĂ©. Il se pencha par-dessus le bastingage dans l’espoir de voir la navigatrice tenter de nager pour remonter sur le pont, mais il n’en Ă©tait rien. — Tout ceci n’est pas naturel, se dit-il tout bas, comme pour se rassurer. C’est l’oeuvre d- — D’un sorcier? Ferric se figea, tous les sens en alerte. Il avait reconnu la voix. Il savait qui avait pareĂ©, et qui se trouvait derrière lui. Mais Ă quel moment avait-il rĂ©ussi Ă sortir et Ă passer dans son dos? La porte de la cabine, seule issue vers le pont, Ă©tait pourtant restĂ©e dans son champ de vision. Il se retourna lentement pour apercevoir son interlocuteur. Le demi-elfe se tenait debout en Ă©quilibre sur la proue du navire, les bras croisĂ©s, les Ă©clairs de la tempĂŞte se reflĂ©tant dans ses yeux bleus Ă©lectriques. — Ah ! Fit Ferric, totalement dĂ©semparĂ©. V-vous ĂŞtes vivant, vous aussi. — Oui, rĂ©pondit le passager. J’avoue ĂŞtre surpris de constater que tu as survĂ©cu. La tempĂŞte est pourtant violente. — Ce n'est pas la tempĂŞte qui est responsable de ce carnage, protesta le matelot. — Ce n’est pas moi non plus! Je ne suis pas un sorcier! ... Il s’arrĂŞta. Le voyageur avait parlĂ© d’un sorcier. Et en effet, la sorcellerie semblait pouvoir expliquer la nature prĂ©cipitĂ©e des Ă©vĂ©nements et les Ă©tranges coĂŻncidences qui avaient survenu, comme l’étouffement de Hareld au mĂŞme moment que la tempĂŞte qui s’était dĂ©clenchĂ©e et la foudre qui s’était abattue pile sur le mât, foudroyant Aris, ou encore le simple fait que la seule personne Ă ĂŞtre tombĂ©e par-dessus bord Ă©tait celle qui ne savait pas nager. Mais si tout ceci Ă©tait bien des artifices liĂ©s Ă la sorcellerie, il fallait bien qu’un sorcier soit Ă bord. Alors que la morsure du vent se faisait de plus en plus gelĂ©e, Ferric tenta tant bien que mal de rĂ©flĂ©chir. Y avait-il un passager clandestin, ou simplement... — ... Attendez... Vous...? Le pauvre matelot n’arrivait plus qu’à balbutier. Il leva un index timide et apeurĂ© vers le passager sui le dominait du haut de son perchoir. — Tu es très perspicace, remarqua ce dernier. Trop, mĂŞme. Mais ça ne change rien Ă ce que j’ai prĂ©vu pour toi. Ce bateau sera portĂ© disparu, ainsi que tous les membres de son Ă©quipage. Ainsi, je serai libre d’aller oĂą je veux sans que personne ne me cherche. Le demi-elfe avait pointĂ© son propre index vers le torse de Ferric. Les gouttes de pluie qui s’abattaient sur lui devenaient anormalement froides et douloureuses, tandis que les vents semblaient tourner autour de lui, mordant le moindre centimètre exposĂ© de sa peau. En proie Ă une panique intense, le matelot ne comprenait plus rien Ă ce qui lui arrivait. Il fixa d’un Ĺ“il Ă©carquillĂ© la silhouette du passager, et parvint Ă peine Ă articuler ces derniers mots: — ... Q-qui ĂŞtes-vous...?! — Je suis Surgo, sorcier de nulle-part. Dans peu de temps, je serai bien plus, mais tu ne seras plus pour le constater. Ă€ prĂ©sent, il n’y avait plus de place au doute. Les gouttes de pluie qui s’écrasaient sur le corps paralysĂ© de Ferric gelaient au contact de sa peau et de ses vĂŞtements. Il voulut avancer vers le sorcier pour tenter de le balancer par-dessus bord, mais il fut rapidement recouvert d’une pellicule intĂ©grale de pluie gelĂ©e qui ne cessait de s’épaissir alors que de nouvelles gouttes tombaient et que le vent les solidifiait. Alors que tous ses sens Ă©taient presque saturĂ©s et que la glace commençait Ă brouiller sa vue, il eut le temps de voir, dans la lueur d’un Ă©clair, le visage de Surgo afficher un sourire satisfait. Puis sa vision, seul sens qui lui restait, fut annihilĂ©e par l’eau qui congela ses globes oculaires, et bientĂ´t son cĹ“ur frigorifiĂ© cessa de battre avant qu’il n’ait eu le temps de le rĂ©aliser.
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